Mission sauvetage !

"Hé, Opaline c’est ça ? On m’a demandé de te faire passer un message. Tu dois te rendre au Vieux Château, m’a t’on dit, apparemment y a un bleu qui s’y est perdu. Aller j’y vais, bon courage."

Voici les mots qu’un vétéran avait prononcé avant de s’en aller avec un petit rire moqueur. Assise devant ma gamelle de croquette, je le regardai partir, la tête penchée sur le côté. Pourquoi moi ? Je ne suis ici que depuis quelques mois, ils auraient pu demander à quelqu’un de plus expérimenté, non ? Cependant, un sourire radieux illumina mes lèvres. Ma première mission ! Et pas en tant que soldate cette fois, mais en tant que sauveteuse ! Toute contente, je filai en courant en direction du château en question, tout en abandonnant mon bol de croquettes encore plein.

Dehors, le temps était presque insupportable. Sans la climatisation de la Caserne, il faisait tellement chaud que j’avais l’impression de porter le soleil entier sur mes petites épaules. Mais j’étais tellement motivée à retrouver ce pauvre matou que j’en oubliai assez vite la température ardente. J’espérais qu’il ne s’était pas blessé, ou bien même qu'il était toujours en vie. Songeuse, je ne fis pas attention à ce qui se trouvait devant moi, si bien que je trébuchai sur une drôle de plante. Toute cotonneuse et douce, on aurait dit un petit nuage avec des yeux. Je le reniflai un instant, curieuse et amusée par cette drôle de rencontre. Après ce petit passage aussi étrange qu’adorable, je finis par reprendre ma route.

Après plusieurs longues minutes de marche sous un soleil de plombs, j’arrivai enfin au vieux bâtiment. Enfin, ce qu’il en restait du moins. Seules les tours dépassait et une partie du toit avait cédé sous le sable. Pour accéder à l’intérieur, il fallait rentrer par les fenêtres brisées des tours, ce que je fis. A l’intérieur, l’air était totalement différent. Plus humide et bien plus frais, l’atmosphère était plus qu’agréable. Elle me faisait d’ailleurs un peu penser à celle de l’immeuble de Schrödy. Je collai mon pelage immaculé contre la pierre froide des murs. Un sourire satisfait se peigna alors sur mes lèvres. Que c’était agréable… Mais je n’étais pas là pour profiter de la fraîcheur de l’ombre, non. Je devais sauver un camarade ! Tout en reprenant courage, je sentis un fumet qui m’était particulièrement familier. Ajouté à cela, un bruit presque inaudible qui fit dresser mes oreilles de feu sur ma tête. Je tournai alors mon regard vers une ouverture dans le mur, assez grande pour faire passer un chat. Avec ma petite taille, je passai sans problème, mais je devais tout de même rabaisser un maximum mes oreilles pour ne rien brûler sur mon passage.


Arrivée au bout du couloir, j’entrai dans une grande salle vide, où trônait, sur le sol et au milieu de la pièce, un vieux lustre poussiéreux. Intimidée par la grandeur de la salle, j’avançai prudemment en reniflant d’un air inquiet. Brusquement, je relevai la tête en flairant une forte odeur de soldat. Mon camarade était dans les parages ! Je me précipitai alors vers le milieu de la pièce, cherchant du regard une trace du matou perdu. Personne. Cependant, le parfum était encore très présent, comme si le chat en question était juste sous mon museau… mes yeux se posèrent sur le lustre. Mais quelle idiote ! D’un bond j’atterris devant le lustre, inquiète. Je passais alors mon museau à l’intérieur mais le ressorti aussitôt avant de me prendre un coup de griffe. Indignée, je crachai :

"J’suis venue te sortir de là, imbécile !"

"J’ai pas b’soin d’aide. Et puis je vois pas comment une p’tite minette comme toi pourrait soulever un truc pareil."

Il émit un petit nerveux et moqueur. Il avait beau être plus jeune que moi, ce soldat n’hésitait pas à m’attaquer alors qu’il était déjà en difficulté. Parfois je me posais des questions sur l’intelligence de certains...

"Aller dégage de là, je me débrouille très bien tout seul."

"On m’a ordonné de te libérer, si j’avais su à quel point tu étais stupide je ne serais même pas venue te chercher," fis-je d’un agacé.

Malgré son mécontentement, je cherchai quelque chose qui pourrait m’aider à soulever le lustre. Trop lourd pour moi, je serais incapable de faire ça toute seule. J’eus alors une idée. Fière, je courrai vers une pierre assez grosse et la fis rouler près du lustre. Juste après ça, je me mis à chercher quelque chose long et plat, quelque chose de qui ne se casserait pas facilement… Un peu plus loin, je trouvais une sorte de barre métallique, un peu plus ronde mais ça faisait tout de même l’affaire. Coinçant l’une des extrémités sous le lustre, la pierre calée en dessous de la barre, j’appuyai de toutes mes forces sur l’extrémité restée en l’air. Le lustre se souleva alors de quelques centimètres, juste assez pour faire passer le félin baraqué. Celui-ci sortit alors sain et sauf, mais au lieu de me remercier, il me toisa d’un air hostile, comme déçu et choqué que je puisse le sortir de son pétrain.

"De rien ? "Dis-je en soulevant un sourcil.

Il émit un autre petit nerveux et terriblement énervant tout en me regardant de haut. Je crachai alors une nouvelle fois sur le matou avant de sortir de la pièce avec une démarche agacée. Décidément, les soldats n’avait vraiment aucune reconnaissance.  Malgré ça, j’étais fière et contente d’avoir effectué une mission comme celle-ci. Bon, ça n’avait pas été très difficile, certes. Un peu d’action n’aurait pas été de refus. En tout cas, même si le comportement du matou était à vomir, j’avais au moins réussi à trouver une technique pour le libérer de sa mini prison. D’ailleurs en parlant de prison, il était temps de rentrer à la Caserne.