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Schrödinger || Soldat • 1ere Ligne

Invité



Anonymous
Invité


   Jeu 17 Aoû - 19:18



Schrödy
"Tout noir ou tout blanc ?
- Tout gris principalement."


FUN FACTS

• Loyauté : Lui-même et Bali (même si elle n'en a pas conscience ¯\_(ツ)_/¯)
• Alignement : Neutre ~
• Sexualité : Bisexuel
• Particularités :
- a déjà essayé de s'accrocher sur le dos d'une libellule
- n'a malheureusement pas réussi
- éternue de manière incontrôlable à chaque fois qu'il entend le mot "Constellation"
- a déjà rêvé qu'il avait des responsabilités (spoiler : c'était un cauchemar)
- a légèrement tendance à abuser de l'expression "On est pas ici pour enfiler des perles !" et de sa variante plus vulgaire "On est pas ici pour enculer des mouches !"
INFORMATIONS
• Nom : Schrödinger
• Sexe : Mâle
• Âge : 5 ans (janvier 2067)
• Clan : Soldat
• Rang : 1ere Ligne
• Code d'identification : n°1935
• Race : Croisé Sibérien

• Force : Écrire ici
• Agilité : Écrire ici
• Endurance : Écrire ici
(A répartir une fois que le staff vous ai donné vos points, après l'histoire soit terminée.)

POUVOIR
Personne ne sait si c’est le caractère de Schrödinger qui s’est adapté à son pouvoir ou si son don a été influencé par son mental. En effet, tout comme son caractère, le pouvoir du felinae est ambivalent. Il est à la fois invincible et vulnérable. Comment ? Lui demanderiez-vous, curieux, ce n’est pas possible ? Eh bien si. Imaginez un flux, comme un liquide ou un gaz. Un fluide vert, radioactif, légèrement lumineux et se mouvant très rapidement. Eh bien le corps de Schrödinger en est rempli. Pas totalement non plus, juste à moitié. Cette matière radioactive s’est logée au cœur même de ses cellules, quelles qu’elles soient. On peut la trouver dans sa peau, dans ses os, ses muscles, son sang, même ses tendons, partout. N’allez cependant pas imaginer qu’elle s’est figée dans une moitié de son corps, la rendant inaltérable, laissant l’autre à son état naturel. Ce fluide est en mouvement permanent. Il se déplace partout dans le corps de Schrödinger, ne restant jamais plus d’une seconde à la même place. Pour que vous imaginiez correctement il faudrait que vous arriviez à visualiser de longs serpents de brume verte qui se déplaceraient sans cesse dans son corps, invisibles depuis l’extérieur puisque la substance est logée au cœur de ses cellules, mais avançant vite dans un schéma complètement désordonné.

Ainsi, si dans un combat vous en veniez à mordre l’épaule de Schrödinger, deux alternatives sont possibles, toutes deux dans différentes mesures. La première est que les cellules soient à ce moment même rempli de fluide. Sa peau sera plus solide que du métal, s’il s’agit d’une zone entièrement invulnérable, vous pourriez même y laisser des dents. Dans une mesure moins extrême, s’il s’agit uniquement de la fin de la traînée, seules quelques cellules seront encore investies et par conséquent, au lieu de transpercer son épaule, vos crocs lui rebondiront tout simplement dessus.
La seconde est que ses cellules aient été normales, vidées de tout le fluide. Elles sont affaiblies par ce manque, comme fatiguées. Elles se déchireront plus facilement, incapables de tenir un choc qu’elles auraient soutenues sans problème s’il n’y avait pas eu la mutation. Imaginez un coup que vous ne vouliez pas si puissant, une simple frappe amicale un peu trop forte sur l’épaule pourrait lui briser l’omoplate. Dans les cas les plus extrêmes, la moindre coupure pourrait lui être fatale, si ses cellules sanguines sont laissées à elle même il devient hémophile.
Mais si le fluide revient, me direz-vous, dans ce cas pas de soucis non ? Une fois les cellules régénérées, grâce à la radioactivité, il n’est plus en danger ? Eh bien ce n’est pas aussi simple. En effet, le temps que la matière aura investi ses cellules détruites, celles-ci se répareront à une vitesse accélérée. Cependant, si vous vous souvenez bien, le fluide part dans les secondes qui suivent. Donc  ce début de guérison stoppera aussi vite qu’il a commencé. Ce sera un cycle de ces deux phases, l’une après l’autre, qui continuera inexorablement jusqu’à ce qu’il soit guérit. Ceci prendra environ à la même vitesse qu’à un autre au métabolisme normal, parfois un peu plus vite s’il a de la chance.
Son pouvoir est de même à l’origine de son unique modification physique, la nuance lumineuse fluctuante de son regard. Quand son fluide traverse ses yeux, il n’a pas pour effet de lui donner une meilleure vue ou quelque chose d’autre, cependant il les rendra invulnérables, évidemment, et fera signe de sa présence en dégageant une légère lueur de couleur verte radioactive.

PHYSIQUE
Sobre. Élégant.
Voilà peut-être les deux mots qui décrivent le mieux l’apparence de notre cher matou. Dans un monde où les pelages aux couleurs vives et hors du commun ont pris le dessus, Schrödinger sort du lot en possédant un pelage brun et uni, sans fioritures ni détails. Certains pensent même en le voyant la première fois qu’il ne possède aucune modification physique, puisque la nuance radioactive de ses yeux n’est pas toujours visible. Comment fait-on pour le reconnaître à coup sûr dans ce cas, me demanderez vous ? Eh bien ce sont ses cicatrices qui démarquent le félin. Il les compte soigneusement, inquiet tant qu'excité de voir toujours leur nombre augmenter. Une sur l’oreille droite, qui descend de derrière le sommet de son appendice jusqu’à sa naissance, pour son plus grand bonheur bien cachée derrière sa tête, cadeau offert par un oiseau féroce qui avait tenté de l’emporter alors qu’il était chaton. Trois perpendiculaires, affichées sur sa patte gauche, souvenir d’un coup de griffe lors d’un combat contre un soldat zélé. Une à la naissance de sa queue, laissée par la mâchoire d’un rat un peu trop affamé. Deux longues taillades zèbrent son flanc droit, derniers vestiges de son passé de solitaire. La dernière, dissimulée sur les coussinets de sa patte arrière gauche, vient quant-à-elle d’une mauvaise rencontre avec un caillou particulièrement tranchant lors d’une course-poursuite durant laquelle il tentait d’échapper à un monstre enragé. Ces cicatrices sont pour lui la marque des dangers du monde tout autant que celle de ses combats menés héroïquement pour défendre ceux qu’il aime.
Scrödinger est un chat grand, dépassant bon nombre de ceux qu'il connait de plusieurs centimètres, sans pour autant être d'une taille considérée comme surnaturelle. Comme tous ceux de sa race, il possède un pelage mi-long, bien fourni en hiver et plus léger en été, ce qui lui donne un avantage sur certains de ses camarades qui ne peuvent s'adapter ainsi au climat devenu fou. À cause de ce volume pileux lors des temps froids on pourrait presque penser qu'il est en surpoids, cependant cette impression est démentie par ses gestes naturellement souples et le caractère élancé de ses pattes. Musclé par des années de combat et d'entraînement, le félin n’est pas en reste dans les batailles, chaque coup qu’il porte est puissant et précis. La seule chose qui prouve au reste du monde que Schrödinger possède bel et bien un pouvoir est la nuance fluctuante du vert de ses yeux. En effet sur son visage s’ouvrent deux grands yeux verts clairs, dont la couleur devient parfois fluorescente et légèrement plus lumineuse que la normale. Cet éclair radioactif est l’unique marque des expériences traumatisantes qu’à subi le défenseur, une modification sans intérêt selon lui, qui aurait bien plus aimé se voir doter d’une paire d’aile ou de crocs puis longs et puissants.

Même si son apparence aurait pu sembler banale il y a quelques décennies, le félin aujourd'hui se démarque par la pureté de son pelage et surtout l'innocence trompeuse qu'on peut lire dans son regard. Schrödinger a gardé de son enfance un sourire franc, soulignant encore le charisme qui émane de tout son être, qui a déjà fait fondre le coeur de ces dames (et messieurs ;)).

Spoiler:
CARACTERE
Ce n’est pas une chose facile que d’expliquer en détail ce qui peut bien passer par la tête de Schrödinger.
C’est un chat assez lunatique, capable de rester souriant et agréable avant d’exploser de colère pour un simple mot qui le contrarie puis de revenir souriant avant même que vous n'ayez eu le temps de réagir. Il n’est pas réellement irascible pour autant, ni même rancunier, et est au contraire d’un naturel plutôt léger. Ne vous faîtes cependant pas avoir par son beau sourire, le félin est de premier abord particulièrement méfiant et ne fait confiance à personne avant d’être sûr qu’il peut compter sur lui. De même, n’espérez pas forcément avoir son soutien, dans les situations désespérées il n’hésitera pas à s’enfuir s’il constate que vous êtes condamné. Cependant, s’il peut vous venir en aide sans mettre sa vie en danger, il n’hésitera pas, peu importe à quelle guilde vous appartenez. En effet, Schrödinger se considère au dessus des tensions entre les guildes, s’il a rejoint les felinae c’est uniquement dans le but d’avoir un abri sécurisé, un endroit où les créatures n’osent pas s’aventurer, où on peut le soigner si il est gravement blessé et où il sait qu’il trouvera toujours un petit quelque chose à manger. Ayant connu chaque vie et pesé tous les points forts de chaque guilde, le matou sait que le monde n’est pas manichéen, ni tout noir ni tout blanc. Les soldats et les humains ne sont pas les méchants, tout comme les felinae et les caméléons ne sont pas forcément les gentils. Le mal existe dans chaque camp, il suffit d’avoir les yeux pour le voir. Schrödinger fait parti de ceux qui possèdent ces yeux, ceux qui ont connu assez de la vie pour savoir les dangers qu’elle recèle. Il n’a pas tout vu, il sait qu’il n’est pas le plus âgé ni le plus sage, mais il ne peut s’empêcher de prendre de haut ceux qu’il considère comme ignorants ou vaniteux. Si la personne ne possède pas l'un de ces deux défauts il arrivera à facilement supporter son caractère, mais rien ne dit que ce sera réciproque.

Ce que vous diriez si vous le connaissiez bien, c’est probablement qu’il est à double tranchant. Capable d’être cassant comme réconfortant, avec des avis définis et des goûts précis. Il n’aura pas peur de dire la vérité, quitte à être brusque ou effrayant, mais tentera toujours de privilégier une autre approche. Selon lui le monde est déjà assez horrible pour qu’il agisse aussi comme un salaud. Vous confirmeriez aussi que l’innocence apparente dans les yeux du félin n’est qu’une façade, il est loin d’être aussi niais que ce que l’on peut penser quand on le rencontre pour la première fois. Pour ce qui est des sentiments, Schrödinger est un charmeur. Quand quelqu'un lui plaît il n’hésitera pas à lui faire des avances jusqu’à ce qu'il/elle cède ou qu’il se lasse. Il a déjà eu toutes sortes de partenaires, dans toutes les guildes, mais il n’est tombé que de rares fois amoureux. S’il ne rejette pas les sentiments, il sait néanmoins qu’il lui faudra être prêt à toutes les éventualités car le monde tel qu’il est ne laisse pas la place au bonheur pour toujours.

HISTOIRE

Imaginez. Imaginez ce que cela pouvait faire, d’avoir la chance de naître dans un endroit où il faisait bon vivre. Imaginez ce qu’on pouvait ressentir, blotti dans les bras de son maître, qui prend soin de nous et que l’on aime en retour. Imaginez que la nature soit accueillante et non plus mortelle. Imaginez que vous ayez le droit de vous déplacer où vous voulez et quand vous le voulez. Imaginez que les gens que vous croisiez ne pensent pas en premier lieu à vous tuer.
Imaginez qu’au lieu de survive, vous pouviez vivre.

Chapitre 1 : Nuages et gris cendré ~


Les premiers jours. Ils devraient être les plus beaux, les plus légers, les plus merveilleux. Oh oui, ils devraient. Ces jours que l’on passe, endormis, sans aucune mauvaise pensée, sans crainte ni limite, blottis contre celle qui nous aimait avant même notre naissance. Rien d’autre que le goût du laid chaud qui se délite sur le palais à chaque nouvelle gorgée, rien de plus que des petits soupirs de contentement lorsqu’on se sent au chaud et en sécurité. Rien de moins que la plus belle des ignorances.
Puis vient le premier regard. La première fois que l’on laisse la lumière si forte de l’extérieur effleurer notre pupille. On ouvre les yeux, on souffre devant une telle puissance aveuglante, alors on les referme. Mais la curiosité est trop forte. Ce nouveau sens qui s’ouvre à nous, on a envie d’en savoir plus. Est-ce que c’est important ces choses toutes floues ? Est-ce que c’est une bonne idée de se laisser happer par la tentation ? Voilà peut-être les questions que se poserait un adulte. Mais nous ne sommes pas encore adultes, nous ignorons même tout de la portée de ce mot. Alors on ouvre les yeux en piaillant, voulant qu’on nous aide dans cet exploit. La première chose que l’on distingue c’est l’endroit où l’on est. Ça peut-être un buisson, une tanière ou même une cage. Mais ce n’était pas le cas. C’était une pièce, comme un large cube, aux murs granuleux et d’une couleur indéfinissable tant qu’on ne connaît pas encore son nom. Décrire ce que l’on voit, nous ne l’avions pas encore appris. Quand on voit les autres on se demande « Est-ce que je suis comme eux ? ». Mais  pourtant ils sont tous si différents, comment savoir auquel on ressemble ? Est-ce que l’on est unique nous aussi ? Puis ces deux petits yeux nouvellement ouverts nous apprennent une chose : on est pas le premier à regarder autour, ils sont déjà trois à le faire. Trois qui fixent les autres. Trois qui se demandent eux aussi pourquoi ils sont là. Deux dorment encore. Sur quoi dorment-ils d’ailleurs ? On ne la reconnaît pas, et pourtant on sait qui elle est. C’est son odeur qui dit tout, son odeur de lait chaud et de plantes. Une ombre s’approche soudain, bloquant la lumière qui vient de la fenêtre. On a peur, on ne comprend pas. Quelle est cette chose immense et noire qui vient nous regarder ? Et puis les pupilles s’adaptent et l’on distingue quelque chose. Un visage émacié, recouvert de petits poils blancs et gris mal taillés et surtout deux éclats, luisants comme du verre. Ce sont ces yeux qui nous fascinent, ces deux iris immenses teintés de gris cendré si joyeux et pourtant si inquiets. On hésite à sortir des pattes de sa mère, on a peur de ce que cette chose pourrait nous faire. Et pourtant la chatte ronronne. Elle vibre au rythme de nos battements de cœur, nous encourage à aller le voir. Alors on se redresse, d’abord méfiant puis excité, à l’idée de découvrir quelqu’un dont nous ne soupçonnions même pas l’existence. Notre humain. Il nous a donné des noms, que notre mère a adoré et que nous avons toujours gardé. C’est ainsi que Schrödinger est né. Que je suis né. C’était peut-être un nom ridiculement compliqué, mais nous en avions tous un semblable et cela nous semblait donc normal. Trois mâles : Schrödinger, Heisenberg et Einstein. Trois femelles : Payne, Franklin et Meitner. Notre mère disait qu’il fallait que l’on reste discret, que nous ne devions pas miauler le soir, ni gratter à la porte. Que notre vie était dans cette pièce aux murs décrépis et que tant que nous y resterions, rien ne pouvait nous arriver. On l’a toujours écouté. Et l’avenir sait se montrer cruel.
J’aimais bien contempler l’extérieur. Nous vivions à la limite entre la ville et l’au delà, face à une immensité de poussière et de ruines. L’on entendait les autres humains qui vivaient autour de nous, mais eux ne devaient pas connaître notre existence. Je restais assis sur ce béton froid et inconfortable, pouvant passer des heures à regarder les nuages traverser le monde. Je ne voulais pas passer toute ma vie ici, je voulais voir et découvrir, explorer le monde chaque jour… Je voulais être un nuage moi aussi. J’en avais marre de mes frères et sœurs, je les aimais mais sans apprécier leur calme docile. Pourquoi ne pouvaient-ils pas être un peu plus comme moi ? Nous avions vécu nos premiers jours en osmose. Alors pourquoi me sentais-je si différent ? J’aimais notre humain aussi, lui qui nous nourrissait, nous caressait, jouais avec nous. Plus que tout j’aimais ses deux yeux cendrés. J’y voyais le ciel, j’y voyais la ville, j’y voyais la vie qu’on me refusait. Je voulais m’extirper de cet immeuble à tout prix. Que l’on est bête lorsqu’on est jeune. Je voulais savoir, je voulais comprendre le monde, sans réaliser que j’avais déjà tout ce dont je rêvais. Mais les regrets ne servent à rien. Le jour où ils sont arrivés, on ne s’y attendait pas. Rien n’avait changé. Il n’y avait pas de signe annonciateur, pas d’envol de corbeaux ou de bruits furieux dans la rue en bas. Juste un flash aveuglant en pleine nuit, un bruit sourd et crépitant ponctué de cris. Deux petites exposions et la porte était ouverte, laissant passer trois soldats humains. Ils se sont jetés sur notre humain, l’ont écrasé sur le sol et pendant qu’un lui mettait des bracelets de métal, les deux autres fouillaient l’appartement. Je ne savais pas encore que c’était après nous qu’ils en avaient. Que c’était nous qu’ils voulaient plus que tout. Cette soirée est encore confuse dans ma tête. Comment avons-nous réussi à nous échapper ? Je ne me souviens plus. Mais Einstein, Payne et Franklin ne nous sont jamais revenus. Il n’y avait plus que ma mère, mon frère, ma sœur et moi. Une partie de notre famille venait de se faire amputer sans que nous n’ayons eu le temps de comprendre pourquoi.
Je me souviens juste de cette course affolée dans la poussière des rues, cette terreur glacée qui gelait nos veines et les vapeurs de la pollution qui me tournaient la tête. Je n’avais jamais connu une telle horreur, et me pris à pleurer. Était-ce ça le monde extérieur ? Était-ce pour cela que nous ne devions jamais sortir ? Jamais faire de bruit ? Jamais montrer que nous existions ? Aujourd’hui encore ils me manquent bien plus que tout, les nuages qui défilent et les grands yeux gris cendrés.

Chapitre 2 : Gouffre du monde et oiseau de passage ~

S’enfuir de le ville ne fut pas aisé. Des gardes étaient postés à des points stratégiques, rendant la grille qu’ils protégeaient impossible à percer. De plus, de nombreux humains étaient présents, fourmillant entre les bâtiments. Jamais nous n’aurions pu imaginer voir autant de personnes réunies en un même endroit, si grand que l’on n’en voyait même pas le bout. Le ciel et le sol se rejoignaient en une ligne floue et brumeuse, toute en nuances de gris, tous deux étouffés par la pollution. Je me souviens de la peur qui nous dévorait le ventre à tous et de nos piaillements réprimés quand nous nous sommes réfugiés sous le ventre de notre mère qui se forçait à rester debout pour nous. Nous nous étions cachés dans l’ombre d’une ruelle, dissimulés sous un pan de mur à moitié effondré, scrutant les ombres du regard, de peur de voir un soldat surgir à tout instant. Il fallait que nous trouvions un moyen de s’échapper le plus vite possible, un chemin hors de ce carnage et de ce brouillard sanglant. Ici la poussière brûlait la gorge, faisait couler la truffe et pleurer les yeux. C’était une souffrance de chaque instant, une terreur froide qui gelait le cœur. Le cœur de trois chatons déboussolés et d’une mère paniquée. La chatte crème et blanche souffla longuement, ébouriffant nos pelages dans un frisson chaud. Elle était déterminée, et ce fut cette assurance reprise qui nous permit de garder espoir. De nous trois j’étais le plus petit, le plus terne. Je n’avais jamais prêté attention à la couleur de mon pelage, pour moi ça n’avait jamais importé. Mais aujourd’hui nos vies reposaient dessus. La poussière se soulevait par à-coups, tournoyant dans les courants d’air, emplissant l’atmosphère d’un brouillard terne et piquant et encombrant les poumons d’une fumée toxique. Le sol n’était que terre battue et bitume fissuré, d’une couleur taupe crasseuse, dans laquelle je me fondais totalement. Tremblant et réprimant des sanglots de terreur, je me glissais dans une crevasse dont j’avais cru voir qu’elle se prolongeait jusque sous une palissade de bois verdi, trop haute pour pouvoir être escaladée discrètement. Je la remontais fébrilement, courant à m’en écorcher les coussinets sur les gravats, retenant des hoquets crispés à chaque bruit qui me semblait suspect. J’étais petit certes, mais j’avais déjà cette conscience aiguë qui me susurrait à chaque nouveau pas que je risquais ma vie. Mon impression avait été juste. Je passais sous la palissade de bois pourri, me glissant hors de la ville. Je m’attendais à voir une végétation luxuriante comme dans les récits de ma mère, pensant qu’instantanément nous serions transportés dans une utopie accueillante où vie et bonheur étaient synonymes, rêvant en secret de fleurs chatoyantes et d’air purifié. Tout  ce que je vis ce fut une terre grise et desséchée, recouverte d’un humus sombre et puant. Voilà tout ce qu’il y avait derrière le mur, voilà ce à quoi notre vie se résumerait désormais. Je lâchais un sanglot désespéré, espérant qu’il arrive et me prenne dans ses bras, me serrant tout contre son cœur, mon humain aux yeux gris cendrés. Mais il était parti. Tout comme mes sœurs et mon frère, jamais je ne les reverrai. Il fallait à tout prix que je protège la famille qu’il me reste, les seules personnes qui ne m’aient pas été volées. Je m’étais retourné dans ce trou du bitume, cette faille mal réparée laissée par le vol d’un tuyau de canalisation, sortant juste ma tête de cette protection. Je les distinguais à peine de l’autre côté, les trois derniers membres de ma famille, et ils ne devaient pas vraiment me voir de même. Je refis donc le même trajet, toujours avec prudence et méticulosité, mais cette fois-ci d’un pas bien plus pressé, impatient de retrouver ma mère que je venais pourtant à peine de quitter. Lorsque je pu enfin plonger mon visage dans sa fourrure si douce et si chaude j’en pleurais de soulagement, mes larmes traçant des sillons blanc dans son pelage brun de poussière. « Courage mon petit nuage, c’est la dernière fois que tu le feras de toute ta vie. Tu n’auras jamais à retourner dans cette faille après, je te le promets. » Cette phrase je crois m’en souvenir. Mais ne serait-ce que le souvenir d’un rêve ? Je ne  saurais le dire. J’entends sa voix, je redeviens un chaton terrifié, ces pleurs hantent mes rêves et règnent sur mes cauchemars. Cependant, chaque fois que je repense à cet instant, celui où je devais replonger dans cette faille de l’horreur, cette fissure dans laquelle j’ai pris conscience de la laideur du monde, cette phrase résonne comme un écho dans mon crâne et continue de me donner espoir. Espoir qu’un jour, le monde entier sorte de ce gouffre dans lequel il a sombré.
Pourquoi ne nous a-t-elle pas suivi ? C’est la seule question qui encore aujourd’hui continue de me déranger. Nous nous étions glissés les uns à la suite des autres, les trois seuls chatons qu’elle n’avait pas perdu, mais elle n’était pas passée avec nous. N’avait-elle pas la place de le faire ? Je me souviens que cette faille me semblait immense, bien plus haute que moi, se refermant presque au dessus de nous, soutenue par les bouts de métal restés plantés dans le bitume gelé. Peut-être était-ce  pour faire diversion, mais les résultats qui en découlèrent furent catastrophiques tant pour elle que pour nous. Les soldats et les  humains ne nous virent jamais passer, dissimulés dans l’ombre. Mon pelage couleur taupe était semblable aux éclats de rouille sombre qui luisaient dans l’ombre, celui écaille de ma sœur la rendait parfaitement invisible et même si celui de mon frère était tout de blanc et de noir il n’était pas tant repérable dans l’ombre. Nous nous sommes recroquevillés les uns contre les autres plusieurs fois lorsque des silhouettes sombres sont passées au dessus de nous, mais heureusement l’odorat des humains n’était pas assez développé pour qu’ils nous repèrent. Nous sommes ressortis sains et saufs de l’autre côté de la palissade, qui vu de près était bien plus haute que tout ce que nous pouvions imaginer de loin. Au moins aussi haute que les murs chez mon humain, aussi épaisse que nous étions longs, impossible ou presque de passer au dessus sans se faire prendre. Et pourtant notre mère l’avait tenté. Elle avait sauté, sachant qu’elle se ferait repérer instantanément. À peine avait-elle sauté de l’autre côté que trois soldats l’avaient suivie et amorcé le combat, juste sous nos yeux, avant même que nous aillons eu le temps de sortir de cet ancien conduit. Ils tentèrent de la prendre, de l’emmener bien qu’elle se débattit de toutes ses forces, jusqu’à ce qu’elle ai eu le malheur d’en frapper un trop fort. L’oeil de se dernier se creva en un instant, répandant sur le sol son immonde contenu transparent. Le cri de colère et de douleur qui en suivit fût tel que nous faillîmes en être malades. Dans un désir de vengeance, ils la laissèrent pour morte. Vie pour œil. Oh, ils avaient raté leur coup, ils ne savaient pas que ses trois petits survivants attendaient dans l’ombre pour sauver leur mère. Nous ne savions pas quoi faire, nous n’étions pas capable de passer la nuit dans la nature sans elle, et même si le soleil approchait de son zénith la nuit finirait par retomber, nous laissant démunis face au monde. Nous l’avons tirée, à moitié consciente encore, blottie entre les branches d’un arbre mort. Il lui aurait fallu à manger, il lui aurait fallu de l’eau, mais nous n’avions jamais été lâchés seuls en pleine nature… comment s’en sortir sans elle ?  Nous n’étions que trois chatons d’à peine trois lunes, quelques heures plutôt nous étions encore six. D’un abris protégé nous sommes passés à une nature morne et mortelle. Alors nous avons fait la seule chose que nous pouvions faire. Nous nous sommes couchés à ses côtés, la réchauffant de nos petits corps frêles, chaque fibres de nos corps dirigées envers son cœur. Est-ce cela qui a marché ? Je ne saurais jamais dire si c’était le cas. Mais au bout de quelques heures elle a réussi à rouvrir les yeux, et à bouger même si ses mouvements étaient lents. Elle était sauvée. Sa convalescence ne fut jamais complètement terminée, sa plaie ne cicatrisant jamais correctement et s’infectant régulièrement, la laissant prise de fièvres chroniques durant lesquelles il ne tenait qu’à nous de survivre. Meitner avait montré en quelques jours une capacité certaine à déduire le fonctionnement des choses et trouver quelles plantes étaient comestibles et les autres non. Heisenberg, lui, avait réussi à nous trouver un abris, sous une souche d’arbre noire et pourrissante dont les racines entremêlées étaient à peine assez large pour faire passer un chat et près duquel notre odeur se retrouvait dissimulée par la puanteur. Nous nous étions habitués relativement vite à cet horrible fumet car la peur de se retrouver sans abris dans cette nature morte était bien plus terrible. Quant à moi ? J’explorais, sans toutefois trop m’éloigner, je cherchais de petits points d’eau où nous pouvions nous désaltérer ou un endroit où poussaient des plantes que je présentais par la suite à Meitner. C’est ainsi que j’étais tombé sur le ruisseau, à une distance correcte de notre cachette. Nous évitions au maximum de nous rapprocher de la ville bien que les soldats n’aient pas eu l’habitude de s’aventurer de ce côté de la forêt. Y vivre était si dur, ils devaient probablement se dire que toute personne douée de réflexion éviterait de se  réfugier dans un tel endroit. Bien que nous ne le connaissions pas encore, la Forêt Empoisonnée porte bien son nom. Pour ce qui est du reste ? Je n’en ai pas réellement de souvenir. Ma mère considérait cette période comme la plus horrible de sa vie tandis que moi je n’en avais que quelques souvenirs vagues pourtant pas si désagréables. Enfin ça c’était avant lui. L’oiseau.
Un rapace, cherchant sa proie. Qui aurait cru que la nature qui nous nourrissait et nous isolait aurait un jour raison de l’un d’entre nous ? C’était un après midi. Pour la première fois depuis des jours le ciel était dégagé et la chaleur étouffait tout le bois, alors que pourtant l’été était passé depuis plusieurs semaines. Sans frondaisons pour nous cacher du soleil, nous étions à découverts, trois petites tâches colorées dénotant sur le sol étrangement foncé, protégés par le regard bienveillant de notre mère. Nous jouions innocemment, après tout, n’est-ce pas ce que l’on est censé faire lorsque l’on a huit lunes ? Nous venions d’en passer cinq à vivre dans la nature, surmontant chaque nouveau jour mieux que le dernier, nous sentant inébranlables, capables de survivre à tout. Enfin jusqu’à ce qu’il arrive et qu’il plonge. Droit sur moi. On ne faisait pas attention, on était trop occupés à se donner des coups de pattes. Je me tenais au dessus de mon frère, dont je martelais le ventre de mes pattes arrières. Meitner se relevait et s’apprêtait à se jeter sur moi, comme une petite vengeance. Je la voyais bouger du coin de l’oeil mais ce n’était qu’un jeu, pas une vraie bagarre, rien d’important. Mais tout ce que j’ai vu c’était les yeux écarquillés de terreur de Heisenberg soulignés d’une douleur violente à la tête. J’avais vu le sol sous mes pattes rapetisser, un cri de souffrance s’était échappé de ma gueule, un miaulement à la fois plein de surprise et de douleur. Presque instantanément suivi du premier déchirement. Mon oreille s’était enflammée, et je m’étais écrasé au sol en faisant craquer les branches. Un voile rouge avait recouvert mes yeux, me rendant incapable de discerner les choses avec précision. Ma mère avait hurlé, mon frère et ma sœur aussi. Pourtant ce n’était pas sur moi qu’il replongea. Il piqua d’un mouvement vif, saisit son petit corps écaille dans ses serres brunes et s’envola à tire d’aile, perdant plusieurs plumes sous les assauts de ma mère enragée. Nous vîmes l’oiseau s’éloigner, jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’un petit point qui ne tarda pas à disparaître au loin. Elle ne retomba jamais. Meitner était perdue, pour moi, pour mon frère, pour ma mère. Pour toujours. Nous avions tous été avalés par le gouffre du monde mais elle, elle fut emmenée par l’oiseau de passage.

Chapitre 3 : Amour couleur encre et obéissance aveugle ~
Si l’on me demandait, je prétendrais sûrement ne pas avoir plus de souvenirs marquants de cette époque que je n’en ai de notre vie de solitaires. Et pourtant, si quelqu’un vivait au dessus de nous et nous contrôlait de sa main pernicieuse, il saurait que j’en ai des choses à dire.
La mort de Meitner fut le déclic. Nous avions certes perdu mes autres frères et sœurs avant mais les conditions étaient tout autres et nous ne les avions pas vu mourir. Ma mère était sur le point de sombrer dans une folie de tristesse, incapable de s’occuper de nous, ses seuls autres enfants toujours vivants. Elle avait même laissé de côté tout espoir d’en avoir de nouveaux un jour, ne nous parlant de notre père uniquement pour dire qu’il était et resterait l’unique amour de sa vie bien qu’il soit lui aussi perdu pour toujours. Nous commencions de plus à nous éloigner d’elle car après tout nous avions déjà presque neuf lunes, c’est à dire assez pour comprendre les tenants et les aboutissants de notre condition de solitaire sans pour autant prendre les dangers au sérieux. Ce n’était pas grand-chose, juste assez pour nous amuser loin de l’humeur massacrante de notre mère. Nous nous nourrissions de petits animaux et de baies, juste assez pour survivre, trop peu pour échapper à la faim qui nous tiraillait continuellement. Heisenberg et moi étions maigres à faire peur mais à peine conscients du regard de l’autre. Cependant, un jour, nous tombâmes sur une patrouille de chasse, alors que nous nous étions aventurés plus loin que prévus dans la sombre forêt empoisonnée. Je m’étais dissimulé dans un buisson de passiveflore naissant, sur le point surprendre mon frère en train de s’amuser à effrayer une aile d’argent détraquée. Ils avaient soudain surgit au détour d’un arbre, trois félins en pleine patrouille de chasse. Le meneur était un petit mâle crème possédant deux grandes cornes irisées, aux reflets allant du rouge au violet. Les deux autres étaient un mâle pourpre, vêtit d’un étrange tissu qui lui recouvrait tout le dos, et une chatte blanche aux grandes ailes sombres, pas beaucoup plus vieille que nous. Ils s’étaient brusquement stoppés à la vue de Heisenberg, lequel les fixait avec des yeux ronds et la bouche grande ouverte. Souhaitant défendre mon frère contre ces agresseurs j’avais brusquement sauté de derrière le buisson, entraînant la chute de quelques pétales bleues. Nous étions moins grands qu’eux, mais je pouvais presque fixer le chasseur dans les yeux. La peur et la curiosité se mélangeaient dans mes veines, m’offrant une sensation bien étrange, semblable à celle que je ressentais bien des temps auparavant lorsque je fixais les nuages défilant dans le ciel. Les trois chats nous dévisagèrent pendant plusieurs minutes, avant de nous demander d’un air circonspect quelque chose qui devait ressembler à « Il y en a d’autres comme vous ici ? ». Nous n’avions pas compris la question, comment ça d’autres comme nous ? Pour ma famille et moi nous avions toujours été seuls, trois contre le reste du monde. Comment expliquer que notre champ de vision se limitait aux soldats ? Pour nous il n’existait pas d’autres chats ici, comme si nous avions été les seuls à avoir cherché à échapper aux humains. Qu’ils soient felinae, caméléons ou solitaires, nous n’avions jamais entendu parler d’eux. Devant nos mines perplexes ils nous avaient expliqué ce en quoi consistait leur guilde et le combat qu’ils menaient chaque jour. Étant jeunes nous ne nous étions pas méfiés une seule seconde, mais, heureusement pour nous, nous étions tombés sur un groupe de félins honnêtes. Les conduire jusqu’à notre mère n’avait pas été dur, la convaincre de nous suivre ne l’avait pas été beaucoup plus. Enfiévrée par la maladie, délirante à cause de la tristesse, amaigrie par des jours de diète, il leur avait suffit de la coucher sur le dos du grand mâle drapé pour la transporter à travers la forêt jusqu’à une étrange forêt de champignons bigarrés. Les cryptogames se tenaient droits, certains ayant d’étranges formes ou dégageant des odeurs insolites. Le mycélium recouvrait le sol, étouffant les végétaux qui ne lui étaient pas reliés. Qu’il était étrange cet endroit, bien différent de tout ce à quoi nous avions pu être habitués. Ici, pas d’arbres mourants, pas de plantes dont on doit se méfier, pas cette ombre constante de la ville dans nos dos, simplement une vie loin de cet enfer pesant. Tout du moins c’était ce que l’on croyait.
Nos trois sauveurs se nommaient Armeht, Coral et Cassiopée. C’étaient tous trois des chasseurs, amis de surcroît, mais chacun avait à nous offrir un récit différent sur ses origines. Le premier était jeune, originaire de chez les Caméléons. Né avec un pouvoir, la passivité de son clan ne lui avait pas permit de développer son don comme il l’aurait souhaité, et il avait donc choisi de rallier la cause des Felinae, préférant se battre plutôt que se cacher. En effet, avec ses deux cornes, celui-ci pouvait produire un son insupportable, utile pour faire fuir les ennemis. Bien sûr il y avait des conséquences mais nous nous en moquions. Nous aussi nous voulions un pouvoir. Coral, lui, était né chez les felinae. Il n’avait pas de pouvoir mais son pelage rouge foncé n’était pas naturel. Ainsi on pouvait être modifié sans avoir de pouvoir ? C’était intéressant. Il ne nous avait pas dit ce qu’il dissimulait sous sa cape, mais nous avions appris plus tard que son dos était entièrement brûlé et qu’il cachait ses cicatrices. Cassiopée fut de loin celle qui retint le plus notre attention. La belle chatte était d’un blanc immaculé mais possédait deux immenses ailes aussi  noires que de l’encre. Pourtant, ce n’était pas son pouvoir. Elle était capable d’entendre les pensées, de savoir ce que chacun pensait. Enfin elle ne les entendait pas, elle les voyait. Elle a passé plusieurs minutes à tenter de nous expliquer ce qu’elle ressentait, et nous l’écoutions sans broncher, buvant ses paroles, peu importe si cela était en vain. Nous ne savions rien de son passé, mais peu nous importait. Ce fut notre premier amour, à Heisenberg et moi, chacun de nous développant des sentiments singuliers envers la belle femelle. Elle le savait, bien sûr, et c’était là que se développait toute sa perversion. Nous n’étions que des chatons, à l’esprit bien malléable. Et elle faisait de nous ce qu’elle voulait.
Elle commença par nous éloigner de notre mère, au moment même où celle-ci redevenait enfin celle qu’elle était avant. Petit à petit, elle nous poussait à lui tourner le dos, à ne plus l’écouter. Nous passions tout notre temps avec Cassiopée, l’écoutant parler avec ferveur des felinae et dénigrant les autres guildes. Ce fut elle, la première, qui nous enseigna les subtilités de ce monde et nous apprit les bases de la survie : on évite les humains sauf si on veut finir mort ou transformé dans d’atroces souffrances ; on ne sympathise pas avec les solitaires, la majorité sont des fous dangereux ; on ne s’intéresse pas aux Caméléons, ils n’en valent pas la peine ; on ne remet pas en cause les ordres directs, chacun a une raison d’être. Nous obéissions au doigt et à l’œil. Petit à petit elle commença à  nous formater, nous enseignant les bases du combat et la haine des soldats avec une seule devise : ils doivent tous mourir. Nos connaissances se résumant à ce qu’elle nous enseignait, nous n’avions aucune raison de ne pas la croire. Notre mère nous regardait changer d’un œil inquiet, désespérée de nous voir nous transformer sans savoir comment nous sauver de son emprise. Après tout elle menait son petit  monde par le bout du nez, chaque tentative de sa part pour nous libérer devenant un prétexte de plus pour la quitter. Et puis vint la première bataille. Une attaque frontale, de la part d’une quinzaine de soldats, pas beaucoup moins nombreux que nous. Cassiopée, sans se soucier du danger ou de notre âge, nous avait envoyé tête baissée dans le combat. Presque âgés d’un an, nous nous croyions invincibles. Elle se servait de nous tel un bouclier, anticipant les prochaines attaques qui allaient la toucher et nous plaçant en des endroits stratégiques. Ce jour là je reçus ma première blessure de combat, dont je n’allais pas garder de cicatrice. Heisenberg et moi faisions de notre mieux, se moquant  d’être blessés ou tués tant que Cassiopée allait bien. Jusqu’au moment où nous ne fûmes plus suffisants. Elle mourut, égorgée dans notre dos, sans que nous sachions par qui ni comment. Aujourd’hui je soupçonne ma mère d’être à l’origine de sa mort, bien qu’à l’époque cette éventualité ne m’avait pas effleuré. Après tout elle souhaitait nous protéger plus que tout et Cassiopée était le plus grand danger par lequel nous étions menacés.
La suite se déroula vite. Peu de temps après la bataille, nous avions appris les origines de celle que nous aimions tant. Cassiopée était née chez les humains, conditionnée depuis son plus jeune âge pour combattre et détruire. Là bas elle apprit à tuer et reçut son pouvoir, dans une douleur telle qu’elle faillit en devenir folle. Malgré tout elle resta fidèle aux humains, à ceux qui l’avaient vu naître et à qui elle était entièrement dévouée. Elle devint une des plus féroces combattantes, jusqu’à sa nouvelle mission : une infiltration. Elle devait rejoindre les rangs Felinae, renseigner leur nombre et leurs positions. Cassiopée le fit patiemment, obéissant comme elle le devait, comptant les jours avant qu’on vienne la chercher hors de cet enfer de niaiseries qui serait facile à écraser. Mais personne n’est venu. Les lunes passèrent, les saisons aussi. Les humains l’avaient oubliée. Sa dévotion se transforma en une haine si brûlante qu’elle surpassa ce dégoût des Felinae qu’elle avait ressenti depuis sa plus tendre enfance. S’alliant à eux volontairement, elle se promit d’écraser les humains, quoi qu’il en coûte. Nous n’avions été que des pions. Et sa propre rage avait fini par la mener à sa perte.
Le lendemain de la bataille, alors que la neige avait recouvert le sol ensanglanté, notre mère choisit de partir. Bien évidemment, nous nous sentions obligés de la suivre, nous avions déjà perdu Cassiopée, nous n’étions pas prêts à perdre notre mère, elle qui nous avait soutenue du mieux qu’elle le pouvait. Elle n’avait pas aimé nous voir nous battre, nous étions ses derniers petits vivants, elle comptait bien à ce que nous le restions le plus longtemps possible. Aujourd’hui  j’aurais préféré qu’il n’ait jamais existé, cet amour couleur encre, et, surtout, que nous ne l’ayons jamais suivi aveuglément.

Chapitre 4 : Paradis de la mort ~
Le départ de chez les Felinae, désormais notre famille, fut très douloureux. Pendant ces mois d’automne et d’hiver nous avions enfin cru avoir trouvé un foyer, nous étions certains de rester là bas pour toujours, prêts à nous battre contre les Humains et leur dogme destructeur. Grandir dans un milieu aussi instable m’a néanmoins appris une chose : tout ce qui arrive de bon, un jour, tout ce qui nous permet de croire au bonheur, tout cela est voué à disparaître. Cependant cette éphémérité m’a aussi enseigné autre chose : c’est cette incertitude qui rend les plus beaux moments de la vie si appréciables. Sans elle, jamais on ne saurait apprécier les instants de joie. Il neigeait le matin de notre départ, doucement les flocons nous tombaient dessus que nous tracions notre chemin à travers la forêt, le sol se marquant à notre passage de traces légères. J’étais à la fois impatient de découvrir encore un nouveau mode de vie et triste à l’idée de quitter mes amis. Ce fut Armeht qui nous conduisit dans ce qui fut autrefois son refuge. Alors que nous avions quitté l’immense ville et laissé derrière nous les cryptogames géants, nous nous retrouvâmes face à une simple bâtisse de bois défraîchi dont la peinture était déjà partie lambeaux. Quel déception. Heisenberg et moi hésitions profondément à passer le pas de la porte, incapable de se décider si nous étions toujours curieux ou dégoûtés de ce nouvel abri. Nous étions devenus arrogants en quelques semaines, incapables d’apprécier la protection qu'amenait ce refuge sans prendre en compte son esthétique. Il était cependant hors de question de rester sur le côté et lorsque notre mère pénétra la porte du Refuge à la suite de notre guide, nous lui emboitâmes immédiatement le pas. Si l’extérieur de la bâtisse était repoussant et laissait penser qu’elle était abandonnée, quelle ne fut pas notre surprise de découvrir que l’intérieur était confortablement aménagé, des nids d’herbes et de mousse dressés un peu partout dans la pièce et une chaleur certaine embaumant la pièce avec une seule odeur : celle des Caméléons. C’était un conseiller qui était venu nous chercher, nous expliquant que leur cheffe était faible et ne pouvait pas se permettre de gaspiller son énergie inutilement si elle souhaitait protéger les siens. J’étais parti explorer le Refuge, cherchant des cachettes ou des coins tranquilles. En m’aventurant dans une petite pièce isolée je rencontrais un jeune chaton en train de jouer, âgé peut-être d’une dizaine de semaines. Son nom était Ilan. Mon odeur l’avait intrigué, pourquoi sentais-je le felinae ? Heisenberg me rejoignit peu après, me murmurant au creux de l’oreille que notre mère était fâchée que je sois parti ainsi. Je n’avais pas honte de ma curiosité et j’avais presque eu envie de dire que ce n’était pas important. Néanmoins j’avais appris qu’il faut chérir sa famille et l’idée de me fâcher avec ma mère me contrariait. Nous avions donc raccompagné Ilan auprès de sa mère, laquelle nous remercia chaudement avant de sermonner son petit, puis nous avions rejoint la nôtre, la tête basse, priant pour qu’elle ne se fâche pas comme elle savait si bien le faire. À notre grand soulagement elle garda tout son calme, nous accueillant d’une simple lèche sur le front, avant de nous montrer où nous dormirions désormais. Je pense qu’en cet instant là elle était si heureuse de nous retrouver fidèles à nous même, comme avant, que rien n'aurait pu entacher sa bonne humeur. Armeht repartit comme il était venu, calme et serein, sachant qu'il nous laissait entre de bonnes pattes. Et nous étions bien en sécurité. Nous avions troqué notre foyer pour un autre, trouvant une nouvelle famille bien plus compréhensive, dont le but n'était pas de se battre mais de vivre en paix et en harmonie. Pourtant cette rage de vivre des Felinae me manquait, j’avais beau avoir été trompé par Cassiopée, j’aimais apprendre à me battre et l'idée de défendre les plus faibles, tout comme j’aurais aimé être défendu, me plaisait beaucoup.
Quand arriva enfin le retour des beaux jours, la guilde déménagea. Nous allions nous rendre dans ce qui était le réel abris des Caméléons, celui qui était leur force. Un arbre géant poussé au milieu de la forêt, là où les feuilles étaient les plus vertes et l’herbe la plus tendre. Était-ce une forme de paradis ? Comment les Hommes n'avaient-ils jamais pu mettre la main sur cet endroit ? J’eus presque l’impression que c'était un piège tant cela me semblait surréaliste. Pourtant je vivais chez les Caméléons depuis trois mois déjà, je savais que leurs intentions étaient pures et que si cette guilde restait soudée c'était parce que tous ses membres croyaient profondément au pouvoir du bien et du pacifisme. J’aimais ce mode de vie bien plus que je n’osais me l'avouer, bien que l’inactivité passive de ceux qui le pratiquait me convenait beaucoup moins. Je choisis de devenir Chasseur, espérant que mes expéditions à la recherche de nourriture m’aideraient à découvrir de nouveaux lieux. J’avais beau l’aimer, je me sentais comme prisonnier de cet arbre géant. Notre meneuse aussi m'énervait. À quoi bon nous protéger même quand cela n'était pas nécessaire si elle s'épuisait comme ça ? Pour moi elle n'était pas réellement au coeur de la guilde, comme elle aurait pourtant dû l'être. Ce n'était pas elle qui félicitait ses membres, pas elle qui mettait au point les éventuelles patrouilles nécessaires ou gérait les relations avec les Felinae qui étaient pourtant notre plus grand soutien. C’est probablement ce qui me dégoûta intérieurement de la guilde des Caméléons. J'aimais les sentiments dans la beauté de leur fraîcheur et de leur activité, j’aimais plus que tout le contact avec les autres, et je ne pouvais imaginer passer ma vie terré comme un animal sans défense. Pourtant je restais, pour mon frère, pour ma mère. Pour que notre famille ne se perde pas en chemin.
Vint à nouveau le temps de retourner au Refuge, lorsque les températures baissèrent tant que l’Arbre Creux perdit ses feuilles et que les proies se firent plus que rares. Heisenberg et moi étions des adultes désormais, nous avions presque deux ans révolus. Il était Gardien, j'étais Chasseur, chacun de nous avait trouvé sa voie. Notre mère aidait les nourrices à s’occuper des petits, donnait parfois un coup de patte aux guérisseurs, toujours avec une bonne volonté que je lui avais rarement connu. Elle n'était pas si vieille, mais la vie l’avait tellement épuisée qu’elle paraissait déjà être âgée. Nous survivions aussi bien que possible, toujours en essayant de nous aimer tant que nous le pouvions. Et nous avons bien fait, car tout bonheur est éphémère, et celui-ci avait déjà bien assez duré.
Je n’ai jamais su comment elle l’a attrapé. Sûrement une proie contaminée, c’est toujours comme cela que ça arrive. Un jour elle s'était levée, tremblante, tenant à peine sur ses pattes. Elle était toute maigre, ne comprenant ce qui lui arrivait. Elle était malade, cela se voyait, et c'était effrayant. Pour le guérisseur cela ne faisait aucun doute : elle souffrait du Syndrome des Pattes de Glace. Elles devinrent de plus en plus fines et en seulement quelques jours ses griffes finirent par tomber. Angoissés, Heisenberg et moi n’osions quitter son chevet que pour partir à une recherche infructueuse de plantes qui seraient capables de la soigner. Un jour, cependant, il revint avec une plante qui avait  peut-être le pouvoir de la sauver. Malheureusement le traitement que lui administra le guérisseur n’eut aucun effet. À peine deux jours après il cessa complètement d’essayer de la soigner. Cela me mit hors de moi. Bien sûr il n’y était pour rien, il cherchait juste à préserver ses réserves, d'autant plus que l’absence d'amélioration lui prouvait qu’elle était atteinte d'une maladie incurable. Notre mère s'éteignit, faible, décharnée, alors que le soleil se levait enfin. Cela allait bientôt faire un an, jour pour jour, que nous avions rejoint les Caméléons, mais la mort de ma mère changea tout. Je quittais la guilde, révolté, certain que les humains auraient eu la technologie pour la sauver. C’est ainsi que je pris le choix qui allait totalement bouleverser ma vie et celle de mon frère. Aujourd'hui je ne saurais dire si c'était une bonne ou une mauvaise chose, néanmoins je regrette une chose. Ne pas avoir obligé Heisenberg à rester. Parce que sinon il serait encore en vie. Lui qui m’a suivi, abandonnant le paradis où est morte notre mère, plongeant avec moi dans les limbes d’un enfer dont il ne ressortit jamais.

-> suite dans les réponses, le forum est trop faible pour mon talent uwu


IRL


GENS
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• Comment as-tu découvert le forum ? La question n'est pas comment, mais plutôt quand >:>>
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Dernière édition par Schrödinger le Mar 16 Jan - 15:24, édité 21 fois

Hail to the KingHail to the King


x Messages : 532
x Date d'inscription : 18/07/2015
x Age : 33


Alec
Alec

https://www.deviantart.com/mlssio

   Jeu 17 Aoû - 19:27


toucan
Je valide ton quizz,
Bonne chance avec ton histoire à 10 000 mots.

toucan

Invité



Anonymous
Invité


   Jeu 17 Aoû - 19:32


Touk touk is life
Touk touk is love toucan

Invité



Anonymous
Invité


   Lun 21 Aoû - 18:05


X) Good luck pour peaufiner ta fiche :D

Invité



Anonymous
Invité


   Lun 18 Sep - 13:00


Ce personnage est vraiment top ** J'attends de pouvoir lire la suite de l'histoire avec impatience (:

Invité



Anonymous
Invité


   Lun 18 Sep - 22:27


Haha, contente que mon perso te plaise :')
Pour ce qui est de l'histoire mon défi est de la faire dépasser les 10 000 mots, en j'ai enfin posté le chapitre 2 ce qui monte le total à 2878 jusqu'ici :33

Invité



Anonymous
Invité


   Mer 20 Sep - 14:01


Ahaha ben écoute fais moi signe quand tu auras terminé ^^

Invité



Anonymous
Invité


   Lun 19 Fév - 0:28


Voilà je poste la fin de mon histoire ici étant donné que le forum était trop faible pour soutenir autant de mots uwu'

En tout cas 10 086 mots au total sur 10 000 réclamés, j'ai réussi mon pari \o/

Huhuhu :

Invité



Anonymous
Invité


   Lun 19 Fév - 18:43


Je te valide toi et ton pavé sale gens, hâte de voir ce beau monsieur inRP ❤





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