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Foudre et vitesse, le mélange d'un bon duo [FEAT la raKaï]

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Anonymous
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   Jeu 15 Fév - 23:28


J'avançais avec une détermination sans pareille dans la neige blanche et crissante, le poil dressé par le froid, et le souffle assez rapide. Brr. Il fait vraiment froid bon sang. Je regardai rapidement autour de moi par réflexe. Toujours analyser le lieu où l'on est. Bien que ce soit la sylve. Mais celle-ci a un peu changé en apparence avec la venue des températures polaires et du verglas. Ca glisse, ça mouille, c'est désagréable. Et surtout, bien sûr: c'est froid.
J'essayais d'activer au mieux mes muscles pour les dérouiller du givre qui les bloquait un peu ce matin. Mais à force de m'agiter, ils ont fini par devenir bouillants et bien réveillés.
Je regarde le ciel. La nuit est en train de tomber. Vite. Je dois me dépêcher.
J'éternue. Je cligne des yeux tandis que le ciel flamboyant de mille éclats orangés se teinte peu à peu d'obscurité et de couleurs bleutées, laissant place petit à petit aux petites lueurs des étoiles. La lune n'est pas encore visible. Mais elle doit être aussi fine qu'un croissant, car vraiment il fait de plus en plus sombre. Je repensai à ma première rencontre avec Kaï. La lune était pleine et éclairait doucement la nuit comme en plein jour. L'herbe était verte et chaque parcelle de terre était dépourvue de neige. Maintenant, le temps a avancé, et les saisons, le suivant, ont changé. Et pas qu'elles. Beaucoup de choses sont immensément différentes depuis peu ou longtemps selon les cas.
D'abord chez les Caméléons. J'ai entendu dire qu'ils s'étaient cassés fissa dans un coin près de la Ville, sous la tête d'une nouvelle cheffe. Je me rappelai mon aventure avec la petite Terra, ou encore avec Kitsune. J'espère qu'elles vont bien toutes les deux, en sécurité, et à l'abri de l'hiver avec ses bras mortels enserrant tout ce qui existe pendant sa période. Hmm.
Et puis surtout et même dans ma Guilde, Felinae. Dariel est mort depuis un petit moment maintenant, et son descendant applique ses lois. Alec est le nouveau chef de Felinae. Quand il a énoncé la liste impossible des choses qui allaient changer, je n'en ai pas cru mes oreilles. On aurait dit qu'il avait tout préparé à l'avance. Ainsi, les rumeurs parlant de lui comme un grand ambitieux étaient réellement vraies. Ca ne m'étonne pas à vrai dire, je ne saurais dire pourquoi.
J'étais crispé, accélérant le pas en fonction du rythme de la tombée du voile du soir.
Je risque gros. Très gros même. Ce soir, si je me fais choper, avec toutes ces nouvelles règles qui dépassent un grand nombre d'entre nous, je sens que je passerais un mauvais quart-d'heure. Alec avait l'air mortellement sérieux quand il a édicté les nouvelles règles de Felinae, celles qui allaient désormais guider ses pas et ses projets. Je baissai les oreilles en arrière. J'ai un mauvais pressentiment. Déjà, ça me perturbe énormément le fait que tous les anciens rôles comme chasseur aient été regroupé ainsi. Ca me fait certes entrer en contact d'une façon plus rapprochée des chats des autres postes, mais n'empêche que ça me manque un peu le petit groupe de chasseurs qu'on formait.
Mais ce n'est pas qu'une mauvaise chose cela, surtout avec l'arrivée du Grand Froid. Si tous les chats adultes se mettent à chasser, pour sûr qu'on saurait échapper à la famine. Un bon point.
En réalité, ça ne me pose pas de problème outre cela. J'ai eu avec Eriandalaf une formation assez complète comprenant aussi bien la chasse que le combat, avec quelques connaissances primaires en plantes médicinales. Je ne pense pas avoir perdu trop la main. Mais je pense que ça devrait vraiment me servir tout cela.
Eriandalaf.
Je soupirai et posai mes yeux au sol. Qui sait s'il est encore vivant? Pourquoi s'être donné aux Soldats? Il voulait se suicider ou c'est comment? Je pensais que de nous deux c'était moi le plus con; je me suis trompé on dirait.
Je te libérerai. De gré, ou de force, que tu le veuilles ou non. Tu mérites une vie plus tranquille et plus douce tout de même, même si dans notre monde cela relève assez de l'utopie, soit quelque chose d'assez compliqué à réaliser.
Je réfléchis. Si je le libère, il n'ira certainement pas chez les Felinae. Avec le nouveau régime en place -sorte de monarchie en gros avec un héritier et un roi- , il pèterait un câble de toute façon. Et puis non non non, en plus il ne se ferait pas accepter, considéré comme une bouche en plus à nourrir. Donc deux autres choix s'imposent. Négocier pour qu'il soit mis avec les Caméléons même si j'avoue deviner de grands changements dans la manière de vivre et de penser de ces chats; leur déménagement est une preuve assez suffisante. Soit je lui trouve un petit refuge où il vivra en Solitaire. Mais comment survivre seul de nos jours, même si on s'appelle Eriandalaf? Les temps se sont empirés, tout est plus dangereux, chaque faux pas peut coûter très cher.
Je bondis au-dessus d'un buisson qui formait une bosse blanche avec toute la neige qui le recouvrait, et constatai que j'étais arrivé au point habituel de rendez-vous.
Je devais parler de tout ça à Kaï. C'est pour cela que j'ai griffé le champignon hier. J'espère juste qu'il l'aura vu lors d'une patrouille. C'est tellement aléatoire. Pour l'instant ça a marché une fois, mais ça risque d'être chaud pour celle-ci et les suivantes.
Je me postai à côté de notre petit QG champignonesque, le contemplant dans toute sa grandeur. En réalité il fait pas si QG que ça. Mais il est un peu symbolique tout de même.
Je baillai et frissonnai à travers la petite bise qui s'était levée. Viendra-t-il ce soir? Je secouai mes pattes pour les dégourdir, et me mis à tourner un peu en rond, faisant les cent pas. Je saurai attendre dans le froid. Je ne m'appelle pas Gweithwyr pour rien. Je sais attendre. "Le temps est de mon côté." , songeai-je en fermant les yeux pour me concentrer sur mon tic-tac intérieur, à la fois apaisant, hypnotisant et un peu étrange. Je me demande pourquoi m'avoir mis ça dans le corps. Et bizarrement je ne ressens aucune gêne à la présence de cet objet. Tant mieux j'ai envie de dire. A force, je me suis habitué à cet élément qui faisait maintenant partie intégrante de moi-même. Je rouvris les yeux. Hmm.

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   Lun 19 Fév - 23:45


Tsss, la nuit tombait lentement sur la forêt et Kaïgaan n'avait pas pu se libérer avant. Plus tôt dans la journée, il avait remarqué le fameux champignon griffé, indiquant que son compère voulait avoir une discussion. Cette méthode était ridiculement mauvaise et aléatoire, mais ils n'avaient rien trouvé de mieux pour se voir. Le soldat avançait donc machinalement dans la neige, jetant régulièrement des regards prudents autour de lui. Après tout, il était dans la sylve, ce n'était pas très sûre de s'y balader seul lorsqu'on était un soldat. Il avait beau avoir quelques amis parmi les Felinaes, certains étaient un peu plus bornés.
Le félin gris marchait donc en ruminant, agacé de devoir sortir aussi tard. La nuit, les soldats ne pouvaient pas vraiment sortir comme ils le souhaitaient. Cette rencontre avait intérêt à être courte s'il ne voulait pas recevoir un rappel à l'ordre grâce à sa merveilleuse puce. Quand il s'agissait de contrôle, les Hommes avaient décidément réponse à tout.
Enfin, Kaïgaan n'était donc pas de bonne humeur. Sa puce qui le menaçait à chaque minute passée dehors, cette foutue neige qui l'empêchait d'utiliser correctement son pouvoir, ce froid mordant, et bon sang, il ne s'était toujours pas remis de la perte d'Opaline. Capturée, envoyée à des centaines de kilomètres de lui, sur ordre des humains qu'il servait depuis sa naissance. Sa vie était une vaste blague. Il était resté chez les Hommes par peur de mourir, et ces mêmes Hommes lui avaient retiré sa seule raison de vivre.
En pensant à la femelle, son coeur se serra. Il réprima ce sentiment d'un grognement. Kaïgaan ne voulait pas souffrir. Il ne voulait pas ressentir ce vide horrible, cette sensation de n'être plus rien. Alors il réprimait ses sentiments, cachant leur force dévastatrice derrière un mur d'agressivité et de froideur. Il était devenu plus violent, explosant à la moindre remarque.

L'odeur des Felinaes s'intensifiait, indiquant le passage de Gwei. Enfin, avec la neige constante, il devenait difficile pour un chat des villes de s'orienter et d'utiliser son odorat aussi bien que durant une météo plus agréable. Les chats sauvages avaient un certain mérite à vivre ainsi. Kaïgaan soupira, fatigué. Son admiration pour les Felinaes n'était plus qu'une flamme vacillante. Il avait eu envie de les rejoindre, d'agir pour ce qu'il pensait être juste. Mais maintenant, tout cela lui paraissait fade, sans but. A quoi bon rejoindre cette guilde si Opaline n'y était pas ? Il avait tant espéré, tant fantasmé, pour que tout soit réduit à néant en quelques secondes.
Il était enfin devant le champignon que Gwei avait choisi comme lieu de rencontre principal. Le végétal n'avait rien de particulier, ou s'il l'était, Kaïgaan ne le remarquait pas. Pour lui, tous les arbres, tous les champignons étaient les mêmes. Il était loin d'avoir les connaissances des chats sauvages.
Le soldat observa d'abord calmement autour de lui. La nuit laissait entendre tous les sons inaudibles durant le jour. Il devait rester concentré, même s'il était avec son ami, il ne se sentirait nul part à l'abri. Silencieusement, il fit le tour du champignon, découvrant finalement le pelage gris de son ami à l'horloge au moment où celui-ci ouvrit les yeux.

- Gwei.

Kaïgaan prononça le surnom de son ami d'un ton calme, comme une indication. Il avait beau le nier, cela lui faisait plaisir de voir une tête sympathique, quelqu'un qui n'allait pas à nouveau lui voler quelque chose. Le soldat s'amusa à remarquer qu'il n'avait jamais prononcé le nom du Felinae en entier, se contenant toujours à son surnom. Plus par flemme qu'autre chose. Si le matou électrique avait une raison précise de ne se présenter que sous son nom entier, il faisait de même pour Gwei, même si la raison était plus amusante.
Enfin, le soldat regardait son ami, restant debout pour ne pas ressentir le froid de la neige sur son fessier, trop habitué au couchage bien chaud de sa chambre.

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   Mer 4 Avr - 22:47


L'apparition soudaine d'une frimousse grise aux yeux bleus et une voix me firent imperceptiblement sursauter, ne venant qu'à peine de me sortir de mes songes.

- Gwei.

J'eus une seconde où je demeurai comme figé, puis un sourire enthousiaste et une lueur toute contente vinrent illuminer ma face aux moustaches dressées par le froid. Je bondis sur mes quatre pattes, la queue remuant légèrement derrière moi. Les oreilles dressées et ma silhouette positionnée dans une attitude gaie, je lui lançai, l'air franc:

- Kaï! Content de te voir mon pote! J'ai bien failli attendre dis-moi.   , ajoutai-je, doucement ironique, la figure espiègle.

Une vague de frissons vinrent redresser progressivement mon pelage pour réchauffer ma peau qui peu avant commençait à se frigorifier au fil du temps que prenaient mes pensées à se frayer un chemin dans mon esprit. Voir le faciès si apprécié du Soldat gris avait balayé l'espace de quelques instants mes doutes et mes réflexions d'allure sombre. Mes moustaches retombèrent légèrement à l'évocation de celles-ci. Oui. L'heure n'est pas qu'aux heureuses retrouvailles. Il est temps de parler affaire. Il le faut. Tant de choses ont changé!... tant qu'il faut se remettre à jour dans nos convictions, mon partenaire et moi. Je m'ébrouai un coup, évacuant définitivement toute tentative du froid de s'infiltrer dans mes articulations- pour quelques instants tout du moins. Vous savez, c'est une longue lutte, un combat acharné, que se doit chaque félin d'accomplir contre le froid à chaque hiver. Sans oublier de manger bien évidemment, sinon ça marche moins bien tout d'un coup, on se demande pourquoi.
Je baissai légèrement mes oreilles, sérieux, fixant le fond des prunelles glacées de mon ami avec mes yeux scrutateurs. Par quel bout commencer?
On pourrait se faire un compte rendu, chacun de notre côté, comme la dernière fois dans la Prairie Carnivore. Oui c'est ça, faisons cela. Le temps est précieux. Et il peut être si facilement écourté par des événements parasites. De plus, cette fois-ci, Kaï n'est pas le seul à risquer gros lors de notre rencontre. Si un des miens me voit ainsi avec un "ennemi", je suis foutu ma foi. On pourra récupérer mes restes à la petite cuillère d'un tas de cendre près de l'Arbre des Pendus. Urg.
Mais je ne voulais pas penser à cela. Chacune de nos rencontres est importante, quels que soient les risques les accompagnant. On a un but, un objectif commun, vrai? Alors il vaut bien plus que tous les dangers l'entourant. D'autant plus quand il s'agit d'un ami que j'apprécie beaucoup. Je me fis la réflexion que si Kaï se faisait attaquer par un des miens, je n'hésiterais pas à le couvrir pour qu'il se mette en sécurité, quitte à ce que j'en paye le prix fort. Felinae n'est plus la même. L'ambiance a changé. Comment puis-je l'assimiler avec l'image familiale d'autrefois, celle qui faisait bondir mon coeur d'allégresse? J'y peine depuis quelques temps, malgré le fait que ma loyauté reste inlassablement dévouée à cette guilde.
Je me mis inconsciemment à compter depuis combien de temps je suis ici. Le temps passe si vite. Pourtant la disparition d'Eriandalaf m'est dans l'esprit comme si c'était hier. Je soupirai intérieurement. Je me repris. Pas le temps de ressasser de vieux souvenirs. Il est trop précieux pour cela. Je pris une courte inspiration qui était l'annonciatrice de ma prochaine tirade, la face calme.

-Tu commences ou je commence?

Je savais qu'il comprendrait de quoi je parlais. Enfin j'espère en tout cas que je le connais aussi bien que je le pense.

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   Lun 16 Avr - 21:05


Comme à son habitude, le félin ne resta pas impassible. Il ne lui fallu pas plus d'une seconde pour révéler son caractère vivace. Enthousiaste, il bondit sur ses pattes si rapidement que le soldat eu une imperceptible mouvement de recul.

- Kaï ! Content de te voir mon pote ! J'ai bien failli attendre dis-moi.

Kaïgaan souffla du nez d'un air mi-exaspéré mi-amusé pour toute réponse. Ce jour plus que les autres, la différence de tempérament entre les deux matous était gigantesque. Le froid devait picoter le sang du Felinae déjà très actif et le soldat peinait à avoir encore envie de quoi que ce soit. Il bougeait peu et jusque là, il n'avait dit qu'un seul mot, ne répondant ensuite que par un grognement. Il n'avait plus l'impression d'être lui-même. Plutôt son ombre. Sa vie l'avait quitté en même temps qu'Opaline.
Son ami resta silencieux un moment, plongé dans ses pensées. Il semblait un peu soucieux, ce qui eut le mérite d'intéresser le matou moqueur. Il s'était passé des choses. Mais à vrai dire, Kaïgaan hésitait à annoncer qu'il laissait tomber. Leur plan était voué à l'échec, il essayait de s'en convaincre. Et même s'ils réussissaient, à quoi bon aller chez les Felinaes si la femelle aux oreilles de feu n'y était pas ? Le monde semblait bien plus fade, sans but, sans aucun objectif pour lui donner une raison d'exister. Kaïgaan n'était plus vraiment lui-même. Il cachait sa tristesse par de l'agressivité, refusant d'embraser sa douleur. Il ne le pouvait pas, il ne le voulait pas. Même la souffrance ne pouvait lui rappeler qu'il vivait encore. Il était constamment sur les nerfs, démarrant à la moindre provocation, perdant peu à peu la sensibilité qu'il avait si durement acquise.

- Tu commences ou je commence ?

La question de Gwei le fit sortir de ses sombres pensées. Il le regarda un instant avant de baisser légèrement le regard vers sa montre. Il inspira profondément avec une certaine lenteur, avant de soupirer plus rapidement. Il en avait assez de cette bataille futile. Ils s'échangeaient des informations, sans jamais trouver le bon moment pour attaquer. C'était sans fin.
C'est le ton froid, sans regarder son ami, que le soldat répondit. Il regardait en coin la neige au sol, quelques traces d'oiseaux formant quelques traits dans le manteau immaculé.

- Il ne s'est rien passé de mon côté.

Il parlait presque entre ses dents, tendu. Son regard brûlait de haine, sans être dirigé contre le Felinae. On le sentait quasiment bouillir à l'intérieur, piégé dans sa colère. Cette simple phrase le mettait hors de lui, mais il faisait de son mieux pour avoir juste l'air agacé à cause du froid. Il ne voulait pas que Gwei sache ce qui le mettait en rogne. Il ne voulait pas parler, ni pleurer. Juste haïr les Hommes et soldats qui lui avaient pris sa bien aimée.
"Il ne s'est rien passé". Au contraire, la pire chose était arrivée. Opaline n'était plus là. Emportée loin de lui, peut-être morte à l'heure qu'il est. Son avenir tant fantasmé était réduit à néant. Son monde venait de s'écrouler. Sa volonté faillait. Mais non, il ne s'était rien passé.

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   Mer 18 Avr - 12:08


J'attendais sa réponse, le scrutant attentivement d'un air enjoué.
Mais bien vite je me rendis compte que quelque chose n'allait pas. Si encore le calme du début de cette nouvelle rencontre m'avait paru normal vu le caractère du félin à qui je fais face, quelque chose me paraissait franchement clocher là. C'était comme marqué dans son visage, dans ses prunelles. Et pourtant il n'avait pas encore fait un geste que mon flair avait repéré un problème.
Enfin, il posa son regard sur moi, puis sur ma montre, lentement. Je l'observais, attendant des indices pouvant pointer du doigt ce qui me chiffonnait chez Kaï. Il prit une profonde inspiration et expira courtement. Mes oreilles se dressèrent, puis l'une d'elle se tourna légèrement vers l'arrière. Mes yeux se plissèrent un peu, cherchant à percer la lassitude qui empreignait le faciès du Soldat. Oui. Il semblait las. Electrique.
Mon coeur parut se faire silencieux quand la voix glaciale du chat me répondit, comme s'il fut étonné de ce ton condescendant et de ce regard qui ne regardait pas droit, les yeux dans les yeux.

- Il ne s'est rien passé de mon côté.

Mes yeux s'écarquillèrent légèrement, mais je me repris et mes sourcils se froncèrent un peu. Une espèce d'aura colérique, brûlante et crispée, se semblait se dégager de lui. Mon ami me semblait tout d'un coup comme défait, comme ce genre de personnes qui ont tout perdu; c'est ce que je crus intercepter dans ses yeux mornes. Comme ces chats, ces prisonniers que j'avais rencontrés au laboratoire. Je me tendis un peu et les poils de mon échine se dressèrent à l'évocation de ces souvenirs glaçants. Je me forçai à me décontracter.
Mon oreille se baissa entièrement, et une expression inquiète passa dans mes yeux. Je m'avançai aussi peu brusquement que je le pouvais, peut-être quelque peu incertain, et une fois que je fus à portée de patte de Kaï, je restai là quelques secondes, hésitant. Mais je me décidai, l'interrogeant du regard, et touchai doucement du bout de la patte son épaule, sans pour autant oser l'y poser tout de suite. Toutefois, ma patte se fit petit à petit plus appuyée, cherchant à se faire reconnaître comme une forme de pilier voulant le soutenir.
Je cherchai à croiser son regard, baissant et avançant la tête vers lui, une lueur de curiosité désintéressée brillant dans mes mirettes.

- Hé, Kaï.... ça va pas?  , demandai-je maladroitement.

Je ne voyais pas d'autre tournure de phrase pouvant amener à une quelconque façon de ma part de l'aider. Je ne comprenais pas ce qui avait bien pu se passer. Il s'était passé un certain temps en effet entre cette rencontre et la dernière. Et ainsi il a pu arriver beaucoup de choses dont je n'ai peut-être pas connaissance.
Certains événements ont plus d'impact sur certaines personnes que d'autres.
Je me mis à songer aux chats qui se sont fait attraper récemment chez les Felinaes. Mon coeur se serra à la pensée d'Opaline, ma camarade de chasse, celle avec qui je m'entendais très bien. Une lueur triste passa dans mon regard. Je n'ai aucune idée d'où elle a pu aller, avec mes deux autres congénères, soit un adolescent et un guerrier. Je soupirai intérieurement. C'est terrible. C'est horrible.
Mais voilà pourquoi il est hors de question que je me laisse m'abattre. Il faut que je garde la tête haute, prêt à agir comme je le dois. La défaite est de paire avec la lassitude. Je ne perdrai pas. Je me battrai. Pour tout ces chats.
En attendant, en effet, ce n'est pas moi qui ai besoin de toutes ces pensées héroïques. Kaï semble mis à mal par je ne sais quelles choses. Alors il est de mon devoir d'ami de l'aider, et je le ferai de bon coeur s'il y concède. J'espérais pouvoir, par l'intermédiaire de ma patte, lui transférer une chaleur toute autre que celle de la haine qui transperça en contraste avec son attitude résolument froide et distante.

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   Dim 22 Avr - 17:35


HRP:

Gweithwyr semblait s'inquiéter. Il faut dire qu'il était très expressif. Je l'avais été aussi, pour une fois, et je le regrettais déjà. J'avais été incapable de cacher une seconde de plus toute la noirceur qui s'emparait petit à petit de mon coeur. J'étais pathétique. J'avais osé espéré qu'il continue à parler de son stupide plan d'évasion, qu'il me laisse tranquille et retourne à sa vie de chat libre. Je ne voulais pas de son inquiétude, encore moins de sa pitié. Elles ne pouvaient rien changer au mal qui me rongeait. Le matou s'approcha de moi, bien plus lentement qu'à son habitude, ce qui eut le mérite de me déstabiliser une seconde. Puis vint un contact. Une patte doucement posée sur mon épaule. Les premières secondes, je restai immobile, attendant son jugement.

- Hé, Kaï... ça va pas ?

Nos regards se croisèrent. Il voulait savoir, il avait toujours été ce genre de chat curieux et fouineur. Je le fixai quelques secondes avec ce même air froid et brûlant à la fois que j'avais lors de ma dernière réplique. Ma mâchoire était si serrée que je la sentais trembler. Je ne voulais ni lui parler, ni me confier, ni pleurer, ni quoi que ce soit. Je voulais Opaline. Et puisqu'elle n'était pas là, je ne voulais plus rien.
Je reculai brusquement, lui intimant d'un regard agressif de ne pas me toucher. J'étais en colère, mais je ne savais pas contre qui. Sûrement contre moi.

- Ne me touche pas.

Ma voix était glaciale et mon corps tout entier chauffait comme si j'allais devoir me battre. Je regardais mon ami avec froideur. Mon ami... Tss, tout cela était si surfait. Nous étions bien trop différents, à l'opposé l'un de l'autre. J'étais certain qu'il ne se rendait pas compte de ce que cette mission suicide impliquait pour moi. Lui n'avait rien à perdre, juste des camarades et la gloire à gagner. Moi je devrai rejoindre un monde inconnu, rempli de chats qui jadis étaient mes ennemis. Comment pouvait-il en avoir quelque chose à faire de mes soucis ? Je bouillais intérieurement, la rage montant de plus en plus. Je me sentais à la limite de ma patience. Non, il n'avait rien fait. Justement. Opaline était partie et personne n'avait rien fait. Je commençai à haïr le monde entier. Je me fichais des relations, de l'avenir, des promesses. Je ne voyais que des hypocrites, des chats continuant joyeusement leur vie malgré la perte d'un être cher. Et Gwei ? Gwei n'était qu'un ado hyperactif, incapable de comprendre les tourments de la vraie vie. Et si je lui expliquais, j'étais certain qu'il ne ferait que balancer une de ses répliques à la con censée remonter le moral, mais demeurant inutile. Il n'avait aucune conscience, aucune notion de la vraie souffrance.

- C'est fini. Nous deux, cette chose idiote pour laquelle on se réuni, notre promesse, tout est fini. A quoi bon hein ? A QUOI BON ?! J'en ai assez de cette inutilité ! On se voit, on parlotte, mais rien ne bouge ! On est juste deux abrutis cherchant à se battre contre un monstre dix fois plus puissant qu'eux ! Tu n'as même pas conscience du suicide dans lequel on s'est embarqué ! Alors arrête avec ta pitié à deux balles ! Tu vis dans un rêve Gwei !

Au fur et à mesure de ma tirade, mon poil s'était hérissé et je grondais de fureur. Je lui hurlais dessus, sans même retenir le moindre de mes mots. Je parlais sans réfléchir, sans aucune restriction. Je n'étais plus qu'une boule de haine, se fichait éperdument du mal qu'elle pouvait faire. Mes griffes étaient sorties, comme si je devais me battre contre un ennemi invisible. Mon propre désespoir. Et j'étais incapable de le vaincre. Alors je sombrais encore plus.

- Tu n'es qu'un gamin qui veut vivre sa petite aventure sans courir le moindre risque ! Ça t'amuse tout ça hein ?! Ce champignon que tu t'es bêtement approprié, ces réunions inutiles, tout ça doit bien te faire rire n'est-ce pas ? Ça ajoute un peu d'adrénaline dans ta misérable vie de chat libre !

Je le regardais avec agressivité, comme si je pouvais lui sauter dessus à tout moment. Une immensité de mépris se dégageait de ma voix alors que je hurlais tout ce que j'avais pu penser de lui. Tout était amplifié par ma colère, par ma tristesse. Je n'avais même plus conscience de ce que je disais et à quel point j'étais monstrueux. Je continuais, hurlant de colère.

- Tu veux savoir la vérité derrière ton plan minable ? La vérité c'est que je ne suis qu'un soldat qui entraine de jeunes chats à capturer tes camarades, je patrouille entre les cages sans même accorder un regard à tout ces félins qui souffrent depuis des mois, je profite du confort des Hommes en obéissant aveuglément à chacun de leurs ordres ! Et tu sais pourquoi ? Parce que j'ai toujours eu misérablement peur de crever. Mais hé, devine quoi ! J'avais trouvé une raison de vivre. Une chatte merveilleuse, intelligente, joyeuse, adorable. Je pense à elle jour et nuit depuis notre première rencontre. Jamais je n'avais ressenti ça, elle me consume et je l'aime du plus profond de mon coeur. Mais cette chatte, les Hommes l'ont capturée et me l'ont prise ! Ils m'ont pris Opaline merde ! Comment crois-tu que je puisse aller maintenant ? DIS-MOI BON SANG ! Alors notre évasion à deux balles, je n'en ai plus rien à foutre. J'ai été incapable de sauver la chatte que j'aimais, comment crois-tu que je puisse sauver des prisonniers qui me haïssent ? Je me fiche de rejoindre les Felinaes, Opaline n'y est plus.

Etrangement, la dernière phrase de ma longue tirade n'était plus que tristesse. Je me sentais faible, vidé. Comme si tout ce que j'avais pu supporter venait de sortir. Et pourtant, je ne me sentais pas mieux pour autant. Juste encore plus vide, comme si la mort n'étais qu'à un pas de moi, me surplombant de son immensité. C'est à peine si j'avais regardé Gweithwyr. J'avais fait les cents pas, jetant des regards assassins au monde entier. Mais à cet instant, je le regardais, épuisé. Je ne me rendais pas encore compte de tout le mal que j'avais dit. Ce n'était pas vraiment moi. Ou du moins une partie, amplifiée par le désespoir. Je ne savais pas si Gwei comprendrait cette nuance et pour l'instant, je m'en fichais. Une petite voix me soufflait que j'avais certainement blessé le seul vrai ami que j'avais. Celui là seul qui pouvait me redonner espoir. Mais à cet instant précis, je n'en avais plus rien à faire. De tout. D’absolument tout.
Je remarquais que mes pattes tremblaient et cette soudaine faiblesse me fit baisser les yeux, incapable de supporter ne serait-ce qu'une seconde de plus le regard de Gwei. Je respirai rapidement et sentais mon coeur battre la chamade sous le coup de l'adrénaline. Je m'étais dévoilé, complétement à vif. Et malgré toute la douleur que je pouvais ressentir, j'allais comprendre que ce n'était pas que moi que j'avais blessé...

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   Lun 23 Avr - 14:40


Le visage du chat à la montre s'étira dans une expression quelque peu choquée, surprise, quand son ami s'écarta brutalement de lui, menaçant.

- Ne me touche pas. , siffla le chat à l'humeur électrique.

Gweithwyr écarquilla légèrement les yeux face à autant d'agressivité en quatre petits mots. A ce moment-là, il sentit qu'une impitoyable tempête allait s'abattre sur ses oreilles. Instinctivement, il se « décrocha » du monde qui l'entourait, tentant par anticipation d'éviter les coups qui l'attendaient sournoisement et méchamment. Son souffle se coupa l'espace de quelques instants, et il se tendit légèrement, reculant un tout petit peu d'un pas. La haine sortait par vagues bouillantes et glaciales de la silhouette du Soldat.

- C'est fini. Nous deux, cette chose idiote pour laquelle on se réunit, notre promesse, tout est fini. A quoi bon hein ? A QUOI BON ?! J'en ai assez de cette inutilité ! On se voit, on parlotte, mais rien ne bouge ! On est juste deux abrutis cherchant à se battre contre un monstre dix fois plus puissant qu'eux ! Tu n'as même pas conscience du suicide dans lequel on s'est embarqué ! Alors arrête avec ta pitié à deux balles ! Tu vis dans un rêve Gwei !
- Mais.... Kaï.... , tenta le félin, les oreilles baissées, ne détachant pas son regard de celui de l'autre même si ça lui était de plus en plus difficile à cause de l'acidité et l'amertume qui en émanaient.

Mais le discours de Kaï était loin d'être terminé, et il n'avait que commencé. C'est ce que comprit Gweithwyr, se coupant dans sa tentative de détourner son interlocuteur de sa colère par des arguments qu'il avait réfléchis bien avant cette énième rencontre. Il jugea plus judicieux de laisser continuer le mâle aux yeux bleus, et de les garder pour après. Mais...

- Tu n'es qu'un gamin qui veut vivre sa petite aventure sans courir le moindre risque ! Ça t'amuse tout ça hein ?! Ce champignon que tu t'es bêtement approprié, ces réunions inutiles, tout ça doit bien te faire rire n'est-ce pas ? Ça ajoute un peu d'adrénaline dans ta misérable vie de chat libre ! , cracha-t-il avec mépris.

… face à ces attaques, il pâlit. Ainsi était-ce ce que pensait réellement Kaï lui ? Il sentit une boule gonfler dans sa gorge et ses poumons se comprimer face au jugement du Soldat. Gweithwyr savait que son caractère n'était pas toujours facile à vivre, surtout dans un monde aussi désastreux. De l'énergie ? De la joie ? Pour quoi faire quand c'est l'apocalypse et qu'on risque de mourir dans la minute qui suit ? Il le savait, une telle méthode de penser était facilement critiquable. Il en riait même quand il s'auto-dérisait quand des quidams lui en faisaient la remarque ou le reproche. Mais que ce soit une des personnes qu'il considère comme les plus proches de lui qui méprise sa personnalité ? Gweithwyr ressortit de cette « trahison » blessé, sentant une petite piqûre à son cœur, qui se serra. Il baissa le regard au sol enneigé qui lui engourdissait doucement les coussinets, le visage s'obscurcissant. Et Kaï continuait de lâcher ce qu'il avait sur le cœur, sa voix montant progressivement, allant jusqu'au hurlement maintenant.

- Tu veux savoir la vérité derrière ton plan minable ? La vérité c'est que je ne suis qu'un soldat qui entraîne de jeunes chats à capturer tes camarades, je patrouille entre les cages sans même accorder un regard à tout ces félins qui souffrent depuis des mois, je profite du confort des Hommes en obéissant aveuglément à chacun de leurs ordres ! Et tu sais pourquoi ? Parce que j'ai toujours eu misérablement peur de crever. Mais hé, devine quoi ! J'avais trouvé une raison de vivre. Une chatte merveilleuse, intelligente, joyeuse, adorable. Je pense à elle jour et nuit depuis notre première rencontre. Jamais je n'avais ressenti ça, elle me consume et je l'aime du plus profond de mon coeur. Mais cette chatte, les Hommes l'ont capturée et me l'ont prise ! Ils m'ont pris Opaline merde ! Comment crois-tu que je puisse aller maintenant ? DIS-MOI BON SANG ! Alors notre évasion à deux balles, je n'en ai plus rien à foutre. J'ai été incapable de sauver la chatte que j'aimais, comment crois-tu que je puisse sauver des prisonniers qui me haïssent ? Je me fiche de rejoindre les Felinaes, Opaline n'y est plus.

Le Felinae redressa vivement le regard, le pelage dressé de cette continuité de bile, l'oreille ayant capté un mot, un nom bien connu. Opaline ? Ainsi il connaissait Opaline aussi ?
--
Mais la peine entraîna bien rapidement ces révélations, assombrissant encore plus mon visage.
Après ces rafales déchaînées, comme c'était étrange l'épais silence qui s'installa dans le lieu, entrecoupé par la respiration tourmentée du mâle électrique. Je restais plongé dans la contemplation du tapis blanc qui recouvrait comme un large manteau l'herbe gelée de la Sylve. Il était temps de se « re-connecter » au monde, de l'affronter. Je relevai de nouveau le regard, calmement, un voile triste sur mes yeux, fixant Kaï avec un sourire peiné. J'avais mal pour lui, je compatissais. Mais je ne pense pas que tenter quoi que ce soit pour le réconforter vu son état servirait à quelque chose à part ranimer le grondement de son tonnerre intérieur. Mes yeux baissèrent d'un cran leur ligne de vision, restant quelques instants concentrés dessus d'une lueur vide.

- Soit. , soufflai-je dans un soupir. Soit. , répéta peu après ma voix dans un écho semblable à un lointain murmure.

Je me détournai de trois quarts de Kaï, fixant droit devant moi le ballet d'arbres et de champignons recouverts de gel qui s'y offrait.

- Je comprends. Je comprends parfaitement. , dis-je calmement d'une voix légèrement blanche mais consistante. Je soupirai. Je ne peux pas te rendre Opaline en un claquement de griffes. Surtout pas en faisant comme tu m'as dit de faire, c'est-à-dire en restant loin de la Ville. Bien à toi de ne plus vouloir de notre projet. Je n'ai pas à m'opposer et ne le ferai pas. Je ferai ce que j'aurais dû faire depuis longtemps, à savoir faire les recherches par moi-même au lieu de te faire prendre des risques.

Je retournai la tête vers lui, tentant de m'imposer un masque stoïque même si un sourire blessé se tapa involontairement l'incruste.

- J'aurais juste préféré que tu me dises tout cela avant au lieu de me mépriser dans mon dos. Ca m'aurait évité de penser que nous étions deux à être coéquipiers alors que j'étais seul dans tout cela.

Ma tête se remit dans sa position originelle, et je me tendis un peu, sortant les griffes. Je pris une grande inspiration.

- Je me fiche de la gloire ou autre. Tout ce que je veux, c'est libérer autant de félins que possible. Pour eux, pour nous, pour moi, pour Opaline, pour Eriandalaf et beaucoup d'autres. Et je ferai tout pour aller jusqu'au bout, okay ? , fis-je avec détermination. Et être une boule d'énergie ne signifie pas forcément être un abruti dénué d'esprit d'analyse ou de réflexion. , déclarai-je sèchement.

Je détournai une nouvelle fois la tête vers le félin électrique, guettant sa réaction. Mes yeux s'arrondirent violemment sous la vision qui s'imposa à mes rétines qui de songeuses étaient passées à brillantes de combativité. Mon sang ne fit qu'un tour dans mes veines, violent et brûlant, les gonflant de volonté. Une impulsion. Tic-tac. Je bondis, accéléré comme jamais par mes réflexes de chat sauvage.

- ATTENTION !!! , hurlai-je d'une voix qui ne laissait passer aucun humour foireux ou autre, mais un sérieux enragé.

Un ours. Voilà ce qui se trouvait juste dernière nous. Comment n'ai-je pas pu identifier les deux petits éclats discrets de ses yeux bestiaux toutes les fois où j'avais tourné la tête ? Sa patte s'apprêtait à s'abattre lourdement sur la tête de Kaï. NON ! Mes veines se dilatèrent encore plus, l'énergie et le danger passant dans toutes les fibres de mon corps. Je n'avais aucun doute sur la réussite de mon entreprise qui visait à écarter Kaï de la menace que représente l'ours. Je bousculai violemment le matou, le propulsant un peu plus loin de la patte.
Mais, alors que je pensais continuer mon élan qui me dirigeait en ligne droite à la suite de Kaï, donc qui me permettrait aussi de m'éloigner de l'ours, la patte du géant parvint à me cueillir et ce fut à mon tour de faire un vol plané, dans la direction inverse à celle du Soldat, me coupant net le souffle par le choc brutal de mon corps sur la neige qui l'amortit en partie. Sonné, je ne pouvais pas réagir, d'autant plus que des vertiges dus à l'utilisation de mon pouvoir me saisirent en un court élancement furieux au crâne. Sous mes paupières à moitié fermées se crispant de douleur, je voyais l'ours s'approcher petit à petit de moi. Mais je ne pouvais rien faire.

- Hmpf ! , émis-je, tentant de bouger sans plus de succès que quelques petits gesticulations qui ne me permirent point de me relever comme je le souhaitais si ardemment. Si au moins je pouvais me réfugier dans un arbre ou autre, je serais tiré d'affaire.

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   Lun 23 Avr - 19:04


Gweithwyr ne me regarda pas. Pas tout de suite. Il laissa un silence horriblement pesant s’installer. Celui-ci m'écrasait un peu plus à chaque nouvelle seconde. Je ne voulais pas de ce manque de réaction, surtout pas venant de lui. Je voulais qu'il hurle à son tour, que l'on se batte, qu'il se passe quelque chose. Réagis Gwei bon sang ! Donne moi au moins une raison de t'en vouloir ! Une raison qui justifierai tout ce que je venais de dire ! Son silence me disait bien plus de choses qu'un long discours. Lui, d'ordinaire si bavard, avait le regard vide, la bouche immobile. Lentement, la respiration toujours rapide après ma tirade de fureur, je me rendais compte que j'avais été bien trop loin. Je n'avais pas juste dit ce que je pensais, j'avais appuyé là où ça faisait mal, sans même m'en rendre compte. J'avais ignoré toutes ces fois où il m'avait aidé et remonté le moral. Il ne méritait pas ça. Il ne me méritait pas.
Son regard se plongea dans le mien et la peine de ses yeux me fit serrer les dents. Je restais cependant droit sur mes pattes, certainement trop fier pour revenir en arrière. Et peut-être que ce serait mieux pour nous deux. Peut-être que sans moi, il abandonnerait son projet de jouer les sauveurs de cobayes et continuerait sa vie en toute sécurité. Et encore, je me fichais à moitié de cela. C'était sa vie, je n'en avais cure n'est-ce pas ? Il n'était plus rien pour moi, c'est ce que j'avais dit non ? Alors pourquoi sentais-je un poids énorme peser sur mon coeur ?

- Soit... Soit.

Il avait parlé dans un murmure, comme le dernier souffle de la déflagration que je lui avais fait subir. J'avais explosé. Et il avait été touché par ce désastre. Ne pouvais-je donc pas simplement dépérir sans blesser les gens autour de moi ? Je n'étais qu'un imbécile. Agressif, en colère, et trop stupide pour se rendre compte qu'il n'était pas seul. Ou qu'il l'avait été. Car Gwei commençait déjà à se détourner de moi, son calme me glaçant encore plus.

- Je comprends. Je comprends parfaitement. Je ne peux pas te rendre Opaline en un claquement de griffes. Surtout pas en faisant comme tu m'as dit de faire, c'est-à-dire en restant loin de la Ville. Bien à toi de ne plus vouloir de notre projet. Je n'ai pas à m'opposer et ne le ferai pas. Je ferai ce que j'aurais dû faire depuis longtemps, à savoir faire les recherches par moi-même au lieu de te faire prendre des risques.

Comme si je ne l'étais pas assez, mes muscles se raidirent encore plus. Ainsi, il comptait continuer seul ? Mais c'était du suicide ! Même avec son pouvoir, il allait se faire capturer en deux secondes ! Raaah, et qu'est-ce que j'en avais à faire ?! Je prenais trop les choses à coeur, toujours. C'est exactement le manque de prudence que je lui reprochais. Mais si je partais, je n'avais plus mon mot à dire. Pourtant, inexorablement, je continuais de m'inquiéter.
Mais ma colère demeurait plus intense que ce stress naissant. Je devais me détacher de lui. Il ne m'apportait que risques et illusions. Et quand il attaquera les soldats, seul comme le pauvre fou qu'il était, je me battrais. Je me battrais contre lui. Cette simple pensée me terrifiait. Mes griffes ratissèrent la neige, m'empêchant de trop penser. Je les haïssais tous, et je ne voulais rien ressentir d'autre.
Mon ancien partenaire tourna une dernière fois sa tête vers moi, et ma seule réaction fut de plisser les yeux de mépris. J'étais sûr de moi maintenant. Sûr de ma décision. Sans Opaline, plus de raison de rejoindre les Felinaes, donc plus de raison de sauver les cobayes. Je n'avais que faire de cette guilde désormais. Alors pourquoi tout risquer si rien ne pouvait combler ce vide dans mon coeur ?

- J'aurais juste préféré que tu me dises tout cela avant au lieu de me mépriser dans mon dos. Ça m'aurait évité de penser que nous étions deux à être coéquipiers alors que j'étais seul dans tout cela.

Peut-être, mais je me fichais de tout cela. Cette façon de penser n'était en place dans mon esprit que depuis la disparition d'Opaline. Tsss, j'avais autrefois été si naïf. Des mois que je pensais bêtement pouvoir trouver une place dans ce monde et être tout simplement heureux avec la chatte que j'aimais. Maintenant, mon coeur n'était qu'un désert aride, vestige d'un espoir idiot. J'étais comme déconnecté de la réalité. La tristesse immense de ce qui était mon ami me touchait à peine. Enfin, j'essayais de m'en convaincre. En vérité, je savais que je l'avais blessé. Je savais que je n'étais qu'une merde, incapable de continuer à vivre.

- Je me fiche de la gloire ou autre. Tout ce que je veux, c'est libérer autant de félins que possible. Pour eux, pour nous, pour moi, pour Opaline, pour Eriandalaf et beaucoup d'autres. Et je ferai tout pour aller jusqu'au bout, okay ? Et être une boule d'énergie ne signifie pas forcément être un abruti dénué d'esprit d'analyse ou de réflexion.

Tsss, il parlait de libération avec un air grave, comme s'il était conscient que cette quête était impossible. Seul, Felinae et aussi peu prudent qu'il l'était, il n'y arriverait jamais. Tout comme nous n'aurions jamais pu y arriver. Malgré toute la sagesse qui pouvait émaner de son discours, je n'y voyais qu'un rêveur de plus, qui allait bientôt sombrer dans un cauchemar. Peut-être le même dans lequel j'étais actuellement.
Il allait partir, sûrement retrouver ses petits camarades. J'allais aussi partir, rejoindre ma chambre et y rester enfermé jusqu'à ma prochaine mission. Et si un jour je devais crever en combat, alors je crèverai. Et j'aurai enfin droit au repos. Je n'avais plus aucune envie, plus aucun désir. Je n'étais plus qu'une coquille vide, agressant par peur d'être agressé. Faisant souffrir par peur de souffrir. Détestable pour être détesté. J'étais peut-être devenu une de ces brutes que je méprisais tant. Mais être ainsi me protégeait, ridiculement, d'avoir une douleur plus intense.
Gwei n'allait plus jamais entendre parler de moi. Pas en bien. Et c'était mieux ainsi. Plus jamais je n'allais avoir à m'inquiéter pour qui que ce soit, plus jamais je n'allais m'attacher à un autre chat suicidaire dans son genre. Alors que je commençais à me retourner, un hurlement vint faire vibrer mes tympans.

- ATTENTION !!!

Mes yeux s'écarquillèrent devant le monstre qui se tenait devant moi. Un korth, ursidé énorme ayant l'air déjà mort, se dressait devant moi. J'en avais déjà affronté un, avec Mephisto. Je savais qu'ils étaient puissant, presque imbattables. Mon corps entier se bousculait pour que je fuisse. Mais je restais planté là après un minuscule pas en arrière. J'étais terrifié. Je l'avais toujours été. La seule différence était que la menace se faisait tactile.
Peut-être était-ce ma chance. Je n'avais plus rien à faire dans ce monde. Il n'avait plus rien à m'offrir si ce n'était plus de souffrance. Opaline n'y était plus. Mes espoirs étaient envolés. Mes envies, disparues. Et je venais de perdre volontairement mon meilleur ami. Tout n'était plus que haine et douleur. Je n'avais plus qu'à crever. Qui me regretterait ? Je n'apportais que la tristesse, déchainant ma colère sur ceux qui ne la méritait pas.
Désolé Gwei. Désolé de ne pas avoir été l'ami que tu méritais. Désolé de n'avoir été qu'un poids à sans cesse devoir encourager, manquant d'optimisme et d'espoir. Nous étions sûrement trop différents. A la moindre tempête, je sombrais, et tu me relevais. Mais celle-ci, je crois que tu ne pouvais rien pour moi. J'avais été balayé, écrasé, brisé. Rien n'aurait pu me faire encore tenir debout. Seule ma haine m'avait permis de ressentir encore l'air froid de l'hiver, seule ma haine avait pu me protéger de cette souffrance grandissante. Mais c'en était trop pour moi. Chaque jour, chaque réveil en me disant qu'Opaline n'était plus présente me pesait plus que n'importe quelle atrocité que j'avais dû commettre pour survivre chez les soldats. J'avais perdu ma raison d'être, j'étais vide. Je n'étais plus que l'ombre de moi-même. Alors autant en finir. Je n'espérais même pas que la douleur disparaisse. Je ne voulais juste plus affronter le monde. Je ne voulais plus me battre, ni souffrir, ni blesser. Toute ma vie, j'avais subi, accepté. Ma mort, je pouvais la décider. Et elle aura lieu ici et maintenant, sous les griffes de cette Faucheuse.
Alors je fermais les yeux, la mâchoire crispée, prêt à ressentir le poids de l'immense patte fondant sur moi. Une dernière douleur avant la paix finale. Une dernière seconde avant la fin. Et même là, je fermais les yeux, incapable d'observer ma propre mort. Elle serait aussi pathétique que ma vie.

Soudainement, quelque chose me percuta violemment. La patte de l'ours ? Non, je n'avais ressenti aucune griffe, aucune mâchoire. J'avais juste été propulsé au sol par quelque chose du même poids que moi. Rouvrant les yeux, je vis Gwei en proie avec l'animal. Il avait pris le coup qui m'étais destiné. Pourquoi ? Pourquoi, après tout ce que je lui avais dit ? Pourquoi devais-je toujours être sauvé, sans jamais pouvoir sauver en retour ?! Le Felinae était à terre, incapable de se lever. Il avait reçu un gros coup et avait certainement dû utiliser son pouvoir pour me bousculer aussi vite... Etais-je donc inutile à ce point ? Ne pouvant qu'observer, sans jamais pouvoir intervenir, la disparition de ceux que j'aimais ?
Non. Pas cette fois. Si je n'avais pas pu sauver Opaline, je mourrai en sauvant Gwei. Il avait prolongé ma vie tant de fois, sans même le savoir, il était maintenant temps de lui rendre la pareille ! Je sautais sur mes pattes, fonçant vers l'ours pustuleux. Il était bien plus fort que moi, je n'espérais pas le battre. Je n'espérais pas non plus m'en sortir vivant. Uniquement permettre à Gwei de fuir, même si je savais pertinemment que cet abruti allait m'aider. Cette simple pensée m'arracha un minuscule sourire désespéré avant que je ne morde violemment l'épaule de la bête. J'y mettais toute ma rage, tout ce qui venait de sortir à travers des mots face à Gwei se transformait maintenant en violence physique. Renforçant ma prise, je le griffais, sombre furie que j'étais devenu. Le sang giclait sur la neige pure et la forêt entière était témoin des grognements de l'ours. Mais il était bien plus fort que moi.
D'un puissant mouvement d'épaule, il parvint à m'éjecter. Je tombais à nouveau dans la neige dans un bruit sourd. Je n'étais pas spécialement sonné, mais l'animal profita de son poids pour appuyer son immense antérieure sur mon torse, m'enfonçant un peu plus dans le manteau neigeux, bloquant ma respiration. J'aurai pu arrêter de me débattre, à nouveau essayer de me laisser tuer. Mais derrière l'ours se trouvait Gwei, encore au sol. Et s'il me tuait, il irait achever mon abruti d'ami. Cet idiot qui n'avait pas été capable de m'en vouloir assez pour me laisser crever. Alors dans un grognement d'effort, je plaçais mes pattes avants sur celle de l'animal. Il fallait faire vite, il levait déjà la deuxième pour achever ma misérable existence, augmentant par la même occasion le poids qu'il mettait sur mon ventre. J'activais donc ce qui allait me faire boiter pendant plusieurs jours : Un courant électrique de 25 mA. Les muscles de l'ursidé se retrouvèrent totalement tétanisés. Il était incapable de bouger tant que je le tenais.

- G-Gwei...

Sans oxygène, je ne pu que murmurer son nom, bougeant faiblement la tête pour le voir. Il devait faire vite, je ne pouvais tenir que 5 minutes et je sentais déjà une douleur affreuse parcourir mes membres. L'immobilisation de l'ours combinée à la rapidité de Gwei pouvait lui laisser le temps de faire le plus de dégâts possibles. Je ne pensais pas qu'il puisse le tuer, pas à moins d'être très précis et puissant, mais cela semblait impossible pour un simple félin. Mais s'il ne faisait rien, nous aillions tous les deux crever comme les deux idiots qu'on était.
Mais à chercher mon ami du regard, je venais de perdre ma concentration. Et par ce temps, la neige ayant humidifié mes coussinets, ce fut une monumentale erreur. Le mince film d'eau entre mon coussinet et la peau de mon adversaire suffit à me faire perdre le contrôle de ma propre électricité. Ce que je redoutais depuis le début de l'hiver arriva donc. Involontairement, le courant électrique passa de 25 mA à 80 mA en l'espace d'une seule seconde. Après un bref instant où la surprise me fit perdre mes repères, je hurlai de douleur, luttant de tout mon être pour ne pas lâcher l'ours. Pour lui, ce fut un enfer. Toujours immobilisé, son coeur se mis à battre de façon très irrégulière et sa respiration devint saccadée, difficile. C'était la fibrillation ventriculaire, un stade de mon pouvoir que je n'avais encore jamais exploité. Et pour cause, la douleur qui se propageait dans mes membres était peut-être la pire que je n'avais jamais ressenti.
Les coussinets mouillés, je n'arrivais pas à reprendre le contrôle de mon pouvoir et faire redescendre l'intensité. Si je lâchais l'ours, il allait récupérer et nous attaquer de nouveau. Alors malgré mon instinct qui me hurlait de lâcher prise, je m'agrippais à la bête, respirant toujours avec difficulté à cause de sa patte appuyée sur mon ventre. A chaque seconde qui s’écoulait, la brûlure de mes pattes s’aggravait, et l'ours faiblissait, laissant à Gwei une ouverture en or.

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   Lun 23 Avr - 21:28


Mes oreilles bourdonnaient, et je regardais avec rage le spectacle qui s'annonçait devant moi. Ainsi allai-je mourir? Ci-gît Gweithwyr décapité par un ours allait-on mettre à cet endroit ? Je serrai les crocs, me révoltant. HORS DE QUESTION ! Il me reste trop de choses à régler dans ce monde pour me permettre de mourir aussi bêtement ! Eriandalaf, Kaï, Opaline, les cobayes ! Et puis tout ceux qui comptent assez pour moi pour que je pense à eux dans mes derniers instants, tout ceux que j'ai rencontrés et que je ne veux pas oublier ! Nishari, Terra, Kitsune, Rainbow, Eyeless Jack, Imsad, Elidea, Sparky, Phénix Doré, Plume, Lune, Ipomée, Ao, Laam, Nivdiel, Eutropia, je peux tous les citer ! Et tout ceux que je vais rencontrer dans le futur, inévitablement ! Pas question que je meure ici et maintenant !
Alors pourquoi je ne parviens pas à me bouger pour sauver ma peau ? Allez ma carcasse, tu te crois vieille avant l'heure ?! C'est pas le moment d'être sonné bordel...
Je respirais profondément, rapidement, impuissant. Et l'ours continuait de s'avancer dans ma direction, la bave dégoulinant exécrablement de ses babines couvertes de pustules affreuses, ses crocs jaunes dévoilés dans un rictus sauvage, mauvais et rendu fou par la bêtise. Je fermai les yeux, le poil gonflé par l'énervement que me causait ma faiblesse à cet instant.
Mais ma tête ne cessait de vrombir sous l'assaut des bruits d'un combat qui me sembla lointain à cet instant. Sérieusement ? J'ai à peine utilisé mon pouvoir quelques secondes et ça me fait cette merde ? Putain ! Hmm j'ai dû l'utiliser avec une force trop élevée, et en plus, peut-être que le fait d'avoir été coupé en plein élan et m'être cogné au sol violemment a-t-il accentué la contrepartie de mon geste.
Une odeur de sang monta à ma truffe, et j'entrouvris légèrement les yeux, le souffle court. Est-ce mon sang ?
Ne sentant aucune douleur, je dus bien conclure que non. Alors.... OH NON ! Je redressai violemment la tête ; grave erreur stratégique car elle me tapa fortement sur le système. Je clignai plusieurs fois des yeux pour affiner ma vision. Je vis tout d'abord l'ours. Blessé. Ouf. Ca a l'air d'être son sang et pas celui de Kaï. Je suis rassuré.
Je reprenais progressivement la possession totale de mes sens et de mon corps, même si tout cela restait un peu flou encore. Toutefois, quand ma vue revint enfin à la normale, mes poils se dressèrent d'un seul mouvement et mon sang se glaça.

- G-Gwei...

Kaï était écrasé par l'énorme patte du korth. Mes yeux s'écarquillèrent, et je fus encore une fois incapable de me relever. Boulet ! Incapable que je suis ! Je me remuai avec encore plus de volonté, ne quittant pas la scène qui se déroulait des yeux, les mâchoires crispées de rage, les yeux brillant de plus en plus par la détermination qui coulait dans mes veines comme si elle eut remplacé mon sang par son fluide chaud et bouffi d'adrénaline. Un grondement de rage sortit de ma gorge, et mes babines se relevèrent un peu, tandis que j'arrivais enfin à me remettre sur mes pattes.

- Kaï ! , criai-je pour lui signifier que j'étais là.

Je m'apprêtais à bondir de nouveau, repartant à l'assaut, plein de fougue et de vigueur. Mais je me rendis compte que quelque chose n'allait pas. Je me stoppai net, me crispant ostensiblement, les yeux s'écarquillant petit à petit, retenant mon souffle hâté. Pourquoi l'ours ne bouge plus ? Et pourquoi... pourquoi cette espèce de douleur sur le visage de Kaï ?
Je compris. Il avait utilisé son pouvoir. Mais.... quelque chose me chiffonne.
Une ampoule sembla s'allumer dans mon regard, mais qui fut vite balayée par l'urgence qui émanait de la situation. La neige. L'eau. L'électricité. OH NON. J'espère que Kaï ne s'est pas électrocuté !!
J'eus un court instant de soulagement quand je vis qu'il vivait encore. Mais merde ! Je dois agir, vite !
Je bondis, prêt de nouveau à attaquer.
… et me re-stoppai net. Wait. Wait. WAIT. Quand quelqu'un est en contact avec une source d'électricité........... faut éviter de le toucher si on veut pas se prendre le courant en plein dans la gueule. Mais alors, comment ?.... !
Ma tête se tournait dans tous les sens, les yeux vifs, cherchant la solution où qu'elle se cache. MERDE. MERDE. MERDE. GROUILLE-TOI GWEITHWYR , GROUILLE-TOI PUTAIN MON GARS.
Et enfin, comme par un heureux hasard, mes yeux se posèrent sur le messie que j'espérais tant. Une branche. Je bondis à côté, et la pris entre mes crocs, la jaugeant. Elle était ni trop légère, ni trop lourde, était costaude, et aussi surtout.... elle avait le bout bien pointu. Très pointu et assez solide. Mes yeux se posèrent une nouvelle fois sur l'horrible silhouette de l'ursidé, le fouillant activement. Où ?... Pas la gorge, ça se briserait sans plus d'efficacité. Les pattes n'y pensons pas, en plus je risquerais de blesser Kaï, et c'est pas trop le but. J'envisageai alors les parties molles. Lesquelles sont les plus accessibles ?
Mon esprit allait si vite que le temps avait peine à s'écouler, comme si le fait d'avoir été interrompu en pleine accélération avait influé sur lui, semblant de mon point de vue ralentir le temps autour de moi. Je réfléchissais, analysais, comparais. Je concluais.
Les yeux. C'est le meilleur endroit où frapper dans notre cas. Alors ce sera là que j'attaquerai !
Je pris mon élan, et parvins à articuler d'une voix forte à l'attention de Kaï à travers le bout de bois qui entravait ma bouche avant de m'accélérer une deuxième fois :

- KAÏ ! LÂCHE L'OURS !!

Mesure de sécurité de plus disons, au cas où mon plan branche serait inefficace face au courant électrique que produisaient les pattes de mon partenaire. Je pris une grande inspiration dans ma course, et mes pattes, dans mon élan fougueux, se bandèrent et me propulsèrent puissamment en direction de la tête de l'ours.
Je parvins à donner un coup dirigé avec ma tête, et si je doutai un instant que mon arme de fortune rate sa cible oculaire, je fus rassuré de la sentir s'enfoncer dans un bruit peu ragoûtant dans une matière molle. Des gerbes de sang pissèrent du trou avide causé par ma volonté. Mes crocs lâchèrent la branche, et je parvins à mon étonnement à, d'une rotation, appuyer mes pattes arrières sur la branche enfoncée, m'éloignant d'un bond mal contrôlé de l'ours terriblement blessé, rapprochant la pointe impitoyablement du fond de sa cavité et donc de son cerveau, et par le même coup, lui donnant une impulsion qui, lorsqu'il tomberait, le ferait s'écrouler sur le côté et non pas sur Kaï.
Ironiquement, la rapidité de l'événement m'avait pris de court, et je ne pus me récepter correctement sur mes pattes comme je l'aurais souhaité. Mon menton frappa abruptement la neige, qui s'engouffra désagréablement dans ma gueule, puis le reste de mon corps suivit lourdement celui-ci. Par réflexe, je roulai sur moi-même pour m'éloigner sur la droite, de nouveau un peu sonné. Mais cette fois-ci, je me forçai à me relever quand bien même une douleur lancinante me crevait l'arrière du crâne.
Le souffle haché, je plissais les yeux pour mieux percevoir ce qu'il en était de la situation. Mes pattes, si elles étaient tendues, étaient me semblait-il légèrement flageolantes. Je grognai et m'obligeai à m'avancer. Je craignais pour la vie de Kaï. J'espérais avoir réussi. Avoir réussi à ce qu'il s'en sorte.

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   Mer 25 Avr - 0:24


Je n'allais pas pouvoir tenir encore bien longtemps. A vrai dire, je n'aurai même pas pensé pouvoir tenir jusque là. Je découvrais une facette de mon pouvoir qui ne me plaisait pas vraiment, même si je demeurais surpris par ses effets. Dire que j'avais passé tout l'hiver à redouter ce qui était en train d'arriver. Je ne me souvenais pas avoir déjà perdu le contrôle de l'intensité de mon courant et j'aurai préféré de pas détenir ce nouveau souvenir. Je luttais pour ne pas aggraver les choses, les crocs plus serrés que jamais, grognant sous l'effort intense. Si je m'en sortais vivant -ce qui ma foi me semblait peu probable, j'allais être plus pitoyable que jamais. Mais cela n'arriverait pas, car je commençais à fatiguer et même si l'ours avait l'air d'agoniser, il retrouverait ses forces bien plus vite que moi. Je ne pouvais ni fuir, ni attaquer. J'étais juste coincé sous sa patte, suffoquant, attendant la fin du compte à rebours. Quand l'énergie m'aura quitté, quand mon pouvoir cessera de faire effet, quand l'ours m'achèvera. Je pouvais lâcher prise dès maintenant et me laisser tuer. Cela m'éviterait de souffrir plus longtemps, autant physiquement que mentalement, mais Gwei allait y passer aussi et ça m'embêterait que cet idiot paye pour mes erreurs.
Les secondes défilaient avec une lenteur abominable. Tentant de me donner une ridicule once de courage, je fixais l'ours droit dans les yeux, savourant pour une fois ce sentiment de puissance. Il était immobile, tendu à l'extrême. De sa gueule béante dépassaient de larges canines, faisant barrage à la bave qui se frayait un chemin vers la neige. La bête devait regretter au moins autant que moi de ne pas d'être barré en courant. L'ursidé respirait difficilement. Moi aussi. Je n'en pouvais plus. C'en était fini, bientôt, je le sentais. Mais comme il l'avait fait depuis notre première rencontre, l'être qui devait être mon ange gardien hurla mon nom.

- KAÏ ! LÂCHE L'OURS !!

Le soulagement qui prit possession de moi n'avait jamais été aussi intense, et jamais aussi visible sur mon visage. Gwei s'était enfin relevé et même si je ne pouvais le voir, trop épuisé pour avoir une vision claire, j'entendais ses pas galopant sur le manteau neigeux. Il était prêt à contrattaquer. Mais sa demande n'avait aucun sens bon sang ! Il était sérieux ?! Si je lâchais l'ours, il allait pouvoir se défendre ! Quand bien même son coeur avait un rythme désordonné, même s'il allait mettre plusieurs minutes à retrouver toutes ses capacités, il pourrait de nouveau bouger. Le désespoir et la peur le rendraient incontrôlable, j'en savais quelque chose.
Mais je n'avais pas d'autre choix que de lui faire une confiance aveugle. Malgré tout ce qu'il venait de se passer, je le connaissais. Je savais qu'il débordait de courage et d’imagination. Je savais qu'il ne me laisserait jamais tomber. Je savais qu'il pouvait nous sortir de là, de la façon la plus étrange qui soit.
Alors je lâchais tout, coupant totalement le courant dans un soupir libérateur, fermant les yeux d'épuisement sans pour autant perdre connaissance. Soudain, le poids sur mon ventre disparut totalement et je pu enfin respirer normalement, ce qui ne manqua pas de me faire tousser. Je sentais quelque chose d'énorme tomber à quelques mètres de moi. L'ours était vaincu, aussi inimaginable que cela puisse paraître. J'haletais, épuisé, reprenant lentement mon souffle, rouvrant les yeux. L'odeur du sang infestait mes narines et le silence contrastait avec l'affrontement bestial.
Doucement, avec quelques grognement de douleur, je roulais sur le ventre pour mieux observer la scène. Ah. Gwei avait été plutôt violent dit donc, c'était une vraie boucherie. J'en aurai presque de la peine pour ce pauvre ours. Je détournais rapidement mon regard de cet horreur. Je n'étais pas spécialement mal à l'aise devant ce spectacle macabre mais quelque chose m'intéressait plus que cela : Savoir si notre serial killer hyperactif était encore parmi nous. Je tournais la tête pour apercevoir une boule grise se mouvoir maladroitement. Je soupirai en plissant les yeux, ne cachant pas mon soulagement. Décidément, heureusement qu'il n'avait pas décidé de m’attaquer après tout ce que je lui avais dit...

Cette pensée me stoppa net dans ma joie de ne pas avoir servi de repas à une pustule quadrupède. C'est vrai, j'avais été des plus odieux, monstrueusement abominable. Je portais mon regard au sol, plus honteux que jamais. Le pire, c'est que j'avais pensé chaque mot, chaque phrase. J'avais dévoilé toutes mes pensées de la plus violente des façons. La disparition d'Opaline, ma colère ou tout le désespoir du monde ne suffisait pas à justifier mon action. Je n'avais été qu'un sombre crétin, plus idiot que les soldats que je méprisais tant. J'avais blessé la seule personne qui avait supporté chacune de mes crises de pessimisme, qui m'avait remonté le moral sans jamais faillir, qui avait apporté un but à ma vie si miteuse. C'est parce que j'avais confiance en lui, et qu'il avait confiance en moi que j'avais continué de travailler pour notre plan d'évasion, aussi utopique soit-il, et que j'avais lâché cet ours. Cela faisait des mois que chacun pensait à l'autre, espérant qu'il parvenait à vivre entouré de leurs monstres respectifs.
Et je venais de tout gâcher en une minute. J'avais détruit une complicité dont je n'avais même pas soupçonné l'existence. Il ne me pardonnera pas. Je ne me pardonnerais pas. Jamais. Je ne pouvais qu'essayer de réparer ce que j'avais brisé, même si cela ne pourrait jamais être comme auparavant.
Je me levai avec difficulté, appuyant le moins possible sur mes pattes avants. Jamais elles n'avaient autant été brûlées. Le contact glacé de la neige ne m'apportait qu'une maigre consolation. Une fois debout, encore un peu haletant, je parvins à faire un maigre pas, mais la douleur qui me lança me fit m'arrêter net. Je demeurais donc immobile, refusant de m'assoir ou de me recoucher. Car Gwei méritait que je fasse cela ainsi et non pas en me cachant derrière des blessures. Ces excuses allaient être les plus éprouvantes de ma vie, et je le méritais. Je pris donc la parole, profondément désolé, la gorge serrée par la honte et la fatigue.

- Gwei... Je suis vraiment, sincèrement désolé... Je sais que je n'aurai jamais les mots pour exprimer ma honte face à l'ampleur des monstruosités que je t'ai dites. Tu as toujours été là pour moi, et je ne te mérite pas. Je n'ai été qu'une merde, je le sais et rien ne pourra racheter l’immensité de ma dette. Vraiment, je suis désolé...

Mes excuses étaient ridicules, je le savais bien. J'aurai voulu en faire plus, en dire plus, mais plus aucun mot ne sortait de ma gorge serrée. J'étais exténué, épuisé, autant physiquement que mentalement. Ma culpabilité pesait lourd sur mon coeur, et pourtant je ne parvenais pas à imaginer la douleur de Gwei. Je n'avais même pas été capable de le regarder. Encore à cet instant, je fixais la neige à mes pieds, teintée de sang. Mon sang. La peau craquelée de mes pattes saignait par endroit et quelques gouttes parvenaient à se frayer un chemin jusqu'au sol gelé. Je plissai les yeux sans quitter le sol du regard, ne pensant qu'à la sentence qui s'approchait. J'étais prêt à encaisser chaque mot que le Felinae prononcerait, sachant que je les méritais amplement.

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   Mer 25 Avr - 11:32


Une fois avoir stabilisé ma respiration, le sifflement lynchant de mes oreilles et le bourdonnement incessant de mon crâne, en fermant les yeux, je m'autorisai à prendre une grande inspiration.Lorsque je les rouvris, ma vision était nette, et je pouvais constater l'ampleur des dégâts. C'était vraiment assez.... gore. Si on regarde uniquement la tête de l'ours du moins, ainsi que l'énorme flaque vermeille que la neige absorbait doucement, empruntant sa teinte sanglante. Le prédateur pustuleux semblait en vraiment sale état, et si quelques frissons de douleur et d'agonie le parcouraient, il restait immobile, couché sur le flanc. A croire que combiner un putain de coup électrique et une branche de bois dans l'oeil c'est efficace.
Quoi qu'il en soit, je restai quelques instants, les yeux ronds devant une telle scène. C'est vraiment moi qui ai fait ça ? L'urgence de la situation avait révélé une partie très agressive de moi-même. J'étais moi-même stupéfié.
M'arrachant à la vision écoeurante de la tête de l'ours, je me détournai, changeant de point de focus. Kaï. Il semblait si épuisé ! En baissant le regard, j'aurais pu voir le sang qui s'écoulait de ses pattes avant. Mais j'étais trop concentré sur les derniers événements, me remémorant tout d'un bloc tandis que le Soldat parlait.

- Gwei... Je suis vraiment, sincèrement désolé... Je sais que je n'aurai jamais les mots pour exprimer ma honte face à l'ampleur des monstruosités que je t'ai dites. Tu as toujours été là pour moi, et je ne te mérite pas. Je n'ai été qu'une merde, je le sais et rien ne pourra racheter l’immensité de ma dette. Vraiment, je suis désolé...

Mon esprit buguait sur un instant du combat. Le tout début. Quelque chose m'avait révolté. Mais quoi ? Ce quelque chose que j'avais enseveli dans l'action, l'oubliant momentanément. Alors je restais là, à fixer Kaï pendant qu'il parlait, scrutant son visage plein de culpabilité. Et puis je me souvins.
Dès lors, dès la fin de sa tirade, mon poil se gonfla de colère, et mes yeux lancèrent des étincelles tandis que je m'approchais rapidement du mâle électrique. Le coup partit tout de suite. Ma patte, les griffes rentrées, rencontra sans douceur sa joue.

- ESPECE DE CRETIN !!   , lui criai-je,la voix courroucée, les oreilles baissées d'indignation. Je me fiche de tout ce que tu as pu me dire !! IMBECILE !! Alors comme ça tu voulais te laisser tuer par l'ours tout à l'heure ?! Hein ?! Tu pensais que je ne l'avais pas vu ?!

Tout mon être n'était que fureur à ce souvenir. Comment avait-il osé vouloir un instant tout quitter aussi lâchement ? COMMENT ? J'étais ébranlé, énervé. Je me retenais de l'étriper me semblait-il.

- Ecoute-moi bien.  , grondai-je, menaçant.  Si jamais- écoute bien !- ...si jamais tu recommences ce que tu viens de faire sous mes yeux, crois-moi que tu préféreras de loin la patte de l'ours à ce que je te ferais. C'est clair ?! Je m'en fous de tout ce que tu peux penser sur moi ! Je m'en fous de tout ce que tu m'as balancé tout à l'heure, excepté pour Opaline. T'es mon ami, et il est hors de question que tu meures aussi idiotement !! Tu m'entends ?!

J'étais hors de moi, les yeux écarquillés, le pelage hérissé, mon souffle créant d'énormes nuages de vapeur autour de moi, perclus de frissons d'adrénaline, la queue battante. Je ne pense pas m'être déjà énervé à ce point-là. Non. Jamais à ce point-là. Comment imaginer un monde sans son meilleur ami ? Comment imaginer notre duo sans Kaï ? Un duo, s'il n'y a qu'une personne, n'est plus un duo.
Et même si Kaï n'a jamais cru en ce duo de ce que j'ai compris tout à l'heure, pour moi il me tient très à cœur. 3D+B quoi !
Je soufflai du nez, éjectant ma rage dans un souffle rapide. Mon visage passa d'une mine sombre à légèrement boudeuse, et je m'assis, un regard noir posé sur le chat gris. La pilule avait encore du mal à passer. Et dire qu'il a failli mourir là, et qu'on a failli se quitter sur une engueulade ! Comment aurais-je pu me pardonner de ne pas l'avoir retenu peu importe de ce qu'il m'aurait crié à la gueule ? Comment aurais-je réagi face à son cadavre écrabouillé de façon méconnaissable par l'ours? Hein ? Je battis encore une fois de la queue, ignorant la morsure de la neige qui semblait comme légèrement fondre sous mon corps bouillant. Mon pelage revint s'aplatir petit à petit, au fur et à mesure que ma fureur s'en allait. Et enfin je remarquai le sang qui s'écoulait des pattes de Kaï.

- Merde ! T'es blessé ?   , soufflai-je en me dirigeant vers lui de nouveau, approchant mon museau du bout de ses pattes. Je relevai la tête, une lueur inquiète dans le regard. Tu vas être capable de marcher ?

S'il ne pouvait pas se déplacer, comment allait-il faire pour rentrer après? Je l'aiderai bien évidemment, mais à un certain moment, on sera trop près de chez lui pour que je puisse l'accompagner sans que ce soit sans danger pour moi ou pour lui. Sauf si j'utilise mon pouvoir pour m'esquiver fissa, mais je risquerais de m'écrouler sous le bourdonnement de mon crâne plus loin. Enfin, s'il y a besoin, je le ferai quand même. Qui sait quels autres dangers traînent encore, à l'affût, cherchant le bon moment pour nous attaquer voir nous porter le coup de grâce? Il faut rester vigilant. D'autant plus qu'avec l'odeur de sang qui émane d'ici, nombreuses créatures vont pas tarder à débarquer, et si elles nous trouvent ici, quelle joie ce sera pour elle d'avoir de la chair fraîche pour accompagner leur vin ursidien.

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   Sam 5 Mai - 22:37


J'étais immobile, debout dans une position assez étrange qui me faisait m'appuyer d'avantage sur mes pattes arrières pour soulager celles de devant. Une fois ma tirade finie, un silence s’installa. Je ne su dire si le froid venait de la neige ou du stress qui émanait de mon être entier. Je levai lentement le regard vers le félin à la montre, comme pour lui demander ce qu'il comptait faire à présent. Je serrai les dents en voyant son pelage gonflé de colère. Non pas que cela me surprenait. Mais le voir ainsi me serra le coeur, surtout que j'en était la cause directe.
Puis, tout se passa très vite. Gwei marcha rapidement vers moi, tel un taureau allant encorner sa victime, et je baissai instinctivement les yeux, comme un chaton que l'on allait réprimander. Je ne sais pas vraiment à quoi je m'attendais. Un flot s'insulte, un coup violent de rage, n'importe quoi mais certainement pas ce qui suivi la démarche chaloupée du matou. Une gifle monumentale, griffe rentrée, me fit s'écrouler au sol, mes pattes avants étant trop faibles pour me maintenir en équilibre.

- ESPECE DE CRETIN !! Je me fiche de tout ce que tu as pu me dire !! IMBECILE !! Alors comme ça tu voulais te laisser tuer par l'ours tout à l'heure ?! Hein ?! Tu pensais que je ne l'avais pas vu ?!

Trop surpris pour répondre quoi que ce soit, je me contentais de le regarder, les yeux écarquillés, la bouche entrouverte. J'étais au sol, devant lever la tête avec un air de chaton abattu pour pouvoir voir son visage colérique. Je crois que c'était la première fois que je le voyais aussi énervé, et c'était assez flippant mine de rien.

- Ecoute-moi bien. Si jamais- écoute bien !- ...si jamais tu recommences ce que tu viens de faire sous mes yeux, crois-moi que tu préféreras de loin la patte de l'ours à ce que je te ferais. C'est clair ?! Je m'en fous de tout ce que tu peux penser sur moi ! Je m'en fous de tout ce que tu m'as balancé tout à l'heure, excepté pour Opaline. T'es mon ami, et il est hors de question que tu meures aussi idiotement !! Tu m'entends ?!

Mon coeur s'affolait. Mais ce n'était pas de la peur. Plutôt un sentiment très puissant dont je ne me souvenais pas avoir déjà ressenti. Une sorte de soulagement, mêlé à une reconnaissance inimaginable. Mon corps tremblait, mais ce n'était plus uniquement à cause de la douleur et de la fatigue. Jamais des mots ne m'avaient autant touchés. Jamais on ne m'avait dit quelque chose d'aussi puissant. Pourtant, je demeurais silencieux. Non pas par envie, mais parce que ma gorge était bien trop serrée pour aligner quelques syllabes, qui auraient tout simplement prononcé un simple mot. Merci. Je crois que je ne pourrai jamais rembourser la dette que j'avais envers ce chat. Il m'avait sauver la vie un nombre incalculable de fois et ce jour là, il m'avait fait renaître. Je ne serai plus le même sans Opaline, c'en était certain, mais Gwei était capable d'alléger mon coeur, de m'aider, de me secourir. Je lui devais la vie.
Mes yeux devinrent humides alors qu'une puissante vague d'émotion se déversait en moi. J'étais sous le choc. Jamais je ne m'étais senti ainsi. Aidé. C'était le mot. Pour la première fois, je n'avais plus l'impression d'affronter mes problèmes en solitaire, cachant ma peine aux autres. J'avais trouvé quelqu'un m'aimant assez pour partager mon fardeau. Je le regardais avec un léger -mais intense- sourire, entre la joie et la fatigue. Mes yeux étaient légèrement plissés pour les mêmes raisons, alors qu'une larme commença à couler sur ma joue. C'est à ce moment que Gwei se calma.

- Merde ! T'es blessé ? Tu vas être capable de marcher ?

Il renifla mes pattes avant de relever la tête, visiblement inquiet. Sa bouille de chaton boudeur m'arracha un petit rire amère, trop épuisé pour y mettre plus d'énergie. J'essuyai comme je le pouvais la larme qui tentais de se frayer un chemin vers le sol, par simple fierté -même si mon égo avait bien dégusté ce jour là. Je me relevai ensuite lentement pour éviter une trop grosse grimace de douleur. J'avais inconsciemment pris cette habitude avec Gwei, de prendre mon temps pour répondre. Il était toujours pressé, énergique, et c'était ma façon de le garder concentré. Je ne le faisais réellement exprès que dans de rares circonstances, mais généralement c'était sans même y réfléchir.
Une fois misérablement debout, je regardais mes pattes, grimaçant un peu devant leur état. Une visite à l'infirmerie ne serait pas du luxe. Je relevai ensuite la tête, regardant Gwei avec un sourire moqueur, le regard malicieux.

- C'est sûr que c'est pas toi qui pourrai me porter.

Le Kaï moqueur était de retour. Je lui aurai bien donné un petit coup d'épaule pour marquer la raillerie mais mon corps ne me le permettait pas, ce saligaud. J'hésitai à répondre à sa tirade qui m'avait arraché une larme, mais je finis par me dire que la meilleure réponse que je pouvais lui apporter était de montrer qu'elle m'avait aidée, et qu'à défaut d'être complétement remis, elle m'avait permis de redevenir moi-même. Je garderai néanmoins certainement la cicatrice de ce jour, sombre puis revigorant. Je repris un air sérieux pour tout de même répondre à ses inquiétudes.

- Je pense que ça devrait aller. Et ce n'est pas comme si j'avais le choix.

La ville n'était pas si loin de la sylve et la neige aurait la gentillesse d'endormir la douleur de mes pattes après le fiasco qu'elle avait causé. En somme, ça allait être compliqué, long et douloureux, mais faisable. Et puis ce n'est pas comme si je pouvais dormir chez les Felinaes, mdr des barres. Je soupirai, dissimulant très mal ma fatigue.

- Ma puce a sûrement déjà dû alerter les Hommes pour mes blessures, je ne devrai pas tarder.

Je disais cela à contre coeur, un air désolé et déçu sur le visage. J'aurai voulu rester avec lui, discuter, rire, le laisser me redonner vie comme il savait si bien le faire. Mais je savais qu'un ou plusieurs ailes d'argent allaient ramener leurs plumes pour contempler l'étendue des dégâts. Et je ne voulais pas prendre le risques qu'ils voient Gwei discuter gentiment avec moi. Pourtant, je ne commençais pas à partir, je ne bougeais pas. Comme si je voulais que ce moment, où j'étais tout simplement heureux d'avoir un ami comme ce chat, dure plus longtemps. Le départ était nécessaire, mais je voulais le retarder. Comme un chaton ne voulant pas quitter ses camarades de jeu. Alors je regardais le Felinae, affichant un air triste sur le visage accompagne d'un sourire désolé. Je voulais le retenir, ou qu'il me retienne, qu'on reste ici à se chamailler gentiment. Mais nous savions tous les deux que c'était idiot, autour pour notre sécurité que pour mes blessures qui se devaient d'être soignées.

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   Sam 12 Mai - 20:34


Kaï se passa une patte sur le visage. Ce geste écarquilla un peu mes yeux, car je n'avais pas fait vraiment attention aux expressions du matou électrique pendant que je libérais ce que me hurlait mon sentiment d'amitié profond. De l'humidité resta un peu sur sa patte. De.... une larme ?... Ou alors est-ce de la neige ? Malgré tout, je restai un peu tendu, attendant une réponse. Tomberai-je sur le suicidaire cette fois encore ou sur le chat que j'ai l'habitude de connaître ? Un étrange inconnu ou un précieux ami ?
Toutefois, quand il regarda ses pattes avec une grimace frôlant l'auto-dérision, mes babines commencèrent à esquisser un sourire excité et flamboyant de bonheur. Il releva la tête.

- C'est sûr que c'est pas toi qui pourrais me porter.

Ni inconnu, ni suicidaire. Un seul mot, un seul nom.
C'était Kaï.
Mes babines finirent de s'étirer en un large sourire et mes yeux se mirent à pétiller, et ma queue ne put s'empêcher de battre légèrement avec une attitude joyeuse l'air froid. Les oreilles et les moustaches dressées, j'aurais presque fait quelques petits bonds statiques si je n'avais pas un minimum de dignité. Je me contins, bien que c'était difficile car l'émotion me débordait quelque peu après tout cet enchaînement d'événement. Au lieu de quoi je plissai mes yeux en écho à la malice qui émanait du visage du Soldat, une expression totalement espiègle et soufflai légèrement du nez en réponse à sa phrase, content.

- Je pense que ça devrait aller. Et ce n'est pas comme si j'avais le choix.   , enchaîna-t-il, quittant l'amusement pour le sérieux.

Ce fut comme un petit signal pour que je me redresse et reprenne moi aussi une face sérieuse au lieu d'avoir l'air d'un imbécile heureux étant complètement béat voir bêta. Je clignai des yeux, remuai les oreilles et secouai légèrement la tête pour remettre mon poil ébouriffé par mon emportement précédent ; d'une part parce que flemme d'y passer un coup de patte ou de langue, d'autre part car ce n'est pas le moment de se faire tout beau. J'ai beau avoir comme meilleur ami un Soldat, je ne vais pas non plus me mettre à draguer les autres que je rencontrerais sur le chemin du retour en faisant le beau tout de même.

- Ma puce a sûrement déjà dû alerter les Hommes pour mes blessures, je ne devrai pas tarder. , dit-il après avoir soupiré un coup, las.

Faut dire que ça a pas l'air la grande forme, même un rat zombie aurait semblé plus énergique. Bon, j'exagère, mais quoi, faut bien savoir dédramatiser dans la vie aussi, sinon rien ne va plus et bim on se met à se dire que tout est de la bonne grosse merde bien naze. Relax ! … ouais enfin pas trop non plus.
Néanmoins, mes moustaches et ma queue agitée retombèrent face à cette réalité. Hmm. Fichue puce de mes deux. Mon faciès prit une allure sincèrement déçue et peinée, en parallèle de l'air désolé et attristé qu'adoptait le visage de mon équipier.
Ma queue eut un mouvement légèrement agacé. A chaque fois on ne peut pas rester ensemble aussi longtemps qu'on le voudrait, c'est vraiment énervant. Pourquoi ne peut-on pas décider de la durée avec laquelle on resterait tous les deux bon sang ? Pourquoi faut-il que nos deux camps nous empêchent de préparer nos projets tranquillement ?
Ouais, je dois l'avouer, ce serait moins intéressant sinon, et sûrement que nous attacherions moins d'importance à chacune de nos rencontres. Après tout, ce n'était que la troisième fois qu'on se causait, et jamais je n'avais eu un lien d'amitié aussi puissant avec un autre chat qu'avec ce matou gris. Comme quoi, en un sens, la distance rapproche, allie les esprits plus efficacement que la proximité des corps. C'est à coup sûr une chance d'avoir une relation aussi privilégiée, et je ne crachais pas dessus. Non, définitivement pas. En plus je dois tellement à Kaï bordel. Sans lui je serais à tourner en rond en faisant des choses certainement peu constructives, à réfléchir en boucle comment retrouver Eriandalaf, comment servir à quelque chose. Et voilà que nous avons un but en commun, libérer les cobayes prisonniers. Quoi de plus motivant ? Je ne vois pas d'autre partenaire que lui, non, non. Kaï est le meilleur partenaire qu'on puisse avoir, quoi que pourrait en dire cette andouille.
Je secouai la tête, et un sourire calme sur les lèvres mais le regard étincelant, mes muscles déjà tendus me démangeaient comme s'ils voulaient déjà agir tout de suite, faire quelque chose. Oui. Faire quelque chose.
Le poil légèrement gonflé par un coup de vent un peu froid qui était parvenu à frôler ma peau chaude, j'entonnai tranquillement et un peu lentement comme si ainsi je pouvais gagner quelques secondes avant l'inévitable troisième séparation de nos êtres pour retourner à nos affaires, aux nôtres :

-C'est okay ! Vas-y, on commence à avancer un petit peu, je t'accompagne un bout de chemin. Après tout tu serais fort capable de te faire agresser par un lapin mutant, faut bien quelqu'un pour te protéger de ces terribles opposants mortels capables de bouffer quatre chats en une bouchée et que seuls des chats fortement expérimentés pourraient éloigner.  , plaisantai-je, un peu moqueur mais extrêmement espiègle.

J'avais presque envie de lui donner un léger coup d'épaule mais au lieu de quoi je passais un peu devant et lui effleurai le pelage du bout de la queue. Et bien, quoi, j'ai le droit de taquiner mes amis aussi hé. Je compte bien profiter des derniers instants de cette énième rencontre qui ne serait certainement pas la dernière pour lui redonner à fond le moral histoire qu'il fasse les pleins. Ca me soulage tellement de retrouver un Kaï vivant -bien que visiblement lessivé. Il commençait à me faire flipper sérieusement.
Dans ces moments-là, j'hésite pas et j'agis franchement, spontanément. Ce que j'ai... d'ailleurs fait.
Je fis un petit bond avant de me reprendre et de m'arrêter, attendant Kaï, tête tournée. Prendre le temps qu'il faut. Et en profiter.

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   Mer 16 Mai - 22:06


Gwei eu l'air tout aussi déçu que moi, à ceci près qu'il avait toujours été plus expressif. Il ne cachait jamais ses émotion, en tout cas devant moi. Si bien que je commençais à me dire qu'il ferait le plus misérable des espions. Je me demandais d'ailleurs s'il arrivait à garder le secret concernant notre petite évasion. Je ne voulais pas que les Caprae le sachent, sans vraiment avoir besoin de me justifier. J'avais beau vouloir les rejoindre et être plus enclin à me montrer amical avec eux, je ne leur faisait pas non plus confiance. La transition allait s’avérer bien pénible lorsque j'allais fuir la ville...
Je chassais ces restes de crise identitaire en me concentrant sur Gwei. Sa bouille de matou déçu était craquante et avec son attitude hyperactive, j'avais du mal à me dire que nous avions presque le même âge. Pourtant, il se montrait très mature quand il le fallait. Nous n'avions juste pas vraiment la même définition de "quand il le fallait". Mais ce jour là, il m'avait surpris de la plus belle des façons. Mon coeur se serra en repensant à ses mots, baume au coeur et pardon inestimable. Le Caprae n'avait pas l'air peiné suite à mes paroles acerbes, véritables lances que j'avais osé lui lancer au coeur. Je m'en voulais. Je m'en voudrai certainement toute ma vie. Ce n'est pas parce qu'il me disait que tout allait bien qu'il n'était pas blessé au fond de lui. Et même s'il avait réussi à me pardonner, chacun de mes mots résonnaient encore dans ma tête, me punissant de mon comportement affreux. Un jour, je me rachèterai. Je paierai ma dette envers ce chat qui m'avait tant sauvé.

- C'est okay ! Vas-y, on commence à avancer un petit peu, je t'accompagne un bout de chemin. Après tout tu serais fort capable de te faire agresser par un lapin mutant, faut bien quelqu'un pour te protéger de ces terribles opposants mortels capables de bouffer quatre chats en une bouchée et que seuls des chats fortement expérimentés pourraient éloigner.

A force, je m'étais habitué à ses phrases interminables. J'avais appris à ne pas perdre le fils, à être attentif. Lui aussi semblait s'être adapté à moi. Nous avions chacun appris de l'autre, développé une relation sincère, pure. Quelque chose que mes rêves ne m'avaient jamais permis. Je répondis à sa réplique par un sourire en coin, trop exténué pour répliquer avec autant d'énergie que lui. Il me dépassa avant de s'arrêter, attendant son ami estropié. Il patientait, c'était adorable.
Alors j'avançai à mon tour, lentement, boitant. Je serrai les dents pour ne pas grogner de douleur, acceptant mon châtiment. Pourtant, j'étais presque totalement détendu. J'avais confiance en lui. J'avais confiance en Gwei. Il devait être un des seuls devant lequel je pouvais me montrer désespérément vulnérable sans que ma méfiance ne monte en flèche.
Nous marchâmes tant bien que mal, s'approchant lentement -très lentement- mais sûrement de la ville.  Une fois à mi-chemin, je me tournai vers Gwei, le visage affichant une expression désolée. Les ailes d'argent ne devaient être qu'à une minute ou deux de notre position, même si je n'étais pas vraiment le meilleur dans les estimations de distance.

- Je devrai continuer seul maintenant. Ces satanés piafs à caméra ne doivent pas être loin. Cache-toi pendant une quinzaine de minutes avant de partir, le temps qu'ils finissent leur ronde.

Comme d'habitude, je tentais de tout prévoir. Mais il était hors de question qu'il se fasse attraper par ma faute. Je tournai la tête vers la ville avant de regarder Gwei à nouveau.

- Je... Encore désolé... Et merci pour... Pour tout.

Je le regardais dans les yeux, ne pouvant pas être plus honnête que durant mes derniers mots. Tout. Cela pouvait sembler simpliste, mais ce mot englobait trop de choses pour être dites en une phrase. Ce jour là, il ne m'avait pas seulement sauvé la vie. Il m'avait donné envie de la vivre. Et cet acte avait une valeur inestimable à mes yeux. De simples mots ne définiront jamais toute la grandeur de ce chat, tout comme la bêtise dont il pouvait parfois faire preuve. Mais après tout, pour être l'ami de Kaïgaan, il ne fallait pas non plus avoir toute sa tête.
Je lui adressai un dernier regard, rempli d'émotion et de gratitude, un signe de tête en guise d'au revoir, avant de reprendre ma route vers la caserne. Il me faudrait aller directement à l'infirmerie si je ne voulais pas y laisser trop de plumes.
Au revoir Gwei. La prochaine fois, quelque chose me dit que j'aurai totalement retrouvé le sourire...

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   Mar 12 Juin - 15:02


Alors nous marchâmes pendant un moment à travers la Sylve enneigée, ce paradis de champignons qui semblaient alors comme sculptés par le givre. Nos pas crissaient délicatement sur ce manteau de froid fourré d'herbe glacée. L'air hivernal s'insinuait dans mon pelage et s'entrechoquait contre ma peau aux muscles brûlants et roulants sous l'action de mes mouvements. L'adrénaline avait beau avoir considérablement diminué, elle restait maîtresse de mes veines et leur procurait une chaleur fort agréable. C'est limite si à la vapeur qui s'échappe de ma gueule, s'ajouterait celle qui aurait été produite par l'évaporation de ma transpiration. J'expirai doucement, frissonnant un nouveau coup.
Nous étions à peu-près à mi-chemin de la Ville quand mon partenaire s'arrêta et pivota vers moi avec une sincère expression désolée. Mes moustaches qui étaient relevées calmement à leur hauteur habituelle se baissèrent de manière discrète, d'une façon déçue en quelque sorte. Je savais ce qu'il allait dire et ce qu'il allait se passer. On allait de nouveau se séparer, et de nouveau retourner à nos vies respectives comme lorsque l'on se réveille d'un bref songe insolent pour se lever comme tous les matins. Je m'étais arrêté moi aussi, presque à regret. J'avais espéré pouvoir au moins l'amener près du Sentier ou plus près de la Ville. Surtout vu son état pas très glorieux. J'admire d'ailleurs le fait qu'il parvienne à rester debout, et mieux encore, marcher, parce que ses pattes sont en sale état. Ca me fait de la peine de le voir tout fatigué comme ça. Quel combat il faut dire bon sang. J'hésite à souhaiter d'en avoir un autre du genre. Faut pas rire non plus du danger sinon quand il en a l'occasion il n'hésitera pas à bien me faire mordre la poussière et souvent pour le pire dans ce monde aussi risqué que la "nature".

- Je devrai continuer seul maintenant. Ces satanés piafs à caméra ne doivent pas être loin. Cache-toi pendant une quinzaine de minutes avant de partir, le temps qu'ils finissent leur ronde.

Piafs à caméra? J'en avais entendu parler au camp par quelques anciens Soldats qui avaient rejoint la guilde. En effet, ce serait bien con de me faire choper, surtout en tant qu'ancien fugitif. J'acquiesçai tacitement, mais au moment où je commençais à tourner mes pattes vers un buisson digne d'une boule de glace irrégulière aux teintes vertes, Kaï tourna la tête vers la Ville puis vers moi et je compris qu'il avait autre chose à dire d'abord. Ah merde, je pensais d'abord qu'on laisserait les piafs faire leur taff avant de se faire les aux-revoirs. Mes moustaches se baissèrent encore d'un cran mais je les obligeai à reprendre leur hauteur initiale par dignité. Kaï parla, et je l'écoutai attentivement, les oreilles dressées.

- Je... Encore désolé... Et merci pour... Pour tout.
-...

J'étais incapable de dire quoi que ce soit sur le moment. J'étais à la fois ému mais à la fois je ne comprenais pas pourquoi il me remerciait. Je l'ai quand même sacrément engueulé. Peut-être que ça lui a fait du bien de se faire remonter un bon coup les bretelles par frérot Gwei? Si c'est le cas, j'en sais rien, mais je suis toujours dispo pour recommencer ça s'il se remet à faire et dire n'importe quoi comme tout-à-l'heure. Il vaut mieux que ça, et je compte bien le lui montrer et le lui faire comprendre. Et puis il me regardait dans les yeux, et une telle sincèrité me touchait profondément bien que mon regard calme et un poil surpris camoufle en partie le vrai fond de mes prunelles. Ce regard fut son dernier, sur quoi il tourna talons. Je souris doucement, attendri devant cet épanchement d'émotions discret si propre à la façon d'être de mon meilleur ami.

-Je sais pas pourquoi merci, mais de rien andouille. , lui lançai-je après quelques uns de ses pas douloureux. Et t'as intérêt à être en état pour la prochaine rencontre, pas question de me traîner un estropié! Sinon je viendrai te manger les pattes.

Je lui fis un signe de la patte même s'il ne pouvait sûrement pas le voir de dos, et tournai à mon tour dos à l'opposition urbaine,qui s'offrait elle aussi aux cieux qui se touchaient peu à peu des teintes de l'aube, tout comme la Sylve le faisait. Tout est réuni sur un même ciel au final, tout est écrasé par des similitudes. Peut-être qu'un jour trouvera-t-on un juste équilibre.
Laissons le futur et ses doigts de rose en décider.





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