« Un jour j'ai rêvé que je mourrai. Mais était-ce réellement un rêve ? »
Tu n’as jamais hurlé aussi fort.
Comme si ton cœur entier explosait.
Tes oreilles tintent.
Tes yeux ne s’ouvrent que sur un voile rouge.
Colère.
Haine.
Peur.
Douleur.
Qui surgissent de tout ton corps.
Pour une fois tu la voie.
Cette bulle.
LA bulle.
Qui t’entoure en permanence.
Elle est devenue rouge vif.
Ton épaule brille de ce pourpre brûlant.
Tu avais peur. Maintenant c’est à eux de te craindre.
~ Les mutations n’ont jamais été le propre de l’homme. Ils les expérimentent, parviennent parfois à leur but, mais il ne faut pas oublier une chose : les grands changements ont eu lieu sur des millions d’années… L’homme sera toujours inférieur à la nature. C’est elle qui a tous les droits ~
L’anneau rouge se dilate, se rétracte, se tord et frémit.
Il se dissout.
Tu arrêtes de hurler.
Tu n’as plus mal.
Ta tête résonne.
À tes pattes les rats rampent.
Ce ne sont plus des rats.
Ce sont des amas verts globuleux.
À peine les effleures-tu qu’ils explosent en un liquide verdâtre insipide.
Tu n’as plus mal.
Toute ta douleur s’est consumée.
Il y a une flaque à deux pas. Tu t’y regardes mais tu ne vois rien d’autre qu’un masque noir et
huileux à la place de tes yeux.
Ton estomac s’en tord.
Réalité ?
Ou pure hallucination ?
Tu étais destinée à ne jamais le savoir.
Tes yeux affolés recherchent Passie.
Mais Passie n’est pas là.
Quand enfin tu aurais eu besoin de lui.
Soudain quelque chose te frappe.
Tu l’as entendu au loin tandis que ton corps explosait.
La larme.
Elle est la première.
Elle coule.
Ton cœur se déchire.
Égoïste.
Folle.
Folle et égoïste.
Le sol aride agresse tes coussinets.
L’air sec assèche ta bouche.
Le soleil éclatant incendie ton pelage et brûle tes yeux.
Tu rappelles cette phrase à ta mémoire.
Elle s’est manifestée il y a déjà quelques minutes.
« À l'aide… Pitié quelqu'un…. aidez moi… »
Tu l’avais entendue.
Tu l’as ignorée.
Au loin la forme noire et blanche souffre.
Des éclairs de sang.
Un ours.
Les piaillements de peur.
Les cris de douleur.
Tu les as vus.
Tu les as ignorés.
Tes pattes se rebellent contre ta raison.
Elles courent vers elle.
Si ton pouvoir annule les mutations… peut-il annuler leurs inconvénients ?
Tu te couches à côté d’elle.
C’est à ton tour de veiller son sommeil.
Ta voix est devenue rauque.
Sa chaleur t’étonne.
Ton souffle dessine un chant.
La mélodie emplie l’espace familier.
La berceuse d’un enfant oublié.
« Cours, mon petit chaton, cours,
Dehors les oiseaux s’envolent
Et ce sera à ton tour
D’atteindre cet autre sol
Crie, mon petit chaton, crie
Dehors les loups prient la lune
Et tu fuiras dans la nuit,
Te sauvant entre les dunes.
Crois, mon petit chaton, crois,
Dehors les nuages pleurent
Et tu leur montrera la voie
Où ils fuiront leurs malheurs.
Aime, mon petit chaton, aime,
Dehors les tiens te protègent
Et vos cœurs seront les mêmes
Quand sera passée la neige. »Ses yeux sont fermés mais tu le sens.
Elle est apaisée.
Tes larmes nettoient la poussière de ton pelage.
Ton cœur s’est réchauffé.
La chaleur extérieure n’est plus étouffante.
Tu te lèves et pars.
Elle n’a plus besoin de toi.
Ça ne durera sûrement pas. Ça ne suffira certainement pas.
Tes pas te conduisent au loin.
Le vent efface toute marque de toi.
Quand elle se réveillera il ne lui restera de toi qu’un vestiges de larmes sur le sable.
Peut-être le souvenir d’une berceuse solitaire…
Et un vague parfum d’espoir.
Code par xLittleRainbow