Mais pourquoi est-ce que je m'étais aventurée ici? Je me rappelais avec consternation les paroles de ma mère. "La curiosité est autant une bonne qualité qu'un dangereux défaut."
Mais pourquoi est-ce que je ne m'en rappelais maintenant? La végétation semblait être tapie, attendant que je baisse ma garde pour m'attaquer sournoisement.

Je détestais cet endroit où, je le sentais, la mort rôdait. Alors que je regardais autour de moi, ma patte butta contre quelque chose et j'eus un hoquet d'horreur, reculant d'un bond. Un os de félin gisait au sol. Je fixai quelques instants le reste que les plantes n'avaient pas digérée, et m'éloignait le plus possible.

La peur et la méfiance me rendaient peu à peu hystérique. Je sursautai au moindre bruissement, griffes sorties et crocs dévoilés, pour me rendre compte que ce n'était qu'une vulgaire feuille morte qui était tombée où le vent qui avait fait bouger quelques buissons suspects.
Haletante, je ne savais plus où donner de la tête. Ma vue se voila quelques instants et je secouai la tête en fermant les yeux, m'immobilisant.

Lorsque je les rouvris, je vis avec surprise qu'une énorme genre de rose blanche fonça vers moi. Elle avait comme des dents acérés autour de ses immenses pétales grises-blanches. J'eus tout juste le temps d'esquiver cette attaque sournoise in extremis.
La fleur m'agressa à nouveau, mais j'avais anticipé son attaque, et je bondis au dessus d'elle et lacérait des pétales sauvagement, libérant ainsi toutes mes craintes.

La plante s'éloigna, l'air consternée. Haletante, j'enlevais précipitamment des bouts de pétales blancs qui étaient resté accrochés à mes griffes. Puis, je repris mon souffle et essaya de remettre mon pelage en place, qui était complètement hérissé de partout. Enfin, lorsque les battements de mon cœur se firent plus calmes, je me relevai doucement.

Soudain, j'entendis du bruit non loin derrière moi et je tournai la tête vers l'origine de ce dérangement. Etait-ce une nouvelle attaque? Non, c'était un félin blanc, aux ailes brunes, avec écharpe de la même couleur autour du cou. Les bouts de sa queue étaient rouges et noirs. Je vis aussi qu'il avait une espèce de tache sur une épaule, mais je voyais mal de loin.

Je pensai aussitôt à le rejoindre, mais j'hésitais... Et si c'était un Soldat? Et si il m'avait suivie pour me tendre un piège? L'hystérie me regagna peu à peu et je ne savais pas quoi faire.
L'inconnu tourna finalement sa tête vers moi. Il m'avait vue et ne semblait pas agressif... Etait-ce une feinte? Il m'observa quelques instants.

Seulement, de loin, je vis derrière lui une immonde plante carnivore se dresser derrière lui.
Alors, Soldat, Caméléon, Solitaire ou Felinae, qui qu'il soit, il ne fallait pas qu'il se fasse gober par cette plante carnivore!...
Je bondis sur mes pattes et hurlait en courant vers lui:

"-ATTENTION! Derrière toi!"

Il ferma les yeux et roula avec vitesse sur le côté dans un tas de feuilles mortes. Alors je piquai le plus grand sprint que je n'avais jamais piqué de toute ma vie et bondit agilement en plein sur l'immonde végétal carnivore. Le mâle, lui, se releva en m'observant quelques temps, comme s'il hésitait à venir m'aider.

Je bondissais donc sur la fleur mauve et la griffai avec une sauvagerie contraire à mon tempérament.
Celle-ci battit donc en retraite en se repliant sur elle-même. Je lui donnai encore quelques coups de griffes bien mérité, puis me tournai vers le félin.

Mais celui-ci s'était détourné, comme gêné que je l'ai aidé. Il me miaula:

"-Tu es Felinae, n'est-ce pas ? Un Soldat ne serait pas assez stupide pour sauver un Combattant ennemi. Mais merci de m'avoir sauvé."

Enfin bon, il me remerciait mais ne semblait pas approuver ce qu'il disait. J'adaptai alors une petite mine boudeuse, l'air contrariée. Mais il ne me regardait pas, comme occupé à réfléchir.
Je fus atrocement tentée de sonder ses esprits pour voir à quoi il pensait, mais me retint. A chaque fois, j'avais eu des ennuis à cause de ma curiosité.

Alors, je m'assis tranquillement, agitai mes moustaches et lui dit avec ma voix douce:

"-De rien, mais je te serais venue en aide quand même si j'étais ou si tu étais un Soldat, Solitaire ou Caméléon... Mais bon, tu as vu juste, je suis une Felinae...

J'hésitais à lui révéler mon identité, mais me lançai. Après tout, je n'avais rien à perdre...

"-Mon nom est Asumi. Et toi, qui es-tu?"

Je crois qu'il comprit que je savais qu'il ne me remerciait pas sincèrement. C'était bien dommage, j'avais imaginé une autre scène pour cette rencontre.
Son air mystérieux m'attirait inexorablement vers lui. Il devait sûrement avoir plein de secrets!! Rien qu'à cette idée je retrouvais mon sourire et me retournais. J'aimais beaucoup les secrets et les garder secrètement.

Il sembla réfléchir quelques minutes, me fixant, m'évaluant avec attention. Doutait-il de ma loyauté car j'avais dit que je serais allée secourir n'importe qui? Moi, ça ne me choquait pas. Entre félins, il faut bien se serrer les coudes, non?

"-Enkiro."

Son miaulement me surprit un peu, car j'étais perdue dans mes pensées. Il avait enfoui d'un air un peu boudeur sa tête blanche aux yeux écarlates dans son écharpe couleur d'écorce, qui avait l'air douce au toucher. En cette saison, il ne devait pas avoir trop froid avec ça! Mais moi, j'avais aussi mon bandana et mes ailes pour me protéger de la neige immaculée!

"-Je dois t'avouer ne pas trop savoir pourquoi mes pattes m'ont guidées dans un tel endroit. Et toi, pourquoi traînes-tu dans ce milieu hostile?"

Ah oui, bien sûr. Les plantes carnivores, tout ça, c'était pas le meilleur endroit pour se reposer. Mais j'avais eu soif d'aventures... Et de curiosité. J'aurais l'air franchement idiote et naïve en disant ça, mais j'étais honnête et détestais mentir.

"-Eh bien moi, je suis venue parce que je m'ennuyais. C'est tout..."

J'avais bien envie qu'il me parle de lui, mais il ne semblait pas très bavard... J'étais sûre qu'il avait beaucoup enduré de souffrances.
Bien sûr, je n'ai jamais révélé de secrets à personne, sauf à mon défunt frère, Chani.
Mais rien que de penser à lui, des milliers d'épines me transpercèrent le cœur. Le regard comme choqué, je fixais droit devant moi. Mes yeux verts se remplirent de larmes et brillèrent, tels des perles de rosée. Je détournais aussitôt la tête, les crocs serrés. Qu'est-ce qu'il allait penser de moi, cet Enkiro? Bah, après tout, pourquoi me jugerait-il autrement que mes persécuteurs, ceux que je "côtoie" le plus? Je serais pour lui une pleurnicharde, un point c'est tout.

Je crois qu'il a un peu paniqué, au fond de lui. Ou bien, était-ce un de mes stupides fondements? Oui, c'était ça, à coup sûr. Pff... Je le savais. Mon pouvoir se déclencha automatiquement, par colère. Il me traitait de pleurnicharde... Cet Enkiro réfléchissait à la manière de me hurler dessus pour me sommer d'arrêter. En fait, il n'était pas si différent de ceux qui me persécutaient. Et il craignait de me faire peur!... Seulement avec ces yeux rouges? J'en ai vu d'autres, mon pauvre!...
Je me suis reprise et inspirait pour me calmer. Ce n'était pas en ayant de si mauvaises pensées que la situation allait s'adoucir. Le félin blanc pensait à me toiser, à crier...
Fffh. J'avais déjà prévu comment réagir s'il osait faire ça. Avant qu'il n'ouvre la gueule, je lui dirai à quel point il aurait l'air bête s'il faisait ça. J'espère que j'aurais l'air confiante.
Mais bon, moi, avoir confiance en moi? C'était impossible, bien sûr... Cette part de moi n'existe pas, un point c'est tout. J'aurais peut-être l'air aussi stupide que lui...

"-Hum... Euh... Arrête de pleurer, tu veux? J'ferais pas de câlin tout le temps alors t'as intérêt à te calmer..."

Et Enkiro posa sa queue particulière, aux motifs rouges et noirs, sur mon épaule affaissée dorée.
A ce moment-là, je ressentis une telle haine envers lui que ce sentiment me submergea et je n'eus plus accès aux autres émotions. J'enlevais avec un mouvement brusque sa queue en panache. En temps normal, j'aurais agi avec douceur et gentillesse, mais ses sentiments-là n'étaient plus tout à fait disponibles. Je me reculais, des flammes dansantes dans les yeux. Une rage, une telle colère m'envahissait peu à peu au fur et à mesure que je bougeais. Ces émotions me rongeaient le corps, à un tel point que je hurlais de douleur... Inconsciemment, à l'intérieur.

"-Finalement, tu es comme les autres!!!"

Je lui tournais sèchement les pattes après avoir dit cela. Je ne lui avais pas hurlé dessus, c'était juste une phrase vibrante de colère, de tristesse et de regrets. Je l'avais fixé avec des yeux brûlants de rage. Je m'en voulais, mais n'en laissait absolument rien paraître. Si j'avais réagi comme cela, c'était parce que j'avais eu envie de devenir son amie... Et que sa froideur m'avait ébranlée, de tout mon être. J'avais... Senti comme une profonde tristesse, chez lui. Un énorme tourbillon d'émotions emportait tout sur son passage. Je me battais et souffrais, au plus profond de mon être.
Et ça, personne ne le comprendrait jamais.

Je n'attendis aucune réaction de sa part. Je ne voulais pas qu'il me suive, ou qu'il me miaule de revenir. De toute façon, ça m'étonnerait pas qu'il s'en aille, lui aussi, de son côté. Que pouvait-il avoir à faire avec une... Pleurnicharde comme moi? D'un côté, je ne voulais pas que lui, il me plaigne, et d'un autre, j'avais envie d'avoir quelqu'un à mes côtés pour qu'il me console, me soutienne...
Quel doux rêve était-ce là!
Je ne jetais pas un seul regard en arrière pour le dévisager, pour planter mes yeux verts émeraudes dans les siens écarlates. Je voulais, plus que tout, entendre un "Attends..."

Je crois que je sentis un sentiment de surprise derrière moi, comme s'il était dérouté. C'est sûr que la chochotte réagit vite et brutalement, n'est-ce pas Enkiro? J'avais tellement envie d'être ton amie, de revenir sur mes pas et m'excuser, mais ton apparence froide, glaciale et distante qui cachait de véritables souffrances intérieures m'avait à un tel point brusquée, choquée que j'avais éclaté en larmes. "Tu me fais tellement penser à mon frère, Chany..." J'avais voulu dire ça pour m'excuser d'avoir pleuré mais lui, il m'avait traitée de pleurnicharde, de chochotte dans son esprit.

En fait, tout le monde dit que j'ai un caractère gentil et simple, mais c'est plus compliqué que ça. Personne ne sait tout de moi, absolument personne ne me comprend. Moi aussi je souffre, sauf que personne ne le remarque, ou personne n'y fait attention.
Si je suis tellement sensible, c'est parce que j'ai accumulé bien trop de choses à l'intérieur tiens! Mais qu'est-ce que vous croyez, tous? Que je suis une pleurnicharde naïve, c'est ça?! Oui, c'est ça. Vous pensez que je suis faible, à plaindre. Mais moi, je ne veux pas qu'on vienne me consoler. C'est idiot, hein? J'ai besoin de quelqu'un mais je n'arriverais jamais à dire à ce confident ce que je ressens véritablement. En fait, en général, je ne ressens pas qu'une seule émotion. Ce sont des tourbillons de sentiments qui sèment le doute dans mon esprit.
Et cette tornade-là, mêlait en cet instant de la colère, de la tristesse et des regrets. De la colère, parce qu'Enkiro m'avait bien sûr déçue. De la tristesse? J'en ressens tout le temps, sans exception, même dans des moments joyeux, la mélancolie emplit toujours mon cœur. Et des regrets, parce que je voulais devenir son amie.

"-Excuse-moi."

Je ne m'arrêtais pas, mais ralentissais le rythme. Mes pattes étaient bien encrées dans le sol où poussaient ces horribles plantes mutantes. Comment l'ignorer? Je ne pouvais pas faire semblant de n'avoir rien entendu. Dans sa voix, retentissait un peu comme de la honte, ou de la gêne. Cela veut donc dire qu'il a fait un effort pour s'excuser! J'allais me retourner, et je me sentais soudain revigorée, mais toujours avec ce sentiment de tristesse qui te rongeait de l'intérieur.
Il semblait regretter de m'avoir blessée, et se doutait que je pouvais lire dans les pensées; mais je me suis promis, à ce moment-là, que je n'utiliserais jamais mon pouvoir de plein gré sur lui.
Il serrait les crocs, la voix grave, comme si ce n'était pas dans ses habitudes de demander pardon.

"-Excuse-moi... J'ai mal agi."

"Pourrons-nous repartir dans de bonnes bases?..."
Sa pensée fut si forte que je l'entendis. Ou peut-être était-ce mon pouvoir qui s'était activé sans que je le veuille. Et là, je m'arrêtais pour de bon, et pivotait à demi vers lui en lui souriant d'un air triste, le plus sincèrement triste que j'ai jamais fait jusque là.
La tristesse et la solitude me détruisaient de l'intérieur, me rongeaient. C'était comme s'ils empêchaient les autres sentiments de s'exprimer, comme un énorme mur qui les bloquaient. Comme si je me battais à l'intérieur. Oui, c'était bien ça, je me battais. Mais pour quoi? Je n'aurais su le dire.

"-Ce n'est rien... Je te pardonne."

Ma voix sonnait si tristement, avec cet air mélancolique sur mon visage, que je me faisais de la peine pour moi-même. Je me sentais tellement mal à l'intérieur... J'attendis qu'Enkiro me réponde, ou même, qu'il revienne vers moi. Je ne savais pas quoi faire, j'avais toujours les larmes aux yeux, ces yeux verts émeraudes qui attendaient un regard rouge sang, écarlate, se plonger dedans...

Il s'est avancé vers moi après avoir pris des traits que je ne connaissais pas, comme s'il s'était rendu compte de quelque chose de très important après avoir beaucoup réfléchi. J'entendais les bruissements de l'herbe qui se froissait sous ses pattes blanches. Je n'arrivais pas à détourner mon regard émeraude de ses yeux rouges sang. Il a continué à marcher jusqu'à arriver devant moi. Nous faisions quasiment la même taille; tout juste était-il un chouïa plus grand que moi. On avait beaucoup de points communs, lui et moi, en fait. Une écharpe ou un bandana, des ailes, une grande souffrance, un dur passé?

"-Bats-toi. Ne te laisse pas te faire dominer par ces émotions. Bats-toi. C'est pareil que quand tu te bats physiquement."

Cette phrase-là, ces mots, cette voix sérieuse, tout s'est gravé dans mon esprit pour toujours. Je ne l'oublierai jamais. Mais tout ça, au lieu de me donner du courage, me donnaient envie de pleurer. Je ne savais pas pourquoi. C'était comme si j'étais heureuse et à la fois triste que quelqu'un se rende compte que je souffre à chaque seconde, à chaque instant. Mon corps n'était-il plus qu'une marionnette cassée et poussiéreuse, obligée, forcée de sourire? Je n'avais plus de contrôle sur mes émotions. C'était impossible de les obliger à faire ou ne pas faire quelque chose. Je n'y arrivais plus. Pourquoi? Je ne voulais pas que tout finisse comme cela, que le peu que j'ai bâti et dont j'ai été fière de moi ne soit pas anéanti. Je le voulais... Ou pas? De gigantesques tourbillons d'émotions se battaient entre eux à l'intérieur de moi, et à chaque fois le gagnant qui balayaient les autres était la tristesse. L'amertume, la mélancolie et la tristesse, tous réunis me maîtrisaient.

"-Arrête de souffrir."

Comment? Comment voulais-tu que je fasse pour ne pas avoir mal? Hein? C'est impossible! Tout le monde est destiné à souffrir dans sa vie, et ce en n'importe quelle circonstance! C'est impossible, impossible! Au lieu de ravaler mes larmes, je fus prise d'une émotion qui m'étouffa. Je ne savais point laquelle, et ça m'énervait. De la tristesse, de la colère? Ou bien du soulagement? Ou alors était-ce un grand mélange des trois. C'était fort plausible en effet, si je n'arrivais pas à m'y faire c'était comme ça.

J'ai appuyé ma tête dorée sur la poitrine blanche d'Enkiro. Et j'ai pleuré, silencieusement. J'avais envie de partager ma souffrance avec quelqu'un qui me comprendrait, qui ne me prendrait pas pour une chochotte. Quand je pleurais, je ne gémissais jamais. Je ne couinais pas comme un chaton, non. Alors je me demandais pourquoi ça agaçait les gens autour de moi.
Est-ce que cela l'agacerait aussi? Il s'en irait, lassé de mes pleurs mélancoliques? Je n'avais pas envie. J'espérais sincèrement qu'il me comprenne, encore une fois. Je n'ai pas relevé ma tête, et j'ai continué à sangloter.

Il m'a laissé pleurer sans réagir, respectant mes actions et mes pensées. Il n'eut même pas un petit mouvement de recul, il ne dit rien. Et moi, je continuais à sangloter dans sa fourrure blanche, pendant quelques minutes encore, sans que le Felinae ne me bouscule. Puis j'ai difficilement empêché mes larmes de couler. Ou peut-être n'en avais-je plus en réserve? Toutes ces larmes, je les avais retenues pendant ma vie, et puis je les avais épuisées ici. Si je n'avais pas eu cette idée d'aventures dangereuses, je ne l'aurais jamais croisé. Je ne me serais pas mise en colère, je n'aurais pas tant pleuré. Mais... Maintenant que j'y pensais, je sentais comme si une étreinte m'avait relâchée, cette impression étouffante que personne ne pourrait te comprendre. Je relevais la tête, plus une seule larme à l'œil, mais les jours mouillées:

"-Merci."

Je le remerciais parce qu'il le méritait. Je l'avais senti, cette trace de douleur dans son esprit, lorsque mon pouvoir s'était activé sans que je ne le veuille trop. Je n'avais pas progressé plus loin par respect envers lui. Lui aussi, il souffrait en silence. Lui aussi, il s'était enfermé dans sa coquille dure comme de la roche. Moi aussi, j'avais fait cela, mais elle était transparente. Lui, on ne dirait pas qu'il souffre. Alors que moi, tout le monde se fiche de moi, tout le monde me traite de pleurnicheuse, personne ne cherche à comprendre pourquoi je pleure, ils se contentent de se moquer, aveuglément. Le mâle blanc aux ailes sombres me paraissait un peu comme... Un frère. Cela me faisait bizarre de penser à ça maintenant, mais si ma gorge se serra lorsque je repensais à Chani, je ne pleurais pas.
Un peu comme si il avait abrégé mes souffrances, juste en m'écoutant. En me laissant. Je plongeais mon regard émeraude dans ses yeux écarlates. Le rouge vif me sauta aux yeux tout de suite, mais je n'y fis plus attention. Je pensais déjà à notre prochaine rencontre. Je voulais le revoir. Rester tout le temps avec lui. Mais en serait-il dérangé? Est-ce que je le mettrais dans l'embarras? Cette seule pensée me donna à nouveau envie de pleurer. Parce que je voulais rester en contact avec lui. Qu'il soit de la même Guilde que moi avait beau m'arranger, se voir de loin ne me convenait pas.
Quelque chose de nouveau, un sentiment agréable, vint se disperser dans tout mon corps. Une douce chaleur.

Up? owo

Hors-RP:

Détournant les yeux avec nervosité, il reporta son regard rouge sang vers le ciel voilé de nuages reflétant des couleurs orangées et jaunes pâles, signe que le soleil se couchait. C'était passé trop vite, pensais-je avec une pointe de gêne. Je me rendais compte que rester près du mâle blanc me rassurait. Toute sa présence me réconfortait, même s'il ne me parlait pas. Comme s'il me communiquait cela par ondes -ou pensées?- et la chaleur présente dans ma poitrine me laissait un goût de nostalgie. Des souvenirs anciens et joyeux me rendaient tristes. C'était étrange, mais c'était comme ça que ça se passait. Un léger tournis faillit me faire trébucher. Toute cette agitation m'avait épuisée. Complètement à bout de forces, je fus contente lorsqu'il miaula, achevant nos derniers actes:

"-Asumi, il se fait tard, nous devrions rentrer."

Je me frottais les yeux avec une patte, histoire de bien sécher les dernières larmes qui avaient coulé le long de mes joues et de mon menton. J'avais faim, certes, mais rentrer au QG ne m'enchantait pas, sauf peut-être parce que j'allais me reposer bien au chaud, endormie contre mes camarades dans mon nid douillet. Mais je voulais rester un petit peu plus longtemps avec Enkiro. Bizarrement, il m'avait pourtant vexée, et c'était lui qui m'avait en partie faite pleurer. Mais ça m'avait permit de faire un point sur certaines choses. Prononcer le nom de mon frère, ou seulement penser à lui, ne me ferait plus pleurer sur le coup, je le sentais. Je devais plutôt songer aux meilleurs moments passés ensemble, et à la chance que j'avais eu de le connaître. J'avais aussi de la chance d'avoir rencontré le félin à l'écharpe ici. Je fermais les yeux et expirais un bon coup. Je rouvris les paupières et disais simplement:

"-D'accord."

Je voulais rester avec lui. Encore un peu. Sans trop de retenue, je laissais ma fourrure dorée effleurer la sienne. En pensant à tout ce qu'on avait fait aujourd'hui, je me laissais rougir un peu.

[Je suis d'accord pour qu'on finisse là ^^]

J'archive alors :33