Une inconnue farouche

Feat. Darkness

Je m'étais levée tôt le matin, histoire de pouvoir reprendre mon exploration du désert… mais je n'arrivais pas à savoir si j'en avais vraiment envie. Peut-être que je serais mieux si je ne cherche pas en savoir plus sur mon ancienne vie…
Et si les secrets qui m'étaient révélés me brisaient au lieu de me réparer ? Et s'ils me brûlaient au lieu de m'apaiser ?
Vaux-je vraiment la peine qu'on me redonne un espoir de croire ?
Et quel sera mon prochain but une fois que celui-ci sera atteint ? Est-ce que je sombrerais dans la folie ? Ou est-ce que je réussirais enfin à m'ouvrir aux autres… ?
Ma vie est tellement froide… J'ai peur de tous ceux qui osent m'approcher. Je ne sais pas qui je suis au fond… Une bonne personne ?
Ou ais-je volontairement oublié qui je suis et j'étais pour recommencer à zéro ?… Trop d’incertitudes, trop de peur pour que je puisse m'ouvrir à mes camarades felinae.
Et si je les blessais ? Encore pire… et si j'utilisais mon pouvoir sans le vouloir !?
Je marchais sans trop me rendre compte où j'allais, je longeais le désert sans me décider à y aller ou non.
La dernière fois, j'y avais rencontré une personne… Je m'étais enfuie après quelques mots. Je l'ai abandonnée à la chapelle, sans aucune idée de ce qu'elle devenait.

- Tu es une pauvre ratée ma Tsuki…

Je n'arrive pas à faire autre chose que de me détester dans ces moments là. Je ne souhaitais que la mort.
Il aurait tellement mieux valu que je ne survive pas à cette opération, cet instant où j'ai tout perdu. Devenir un monstre sans capacité de penser, ne rien avoir à faire d'autre que de courir après les buts qu'on nous fixe sans jamais avoir peur de ne pas les atteindre.
Parce que là, je le sais, je suis comme une fleur en manque d'eau. J'étends mes racines le plus profondément sous terre pour capter l'humidité mais un jour ça ne suffira plus et je me retrouverais en train de faner, mourir à petit feu sans jamais réussir à m'en échapper.
Des fois j'aimerais tellement être quelqu'un d'autre, quelqu'un qui sait ce qu'il a derrière lui et qui n'a pas à craindre de ce qui lui arrivera plus tard car il ne sera pas seul et, surtout, il n'aura pas à craindre que toutes ses espérances s'envolent comme une feuille morte qui se décroche à cause d'un coup de vent trop violent.

Quand je pleurais après mon passé, les premiers jours, j'ai senti comme un feu commencer à brûler dans mon cœur, comme un mélange entre de l'espoir et de l'envie. Maintenant je dois le laisser aller ou il me brûlera entièrement. Sans retour.
Je ne serais jamais aimée tant que je ne serais pas moi-même…
Même si j'en ai peur, je dois affronter ce que je pense acquis car, peut-être, c'est ça qui me fait reculer lorsque j'essaye d'avancer vers quelque chose de peut-être plus beau… ?
Je dois retrouver mon passé coûte que coûte.

Je lève les yeux vers le ciel si bleu, si pur.
Je ne connaîtrais jamais le bonheur avant de savoir qui je suis.
Je m’assoie, seule, perdue dans cette immensité qui m'attire comme un océan dans lequel je pourrais me noyer.
Je suis tellement perdue, mon cœur se met à battre plus vite et mon esprit s'envole dans tant de bleu, comme si je quittais mon corps. Je me sens légère, si légère, et pourtant j'ai conscience du poids de mon corps, un poids presque étouffant.
Les bases de ma vie sont des mensonges. Je dois retourner dans le désert.
Oui, c'est ça. Là bas je retrouverais la quête de ma vie.

Je sursautais lorsqu'on me touchais l'épaule. Je redescendis sur terre, comme un ange prêt à toucher l'infini mais qu'on rappelle au dernier moment et qui retrouve son corps comme par magie.

- Euh… Salut, qu'est-ce que tu fais ici ?

Oh non.
L'avantage lorsqu'on vient seul dans des endroits reculés comme celui-ci c'est que bah justement, seul on le reste.
J'ai peur des autres. Je ne pourrais pas vraiment me lier tant que je ne vivrais pas dans l'instant présent au lieu de courir après ce que j'ai été. Enfin je pense…
J'ai quelques « amies », des gens avec qui je m'entends bien mais ils n'ont jamais réussi à découvrir ce qu'il se passe sous ma carapace car ils m'ont toujours vu dans des moments où je savais quoi dire pour me protéger. Mais ici et maintenant, je suis prise au dépourvu.
Je ne sais pas quoi faire.
Dois-je m'enfuir ? Dois-je lui parler ? M'excuser et m'en aller ?
Je me tourne face à elle et voit une chatte noire aux yeux verts et… trois queues. Bon, c'est aussi logique qu'un chat avec des ailes… comme je le suis. Mes ailes dont je ne sais pas me servir pour voler.
Je bafouille un peu, tout sentiment de bonheur et d'infini dissipé.

- Euh… Je… Je réfléchissais pour euh… Et toi ?

Et merde, je la sens mal cette approche. Avec un peu de chance elle va partir et m'oublier et je pourrais reprendre ma quête qui ne sera probablement terminée que lorsque je mourrais et rejoindrais le ciel de l'aurore.
Je toucherais peut-être les étoiles…

Code par xLittleRainbow

Une inconnue farouche

Feat. Darkness

Je restais là, la gueule ouverte, incapable de parler ou même de respirer. La panique s'empara peu à peu de moi. Ces yeux verts. Ils me disaient quelque chose... de terriblement familier.
Je n'avais jamais vu cette chatte, mais ces yeux...
Je... Je... Je... personne ne m'avais jamais fait cet effet et pourtant dieu sais qu'il en existe des chats aux yeux verts.
Mon coeur s'accélèra, ma voix se bloqua mais heureusement elle ne sembla se rendre compte de rien...
Elle répondit à ma question improvisée dans avoir le moindre doute, sans connaître cette peur panique qui s'empare moi sans que je ne puisse rien faire.

- Moi ? Bah je me promenais, rien de spécial. Mais tu ne m'a pas répondu ! Et puis quel est ton nom ?

Trop de questions se bousculaient dans ma tête et ma respiration était toujours bloquée. J'essayais de reprendre mon souffle, sans succès.
Je ne put lui répondre de ce fait. Ma tête tournait légèrement et des étoiles dansaient devant mes yeux et venaient troubler le ciel turquoise du jour.
Elle ferma les yeux, inspira un peu et me demanda avec un grand sourire :

- Hé ! T'es une felinae, non ?

Mes poumons commençaient à me brûler tandis que ma gorge était toujours bloquée. Incapable de respirer, je perdais mon regard dans cette beauté verte de ses yeux, cette forêt chatoyante aux reflets si particuliers.
Des yeux uniques. Les souvenirs.
Je suffoque et, lentement, mes pattes cèdent sous mon poids.
Mes yeux replongent dans l'immensité glacée du ciel du matin et je sens mon coeur se ralentir, mes pensées s'atténuer.
J'ai à peine conscience de ce qu'il se passe maintenant.
Mais il reste les yeux verts de l'inconnue au dessus de moi.
Et inconsciemment sur mes lèvres se forment les mots :

- Tornade... Vanille...

Et je sens mes yeux se fermer tandis que je me retrouve aspirée vers l'infini.
Un infini où tournent deux visages inconnus mais tellement présents...
Je respire.

Code par xLittleRainbow

Une inconnue farouche

Feat. Darkness

Je flotte dans le ciel.
Autour de moi tout est bleu, bleu cyan, ce bleu dont la chaleur écrase toute forme de vie et qui te donne un sentiment de liberté, d'infini et de pureté.
Pas de soleil, en tout cas je ne le vois pas. Cet astre flamboyant qui pourtant se lève pour nous tous les matins n'est visible nul part. Je ne sais pas où il est parti, car sa lumière se reflète partout.
J'ouvre grand les yeux, je me tourne, je suis comme en apesanteur.
Soudain je le vois le ciel qui n'est plus aussi bleu au loin. Je me tourne par là, et, flamboyant et apaisant, le soleil me fait face.
Je commence à courir dans le vide vers lui, enfin un mélange entre une course et une nage… souvenir lointain…
Les images et les noms me filent entre les pattes avant même de m'avoir laissé une chance de les rattraper. Je les vois s'en aller loin de moi, en direction de ce soleil, cette unique solution face à tout ce bleu qui m'entoure.
Plus j'avance, plus il s'agrandit. Je vais toucher le soleil. Soudain, je me retrouve perdue, dans la nuit.
Le soleil me fait toujours face mais le bleu autour de moi est celui de la nuit, les étoiles sont partout. Je me sens plus légère, encore plus libre qu'avant. Même l'air me semble plus fluide, plus doux et rapide à respirer.
Je me retourne et fait face au bleu cyan, celui du ciel lorsqu'il fait jour. Ce ciel où l'on peut se noyer. J'essaie de rentrer dedans, pose ma patte à cette séparation brutale mais infinie, que ce soit lorsque je regarde à droite ou à gauche.
Je ne peux pas. Comme une grande plaque de verre qui séparerais les ténèbres et la lumière. Une mise en garde. Si je continue à chercher mes souvenirs je dois faire attention à ne pas plonger tête la première dans le mal. Parce que le retour en arrière ne sera plus possible.
Par dépit je refais face au soleil qui me semble de plus en plus petit.
Je cours vers lui, vole serait plus exact, bien que mes ailes ne battent pas, et je lui fait face. Lorsque je le retrouve, il n'est plus qu'une petite particule de lumière, comme une fée qui me tournerait autour. Je le regarde alors qu'il me fait face.
Puis, dans un petit crépitement, il s'éteint complètement.
Je regarde autour de moi. Personne. Plus rien. Pas même la lumière, le bleu du jour, juste la nuit et ses étoiles. Je ne comprends pas.
Je suis perdue, seule, et terriblement petite. Tout autour de moi n'est que du vide, encore du vide. Les étoiles sont loin. Il fait froid.
Je veux partir d'ici. Je veux partir.
Je veux partir.
Je. Veux. Partir.

- JE VEUX PARTIR !

Comme en réponse à mon hurlement, la nuit se déchire et tout se distord face à moi. Je ne comprends pas. Je ne comprends plus.
Je me retrouve catapultée et heurte une surface meuble.
Mon esprit reprend sa place dans mon corps.
Me revoilà.


- Réveille toi ! Je t'en supplie, dis au moins quelque chose !

Je rouvre les yeux difficilement. La lumière du ciel me brûle les yeux après la fraîcheur de la nuit.
La chatte noire est toujours penchée au dessus de moi, une lueur inquiète dans le regard. Je ne pense même plus à comment elle va me trouver, je me sens trop vide.
Vide d'émotions. Vide de sens. Autour de mes pattes il y a comme des chaînes qui me retiennent attachée à la terre ferme. J'aurais beau tenter de m'envoler leur poids me clouera pour toujours.

- Excuse moi… Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Je… tes yeux m'ont rappelé quelque chose et je me suis sentie incapable de respirer… et me revoilà.

Je baissais la tête sur mes pattes. J'étais un peu perdue. Je savais que ses yeux m'avaient rappelé quelque chose… Mais quoi ?
Je me redressais lentement, si lourde après cette expérience de légèreté.
Comme j'aurais aimé que la vie sois comme ça. Sans contrainte, sans rien qui ne me retiens au sol. Voler, être libre.

- Comment t'appelles-tu ? Moi…

Je poussais un petit soupir avant de reprendre avec une pointe de déception comme à chaque fois, car je ne connaîtrais peut-être jamais mon vrai nom :

- Moi c'est Tsuki.
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