Chute.

Neon & Bones

La nuit était tombée depuis un moment maintenant. La lune ronde brillait de mille feux dans le ciel étoilé. Seul l'épave métallique de cet avion échoué au milieu du désert se détachait du paysage. Défigurer les choses était vraisemblablement un passe-temps répandu chez ces humain. À cette vitesse, ils finiront par se défigurer eux-mêmes, encore plus qu'ils ne le sont déjà. Mais ce n'était pas pour cracher sa rancœur envers ces êtres que Bones avançait vers cet endroit. D'ailleurs, il se sentait même serein pour une fois. Cela faisait si longtemps qu'il ne l'avait pas ne serait-ce qu'un petit peu. Il se sentait comme libéré de tout, comme s'il pouvait faire n'importe quoi et que personne ne le verrait. Les endroits pour se cacher au milieu du désert n'étaient pas si nombreux que ça après tout, si des personnes l'observaient il avait plus de chances de le savoir.
Quoi qu'il en soit, il n'avançait pas vers ce lieu pour un rien. Les rumeurs ne lui importaient que peu habituellement, mais les quelques onces de curiosité qu'il possédait l'avaient poussé à aller vérifier cela. Le fait qu'une silhouette avait été aperçue par quelques chats l'intriguait. Puis ce n'était pas comme s'il avait quelque chose d'autre à faire pour le moment. Il n'en fallait pas plus pour qu'il y aille. De plus, il appréciait le désert, raison de plus d'y aller.

Finalement, le chat squelettique arriva au pied de cette carcasse de métal. Un faible vent frais soufflait dans les décombres, créant un son comme des lamentations de morts et pourtant, malgré cela, étrangement harmonieux. Ceci donnait une apparence glauque à l'endroit déjà quelque peu intimidant, surtout en pleine nuit. Il resta là quelque temps à contempler cette chose qui se présentait à lui. Maintenant qu'il était enfin arrivé là, il n'allait tout de même pas repartir sans avoir fait au moins le tour. Prenant une décision, il finit par faire le tour de l'avion sans grande conviction. Il n'était pas sûr de trouver quelque chose. De plus, l'endroit n'était pas des plus accueillants. Les ombres projetées par la lumière pure de la lune se mouvaient tels des fantômes sombres dans les décombres de métal. Et lorsqu'un bruit différent se fit entendre, un frisson parcourut l'échine du matou. Ce n'était que le vent dans son pelage se disait-il mentalement pour se rassurer. Il continua son inspection légèrement absent. Et si quelqu'un arrivait . Et s'il croisait la silhouette, l'ombre aperçue . Qu'est-ce qu'il allait faire ? Il inspira longuement pour se calmer. Il était sûrement seul et avait fait tout ce chemin certainement pour rien. Point. Rien d'autre ne pouvait arriver. De toute façon, il n'allait pas rester la nuit entière à chercher quelque chose qui n'existait pas.

Ce fut à ce moment-là que son regard fut attiré par du mouvement au-dessus de lui. Au même moment qu'un grincement strident retentit. Une masse noire tomba soudainement du haut de la carcasse. La seule chose qu'il au comme réflexe fut de se reculer instinctivement. La masse tomba non loin de lui, à un bon mètre environ. Pendant quelques secondes, Bones ne bougea plus, observait ce qui venait d'atterrir lourdement sur le sol. Cela semblait être un chat, et son odeur indiquait qu'ils venaient de la même guilde, Felinae. Le félin à terre gémissait. Il semblait souffrir le martyre. Doucement, le chat s'approcha de l'inconnu. Son pelage était d'un noir uni tel le plumage d'un corbeau. Il possédait aussi des cornes, et une de ses pattes avant était une prothèse robotique. Le chat au sol entrouvrît ses yeux d'un rouge sang et regarda le chat transparent, avant de lâcher faiblement quelques mots dans un ricanement en souriant.


Bones ne put s'empêcher de sourire doucement face à ce matou qui, malgré sa douleur évidente, continuait à faire de l'humour. Il souffrait, cela se voyait aisément, et ce n'était pas la quinte de toux qui le secoue après avoir parlé qui prouvait le contraire. Le chat squelettique s'approcha doucement de lui en lâchant quelques paroles.


Il l'observa attentivement. Le matou transparent n'osait pas le toucher ou de le déplacer de peur de lui faire mal, il n'avait aucune idée de son état, excepté bien évidemment qu'il avait mal et qu'il ne semblait pas en état de bouger tant que ça. Bien qu'il lui dît quelque chose, il ne cherchait pas à savoir pourquoi il était là, ni qui il était. Ces questions lui avaient d'ailleurs à peine effleuré l'esprit. Ce n'était pas vraiment le moment pour discuter tranquillement. La seule question que se posait Bones était tout simplement "Que faire ?". Il ne pouvait pas le laisser ici tout seul à la merci de quiconque passerait par là. Ne sachant ce qu'il pouvait bien faire, et se sentant impuissant en même temps, il se mît à côté de lui et le regarda en se demandant toujours ce qu'il pouvait bien être en son pouvoir pour l'aider.

© Kokca

Aide.

Neon & Bones

À ces paroles, son interlocuteur tourna la tête vers la patte robotique qu'il possédait et la bougea. Celle-ci émit alors quelques bruits métalliques à chaque mouvement. Le chat noir poussa un soupir, vraisemblablement soulagé de cela. Bones se demanda à quel point était solide un tel membre, jusqu'à quoi cela pouvait-il résister. Ce n'était pas tous les jours que l'on croisait des pattes artificielles comme celle-là, encore moins loin des humains.
Le blessé leva la tête vers lui, un sourire sur son visage.


À vrai dire c'était logique, et le chat squelettique s'en doutait. Après tout, à question stupide réponse idiote. Il passa un regard sur le pelage du matou. A vu d'œil il ne semblait pas avoir de blessure grave, du moins pas externe. Il espérait que cela était de même pour tout. Il ne se voyait vraiment pas le porter tout ce chemin jusqu'au quartier général s'il avait des os de cassés qui l'empêcheraient de marcher.
Il reporta son attention sur lui.


Bones opina du chef et se pressa à ses côtés. Il le sentait l'observer et il n'aimait vraiment pas ça. Bien qu'il était habitué depuis le temps que tout le monde dévisage son physique de monstre, cela le mettait souvent mal à l'aise. Voir les gens le détailler du regard lui rappelait constamment son horrible apparence, et lui donnait encore plus envie de revenir en arrière, lorsqu'il n'était qu'un chaton blanc immaculé et insouciant.
Mais là n'était pas le sujet. Le chat vert écarta tout cela autant qu'il le put de ses pensées se concentra sur celui qu'il devait aider. Il se plaça aussi bien qu'il le put à son flanc gauche et se pressa contre lui pour l'épauler autant qu'il le pouvait.

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