Je m'arrêtais, certain d'avoir entendu un quelconque bruit au dessus de moi. Pris de curiosité à l'idée que quelqu'un puisse m'observer sans se montrer, je lachais un grognement. D'un coup, cette simple bleue qui l'était réellement à cause de son pelage passa dans un coin reculé de mon esprit. Quelque chose d'autre était ici. Quelque chose de bien plus dangereux.
Agacé, mes poils se dressèrent sur mon échine lorsque je le sentis. L'odeur rance des felinae, une senteur aux relents de mâle.
Ne voulant pas me fâcher pour aussi peu que lui, je me forçais à respirer plus calmement et tendis l'oreille, fermant les yeux.
Les crissements lointains de quelques insectes. Le vent entre les immeubles. Les bruissements incessants du sable non loin qui, projeté sur les parois de béton en ruines, rongeait la matière qui osait s'opposer à lui. Un bruissement discret, étouffé, presque inaudible sur ma gauche. Bref. Très bref.
Trop tard. Quelque chose a bien bougé au loin. Un sourire illumine mon visage et je fond brusquement dans les ombres.
Invisible. Inaudible. Intouchable.
Presque parfait.
Je m'étire longuement avant de me tourner vers l'endroit d'où venait le bruit. Lorsqu'on est ombre, le monde semble vraiment éblouissant. Suffisamment en tout cas pour que ne n'ai aucun mal à apercevoir le mâle, couché sur une pile de caisses, indolent.
Un pelage presque noir étrange, une plume accroché à la droite de son visage. Le plus étrange dont les deux énormes dents qui sortent de sa gueule.
Il est ridicule avec ces deux crocs qui pendent entre ses babines, comme deux stalactites qui l'empêchent de la fermer et qui doivent sûrement le faire baver !
Incapable de retenir mon hilarité face à un physique aussi pitoyable, je suis prit d'un fou rire silencieux.
Essayant de reprendre mon sérieux tout ceci n'est décidément pas professionnel, je respirais le plus lentement possible.
Ma figure se figea, un frisson me parcourut le dos, mes muscles se détendirent. Neutre.
Seul mon intérieur riait. Ce felinae était potentiellement dangereux, surtout en vue de sa modification physique.
Pour quel pouvoir d'ailleurs ?
Toujours sous ma forme d'ombres, j'escaladais le mur contre lequel était adossé la pile de planches rouillées et de bois.
J'atteignis sans difficulté le haut du bâtiment et ne redevenint normal qu'une fois tranquillement posté, le dos bien droit sur le rebord.

« Alors, on visite les quartiers nords ? Il se trouve que je recherche une chatte qui se serait échappée et on m'a glissé qu'elle se trouverait dans les environs... l'as tu vue ? »