Je ronronnai sur les genoux de Lisa qui me gratouillait de temps en temps le sommet de la tête distraitement. Elle poussait de temps en temps un petit soupir contenu pour ne pas alerter ses parents, mais je sentais bien que quelque chose n'allait pas. C'était devenu courant ces derniers temps, que Lisa rentre fatiguée psychologiquement. Parfois même elle pleurait. D'après ce que j'avais entendu dire dans la gueule d'autres chats, c'était normal chez les humains de cet âge. Déjà qu'ils étaient compliqués de nature, les hormones de l'adolescence ne faisait qu'empirer les choses.
J'attendis quand même de sentir ses cuisses se contracter pour sauter au sol avant qu'elle ne se lève. Je la regardai laver ses couverts dans de la sciures de bois en me demandant ce qu'il pouvait bien se passer dans sa tête. Lisa était le centre de mon monde, ses états d'âmes étaient les miens. Quand elle n'allait pas bien, je ne me sentais pas bien.
Je soupirai. Elle attrapa son sac de cours et son masque à gaz, ce truc que les humains portaient pour ne pas tomber malade. Il n'en existait pas d'assez petit pour les chats, mais je ne souffrais pas vraiment de l'air pollué extérieur. Nous autres chats nous reproduisions si vite que nous évoluions en conséquence plus vite. Il fallait bien admettre que nous avions muté, dans une certaine mesure, pour nous adapter à notre environnement.

J'accompagnai Lisa à la roulote-école en prenant soin de marcher à côté d'elle et non pas devant, au risque de me prendre un involontaire coup de tibia. Je fini par miauler pour attirer son attention, elle était encore plongée dans ses pensées. Elle se tourna vers moi et je pu voir ses yeux sourire derrière le masque. Elle se pencha et je me dressai sur mes pattes arrières pour lui offrir ma tête. Sa main sur ma tête glissa le long de mon dos que j'arrondissais pour l'accompagner. Sa douceur protectrice me fit lâcher un ronronnement que je voulu rassurant.

Elle dit quelque chose sur un ton mi-triste mi-heureux, je reconnu mon prénom et y répondit d'un miaulement. Je fu récompensé de gratouilles sous le menton et nous reprîmes notre courte route. Elle me laissa devant la roulotte-école, je la regardai disparaître, soupirai, puis errai entre les habitations sur roues. J'espérais qu'elle allait passé un meilleur après-midi que ne fut sa matinée, qu'elle me reviendrait plus détendue et joyeuse.

Je sautai sur le rebord d'une fenêtre pour atteindre le toît en métal d'une roulotte, puis bondir au dessus de la palissade qui entourait notre campement. Un moyen simple et rapide à construire qui nous mettait à l'abri des mutants. Mais j'avais envie de me changer les idées et d'explorer un peu les alentours. Je savais d'avance qu'il y avait un point d'eau proche, sans quoi nous ne nous serions pas installé ici, même si l'ancienne habitation humaine et sa technologie anti-pollution avait tout l'intérêt des humains.
J'humai l'air à la recherche du parfum léger et frai de l'eau tout en marchant d'un pas prudent. J'avais beau être domestiqué, je savais marcher sans faire de bruit, c'était une question de survie à l'extérieur.

Je finis par reconnaître une odeur humide et me dirigeai avec la même prudence dans sa direction. Je tombai rapidement sur un ruisseau bien alimenté par les pluies d'hivers, avec un peu de gel sur les bords. Je me penchai pour renifler, l'eau avait l'air bien polluée, pas question de boire ça. C'était bon pour les animaux sauvages, moi je pouvais profiter d'une eau filtrée par mes humains, sans arrière goût écoeurant.

Je ne perçut pas la présence d'un autre félin, mais je n'allais pas tarder à m'en rendre compte.

Mon cœur rata un battement au premier mot que j'entendis derrière moi. Mon poil se hérissa en conséquence et je me retournai avant que la phrase ne soit terminée. Ce n'était pas la voix d'un chat que je connaissais et je fis face à un visage inconnu aux intenses yeux ... mauves.
Mon cœur s'emballa, une mutante. Elle empestait une étrange et forte odeur de champignon. Je baissai mes oreilles, comment j'avais fait pour ne pas la percevoir ? Je la détaillai, elle avait des ailes ! J'essayai de calmer ma respiration, mais rien à faire, j'étais en pleine panique et ça devait bien se voir.

Ce qu'elle dit était en total décalage avec mon état d'esprit.

"Bonjour , je m'appelle Maëlle. Je suis enchanté de vous rencontrer."

J'eu un sourire crispé et ironique.

-Enchanté ? Dis-je.

La peur faisais trembler ma voix, mais mon ton était plutôt agressif.
Je pensai à fuir, mais y renonça assez vite, avec ses ailes elle m'aurait rattrapé bien vite et qui savait quelles terrifiantes capacités elle pouvait avoir.
Mon regard tomba sur ce qu'elle portait au cou. Un attrape rêve, un objet humain.

-T'es avec les humains de la ville ? Demandai-je avec suspicion.

Je m'étais mis en garde, ventre contre terre et dos gonflé. Mon poil clair ébouriffé devait bien me grossir, mais au moins tous les signes étaient clairs, elle ne pouvait pas ne pas comprendre que j'étais sur la défensive. J'agitait le bout de ma queue en pensant à Lisa, elle serait inconsolable si je ne rentrai pas.

La chatte avait reculé avec un air surpris. Elle s'attendait à quoi ? Elle me prenait pour un chat sauvage ? Un de ces mutants ?
Alors que je posais ma question, il me sembla lire de l'amusement dans son regard, ce qui ne fit que m'apeurer davantage. Quel genre de plan machiavélique préparait-elle ?

"Non. En fait...Je suis née là-bas mais j'ai été secourue quand j'étais très jeune par des membres d'une guilde nommé : Felinae. J'ai rejoins cette guilde après qu'ils m'aient libérée, moi et plusieurs autres félins enfermés là-bas."

Je clignai des yeux. De quoi elle me parlait là ? Née là-bas, elle parlait de la ville sans doute. Secourue par quoi ? Qui ? Comment ? Mais de quoi elle me parlait celle là ? Libérée, elle était enfermée dans la ville par les humains ? Je savais que je devais me méfier des humains inconnus, en particulier ceux qui capturent des chats pour en faire des mutants, mais j'ignorait que des chats avaient réussi à s'en libérer. Pour moi, les chats mutants libres étaient comme les autres animaux mutants, des victimes des vieux déchets chimiques abandonnés dans la nature depuis des années.

La chatte noire et blanche était aussi bavarde qu'une pie. Je ne compris pas la moitié de ce qu'elle s'empressait de me raconter.

Pas si vite, stop ! C'est trop d'un coup. Qu'est-ce que tu cherches à faire ? A m'embrouiller ? Pensai-je.

Je secouai la tête pour chasser toutes ces questions de mon esprit. Le plus important, c'était ma survie. C'est ça, rentrer à la maison.

-Donc ... Hésitais-je. Tu ne va pas m'attaquer ? Non, non, en fait la vraie question c'est, comment je peux savoir que tu ne me mens pas ? Parce que même si tu me dis que tu vas pas m'attaquer, rien ne me garantit que tu ne le fera pas.

Qu'est-ce que je racontais, moi ? Je n'étais pas aussi bavard-e d'habitude, le stress me faisait dire tout ce qui me passait par la tête.

Bravo ! Y a pas mieux pour aider tes ennemis à te mettre en pièce ! Me maudis-je.

La chatte noire et blanche se remit à parler d'elle-même, mais comment voulait-elle que je la crois ? Je ne la connaissais pas, elle pouvait me dire tout ce qu'elle voulait, je ne pouvais pas être sûr qu'elle dise la vérité. Il n'était pas question que je baisse ma garde, mais je craignais aussi de lui tourner le dos.
Je decidai donc de rester face à elle, à une distance de sécurité respectable. J'étais prêt-e à reculer si elle faisait un pas vers moi et à sauter sur la moindre occasion de lui faucher compagnie.

-Il peut y avoir pleins de raison, répondis-je.

J'avais bien l'intention de ne pas me laisser déconcentrer par cette conversation.

-Cannibalisme, défense de territoire, ordre de ton supérieur quel qu'il soit.

Humain ou chat, je songeai.

-Ou la folie, conclu-je.

Même si elle m'avait l'air plutôt saine d'esprit, les mutants fous fonçaient bêtement sur tout ce qui bougeait. Mais ce n'était pas parce qu'on avait l'air normal qu'on l'était, certains psychopathes cachaient bien leur jeu. Même certaines personnes tout court pouvaient se faire passer pour ce qu'elles n'étaient pas, je me souvenais des pleurs de ma jeune maîtresse, ses camarades de classe n'étaient pas toujours tendres alors qu'ils faisaient parti de la caravane. Le monde était plein de gens plus ou moins malintentionnés, humains ou chats.

Je jetais de temps à autre des regards autour de moi, espérant que la mutante, dont je ne m'étais pas donné la peine d'écouter le nom, ne soit pas accompagnée.

Up <3

Je garde pas Tabby, donc j'archive.