La chatonne mis du temps à répondre à Kaïgaan, ce qui lui fit un peu peur. Elle le regarda et détourna le regard en baissant les oreilles. Elle qui passait son temps à parler sans réfléchir semblait peser ses mots. Il avait touché un point sensible et cela le fit grincer des dents. Elle finit enfin par lui répondre d'une petite voix honteuse :

- Disons que je n'ai aucun souvenir. J'ai tout oublié ma vie d'avant. La seule chose dont je me souvienne, c'est mon réveil au laboratoire, mon nom et savoir marcher. J'ai oublié même les odeurs. Voila pourquoi je n'ai pas reconnus le sang tout de suite. C'est un chat des Felinae qui m'as dit que j'étais amnésique et que seul avec le temps, mes souvenirs reviendraient... Tu me rappelles certaines chose, des sensations qu'un autres chats auraient dû faire...

Le soldat ne s'attendait certainement pas à une telle réponse. Les Hommes l'avaient rendue amnésique avec leurs foutues expériences... Il essaya une seconde de l'imaginer autrement que la petite chatonne naïve et mignonne qu'il connaissait. De toute façon, le caractère d'un être ne changeait pas aussi facilement, si ? Il n'en avait aucune idée. Mais il était vrai que perdre sa mémoire pouvait altérer un comportement. Kaïgaan s'imagina perdre la mémoire une seconde. Il le savait, il deviendrait beaucoup plus agressif, encore plus méfiant qu'il ne l'est déjà. Il s'attarda ensuite sur sa dernière phrase. Ainsi il lui rappelait quelque chose ? Enfin, sa façon d'agir était assez banale. Il se battait, il aidait comme il pouvait. Enfin plus ou moins. Bref, un autre chat l'avait déjà aidé. Quelle piste formidable, waw. Mais avant qu'il ne pu la questionner, Terra se leva comme si elle allait affronter le monde entier.

- C'est pour ça que je veux aller en ville ! Tu sais le sable va te cramer encore plus tes pattes. Je veux aller là-bas ! C'est là-bas que tout a commencé, des indices peut-être ?

Kaïgaan faillit s'étrangler. Était-elle seulement consciente du danger que cela représentait ?! Elle était blessée et lui incapable de la défendre correctement, si ils se faisaient prendre, ils étaient morts ! Il ronchonna.

Le sable, le sable... Je préfère avoir me cramer les pattes mille fois plutôt que de tomber sur un soldat avec une Caméléon...

Mais il comprenait ce que désirait la chatonne. Elle avait l'occasion d'aller en ville, retrouver une trace de son passé perdu. Cela devait être horrible d'oublier sa vie, de savoir que des indices sont cachés dans l'endroit le plus dangereux pour soit. Elle pensait peut-être que la présence d'un soldat pouvait l'aider, mais ils seraient tous les deux en danger. Elle se calma et reprit doucement, d'un calme presque angoissant pour une telle phrase :

- Si on croise un Soldat ou même plus, je ne t'en voudrais pas si tu dois me tuer. Fais juste en sorte que cela soit rapide. Il vaut mieux une mort que deux. Et puis c'est normal, on finit tous par mourir un jour ou l'autre non ? Un peu comme les plantes, elles meurent mais laisse toujours une trace de leur passage.

Kaïgaan réagit au quart de tour. Il répondit presque en criant après avoir feulé de rage.

- Non mais tu t'écoutes parler ?! Comment peux-tu à ce point être à l'ouest ?! "On finit tous par mourir un jour ou l'autre" non mais je rêve ? Terra, sérieusement ! Tu as la chance de vivre libre, alors que des dizaines de chats sont enfermés tous les jours, et si tu risques de mourir : "C'est pas grave, ça arrive toujours un jour". Arrête de sous estimer la mort Terra. Arrête ça tout de suite. Si on croise un soldat, tu fuis le plus vite que tu peux, espèce d'idiote ! Tu crois franchement que ça me ferait plaisir de te tuer ?! Tu crois que j'ai envie de te perdre ?! Vivre avec la mort de quelqu'un sur la conscience, surtout quelqu'un qu'on appréciait, tu ne crois pas que c'est une torture ?! Redescend sur Terre petite, la vie ce n'est pas aussi insignifiant et simple que tu le crois.

Sa tirade s'était achevée sur un ton dur, son regard bleu glacé plongé dans les prunelles vertes de Terra. Pendant sa réplique, le soldat avait souvent montré les crocs, mit fin à une phrase d'un ton sec et fouetté l'air de la queue. Pourtant, on avait pu discerner dans son ton dur et coléreux une pointe de tristesse, de supplication. Il voulait que la chatonne vive, le plus longtemps possible, qu'elle retrouve la mémoire et fasse des choses bien. Sa façon de penser l'avait mit dans une rage folle. Comment pouvait-on à ce point ne pas tenir à sa vie ? Kaïgaan devait obéir à des ordres immoraux, détester chaque seconde de son existence, juste pour conserver sa misérable vie. Et cette abrutie ne voyait pas de mal à mourir, juste parce que ça arrivait bien un jour ou l'autre.

Mais ma pauvre fille, si c'est pour mourir un jour, autant le faire tout de suite, qu'est-ce que tu attends ?!

Le mâle était en colère. En colère contre la naïveté exacerbée de la Caméléon. Elle était tellement en dehors du monde réel. Que pensait-elle ? Que la vie n'était pas si importante que ça ? Que de toute façon si on retournait à la poussière, pourquoi vivre ? Qu'il ne fallait pas lutter quand son heure arrivait ? Peu importait la raison, sa conception de la vie l'avait mis en colère. Le soldat pourrait tout faire pour conserver sa vie. Absolument tout. Parce que justement il n'en avait qu'une, qu'il devait la vivre longtemps, même si c'était dur. Essayer de faire de bonnes choses, lutter comme un beau diable pour ses convictions. Pleurer, se battre, rire, faire des rencontres, c'était ça la vie. Et il ne comptait certainement pas mourir aussi facilement que ce que désirait la chatonne.
Mais même si pour l'instant Kaïgaan avait envie de la gifler pour la faire descendre de son nuage, il s'était mis en colère parce qu'il tenait à Terra. Si n'importe quel chat lui aurait dit ces phrases, il n'aurait pas réagit. Un inconnu qui voulait mourir ? Qu'il le fasse, le soldat s'en foutait. Mais là il s'agissait d'une chatonne, une toute jeune chatonne, qu'il appréciait. Et si tuer un chat qui voulait sa peau était déjà désagréable pour le soldat, prendre la vie d'une amie aussi innocente lui était insupportable. Comment pouvait-elle imaginer qu'il en serait capable ? Il tenait à cette petite, et il ne la laisserait certainement pas mourir de si tôt. Il était en colère, certes, mais c'était ce genre de colère d'affection, de supplication, pour sermonner un ami qui comptait faire une grosse bêtise. Parce que l'on ne voulait pas perdre une telle personne. D'où son léger ton suppliant, caché par sa colère, mais tout de même audible. Il la suppliait de changer de mode de pensée, de chercher à vivre par tous les moyens, de fuir face au danger au lieu d'accepter son sort. De se rendre compte que la vie était importante. Qu'elle avait la chance de vivre libre et qu'elle devait se battre pour ça, pas se laisser porter et accepter sa mort.
Alors qu'il se calmait légèrement, gardant tout de même le poil en bataille, il se rendit soudain compte que ses mots et son ton avaient peut-être été un peu brusques. Terra ne pensait pas à mal, c'était juste qu'elle était beaucoup trop innocente et naïve, ce qui avait énervé le soldat. Mais finalement elle voulait le protéger aussi. Il hésitait à s'excuser de ces mots si violents pour une chatte si jeune, comme il l'avait fait quand il avait répondu sur la question de sa famille. Mais il demeura ferme et ne se laissa pas avoir par le bouille angélique de Terra. Elle avait la mémoire vierge ? Très bien. Il venait d'imposer sa patte dans son esprit, espérant qu'elle n'oublie jamais les mots qu'il venait de prononcer.

La vie est importante, n'accepte jamais ton sort et bat-toi pour ce que tu penses être juste.

Le soldat stoppa ses pensées pour se concentrer sur sa propre vie. Peut-être qu'il l'appliquait pas assez ces principes. Il voulait à tout prix conserver sa vie, certes, mais était trop lâche pour se rebeller contre les humains et créer l'émeute dont il rêvait tant. Bien sûr depuis sa rencontre avec Gwei une évasion était en marche mais il demeurait tout de même dans la peur constante de se faire prendre. Une lueur de tristesse apparue dans les yeux du soldat électrique. Il sortait de belles phrases, bravo, mais n'était pas foutu de les mettre correctement en pratique. Quel beau héro. Il se retint de soupirer, sachant qu'une chatonne pour le moins choquée était devant lui.
Il plongea à nouveau son regard dans celui de Terra. Un regard dur, presque comme celui d'un père sermonnant son enfant venant de risquer inutilement sa vie. Ce regard où se confondaient mille émotions. Une grande affection pour la chatte, la colère de son mode de pensée, la peur de la perdre... Dans ses prunelles glacées, nul ne pouvait y lire de la méchanceté, de l'agressivité. Juste le regard d'un ami ne voulait pas perdre sa protégée.
Il espérait de tout coeur qu'elle allait comprendre sa colère, qu'elle n'allait pas avoir peur de lui. Il tenait à elle et ne voulait la perdre pour rien au monde. Derrière sa colère et sa dureté, cette affection et cette douceur était visible dans ses yeux bleus, cachées, mais bien présentes.

Je n'eus pas besoin d'attendre la réponse de Kaï, elle vit à moi comme un vent fort, lors des tempêtes. Mais sa réponse me fit l'effet d'une pluie d'eau glacée.

-Non mais tu t'écoutes parler ?! Comment peux-tu à ce point être à l'ouest ?! "On finit tous par mourir un jour ou l'autre" non mais je rêve ? Terra, sérieusement ! Tu as la chance de vivre libre, alors que des dizaines de chats sont enfermés tous les jours, et si tu risques de mourir : "C'est pas grave, ça arrive toujours un jour". Arrête de sous estimer la mort Terra. Arrête ça tout de suite. Si on croise un soldat, tu fuis le plus vite que tu peux, espèce d'idiote ! Tu crois franchement que ça me ferait plaisir de te tuer ?! Tu crois que j'ai envie de te perdre ?! Vivre avec la mort de quelqu'un sur la conscience, surtout quelqu'un qu'on appréciait, tu ne crois pas que c'est une torture ?! Redescend sur Terre petite, la vie ce n'est pas aussi insignifiant et simple que tu le crois. Me cria t-il dessus, après avoir feulé d'une grande force.

Ces paroles si dure me serrèrent le cœur, son ton si dure, sa queue fouettant rageusement l'air et ses yeux plantée dans les miens que je ne pouvais plus bouger. Ces paroles m'avais fait un choc. Je compris alors mon erreur : alors que tant rêvaient de vivre libre, j'allais droit à la mort. Mais sur ces dure paroles, sur cette rage que Kaï avait craché, je compris une chose. Il tenait à moi, tenait à ce que je vive le plus longtemps possible, c'est cette chose qui me fit comme on pourrait le dire un choc électrique. Je sentis quelque chose me serrer la gorge, mais je ne savais ce que c'était. Je le regarda, toujours dans ces yeux cette colère, sa queue fouettant toujours l'air, mais cette air de tristesse sur son visage. Toujours cette étrange sensations dans ma gorge, je fila me coller à lui, contre son poitrail.

-Je suis désolée, je te promet de ne pas y aller...Je suis stupide de toute façon, je ne pourrais rien faire là-bas, je ne connais personne, je ne sais même pas à quoi ressemble ma famille, si ils sont vivant ou non... Je fis une pause, car la drôle de chose qui serra ma gorge, m'avait coupé la parole.

Un bref moment passa, j'étais toujours coller à lui, n'osant affronter son regard, je fixer le lointain, mais sans vraiment voir.

-Kaï ? Si j'ai dit que tu pouvais m'enlever la vie, c'est parce que c'est toi-même qui m'a dit, que si un Soldat nous voyait tous les deux tu devras faire ce que tu as à faire... Est-ce que j'ai mal compris quelque chose ?

Mais avant qu'il ne puisse répondre, je décala ma tête, afin de le regarder cette fois-ci dans les yeux en souriant, malgré ma boule à la gorge toujours présente. Je voulus détendre l'atmosphère par un question. Oui je savais qu'elle allait être bizarre, surtout quand je voyais le nombre de naissance de chatons, mais je devais savoir. C'était pour le bien de ma mémoire.

-Kaï ? Je voudrais savoir, pourquoi il faut toujours un papa et une maman pour avoir des chatons ? On peut pas les faires seuls ? Et c'est normal si en ce moment ma gorge me serre ? Même si c'est moins qu'avant ? Lui dis-je toujours souriante, le regard brillant de savoir.

Je le regardais toujours dans les yeux, me demandant sans cesse ce qu'il allait répondre. Allait-il me pardonner ? Sera-t-il toujours en colère contre moi ?

La petite chatte fut choquée de ses paroles et même si il s'y attendait, cela lui fit mal au coeur de la voir si apeurée. Après un instant qui lui parut une éternité, Terra vint se coller à son poitrail. Le simple fait de savoir qu'elle ne lui en voulait pas lui fit chaud au coeur. Toutefois, il ne posa pas sa tête sur son épaule, comme il l'aurait fait pour la réconforter. Ce n'était pas son genre de se laisser attendrir aussi facilement, et il resta droit sur ses pattes. Inconsciemment, il prenait un peu plus appuis sur ses pattes arrières pour soulager celles dont la peau était à vif. La chatonne prit la parole d'une voix brisée par le chagrin :

- Je suis désolée, je te promet de ne pas y aller... Je suis stupide de toute façon, je ne pourrais rien faire là-bas, je ne connais personne, je ne sais même pas à quoi ressemble ma famille, si ils sont vivant ou non...

Le soldat grinça des dents. Il ne voulait pas la décourager, juste la mettre en garde. Mais c'était vrai qu'il fallait qu'elle progresse en combat avant de tenter quelque chose d'aussi dangereux. Tout seul, il ne pouvait pas la protéger. Kaïgaan s'arrêta un instant sur la famille de Terra, essayant de se rappeler s'il avait vu des chats lui ressemblant. Mais rien ne lui vint à l'esprit. Il y avait tellement de prisonniers... Il pourrait enquêter un peu sur ses parents, voir s'ils étaient encore de ce monde. Il voulait qu'elle reste prudente mais n'abandonne pas sa quête pour autant. Un long moment passa avant que Terra ne reprenne la parole :

- Kaï ? Si j'ai dit que tu pouvais m'enlever la vie, c'est parce que c'est toi-même qui m'a dit, que si un Soldat nous voyait tous les deux tu devras faire ce que tu as à faire... Est-ce que j'ai mal compris quelque chose ?

Le soldat grinça des dents en grognant. Oui... Mais non. Sa queue remua dans l'air lourd du marais. Il avait dit ça à leur rencontre, avant d'en avoir appris plus sur elle, avant de percuter qu'il venait de risquer sa vie pour une Caméléon. Il se rendit soudain compte qu'il s'était rapidement attaché à elle. Pourquoi ? Ce n'était pas normal... Kaïgaan était d'ordinaire bien plus dur, moins sentimental. Et ce jour là il était doux, un peu trop à son goût. Il n'aimait pas être à ce point sensible envers un chat. Cela n'apportait rien de bon. La preuve, il avait risqué sa vie, ce qu'il n'aurait jamais fait en temps normal. Gwei avait donc dit vrai ? Kaïgaan se sous-estimait ? Le soldat baissa les yeux. Peut-être qu'il commençait à avoir un semblant de courage finalement. Mais se battre contre un scarabée géant, sans autre danger était différent d'affronter une horde de soldat, tout en protégeant une chatonne... Serait-il réellement capable de la tuer ? Ou n'avait-il dit ça que pour paraître effrayant lors de leur rencontre ? Il ne savait pas quoi penser. Il avait toujours été lâche, et dire qu'il tuerait pour conserver sa vie était vrai. Oui, il tuerait. Mais il savait parfaitement que ce serait en dernier recours, et même là un tel acte le déchirerai. Mais avant il aurait tout fait pour éviter d'avoir à accomplir quelque chose aussi cruel. Finalement, il ne savait pas quelle serait sa réaction. Lui qui avait l'habitude de fuir se sentait soudainement responsable d'une vie. Quelque chose le vont soudainement en tête. Peut-être qu'il voulait protéger Terra parce qu'elle lui rappelait sa propre vie à son âge... Lui aussi était naïf, toujours joueur, rêvant d'un monde meilleur. C'était sa soeur qui avait dû lui montrer que la vie n'était pas aussi belle que dans les histoires. Le jour où elle avait été emmenée par les humains pour subir divers expériences, il fut ramené à la réalité. C'était ainsi qu'il était devenu ce qu'il était. Froid, agressif, moqueur et dur de coeur. Terra était comme lui avant. C'était assez déroutant de s'en rendre compte, mais le soldat ne changea pas d'attitude pour autant. Revenant à la question, il ne savait pas du tout quoi répondre à la petite, ne sachant pas lui même ce qu'il pensait être juste. Mais fort heureusement, il n'eut pas à le faire immédiatement. Terra venait de se redresser et de le regarder en souriant comme s'il ne s'était jamais rien passé. Elle s'exprima de son ton innocent habituel :

- Kaï ? Je voudrais savoir, pourquoi il faut toujours un papa et une maman pour avoir des chatons ? On peut pas les faire seul ? Et c'est normal si en ce moment ma gorge me serre ? Même si c'est moins qu'avant ?

Kaïgaan eu une mouvement de recul, surpris. C'était quoi que cette question là ?! Lui qui venait de se torturer l'esprit sur sa capacité à tuer quelqu'un venait de redescendre dans le monde féérique, rempli de minou tout gentils, de Terra. Rude changement. Il cligna plusieurs fois des yeux, perplexe.

- Et bien euh... Parce que...

Il toussota et se redressa pour se garder une certaine contenance. Il avait l'impression d'être un père, c'était n'importe quoi. Il regarda au loin, comme si une réponse toute faite allait apparaitre et le sauver de cet instant gênant. Il dressa les oreilles et répondit d'un ton neutre, assez fier de sa trouvaille.

- Et bien c'est comme lorsque tu fais pousser une fleur. Il te faut un bougeons. Une... Mère. Ainsi que ton énergie, ton engrais. Un père. Et avec ces deux éléments une belle fleur peut voir le jour.

Il remua la queue, quelque peu agacé d'être aussi gnangnan. Le monde de l'enfance lui paraissait bien trop rose pour lui être agréable. Cette attitude ne lui ressemblait pas et il n'aimait pas de tel changement. Il pencha la tête sur le côté et répondit à son autre question.

- Ta gorge te serre parce que tu es triste. Ou émue. En tout cas tu ressens quelque chose qui t'a chamboulée.

A cause de moi.

Il souffla. Au moins elle retiendra la leçon. Il demeurait impassible, retrouvant son côté froid habituel. Il n'aimait pas du tout être aussi doux et paternel, cela ne lui ressemblait pas le moins du monde. Mais même en étant dur avec Terra, il redevenait toujours un peu plus doux que son niveau naturel. Mais bon, il se disait qu'il était normal de ne pas réagir pareil avec une petite ayant perdu la mémoire qu'avec un chat adulte qui pouvait riposter à ses moqueries salées. Un moment passa sans qu'il ne prononce une parole. Puis il ouvrit enfin la bouche à nouveau pour s'exprimer d'un ton incertain, puisque c'est exactement ce qu'il était : Dans le doute le plus total.

- Je sais ce que je t'ai dit tout à l'heure mais... Je ne sais pas. A cet instant, je me sens incapable de te faire du mal pour me protéger moi-même. Mais je ne sais pas si je ferait de même pour un autre chat.

Je soldat s'assit lourdement en soupirant.

- Je ne sais plus si je veux conserver ma propre vie ou sauver celle des autres.

Cette phrase n'était pas seulement destinée à cette situation, de si oui ou non il pourrait tuer Terra. Mais elle évoquait son existence entière. Depuis sa rencontre avec Gwei, il sentait qu'il pouvait faire de bonnes choses, aider les prisonniers et enfin se battre pour une vraie cause. Mais sa lâcheté était ancrée en lui et il avait du mal à la faire disparaître. Son coeur s'opposait à sa raison. Son envie de se battre contre son envie de rester en vie. Le soldat était pour ainsi dire perdu entre deux feux, ne sachant que penser de ses envies, de sa vie toute entière. Il dressa les oreilles, soudain conscient qu'il venait de se confier à Terra, ce qu'il n'aimait pas vraiment. Non pas qu'il ne lui faisait pas confiance, mais surtout qu'il n'aimait pas ainsi se mettre à nu et exposer ses sentiments. Il se sentait... Vulnérable, sentiment qu'il n’affectionnait pas du tout.

A ma question le matou recula d'un mouvement, et j'y lus dans son regard de la surprise, et il était aussi choqué en tout cas vus sa tête. Il cligna même plusieurs fois des yeux.

Je me doutais que cette questions devait être...Très bizarre pour lui. C'est assez drôle de voir sa tête !

-Et bien euh... Parce que... Commenca-t-il.

Il toussota alors, et se redressa de toute sa hauteur. Est-ce que ma questions le gênais ? En tout cas je trouvais son attitude fort drôle. Il se mit à regarder au loin pendant un petit moment, puis des oreilles se redressèrent d'un coup, comme si il avait trouvé quelque chose dans le lointains.

-Et bien c'est comme lorsque tu fais pousser une fleur. Il te faut un bougeons. Une... Mère. Ainsi que ton énergie, ton engrais. Un père. Et avec ces deux éléments une belle fleur peut voir le jour. Me dit-il d'une voix normal.

Un bourgeons ? Je suis une fleur ? Non, ça doit être autrement je pense. J'éspère en tout cas.

Je secoue ma tête pour chasser ces idée, me disant que plus grande, j'en saurais beaucoup plus sur le faite si à la base tout chats étaient une fleur ou non. J'allais mener cette enquête au sein de ma guilde. Voir même chez les Felinae ! Puis je vis quelque chose remuer avant de comprendre qu'il ne s'agissait que de la queue de Kaï. Je le regarda et vit qu'il avait penché sa tête sur le côté avant de reprendre parole.

-Ta gorge te serre parce que tu es triste. Ou émue. En tout cas tu ressens quelque chose qui t'a chamboulée.

De la tristesse ? C'était donc ça ce sentiment contradictoire à la joie que j'éprouve d'habitude ?

Ma bouche forma un "ho" de surprise sur le coup, mais aucun son n'en sortit. Au moins, je savais quelle nom donner à cette étrange sentiment, qui m'avait enlevé mon sourire. J'entendis Kaï souffler. Etait-il agacé par quelque chose, par une de mes questions? Ou bien il était tout simplement pris d'un soudaine fatigue. Ça arrivait bien non ? D'être fatigué d'un coup. Je ne voulus pas lui poser la question. Non pas parce que j'avais peur de l'agacer ou autres chose mais tout simplement, que je pensais qu'il n'en avait pas besoin pour un si petit détail. Un laps de temps passa, j'écoutais les environs, le bruit grouillant continues des insectes, de cette endroit si sombre. Et sans couleurs clairs, noyée dans les couleurs sombre. Je me dis alors que si en plein jour il faisait si sombre que ça, alors en plein nuit je ne voudrais jamais y aller. Toujours écoutant le bruit continus et ce calme si rare que je laissais me transporter, Kaï reprit parole :

-Je sais ce que je t'ai dit tout à l'heure mais... Je ne sais pas. A cet instant, je me sens incapable de te faire du mal pour me protéger moi-même. Mais je ne sais pas si je ferais de même pour un autre chat. Dit-il par temps de pause, un peu comme si il cherchais des mots dont il n'était même pas sur.

Je regarda le Soldat pendant un moment, ne sachant que dire à cela. Il avait l'air perdus,et je ne savais quels réponse lui donner. Je n'aie jamais été doué en discours, seulement poser des questions. Mais sa révélation me toucha tout de même. Ce qu'il disait été purement contradictoire à ce que ferais un vrai Soldat. C'était si dommage qu'il ne faisait pas partit des Felinae, il avait la force pour et un objectifs communs avec eux : aider, libérer les prisonnier. Mais comme il avait dit dans une discussion précédente, il était une demi-espion. Cela jouait aussi beaucoup. Il leur révélait peut-être des endroit faible pour libérer les prisonniers. Sortant à nouveau de mes pensées, je le vis s'assoir lourdement, laissant tout son poids retomber tout en soupirant longuement. Il rajouta alors :

-Je ne sais plus si je veux conserver ma propre vie ou sauver celle des autres.

Je le regarda encore, et je me demanda même pourquoi avait-il dit cette question. La réponse y était déjà tout bonnement. Toujours assise, mais cette fois-ci juste en face de lui, afin de bien le voir. Je jeta brièvement un oeil sur le côté, comme pour m'encourager avant de le regarder à nouveau.

-Mais ta réponse, se trouve dans la question ! Lui dis-je calmement.

Je fis une brève pause, réfléchissant à toute vitesse afin de trouver les bons mots. J’espérais que mon point de vue n'était une chose qu'il fallait éviter de dire. J'avais l’impression d'en apprendre toujours plus sur la vie qui m'impressionnais. Mais j'en étais contente, je voulais tout savoir, un maximum de chose, je voulais être la meilleurs guérisseuse de tout les temps ! Je reprit alors toujours en le regardant de ma voix calme :

-Ce que je veux dire, c'est qu'un simple Soldat, un Vrai bien sur, style dévoreur d’âmes, ne se poserais même pas la question que tu viens de te dire. Pour lui il n'y aurais que sa petite vie qui compte, et tant pis pour les autres. Il n'y penserait même pas une fois. Alors que toi, c'est différent tu te poses la question ! Tu es partagé entre ta vie et celle des autres. Mais tu as déjà la réponse, tu veux aider les autres avant tout, mais tu ne sais peut-être pas encore comment t'y prendre. Tu veux encore vivre ! C'est normal non ?

Et avant qu'il puisse me répondre je leva ma patte avant droite, pour le stopper, tout en tournant ma tête sur le côté, les yeux clos.

-Ceci est bien sur mon point de vue, et cela personne ne pourras me le faire changer d'avis.

Je reposa ma patte, et retourna ma tête pour le regarder. Oui, ce point de vue, je le pensais au plus profond de moi bizarrement, et je sentais que même si tout le monde me disais le contraire, je n'en croirais aucun. Je le regardais souriante, mais ce genre de sourire qu'on veut communiquer à un amis dans le doute, car oui pour moi il était devenus une sorte d'amis, un protecteur. Je le sentais, je lui faisais confiance. Peut-être parce que il m'avait déjà sauvé la vie plusieurs fois que ce soit directement ou indirectement. Je voulais lui faire comprendre que ça question voulait déjà tout dire. Il était loin d'avoir le cœur d'un Soldat dévoreur d'âme, il avait le cœur d'un autre chat, ce cœur voulant que justice soit faite envers les plus faible. C'est ça que je voyais chez lui, et que j'admirais. Mais je ne sais comment il le prendrait si je lui disait ça, au fond il était toujours blessé, d'un passé qu'il avait marqué. Et qui c'est ce qu'il voyait et entendait chaque jour, au royaume des Soldats ?

A la réaction de la chatonne sur sa métaphore, Kaïgaan su qu'il n'avait pas fait mouche.

Zut, je pensais avoir trouvé quelque chose d'intelligent pour une fois. Ou peut-être qu'elle n'a pas vraiment de second degré...

Enfin, pour l'instant, il se posait des questions plus pertinentes que "Comment on fait les bébés ?" D’ailleurs, la chatonne leva ses prunelles vertes vers le soldat, s'exprimant d'un ton calme :

- Mais ta réponse, se trouve dans la question !

Ah bon ?

Le matou était presque sûr qu'il n'avait pas posé de question. Enfin, plutôt une affirmation qui laissait entendre qu'il se posait des questions. Il arqua un sourcil, peu convaincu par ce que venait de dire sa jeune amie. Il savait qu'elle allait s'expliquer et attendit qu'elle trouve les mots, puisque lui n'avait aucune idée de ce qu'elle voulait dire. Il fut encore plus attentif à ses propos quand elle prit ce ton sérieux et calme, qu'elle avait prit pour énoncer les plantes tout à l'heure. Un ton de chat qui savait ce qu'il disait, que ne doutait pas.

- Ce que je veux dire, c'est qu'un simple Soldat, un Vrai bien sur, style dévoreur d’âmes, ne se poserais même pas la question que tu viens de te dire. Pour lui il n'y aurais que sa petite vie qui compte, et tant pis pour les autres. Il n'y penserait même pas une fois. Alors que toi, c'est différent tu te poses la question ! Tu es partagé entre ta vie et celle des autres. Mais tu as déjà la réponse, tu veux aider les autres avant tout, mais tu ne sais peut-être pas encore comment t'y prendre. Tu veux encore vivre ! C'est normal non ?

Le soldat en resta bouché bée, le gueule légèrement entre-ouverte, montrant sa surprise. Les mots de Terra lui avait réchauffé le coeur, même s'il se refusait d'admettre qu'il était plus bon qu'il ne le pensait. Non, il était lâche, il avait peur de sauver d'autres chats, peur de se rebeller. Il ne comptait plus le nombre de fois où il aurait pu sauver des prisonniers, mais il n'avait rien fait, paralysé par la peur de mourir. Si cela se trouvait, les parents de Terra se trouvait parmi les chats qu'il avait vu périr sans bouger une patte. Mais selon la chatonne, il avait trouvé sa voie ? Il avait juste encore trop peur pour agir ? Mais il hésitait tellement. Il se sentait mauvais au fond de son coeur, sali par tout ce qu'il avait dû faire au côté des humains et des autres soldats pour garder son confort. Et elle le trouvait bon ? Non, le matou n'avait pas du tout une bonne estime de lui-même, et même si les mots de la petite l'avaient émus, il ne changerait pas d'avis aussi facilement. Il la regarda et alors que sa bouche formait le mot "mais..." elle leva la patte pour le faire taire et ajouta :

- Ceci est bien sur mon point de vue, et cela personne ne pourras me le faire changer d'avis.

Elle ponctua sa phrase d'un sourire adorable, doux, rempli de confiance. Il baissa les yeux, ne sachant que dire. Il se dit que ce n'était peut-être pas Terra qu'il voulait convaincre de son mauvais côté, mais lui-même. Il n'arrivait tout simplement pas à se dire qu'il pouvait être réellement bon. Mais la chatonne avait montré une telle affection, une telle confiance en lui qu'il ne savait que penser. Gwei, Terra, voilà deux fois qu'un inconnu lui disait la même chose. Qu'au fond il était bon et n'allait pas tarder à réellement aider les autres. Mais Kaïgaan n'osait pas les croire. Pourquoi était-il si têtu ? On ne pouvait tout simplement pas changer une vision de soit avec un simple discours. Mais Terra venait de lui redonner confiance en lui, encore un peu, comme l'avait fait Gwei. Les yeux rivés sur ses pattes abimées, il se dit que le jour où il surpasserait sa peur, il pourrait enfin faire de grandes choses et libérer tous les prisonniers. Mais encore une fois, sa raison lui répéta ce qu'elle disait sans cesse : "Et si tu te faisais tuer ?". Il ne pouvait lutter. Contrairement à Terra, le simple fait de s'imaginer périr était terrifiant. Il leva à nouveau les yeux vers elle. Elle lui semblait si courageuse, même si elle était trop naïve. Elle voyait le bien partout. Peut-être qu'elle n'arrivait pas à voir le mal dans le coeur de Kaïgaan, ce qui pouvait fausser son raisonnement. Le soldat soupira une nouvelle fois. Évidement qu'elle lui avait redonné confiance en lui, mais tout comme Terra, il lui en fallait plus pour changer d'avis. Un long moment passa, pendant lequel la raison et le coeur de Kaïgaan se livraient un terrible combat. Il réfléchissait aux paroles de la Caméléon, se sentant soudainement plus léger. Elle avait confiance en lui et lui avait dit les mots justes. Comment pouvait-elle à ce point être mature par moment et bavarde à l'extrême dans d'autres ? Le soldat soupira. Mais cette fois, il soupira en souriant en coin. Il se sentait toujours mauvais au fond, mais également aux portes d'un grand changement. Bien sûr, il n'allait pas se rebeller contre les humains du jour au lendemain. Kaïgaan aimait que tout soit planifié et prévu, pour risquer le moins possible sa peau. Peut-être qu'il garderait toujours un peu de lâcheté au fond de lui. Mais plus que jamais, il avait envie de mettre un coup de crocs au destin, de le bousculer et de sauver le plus de chat possible. Son esprit était toujours un peu dans le doute, on ne pouvait pas résoudre un problème aussi grand avec quelques belles phrases. Mais toutefois, il sentait qu'un changement allait opérer. Elle avait raison. Il ne savait pas comment s'y prendre et pour l'instant, la peur dominait son esprit. Mais lorsque ce changement aura eu lieu, il changera et serait capable du meilleur. Son regard s'adoucit et il posa son museau sur le front de Terra, dans un geste d'une grande délicatesse. Il ne disait toujours rien, se contentant de sentir l'odeur de celle qui lui redonnait confiance en lui, toujours étonné qu'un être puisse être aussi pur. Finalement, il recula d'un pas, la regardant de ses yeux bleus glacés. Il n'avait toujours rien dit. Mais que dire ? Un simple mot lui vint à l'esprit. Un seul. Il le prononça d'une voix douce, presque émue. Il regardait Terra mais détourna les yeux en souriant légèrement quand il prononça :


- Merci.

Ce ne fut qu'un misérable mot, mais il était rempli d'émotions. Entre la gratitude, la douceur et la détermination. Il sonna comme un murmure parmi les bruits envahissants du marécage. Mais puisqu'il aimait casser l'ambiance et était mal à l'aise dans des situations aussi remplies d'émotion, il toussota, gêné, avant de se retourner. Il se sentait trop sentimental mais cela lui faisait étrangement du bien. De dos à Terra il prononça d'un ton gêné :


- Euh... On devrait y aller. Chercher ta... Royale. Ou au moins sortir de cet endroit oppressant, d'autres créatures ne vont pas tarder à arriver.

Il ferma les yeux et sourit. Pour une fois, il n’était pas moqueur, ni doux. C'était un sourire de délivrance. Il sentait son coeur se desserrer, le laissant profiter de ce qu'il était. Enfin un chat sachant quel était son destin. C'était également un sourire soulagé, comme si Terra lui avait enlevé un fardeau. Un sourire rempli d'espoir. Il espérait pourtant que Terra ne l'avait pas vu, parce que cette scène était vraiment trop émotionnelle à son goût. Kaïgaan n'avait jamais fait un tel sourire, et ne savait comment l'expliquer. Il se sentait bien, délivré, et cela se voyait à des kilomètres même s'il tentait de le cacher.

Toujours, je le regardais souriante, et lui ne dis pas un mot, se contenta de me regarder. Il baissa son regard à ses pattes, ne broncha toujours pas, j'avais l’impression qu'il était perdus dans ses pensées. Qu'il n'était plus vraiment la, mais ailleurs.

C'était pas bien ce que j'ai dit ?

Puis je l'entendis soupirer, et je crus voir un léger sourire apparaître. Mais je ne compris pas comment je devais le prendre. J'attendis donc patiemment qu'il me réponde. Le temps passa, le bruit des insectes semblait lointains désormais. Il releva la tête, ses yeux paraissaient transmettre de la douceur, mais je me dis que ceci étais peut-être moi qui l'imaginais. Puis alors que je ne m'attendais pas à ça, il posa son museau sur le haut de ma tête, avec un telle tendresse. Moi je ne bougea point. Je ne l'aurais pas crus d'un tels geste, ce que j'avais dis l'avais touché à ce point ? C'était juste ma visions des choses, je n'avais rien dis de spéciale non ? Un laps de temps court passa et Kaï se leva, me regarda, mes yeux plonger dans les siens, comme pour en chercher la cause, un simple réponse à cela. J'étais toujours assise moi, contrairement à lui qui était désormais debout. Il détourna son regard du mien, en souriant, ce que je ne compris pas quoi avant qu'il ne prenne parole :

-Merci. Prononçât-il d'un voix douce certes, mais avec quelque chose de différent cette fois.

Je ne répondis pas. Comprenant que ce que j'avais dit un peu plus tôt l'avais marqué. Cela répondit automatiquement à une question à laquelle je me posais. Kaï pensait être un mauvais chat, un mauvais être, pourtant moi quand je le voyais, c'était un être complétement différents. Et sa réaction ne fit qu'amplifier mes certitudes. Enfaite la réactions qu'il avait, sa douceur, et son sourire, me fis comprendre que c'était la première fois que je vis vraiment cela fortement chez lui. Il ne pouvait le cacher sous le coup. Alors que je pensais sur sa réactions il se mit à tousser et fis volte-face, avant de prendre parole d'une étrange voix, toujours amical bien sûr, mais avec un truc en plus. Malheureusement je ne sus mettre la patte dessus.

-Euh... On devrait y aller. Chercher ta... Royale. Ou au moins sortir de cet endroit oppressant, d'autres créatures ne vont pas tarder à arriver.

Avec ce ton ou il fit des pause je compris que quelque chose le dérangeait. Était-ce sa réactions qui le mettais dans cette état ? Le fait qu'il montre une nouvelle face de lui ? Ou bien est-ce encore ce que j'ai dis qui le mettait dans tout ces états ? Alors que lui toujours debout et dos à moi, je me levas à mon tour. Je ne pus remarquer son sourire et cette étincelle dans ses yeux, celle que j'ai si souvent lorsque je me regarde dans une flaque d'eau.

Il est joyeux, heureux.

Cette pensées me fis sourire, mais je ne fis aucun commentaire. J'avais beau être naïve encore, mais j'avais bien compris que Kaï ne voulait pas que je le voie comme ça. Ce sentiment lui appartenait, car cela devais faire longtemps qu'il ne l'avait toujours pas ressentit. Et le fais de le redécouvrir devait lui paraitre étrange. Dans tout les cas j'étais heureuse si il était heureux. J'avais réussi à lui donner le sourire et cela augmentas ma joie intérieur, ma bonne humeur. Mais en attendant il avait raison. Il fallait aller chercher cette fleur. En passant par le désert bien sur. Je regarda de droite à gauche, et vis le rocher mousseux ou Kaï en avait prélever auparavant. Tout en y trottinant joyeusement vers le rocher je lui lança :

-Tu as toute à fait raison ! Allons chercher cette fleur ! Et en passant par le désert bien sur !

Arrivée à la hauteur du rocher je commenças à prélever la mousse à l'aide de mes griffes. Elle était humide, certains gorgée d'eau dû à l'humidité. C'était parfaitement ce que je voulais. Je formais donc plusieurs boule de mousse à mes pattes, que j'entrepris ensuite d'accrocher, à la racine au-dessus de ma tête. Finalement cette chose m'étais utile. Tout en y accrochant les boules de mousse, je lui lança :

-Ces boule de mousse sont gorgées d'eau, elle nous aideront dans le désert, et si le sable est trop chaud pour tes pattes, tu pourras t'y soulager !Une fois finis, je reprit. C'est bon, je suis prête !

Une fois que j'eus donc finis de tout accrocher les boules de mousses, je me retournas vers Kaï, qui avait désormais la tête tournée en ma directions. Je me demanda quelle tête j'avais alors, avec tout ça accrochée.

-Je dois avoir une drôle de tête non ? Lui dis-je avant de commencer à rire.

Il entendit la chatonne trottiner en s'éloignant. Alors qu'il comptait se retourner pour savoir où elle allait encore fourrer ses pattes, la voix joyeuse de Terra lui parvint aux oreilles :

- Tu as toute à fait raison ! Allons chercher cette fleur ! Et en passant par le désert bien sur !

Par le désert hein...

La voix de ses pensées était douce et Kaïgaan était heureux d'apprendre qu'il n'était pas le seul à avoir appris de cette rencontre. Elle était plus prudente et cela rassura le soldat. Il tourna légèrement la tête, de façon à pouvoir la regarder en coin. Il ferma les yeux un instant en souriant. Il se sentait plus léger, le coeur moins lourd, même s'il en fallait plus pour réellement l'émouvoir. Il rouvrit les yeux et se tourna enfin vers la chatonne. Elle était en train d'accrocher des boules de mousse humide à la racine sur sa tête. C'était assez... Spécial. Le soldat arqua un sourcil. Quelle drôle de tête elle avait. Il se demandait si la racine sur sa tête était une partie d'elle-même, nécessaire à sa survie, ou si c'était juste une "corne" banale, qui ne ferait pas mourir Terra si elle venait à la perdre. Affairée à son travail, elle lui lança sans même lui porter un regard :

- Ces boules de mousse sont gorgées d'eau, elle nous aideront dans le désert, et si le sable est trop chaud pour tes pattes, tu pourras t'y soulager !

Le soldat remua les moustaches. Elle voulait faire les choses bien mais couper par le désert ne serait pas aussi long qu'elle le pensait. Ils seraient plus à découvert mais peu de soldats y pénétraient, puisqu'il ne s'y passait jamais rien. Quant au sable, il était chaud, certes, mais au moins il était doux pour ses pattes. Kaïgaan préférait largement avoir un peu plus chaud sur ses brûlures mais marcher sur un sol mou plutôt que de poser ses pattes à vif sur du béton ou des cailloux. Les deux chats n'avaient pas autant besoin d'eau. Ça allait être plutôt rapide s'ils ne rencontraient pas d'imprévus. Bref, ce ne serait certainement pas un long périple où ils risquaient de réellement avoir soif. Mais il n'osa pas interrompre Terra. Et puis de toute façon, il valait mieux avoir plus de mousse que pas assez. Lorsqu'elle eut fini de se transformer en sapin de Noël, elle lui lança :

- C'est bon, je suis prête !

Elle se tourna vers lui, un large sourire sur les lèvres. Elle n'avait pas l'air maligne avec toutes ces boules de mousse. Mais bon, leur apparence était la dernière préoccupation de Kaïgaan. Il voulait vite rejoindre l'orée de la forêt. Le marais était sombre, oppressant et il ne tenait pas à rencontrer d'autres insectes psychopathes. La petite lui demanda :

- Je dois avoir une drôle de tête non ?

Puis elle éclata de rire. Kaïgaan se contenta de sourire en remuant les moustaches. Pas pour la tête de son ami, mais plutôt parce qu'elle prenait tout comme un jeu, comme une grande aventure. Elle était émerveillée de tout ce qu'elle voyait et avait l'air de tout vouloir faire à fond, excessivement. Avoir un être aussi joyeux à côté de lui était comme se revoir étant encore chaton. Il était comme elle auparavant, insouciant. Bien sûr, cela avait changé, on ne peut pas rester un enfant innocent toute sa vie. Il se dit que Terra allait aussi changer, en fonction de ce qu'elle allait vivre. Un jour, elle allait perdre son âme d'enfant. Le soldat espérait que ce ne serait pas trop difficile pour elle. Tout le monde passe par là, tout le monde se rend un jour compte que le monde est bien plus cruel qu'on ne le croit. Mais pour l'instant, ce n'était pas la question. Il lui répondit finalement de son ton naturellement moqueur :

- Oui, mais au moins avec cette tête tu vas faire peur à tout ceux qui voudraient nous attaquer.

Il remua les moustaches pour lui montrer qu'il se moquait, puisqu'elle avait l'air d'avoir du mal avec le second degré. Mais avec Kaïgaan, elle allait vite devoir s'habituer. Finalement, outre ses questions sur son pseudo-courage et sa conscience, le soldat savait ce qu'il était : Un moqueur. Et pour une fois il adorait cette partie de lui. Sourire en coin, le regard hautain et parler d'un ton moqueur, c'était réellement lui. Il ne pouvait pas être plus naturel que pendant les moments où il se moquait des autres, méchamment ou non. Ses mots piquants étaient comme une seconde nature, une arme. Il préférait se battre avec des répliques cassantes, bien placées, plutôt que d'utiliser son pouvoir, cadeau empoisonné des humains. Il s'ébroua pour se réveiller et huma l'air pour trouver une sortie à ce labyrinthe d'arbres et de buissons. Il repéra une vague piste de son passage, mais doutait qu'elle soit assez lisible, du fait de la forte odeur des marais. Ils allaient devoir faire plus confiance à leur vue pour une fois. Il essaya de se rappeler le chemin qu'il avait pris jusqu'à trouver Terra coincée. Comment était-il arrivé ici ? Il avait commencé par rejoindre un grand arbre mort avant de contourner les marres d'eau poisseuses. Kaïgaan se félicita d'avoir retenu son parcours à l'aller, heureux d'avoir au moins un peu de sens de l'orientation pour l'aider. Il prit la parole d'une voix claire, tout en regardant visualisant le chemin qu'ils allaient prendre.

- Alors, il va nous falloir contourner toutes ses marres. Ensuite, normalement, on pourra voir un grand arbre mort. il ne nous restera plus qu'à avancer tout droit et on quittera facilement le marais.

Le soldat avait plus dit cette phrase pour lui même que pour Terra, pour l'aider à une nouvelle fois visualiser le chemin. Se perdre ici était très facile mais surtout très dangereux. Et bien que le soldat savait qu'ils étaient proche de la ville, ils pouvaient vite perdre leur route s'il ne restait pas concentré sur le tracé. Enfin, resté concentré sur une chose avec Terra à ses côtés, ce n'était pas si facile. Il espérait qu'elle n'allait pas se mettre à courir dans tous les sens à la vue de la moindre feuille. Il remua la queue pour l'inviter à le rejoindre et reprit d'un ton neutre :

- Bon on y va.

Il commença à marcher avant même qu'elle ne l'eut totalement rejoint. Il n'en pouvait plus de ce marais glauque et de toute façon avec ses pattes d'éclopé, il allait marcher moins vite qu'elle. Si marcher dans le marais le faisait déjà claudiquer malgré le sol frais et mou, il n'imaginait pas ce que ce serait sur le sol ferme ponctué de quelques cailloux de l'orée. Le désert ne serait qu'un entre-deux. Mais quand bien même, ils devaient marcher, alors se plaindre ne servirait à rien. Il espérait tout de même que l'épaule de Terra n'allait pas la faire souffrir. Elle n'avait pas l'air d'avoir mal mais n'avait pas encore vraiment beaucoup marché. De toute façon, ils pourraient très bien faire des pauses et l'orée n'était pas si loin. Si tout se passait bien, ils allaient déboucher directement sur le désert mais la ville serait visible. De là, il n'auraient plus qu'à marcher tout droit jusqu'à voir les premiers arbres de l'orée. Si seulement il pouvait se téléporter là-bas...

Les deux félins s'enfoncèrent entre les arbres crochus des marais. Par chance, ils ne dévirent pas de leur route et restèrent sur le chemin prévu. C'est donc assez rapidement qu'ils regagnèrent l'entrée du marais. Kaïgaan resta attentif au moindre son durant toute la traversée des marécages. Ce n'est qu'une fois qu'il vit la lueur du soleil dans l'horizon devant lui qu'il se détendit un peu, soulagé d'être enfin sorti du marais avec Terra. Ils venaient de sortir du labyrinthe naturel fait d'arbres et de buisson. Ébloui par la lumière du soleil après avoir passé tant de temps dans un endroit aussi sombre, Kaïgaan plissa les yeux et les deux félins continuèrent leur route dans le désert.

J'archive :D