| Je n'étais pas spécialement un lève-tôt, mais me faire réveiller une heure avant l'aube pour être envoyer en patrouille je-ne-sais-où et - tellement surprenant - seul, ce n'était pas spécialement ma manière favorite de démarrer la journée. Au moins, étendu sur mon matelas, j'avais eu droit au réveil miséricordieux de la part de mes supérieurs. L'un d'eux avait envoyé un pauvre bleu, plus jeune que moi, qui était venu me secouer doucement - plutôt brusquement, à vrai dire - l'épaule et j'avais aussitôt ouvert les yeux, effaré. Je détestais être réduit à cet être apeuré et sur ses gardes, dès qu'on daignait me tirer de mon sommeil. J'avais gardé des séquelles de mon séjour au laboratoire, où un réveil signifiait une piqûre, une nouvelle souffrance, un nouveau pas vers mon état actuel.
Le bleu m'avait conduit à un vétéran, qui m'avait dicté de prendre la route vers l'orée pour patrouiller. Surveiller cette Guilde, Felinae, et l'autre, celle des Caméléons. Je ne devais pas attaquer si jamais je croisais la route de l'un d'entre eux. Je devais rester discret et je devais aussi signaler la présence de tous les félins que je rencontrerai. Une sorte de recensement, m'avait-on dit. Et quand j'avais voulu protester pour en apprendre plus sur la nécessité de ses renseignements, on m'avait lancé un regard noir avant de m'ordonner de quitter la Caserne immédiatement.
Poil ébouriffé, estomac vide, oeil plissé face à la cruelle lumière blanche des alentours, ma silhouette tout aussi immaculée se teintait d'orangé grâce aux rayons du soleil levant. Malgré les quelques lambeaux de brouillard et de nuages épais, le crépuscule perçait à travers pour venir m'aveugler. Je me dirigeais vers l'est et c'était un désavantage d'avoir cet éclat rougeoyant en pleine figure. Je tâchai de rester dans les ruines aussi longtemps que le pus, mais je finis par en sortir pour arriver à l'Orée.
Sa vue me fit sourire. La splendeur verdoyante de l'endroit était si rare de nos jours ! Je me rappelais y être venu, seul ou accompagné de celle qui possédait mon coeur. J'avais profité à fond de la verdure et de l'air qui semblait plus pur, plus frais. Aujourd'hui encore, j'admirai les feuilles tendres d'où ruisselait une mince rosée. Je ne profitai de l'endroit que pendant un temps mince et bien trop infime, car je dus rapidement me remettre au travail. Patrouiller était si vague, comme terme !
Museau aux abois, je parcourrai discrètement le lieu illuminé. Mon oeil gauche se baladait de tous côtés pour apercevoir la moindre présence féline. Je devais retourner au rapport avec quelque chose à dire, pour éviter qu'on m'assigne un boulot encore plus ingrat ou éreintant. Je devais veiller à la réussite de ma mission. Pour cela, je devais repérer quelqu'un. Avant que ce quelqu'un ne le fasse.
Je relevai la truffe quand je sentis une odeur similaire à la forêt, mais agrémentée d'une note terreuse. Felinae. J'avais appris à clairement identifier le parfum à force d'en croiser les membres. Mes moustaches frémirent en me demandant à qui j'aurais cette fois affaire. Une cinglée, une chatonne et une philosophe, voilà à quoi s'étaient résumées mes rencontres jusqu'à maintenant. Que des femelles, d'ailleurs, cette Guilde.
Caché quelque peu par les fougères et autres végétaux, je savais malgré tout que mon camouflage ne ferait guère effet longtemps. J'étais comme un nuage solitaire dans un ciel bleu en était totalement exempt. Je serrai les mâchoires en guettant l'approche de l'ennemi. Et quand je le vis, je frémis et doutai de mon jugement premier. Ce grand chat pouvait-il réellement être un Felinae ? Son air dur ressemblait à celui des vétérans Soldats. Je me relevai et sortis de la verdure environnante. Mes écailles blanches se chargeraient d'attirer le regard sombre et intimidant du grand mâle. Je me dressai, droit, calme et assis, mes ailes cassées sagement repliées contre mon dos. J'étais intrigué. Réellement. Si c'était un Felinae, pourquoi porter une écharpe humaine ?
- Tu ressembles vraiment à un Soldat avec ton air glacial ! On aurait dit un vétéran !
L'appât était lancé. Viens, minou, minou, que je me renseigna sur ton identité !
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| feat. Samaël |
Dernière édition par Levi le Ven 20 Nov - 23:37, édité 2 fois
L'inconnu avait besoin de se courber pour m'adresser de yeux à oeil la parole ! C'était tellement rassurant dans l'éventualité qu'il puisse être un ennemi. J'avais peu de chances de triompher d'un combat avec lui. Et ce n'était pas que son apparence imposante qui me le disait, plutôt un sentiment de danger. Un pressentiment, ou une autre de ces conneries de perception des auras, je n'en savais rien.
Sa réponse était plate. Son expression sérieuse et glaciale ne l'avait pas quitté. Il agita ses moustaches avant de s'étirer négligemment. Aucune pression, comme si j'étais aussi inoffensif qu'un chaton. À moins qu'il ne s'étira en vu de se préparer à me sauter dessus plus souplement ? Cette idée m'inquiéta et cette émotion s'accrut en voyant ses yeux anormaux me jauger. Je n'avais pas parler de manière agressive ! Son regard était pesant et il semblait capable de déceler la moindre de mes faiblesses. Ou bien me faisais-je des idées fausses, tirées tout droit de ma paranoïa ? Il finit par s'asseoir calmement, droit et sans avoir sorti les griffes. J'étais rassuré. Pour le moment.
- C'est quoi ton nom?
Je me questionnai toujours sur son identité, à vrai dire. Je faisais mon peureux, mais je n'avais aucune raison de croire qu'il était d'une Guilde, non ? Il avait une odeur de forêt, mais ne m'étais-je pas moi-même roulé une fois dans la terre pour effacer mon odeur humaine ? Son écharpe immaculée ne portait nulle tâche. S'il avait un objet humain, c'était qu'il n'haïssait pas ceux-ci. Je ne savais plus quoi penser. Ça voulait dire quoi ? Qu'il était du camp adverse mais qu'il supportait les humains ? Ou c'était un macabre souvenir pour se rappeler des scientifiques ? Ou quoi d'autre ? Je devais cesser de réfléchir pour agir. Je continuai à le regarder, assis. Je bougeai légèrement mes os dorsaux, espérant qu'il n'ait pas perçu mon inquiétude et mon questionnement intérieur.
- Autant te le donner immédiatement pour éviter une conversation gênante, mais je pourrais te retourner la question. Je suis Samaël.
Tranquillement, envoyons les suppositions pour voir...
- Toi, tu sens la forêt, mais tu portes un objet de fabrication humaine. Et tu sembles d'un sérieux terrible. Et je ne te parle pas de ton regard de tueur. Tu as l'attitude d'un Soldat un poil habitué au métier.
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| feat. Samaël | Le temps lui paraissait humide, pourquoi ce soldat le fixait avec un regard douteux? Il avait peur? Peur du sous-chef de Felinae.. Samaël.. Ce matou blanc se prénommait Samaël.. Sympa, Levi aime bien. L'arc de cercle que formaient les débris d'ailes de son voisin immaculé lui fit redresser un sourcil. Levi agita sa queue, il semblait énervé, ou gêner. Il regarda son ennemi, qui lui demanda pourquoi il sentait la forêt, la nature, et tout ces trucs de chats des forêts. Son regard sérieux et ces trucs de soldats vétérans. Son écharpe d'un blanc pure était obligatoirement venu d'un bipède. Son nom? Il redressa les oreilles. C'est vrai que son nom n'avait pas été dicté.. Son nom.. D'où vient-il? Son nom d'une consonance froide, dur et pas très amical. Levi.. Il ne savait plus d'où il venait.. Ce nom.. Il avait baissé les yeux , puis la tête.. Son nom.. Son pauvre nom le rendait froid et comme perdu, lointain.. Dans ses pensées.. Tout ce bousculait dans son crâne.. Pourquoi ? Quoi.. Son voisin semblait s'impatienter. Il redressa le regard, puis fronça les sourcils. Une lueur de danger et de rage étaient en lui.
» Levi. Je suis Levi, sous-chef des Felinae. Je suis par la même occasion ton ennemi, l'un de tes plus grands ennemis si tu veux. Je ne chercherai pas la guerre si tu ne portes pas la patte sur moi.
Il regarda le ciel puis le sol, et enfin son voisin. Il s'assis sur la boue humide. L'odeur de la pluie était présente. Il fixa le ciel et une goutte chuta sur sur son museau, elle coula sur son visage, puis dégoulina sur l'un de ses immenses crocs. La gouttelette quitta le couvert de son croc, pour s'écraser sur le sol. La pluie tombait maintenant de goutte en goutte sur le sol boueux. Le vent se leva. °Il faut tenter de vivre...° Il redressa son regard vers lui, peux de temps était passé dans la réalité, mais Levi voyait de longues minutes de réflexion dans son crâne passer. Il soupira. En fait, je pouvais tenter tout ce que je voulais, j'avais l'impression qu'avec ce matou, ce serait perdu d'avance. Son air restait impassible en tout temps et je n'avais pas spécialement envie de voir à quoi il ressemblerait une fois plus expressif. Que pourrais-je tirer de cette créature inexpressive ? Me pensais-je assez bon pour réussir a lui extorquer des informations ? Je craignais peu-être un peu trop ses réactions pour trop le chercher. Mais...J'avais une mission à accomplir et j'avais envie de tester mon talent oratoire.
C'était environ ce que je pensais. Jusqu'à ce qu'il développa la capacité à laquelle je pensais depuis tout à l'heure, c'est-à-dire d'exprimer extérieurement ses émotions. Celles-ci n'étaient pas aussi apparentes que les miennes - après tout, on pouvait difficilement rivaliser avec une loque amère de mon genre -, mais elles étaient néanmoins légèrement visibles. Ce matou fier et menaçant avait redressé les oreilles, puis il avait baissé les yeux et enfin la tête. Cela m'inquiétait de ne plus apercevoir clairement la luisance de ses immenses crocs. Il avait semblé réfléchir un peu trop profondément à sa réponse. Et lorsque ses yeux rencontrèrent à nouveau les miens, je cessai de respirer. Je ne pouvais pas dire exactement à quoi se rapportait la lueur dans ceux-ci, mais ils étaient inquiétants et effrayants. Ils auraient pu me transpercer pour me laisser là, ensanglanté, comme une simple carcasse. Peu importait que ce mâle soit insondable, sa stature lui interdisait de camoufler complètement l'ire et le danger, sentiments qu'il incarnait présentement.
- Levi. Je suis Levi, sous-chef des Felinae. Je suis par la même occasion ton ennemi, l'un de tes plus grands ennemis si tu veux. Je ne chercherai pas la guerre si tu ne portes pas la patte sur moi.
Je fus pendant un bref instant le simulacre immaculé d'une statue. Je manquai sursauter quand une grosse goutte tomba sur un partie écailleuse de mon épiderme. Je n'avais pas remarqué le changement de température. Il avait fait frais ce matin, mais je n'avais pas cru que les nuages puissent être chargés de pluie. Levi, c'était un nom qui lui convenait parfaitement. Quant au reste de son discours discourtois, preuve irréfutable de son manque de diplomatie, il avait de quoi marquer mon esprit. Ce matou était donc un sous-chef de la Guilde de Felinae ? Mes ennemis. Ceux qui pouvaient me sauver, mais que je devais repousser. Ceux qui pouvaient tirer mon Issa de son cachot vitré pour une existence à nouveau ensoleillée ? L'autre soupira et je ne sus pas pourquoi.
Que pouvais-je répondre à ça ? Je ne pouvais pas me permettre d'être agressif, et encore moins insultant. Ce matou faisait peur à voir et je n'avais pas intérêt à lui chercher des noises. Oui, je m'étais fixé comme objectif de lui soutirer des informations, mais ce qu'il m'avait dit était déjà suffisant non ? J'avais une description physique, un nom, un rang...Je me dégoûtais soudainement à vouloir en apprendre plus sur eux. Qu'espérais-je, au juste, en fournissant ces détails aux vétérans, aux Soldats ?
Je m'assis à mon tour en soupirant, empli de dégoût à mon égard. Je ne parlai pas, ne sachant que répondre pendant un instant. Il ne voulait pas la guerre, avait-il dit. L'averse froide qui dégoulinait sur mon pelage et le vent qui fouettait ma peau écaillée me rendait légèrement à vif. Mon oeil cligna pour en éloigner les gouttes et je pris la parole en regardant Levi. Pour le moment, parler. Et si un combat devait s'amorcer, ce ne serait pas moi qui aurait fait le premier pas !
- Il serait peu judicieux de ma part de t'attaquer, si je puis dire. Disons que ton apparence à de quoi calmer les pulsions guerrières de quiconque.
Une petite voix signifia sa présence au fond de mon esprit. Qu'est-il face à ton pouvoir ? En quoi sa carrure importe si c'est son propre coeur qui le lâche, si ce sont ses propres pattes qui l'abandonnent ? Tu as le dessus sur lui ! Ne le vois-tu donc pas ? Je me retrouvai à nouveau debout, déboussolé. Je regardai le mâle sombre. Son écharpe avait absorbé les larmes célestes et ses crocs semblaient encore plus longs, dégoulinant de pluie. Je me secouai en faisant quelques pas. Je devais avoir l'air d'un cinglé, éventuellement. Je ne savais même pas maitriser mes propres mouvements ! Je soufflai dans l'air humide.
- Ennemi, n'est-ce pas ? Je trouve que tu fais un ennemi drôlement bien pacifique. C'est souvent le cas, d'après mes précédentes rencontres !
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| feat. Samaël | La pluie coulait à verse. Ses longs crocs en étaient encore plus luisants. Son écharpe absorbait peu l'eau, protégée par les deux grandes canines mais le derrière du tissu ne l'était pas, par conséquent, il était trempé sur la nuque froide du Felinae. Son voisin semblait se redresser d'un bond, titubé sur place, incontrôlable. Pourquoi se dandinait-il comme ça sans pouvoir se contrôler? Que ce passait-il dans sa boite crânienne? Le faite qu'il n'ai qu'un seul œil pourrait influencé sur l'aération de son cerveau? Pourquoi lui parle-t-il? Le soldat lui dit qu'un seul chat suicidaire s'attaquerai à Levi, alors pourquoi se tient-t-il face à un ennemi, le dos droit? Un ennemi pacifique? Si le pauvre borgne voyait vraiment ce qu'il se cache dans l'ombre de Levi, ce qu'il renferme et cache précieusement sous son air dur ? Pourquoi Felinae serait pacifique avec les soldats? Pourquoi ce borgne se tient devant lui? Que fait-il ici? Levi secoue la tête. L'insomnie lui créer tellement de problème, il aimerait dormir, mais il ne peut pas. Il redresse un regard aussi dur que le diamant vers le blanc. Son regard froid, dangereux, pourtant si noble.
» Tu dois être tombé sur des jeunes inconscients, qui font ami-ami avec l'ennemi.
Il le fixa, toujours près si la bataille venait à se lancer. Ses muscles commençaient à se tendre. Le rouge léchait son œil gauche, telle des tentacules dangereux. Il avait un air encore plus menaçant avec cette vie caché dans l'ombre de son regard. Il fixait encore et toujours son voisin, fixant son âme, le transperçant entièrement pour lire en son unique œil. Son propre regard cachait quelque chose, quelque chose que l'on ne veut pas apprendre à connaître. Il redressa ses babines presque machinalement, ses longs crocs remontant de même, ayant l'air d'un immense tigre des anciens temps. Il ne contrôlait pas ses babines, qui vibraient à l'approche d'un grognement qui n'arriva jamais. Il secoua sa tête une nouvelle fois, simulant l'eau trop présente sur son visage. Ses babines redescendirent peu, mais assez pour ne plus paraître suspectes. Il fixa Samaël, le regard telle celui du bourreau exécutant le jugé. |
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