Aujourd'hui est un grand jour pour moi ! Et oui. Pourquoi me demandez-vous ? Parce que aujourd'hui je vais faire ma première mission en solo ! Vous ne pouvez pas savoir comment ça me réchauffe le cœur.
Petit résumé de ma vie jusqu'à maintenant. Les Felinaes me libère du Laboratoire et je les suis. Je découvre l'existence des Caméléons et décide de les découvrir. Avec le secret espoir que, peut-être, je deviendrais l'une des leurs. Mais j'ai rencontré Plume Noire et ça, ça a marqué une fois de plus ma vie. Après, j'ai pris la décision de devenir une Felinae. Je suis donc rentrée, ou j'ai essayé du moins, d'aller au QG. Ce n'était sans compter sur mon petit ami. Oui oui, j'ai un petit ami. Il s'appelle Kodaï et je ne l'ai pas revue depuis notre rencontre. Et mon dieu il me manque trop ! Bref, j'ai intégré le rang d'éclaireuse. Parce que je trouve que je peux affronter mes peurs grâce à eux. Et je veux les vaincre ! Je suis super motivée !
Voici ma première semaine chez les Felinaes. Aujourd'hui, je pars donc seule pour l'arbre des pendus. Je n'y suis jamais allée, mais il paraît que ce lieu fou les pétoches. Je me rends donc à pieds jusqu'à ce lieu. D'après mes amis éclaireurs, je ne pas louper cet arbre. C'est exactement ce qui se passa. J'arrive en vue de l'arbre des pendus en fin d'après-midi. J'ai pris beaucoup de temps ! Je me fraies un chemin parmi les plantes carbonisées. Les arbres morts sont encore debout, couvert de suie. J'ai mal pour eux. J'aurai tellement aimé voir le monde avant que les humains le ravage... ça me donne envie de tous les tuer. Je secoue la tête pour me chasser ses horribles pensées. Je continue sur quelques mètres, puis je me pétrifie devant le spectacle macabre que dégage cet arbre dont on m'a tant parlé.
Ce devait être un chêne m'a-t-on dit. Un beau chêne. Mais ici, je ne vois que la mort s'en dégager. Il se trouve seul, au milieu d'une petite clairière. De nombreuses branches dénudaient de feuilles pointent sans convictions vers le ciel. Sur une large branche basse, se trouve un reste de corde carbonisé. Elle flotte mollement dans le vent. Le froid s'abat sur moi et une légère brume se lève. Elle semble avoir des mains et des bras qui cherche une proie. La brume qui courre près du sol entrelace l'arbre des pendus et s'arrête au bord de la clairière. Là où je me trouve.
Je frissonne. Un étau glacé commence à s'emparer de mon cœur. Ne le laisse pas faire Nashira ! Ou sinon, tu vas rentrer au QG sans avoir exécuté ta mission ! Je mets une patte dans le brouillard. Par crainte. Pour être sûr qu'il ne m'avalera pas. Voyant qu'il me mouille juste le pelage, j'avance vers l'arbre. Arrivé près du tronc. J'entends une branche cracker derrière moi. Je me retourne vivement. Je ne vois personne. Mais vaut mieux se méfier. Je ne dis rien et retrousse légèrement mes babines. Espérant que ce qui se cache non loin de moi n'est pas une présence ennemie.
Dernière édition par Nashira le Sam 31 Oct - 13:24, édité 1 fois
«Confidence entre un ange de la lumière et un ange déchu»
Une fois de plus, mes sombres pensées mêlés à l'esprit invasif de mon Démon m'empêchais de dormir. J'avais déjà perdue ainsi de nombreuses nuit de sommeil. Comme à mon habitude, je m'esquissai sans bruit de l'arbre creux. Je m'arrêtai un instant, le temps d'enlever quelques brindilles coincées dans ma fourrure et de lisser cette dernière, puis je repartie en direction de la forêt empoisonnée. Je commençai à bien la connaitre à force de mes escapades nocturnes. J'étais fatiguée mais mes pattes connaissaient le chemin, et pendant que mon esprit divaguait sur les récents incidents dues à ma double personnalité, je fini par m'apercevoir qu'une brume épaisse et inquiétante s'intensifiait au fur et à mesure que je marchais. Je vis alors une bute, surplombée par un arbre au branches dénudées de feuilles, que j'avais déjà vu auparavant. Si ma mémoire était bonne, et en général elle l'était, je venais d'arriver à l'Arbre des Pendus. Une atmosphère lugubre y régnait et de nombreux chat l'évitait, même si moi je trouvais ce lieu calme, presque reposant. Je m'approcha de l'arbre, espérant pouvoir y dormir un peu et oublier l'espaces de quelques instant le ricanement incessant du Démon qui m'habitait.
J'entendis des bruits de pas, à quelques mètres de moi. L'air était humide et remplie d'odeurs de la forêt et le brouillard étouffait les sons. Cependant je fus étonné de ne pas avoir détecté la présence d'un autre félin ici. Je fis un pas en arrière, mais une branche sèche mal placée décida de craquer sous mon poids pourtant si léger. Les bruits de pas à quelques mètre de moi s'arrêtèrent. Il m'avait entendu et devait être sur ses gardes. Devrais-je en profiter pour quitter l'endroit où devrais-je aller à la rencontre de l'inconnu ? Je fini par prendre mon courage à deux pattes après quelques secondes d'hésitation et je m'avança à travers la brume épaisse et opaque. Mes deux émeraudes brillaient légèrement dans l'obscurité. Par ci par là on pouvait observer dans mon iris de légères traces de rouge sang, due à la présence de ma double personnalité. Une petite bourrasque fit cliqueter mes chaînes en métal. Je continua d'avancer et je vis bientôt une silhouette que je connaissais se former. Un dernier pas et je fini enfin par voir correctement le "visiteur". Je reconnue très rapidement Nashira, la femelle brune qui avait combattu ma double personnalité (qui était apparu pour la première fois) et qui était devenue par la suite ma première amie. Elle esquissait au début un air méfiant, sur ses gardes, mais elle finit par se détendre lorsque je dis, avec lenteur :
- C'est moi. Plume Noire.
Un léger sourire apparut sur mes babines. Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas vu. Je ne savais pourquoi mais pourtant, au fond de moi, j'étais un peu triste. Toujours des remords du à "notre" combat ? Sûrement... En tout cas, ce qui était sûr, c'était qu'elle c'était bien remise de ses blessures, et cela me rassurai.
Ma fourrure était trempée par le brouillard et elle brillait par endroit, grâce aux rares rayons de la lune qui réussissaient à traverser la brume épaisse. Un bien drôle d'endroit pour des retrouvailles. Dans ma tête, j'entendis des ricanements lointains. Mon Démon semblait se délecter de ses souvenirs du combat.
*Je t'en empêcherai cette fois, Démone !*
Lui dis-je mentalement. Cependant je restais méfiante car la dernière fois, les chaînes n'avaient pas suffis pour la retenir... Mais ça, Nashira ne le savait pas. Peut-être devrais-je la prévenir du danger qu'elle encourait....
J'entends cliqueter des chaînes. Le bruit me donne la chair de poule, Cela lieu à la fois calme et inquiétant me fait de plus en plus peur. Mais soudain, une jeune chatte noire sortie de l'ombre des fourrés. Ses ailes noires était enchaînées,ses yeux émeraudes semblait curieux. Il ne me fallut qu'une seconde pour la reconnaître, mais elle me dit quand même, me rassurant pour de bon : -C'est moi. Plume Noire. Je secoue mes oreilles de contentement tandis que je m'avance vers elle. Un léger sourire orne ses lèvres. Elle semble fatiguée... ça m'inquiète un peu. Non pas par le sang qui coule sur ses ailes, je m'y suis fait, mais par son air triste et abattu. Et puis que fait-elle ici ? C'est une Veilleuse des Caméléons, non ? Elle doit garder son poste...
La lune donne des reflets à son pelage noir, trempé par la brume. Une fois près d'elle je lui dis amicalement et innocemment : -Salut Plume Noire ! Comment vas-tu depuis la dernière fois ? Je sais bien qu'au fond, on se sentira toujours un peu coupable de ce qui s'est passé lors de notre première rencontre. Mais bon... je chasse les pensées qui me monte à la tête et m'assoie dans la brume nocturne. J'ai pas très envie de continuer ma mission, maintenant que j'ai amie avec qui parler...
«Confidence entre un ange de la lumière et un ange déchu»
Nashira se détendit très rapidement et secoua ses oreilles, visiblement soulagée que ce soit moi qui lui fait fasse, et non quelqu'un d'autre. Elle s'avance vers moi. Je me retiens de faire un mouvement de recul, ce qui me paraissais idiot étant donné qu'elle était mon amie. Mais j'avais tellement peur que mon Démon reprenne le contrôle... Ces derniers temps elle devenait de plus en plus puissante et je ne la contrôlais quasiment plus.
Ignorant mon état actuel et mon combat incessant contre ma double personnalité, la Felinae me dit d'un air enjoué et innocent :
-Salut Plume Noire ! Comment vas-tu depuis la dernière fois ?
Que pourrais-je lui répondre ? Lui mentir et lui dire que tout va bien ? Ou est-ce mieux de lui dire que ma double personnalité prend en puissance, ayant provoquée d'autres combats et même torturé une de ses congénère ? Mon esprit tournait à toute allure. Je ne réussis qu'à bégayer un :
- Je.. euh...
J'étais presque paralysée par une question des plus communes. Et je me sentais un peu idiote. Enfin pas qu'un peu en vérité...
Je vois Nashira s’asseoir dans l'herbe mouillée, attendant ma réponse. Je fis alors de même, non pas pour être à sa hauteur car lorsque la féline brune était par terre, elle faisait ma taille. Non c'était juste pour me détendre un peu, décontracté mes muscles. On pouvait deviner ses derniers sous ma fourrure de jais. Les derniers combats ajouté à mes nombreuses marches nocturne avait développé ma musculature. Ayant grandi dans de minuscule pièces, je faisais peut d'exercice avant ma fuite du Laboratoire. Depuis ça a changé. Je suis restée fine, presque maigre et surtout très petite, mais à présent j'étais devenue un peu plus élancée et si l'on regardait à travers ma fourrure, on pouvait voir plusieurs cicatrices dues à "mes" affrontements" (ou plutôt ceux de mon Démon, mais vu qu'elle habite mon corps..). Plusieurs secondes étaient passés, où seul le vent et le cliquetis de mes chaînes brisaient le silence lugubre du lieu. Mal à l'aise, je fini par lacher à son attention, un semblant de sourire sur mes babines :
- Je vais bien merci.
Je commença une seconde phrase :
Et toi comm...
Je m'arrêta net dans mon dialogue. Nous étions censé être amies et je n'étais même pas sincère avec elle, ma première amie. Je me releva d'un coup et finie par avouer :
- Non, en faîte je ne vais pas bien. Désolé.
Elle voudrait sûrement des explications, mais pour l'instant je sentais qu'aucun son ne voudrait sortir de ma gorge. Je me sentait presque honteuse d'avoir voulue l'espace d'un instant lui cacher la vérité. Je sentie mes yeux devenir humides. Je n'allais toute de même pas me mettre une fois de plus à pleurer ? Je secoua ma tête pou chasser mes larmes. J'étais devenue assez sensible et une question idiote pouvait me mettre dans tout mes états. Je me rendis compte que mon Démon n'avait pas lâché un de ses sarcasmes agaçants. Avait-il / Avait-elle pitié de moi ? C'était après tout lui qui venait de causer mon hésitation, étant donné qu'il était la source principal de mon malheur. Je regarda Nashira, ne sachant quoi dire.
Plume Noire semble hésiter sur une simple question. Je ne le fais pas paraître comme ça, mais je commence à m'inquiéter sérieusement. De plus elle a un état déplorable ! À ma question elle répond par un : -Je... euh... Avant de s'asseoir dans l'herbe mouillée. Nous restons à nous dévisager longtemps. Sous le clair de lune montant. La brume qui nous entoure semble resserrer son étau macabre. Un léger vent fait cliqueter les chaînes de Plume Noire. Pendant ses longues minutes, je reste droite, curieuse de savoir ce qui tracasse mon amie. Elle semble dans tout ses états, perdue et fatiguée. Sur sa fourrure noire coure de petites cicatrices, dû à des combats beaucoup plus récent que le notre. Je m'en inquiète un peu, car c'est sûrement un signe que son Démon a dû s'éveiller plus d'une fois. Ou peut-être est-ce que je me trompe. Je l'espère en tous cas, pour elle. Car elle vit un enfer à chaque fois. Je l'ai remarqué lors de notre combat.
Plus la lune prend de la hauteur, plus elle nous fait devenir des fantômes argentés. Cela nous donne un côté mystique avec la brume. Elle me lance alors un mensonge avec un petit sourire. Oui car cela sent largement le mensonge à plein nez : -Je vais bien merci. Et toi comm... Elle interrompt sa phrase. Comme si elle n'était pas sûre de bien avoir choisi ses mots. Je l'encourage d'un petit regard complice. Elle se relève soudainement. La fourrure trempée et pleine de terre. Elle me lâche : -Non, en faîte je ne vais pas bien. Désolé.
Nous y voilà. Ses yeux s'embuent de larmes. J'ai l'impression d'y lire de la honte. Honte d'avoir essayé de me mentir ? Ça, je ne t'en voudrais pas. Elle secoue sa tête pour les chasser et me regarde droit dans les yeux. Sensible et perdue. Je soutiens son regard en songeant à ce que je pourrais lui dire. Je ne pense qu'elle va apprécier que je demande ce qui ne va pas. Je ne la sens pas prête. J'ai assez brusqué les choses entre nous. À vouloir qu'elle se libère de ses chaînes. J'en ai payé le prix, mais elle aussi. Je n'arrive pas à me pardonner ce que j'ai dû lui subir. J'affiche une mine dégoûtée à ce souvenir. Que je chasse bien vite de mon visage. Je me lève et arrête de prendre mon expression innocente. Désormais Plume Noire voit exactement mes émotions. La joie de revoir une personne que je n'ai pas vue depuis un moment. Mais cette joie est tiraillée avec de la tristesse pour elle et de la peur. Peur qu'elle n'aille pas bien. Je m'approche d'elle et près de son oreille lui murmure : -Dis moi si tu veux en parler. Je serais là.
«Confidence entre un ange de la lumière et un ange déchu»
Nashira était restée silencieuse pendant tout le temps de mes hésitations. Après quelques secondes dans le silence oppressant du lieu. Ce temps infime me parut interminable. Mon esprit était torturé par le remord de mes combats, de la souffrance que j'avais causé aux autres. J'avais même faillie blesser mortellement celle qui était à présent ma seule et très chère amie.
Personne n'osait visiblement parler, à l'exception du vent qui mugissait dans les branches nues et mortes de l'arbre des Pendus. Mon pelage était trempée et mes yeux émeraudes brilllaient dans l'obscurité grandissante. En face de moi, la féline brune venait de se relevé elle aussi. Son expression innocente disparu, comme un masque qui venait de tomber pour laisser paraître ses véritables émotions. Elle paraissait à la fois heureuse de me revoir et inquiète par mon état de détresse. Ses rayures bleutés brillaient légèrement à cause de la brume, ce qui lui donnait un léger aspect fantomatique, tout comme moi. Avec une lenteur et une grande délicatesse, elle s'avança vers moi. Cette fois ci je n'eue aucun mouvement de recul. J'étais trop plongée dans mes sombres idées qui obscurcissaient mon cœur. Je sentie alors son souffle chaud contre ma fourrure et elle me murmura à l'oreille :
- Dis-moi si tu veux en parler. Je serais là.
Des larmes coulaient sur mes joues, humidifiant encore plus mon visage. Je ne savais si c'était par tristesse, remord ou par émotion face à la gentillesse et à l'attention de mon amie. Je fis un léger mouvement de recul pour pouvoir plonger mes yeux dans les siens. J'ouvris la gueule, voulant parler, mais pendant quelques instant aucun son ne voulut en sortir. Je déglutie et finie par dire, ma voix étrangler mes pleurs :
- J'ai fais des choses horribles...
Je ne savais plus si je devais utiliser la première ou la seconde personne. Au final, mon Démon faisait partie de moi, et j'avais même une fois délibérément relâcher ma double personnalité. J'allais devenir comme elle, ou alors elle allait prendre le contrôle définitif sur mon corps. Au final, c'était toujours avec ces mêmes griffes, les miennes, que "j" ' avais torturé, combattu des chats. Certains n'ayant rien demandé.
Je fixa l'espace d'un instant mes griffes que j'avais momentanément sortie. Elles étaient toujours blanches et intacts par mes soins, mais je les voyaient encore couverte de sang, autant du mien que celle de mon adversaire. Je me souviens de ma langue rêche léché le sang salé sur mes pattes.
Je finie par regarder à nouveau Nashira, pupille dans pupille. Celle ci m'incitait, ne serais-ce que par le regard, à continuer, à m'expliquer. Je fini par lâcher, ne murmurant ni n'hésitant sur mes mots, c'était la voix de mon cœur, un cœur obscurcie par les ténèbres et le sang, alors qu'il voulait resté pur :
- Plusieurs fois après notre rencontre, j'ai fait couler le sang, j'ai causé des cri de souffrance, vu dans les yeux de "mes victimes" la terreur, l'horreur en me voyant ! Plus d'une fois mes yeux sont devenus rouge sang, tout comme mes griffes et mes crocs !
Je voyais floue, mes larmes coulaient à flot. Je me haïssais. Je haïssais mon pouvoir et mon âme dédoublé, tout comme je haïssais mes ailes de corbeaux synonyme de malheur. De mon malheur et de celui qui je causais au félins que je croisais. Je repris ma respiration et dit d'une voix plus calme, tentant de contrôler mes émotions :
- Par trois fois il est revenue Nashira. Par trois fois il a pris le contrôle et à fait couler le sang par mes griffes. Il gagne en puissance. Je peux souvent l'entendre dans ma tête, à ricaner avec cette voix que tu as déjà entendue.
Je recula de plus belle, créant une légère distance entre elle et moi. En cas de problème, si je ne maîtrisais pas mes émotions, elle pouvait toujours revenir une fois de plus. Surtout maintenant que les chaînes ne suffisaient plus et que je devais lutter continuellement pour garder le contrôle de mon corps. Je devais la prévenir, expliquer mon geste :
- Les chaînes ne suffisent plus Nashira. Je lutte sans cesse pour ne plus blesser d'autres gens.
J'étouffa un sanglot, et murmura :
- J'ai peur, peur que je devienne moi même et pour toujours un monstre.
Je la regarda, désespérée. Je ne savais plus quoi dire. Tout ce que j'avais sur le cœur et que je refoulait depuis un moment venait de sortir. Les pensées étaient toujours là, mais moins présentes. Je laisse enfin un moment à la chatte brune pour parler. Ce que je redoutais le plus à l'instant précis, plus encore que mon Démon, c'était que ma seule amie me rejette après ce que je venais de lui dire.
Des larmes viennent tremper encore plus la fourrure de Plume Noire. Elle ouvre la gueule pour me répondre, mais elle n'arrive pas à me répondre. J'attends patiemment. Je ne la brusquerai pas. Elle finit par déglutir en avalant des larmes et par me répondre : -J'ai fais des choses horribles... Une sorte de peur et de dégoût envahi la femelle noire en face de moi. Elle jette un coup d'œil répugné à ses griffes avant de me regarder droit dans les yeux. Comme pour trouver la force de me répondre. Avec une voix venant du cœur, elle me déclare : -Plusieurs fois après notre rencontre, j'ai fait couler le sang, j'ai causé des cri de souffrance, vu dans les yeux de "mes victimes" la terreur, l'horreur en me voyant ! Plus d'une fois mes yeux sont devenus rouge sang, tout comme mes griffes et mes crocs ! Qu'elle jolie allusion au sang, Plume Noire. Voici donc d'où lui vient toutes ses cicatrices. Je l'écoute à nouveau. Elle parle toujours avec cette voix venant des tripes, pleine d'ombre et de sincérité : - Par trois fois il est revenue Nashira. Par trois fois il a pris le contrôle et à fait couler le sang par mes griffes. Il gagne en puissance. Je peux souvent l'entendre dans ma tête, à ricaner avec cette voix que tu as déjà entendue.
Effectivement, j'en frissonne sur le coup. Quand il m'a enchainé mon aile en riant de ce pourquoi je vis. Une colère m'a envahi avec une grande violence. Je veux bien pardonner et tout le tralala. Mais pour mes ailes, jamais je ne pardonnerai jamais. À l'exception d'une personne : elle. C'est de ma faute si la femelle noire a libéré son Démon. C'est donc sur le Démon que je me vengerai. De plus, quelque chose m'incite à aider et aimer d'amitié Plume Noire. Je me refuse de l'abandonner ! Tant qu'elle ne le contrôlera pas et même après.
La femelle me tire de mes pensées en reculant. S'écartant de moi. Pourquoi ? Je commence à faire un pas. Mais de sa voix, me stop dans mon élan : - Les chaînes ne suffisent plus Nashira. Je lutte sans cesse pour ne plus blesser d'autres gens, elle ravale un sanglot puis murmure : J'ai peur, peur que je devienne moi même et pour toujours un monstre. Une petite bouffée de sourde colère m'envahit. Non, tu ne deviendras pas comme lui ! J'en fais le serment ! Elle me lance un regard désespéré. Elle a peur, peur que je la quitte. Je le vois. Mais je ne le ferai pas. Si je dois de nouveau affronté son autre personne, je le ferai sans hésiter.
Elle se recule dans l'ombre. La nuit noire l'englouti. Elle se dirige droit vers les ténèbres. Je ne t'en laisserai pas le loisir ! La lune se reflète sur moi. Me nimbant d'une douce lumière. Je m'avance vers elle avec un sourire sur les lèvres. Tu ne me fileras entre les pattes. Plus je m'approche d'elle. Plus la lumière refait surface autour de Plume Noire. Une fois près d'elle, je passe mes pattes avant autour de son cou et lui fait un câlin. Je lui dis simplement : -De quoi as-tu peur Plume Noire ? De me blesser ? Ton Démon l'a déjà fait et si je le croise il le payera. Tu as peur que je te juge ? De me perdre ? Je me décolle d'elle pour l'observer. Ses yeux émeraude aux reflets rouges me fixe. Ils sont rempli de larmes. Mon sourire s'élargit et je lui dis : -Je te jugerai pas. Tu ne me perdras pas, je soupire et lève mes yeux vers le ciel, puis je continue en regardant la lune : ne perd pas la raison et tu arriveras à le contrôler. C'est dur, je le sais. Je l'ai vécu. Cette fin de phrase n'était pas que destiné à la femelle noire, mais aussi à l'humaine qui m'a quitté il y a longtemps. Une larme roule en silence sur ma joue. Bien vite séché par la brise. Je replonge alors mon regard dans celui de Plume Noire. Attendant sa réponse.
«Confidence entre un ange de la lumière et un ange déchu»
Je recule de plus en plus, petit à petit, mon pelage de jais se confond dans l'obscurité de la nuit, comme si les ténèbres m'engloutissaient. Seul mes yeux émeraudes étaient encore visible. Mais Nashira ne souhaite visiblement pas me laisser dans cet état et continue d'avancer malgré mon avertissement sur ma double personnalité instable. Ses rayures bleutées brillent légèrement et les rayons de la lune semblaient la suivre. On aurai dit un ange, un ange de la lumière voulant m'aider moi, un ange déchu, un Démon. Elle m'adresse un sourire amical, plein d'empathie.
La féline brune était à présent assez proche de moi pour que je sente son souffle chaud sur mon museau. Elle enroule ses pattes autours de mon cou et me fait un câlin. C'était la première fois depuis des lunes que l'on ne m'en avait pas fait. Des larmes coulaient sur mes joues, je ne savais si c'était à cause de ma peur ou de ma joie. Mon Amie e dit alors d'une voix calme, rassurante :
-De quoi as-tu peur Plume Noire ? De me blesser ? Ton Démon l'a déjà fait et si je le croise il le payera. Tu as peur que je te juge ? De me perdre ?
Elle avait touché en plein dans le mille. Lorsqu'elle parla de mon Démon, je ressenti l'espace d'un instant la haine que j'avais envers ma double personnalité. Elle s'écarta légérement de moi pour me regarder dans les yeux, un sourire sur ses babines. Je plongea mes yeux émeraudes dans les siens et elle continua :
-Je te jugerai pas. Tu ne me perdras pas.
Ses phrases me rassurèrent un peu. Nashira leva la tête et regarda le ciel emplie d'étoiles, puis elle fixa la lune.
- Ne perd pas la raison et tu arriveras à le contrôler. C'est dur, je le sais. Je l'ai vécu.
Je sentais le goût salé de mes larmes dans ma bouche. J’aperçois un perle coulé sur la joue de Nashira. Avait-elle elle aussi un Démon ? Un souvenir douloureux ou encore une colère enfouie en elle ? Le vent fais disparaître ses pleurs. Elle arrête de regarder l'astre lunaire pour me fixer. Elle semble attendre un réponse.
Mes idées noires étaient toujours présentes, mais moins forte. La présence de mon Démon semble se faire moins sentir, faisant disparaître les dernières traces de rouge dans mon œil, laissant à présent deux émeraudes pures. Je savais que ma double personnalité était encore là, mais elle s'était retirée de mon esprit pour l'instant. Ça faisait un bien fou. Toutefois, elle ressortira sûrement si je déliais à nouveau mes chaînes.
Je ne savais que répondre, tout ce qui me tourmentait était sortie. Cette fois ci, c'était moi qui enroula mes petites pattes autour de son cou. Je murmura à son oreille, soulagée :
- merci.
Je m'écarta et rajouta, plus sereine, malgré mon petit air triste :
- J'avais tellement peur, peur que tu m'abandonne. Tu es chère à mes yeux.
Je leva à mon tour mes yeux vers la lune, ronde et brillante de cette lumière froide et douce à la fois. Je ne savais pourquoi, mais à cet instant, je n'avais qu'une envie, m'envoler vers cette astre. J'écarta légèrement mes ailes, faisant jouer mes muscles qui s'étaient légèrement développé. Mes chaînes métallique m'empêchaient de déplier totalement mes ailes, cliquetantes, me rappelant à la réalité. Celle que ces ailes de corbeaux renfermaient mon malheur, ma souffrance, et surtout mon Démon. Non, je ne pourrais pas m'envoler, tel un ange, pas aujourd'hui. Dans mes pensées, je souffla, mes paroles quasiment inaudibles :
- Et peut-être jamais...
Je baissa ma tête, sortie mes griffes immaculée et les regarda longuement. Mon coeur était allégée mais malgré ma volonté d'oublier, les souvenirs du sang versé par mes griffes étaient encore présents. Je tourna la tête vers mon aile droite et retira une de mes plumes mourantes, prête à être remplacée par une autre. Je la fixa, et me souvenant d'un coup que Nashira était encore là, je leva la tête vers elle. Un petit sourire ironique sur mes babines :
[b]- C'est un peu étrange non ? On aurais cru qu'en me nommant Plume Noire, ma mère avait déjà vu que je serais dotée d'ailes de corbeaux... Peut-être avait-elle devinée que j'allais devenir un ange déchu, un oiseau de malheur...[b]
Je laissa la Plume noire comme la nuit s'envoler. Une Plume Noire de jais, tachée de sang pourpre. Le silence s'installaient entre nous deux
Plume Noire me dévisage. Elle sait que j’attends une réponse. Mais avant cela, elle fit quelque chose auquel je ne m’attendais pas. De une, les traces rouges dans ses prunelles vertes s’estompèrent pour de bon. Révélant la vraie Plume Noire, la sensible Plume Noire. Toutes les émotions s’accumulaient derrière le voile rouge de ses yeux. Il s’est envolé en me parlant. Je l’ai en partie délivré de ce mal qui la ronge. Je sais que ce stupide démon est toujours là, mais il lui faudra du temps pour le maîtriser. Elle en est capable, au risque de me répéter. En ravalant quelques larmes, mon amie me fit rendit mon câlin de la minute d’avant. Mon cœur saute sur place. Ainsi donc, elle m’apprécie réellement. Notre différence de taille me fit légèrement rire. Ses petites pattes arrivent à peine à m’enserrer tout mon cou. D’une voix soulagée, que je ne lui connais pas, elle me murmure dans le creux de mon oreille : -Merci. Un simple mot. Un simple regard. Un simple geste. Le tout regroupé fait une fusion. Dans notre cas, cette fusion est une catégorie à part. Elle se nomme l’amitié. C’est une très forte amitié qui nous lient, Plume Noire et moi. Elle s’écarte doucement. Plus sereine, avec cet air triste qui lui marque habituellement le visage, elle me frappe en pleine poitrine : - J'avais tellement peur, peur que tu m'abandonne. Tu es chère à mes yeux. Je ferme mes yeux un cours instant. Le temps que l’information monte à mon cerveau et se grave dans mon cœur. J’ouvre mes yeux, bien décidé à lui dire que pour moi aussi, elle est chère à mes yeux. Une perle noire pareille, on ne la remplace pas.
Je plante mon regard sur elle. Mais elle ne me le rend pas. Car le sien est fixé sur la lune, ronde et brillante. Elle semble vouloir convoiter cet astre inaccessible. Son regard est hypnotisé par l’astre lunaire. Son pelage noir brille à cause de la brume. Les rayons fantomatiques la frappent de plein fouet. Rendant la femelle noire irréelle. Je reste dans l’ombre. Attendant de voir sa réaction. Maintenant qu’elle se sent soulager, peut-être va-t-elle enfin se libérer ? Hypnotisait par la lune. Mon cœur palpite à cette pensée. Peut-être volerons-nous un jour ensembles dans ce vaste ciel ? Elle déploie doucement ses ailes. Mais elle est soudainement bloquée dans cet élan. Enlève tes chaînes, petit oiseau noir. Ses chaînes tintent sombrement. Me rappelant soudain dans quel lieu nous sommes. J’affiche une mine dégoutée. Ces chaînes renferment la mort. Un démon. Sa tristesse. Telle une marche funèbre, elle arrête son rêve. Je soupire, elle y était presque… un peu plus, et elle aurait pu voler. Savoir ce qu’est la liberté, la vraie ! Approcher l’astre lunaire. Se dire qu’un jour, on pourra le toucher. D’une voix à peine audible, Plume Noire me sort de ma torpeur : - Et peut-être jamais... Peut-être jamais quoi ? Peut-être ne t’envoleras-tu jamais ? Foutaises !
Elle sort ses griffes, les regarde longtemps, plongée dans d’obscurs souvenirs. Puis elle s’arrache une veille plume mourante sur son aile. Elle la tient entre ses griffes. La douce brise de la nuit est prête à la faire s’envoler pour une dernière danse. Plume Noire semble soudain se souvenir que je suis là. Avec une pointe d’ironie, elle se tourne vers moi et me dit : - C'est un peu étrange non ? On aurait cru qu'en me nommant Plume Noire, ma mère avait déjà vu que je serais dotée d'ailes de corbeaux... Peut-être avait-elle devinée que j'allais devenir un ange déchu, un oiseau de malheur... Sur cette fin de phrase, elle lâche la plume qui s’envole mollement dans la nuit. Pour cette dernière danse promise. Un ange déchu ? Mon amie a une bien triste façon de se voir. Je soupire en m’asseyant. Un silence gênant s’installe. Nous nous fixons, en chient de faïences. J’essaie de trouver mes mots. De façon à la rassurer, à lui faire prendre en compte ce qu’elle est. Je lève soudain mes yeux sur elle. Mes émeraudes ardentes fixent les siennes. D’une voix assurée, plein d’énigme je m’élance : -Ce discours que je vais te tenir vient du cœur. Car je tiens aussi à toi. Il est donc normal que je te fasse la morale, je fais une petite pause avant de continuer : un ange Déchu ? C’est comme cela que tu te vois ? Mais venons-en à ce qui m’a marqué avant ça. Tu trouves que tes ailes ressemblent à celles des corbeaux ? Je me mets à rire hystériquement. Ce rire accentue la désagréable impression que j’ai depuis que je suis à l’Arbre du Pendu. Je me calme légèrement en continuant : -As-tu déjà vu un corbeau pour savoir que tes ailes sont celles de cet oiseau ? Non. Non tu ne sais pas… et je vais te le prouver ! Es-tu un charognard Plume Noire ? Moi je ne crois pas. Pause-toi les bonnes questions. Qu’es-tu réellement dans ce digne ciel ? Toi qui tiens tant à y avoir une correspondance. Moi je dirais… Je détaille une fois encore Plume Noire en cherchant un rapprochement avec un oiseau. Un rapprochement avec la vraie Plume Noire émotionnellement et physiquement. Pourtant, la première qui me vient, c’est notre combat. Un démon ressemblant à corbeau qui contrôlait un… un… j’ai trouvé ! J’affiche un air triomphant. D’une voix calme et profonde je lui rapporte mes trouvailles sur elle : -Ton Démon ressemble à un corbeau. Mais toi. Toi mon amie, tu ressembles à un cygne. Un cygne noir. Mais, ce cygne, est-il méchant, monstrueux, parce qu’il est noir ? Non, je ne crois pas. C’est la même chose pour toi. Je fais une longue pause triomphante. J’attends qu’elle parle, qu’elle me dise ce qu’elle en pense. Mais comme rien ne sort, je continue encore, mon sourire moins grand du moins : -Ton pelage rappelle les plumes d’un cygne noir. Ta mère a eu un drôle de pressentiment on dirait. Maintenant que tu as ses belles ailes. Mais je ne crois pas qu’elle le pensait dans le sens où toi tu le vois. Et encore une fois, tu as eu de la chance. La chance d’avoir une famille, une mère, pour te rappeler quel était le nom qu’elle avait choisi pour toi… Mon sourire disparaît. J ‘ai une folle envie de pleurer. Je la refoule violement. Je ne pleurerai plus. Pas ce soir. Personne n’a choisi mon prénom en fait. Pas même l’humaine qui m’a élevé. Je l’ai juste su, au plus profond de mon être. J’ai su que je devais m’appeler Nashira. Je fixe mon amie droit dans les yeux. Les miens sont humides, mais je suis bien décidée à ravaler tous mes sanglots. Un, par un.
«Confidence entre un ange de la lumière et un ange déchu»
Ce long silence qui semblait durer une éternité fini par être brisé par Nashira, qui d’une voix assuré et pleine d’énigme, était bien décidée à détruire définitivement mes sombres idées. Je ne pouvais pas lui en vouloir, elle était mon amie et elle ne voulait pas me voir souffrir.
« -Ce discours que je vais te tenir vient du cœur. Car je tiens aussi à toi. Il est donc normal que je te fasse la morale, je fais une petite pause avant de continuer : un ange Déchu ? C’est comme cela que tu te vois ? Mais venons-en à ce qui m’a marqué avant ça. Tu trouves que tes ailes ressemblent à celles des corbeaux ? »
En mon fort intérieur, j’hochai de la tête. Ces appendices étaient sombres comme la nuit sans lune et semblaient à mes yeux, ensorcelés, emplis de haine et de souffrance. Je restais cependant muette, la laissant continuer. La femelle brune fit une pause et ricana nerveusement. Elle finit par se calmer et prononça, plus calme :
« As-tu déjà vu un corbeau pour savoir que tes ailes sont celles de cet oiseau ? Non. Non tu ne sais pas… et je vais te le prouver ! Es-tu un charognard Plume Noire ? Moi je ne crois pas. Pose-toi les bonnes questions. Qu’es-tu réellement dans ce digne ciel ? Toi qui tiens tant à y avoir une correspondance. Moi je dirais… »
Je digérais lentement ses questions rhétoriques. La façon qu’elle avait de me les poser n’était pas agressive mais elle savait parfaitement tourner ses phrases pour que cela me touche. Pendant ce temps, Nashira semblait réfléchir à toute vitesse. Je me disais qu’elle cherchait en vain mais elle finit par redresser ses oreilles, un air illuminé sur son visage :
« Ton Démon ressemble à un corbeau. Mais toi. Toi mon amie, tu ressembles à un cygne. Un cygne noir. Mais, ce cygne, est-il méchant, monstrueux, parce qu’il est noir ? Non, je ne crois pas. C’est la même chose pour toi. »
Elle semblait fière de sa trouvaille. Ainsi me voyait-elle ainsi ? Un cygne noir en proie aux sévices d’un corbeau ? Je me sentis faible, un pauvre oiseau dont les plumes sont devenus aussi noires que ses pensées, mais aussi que son passé. Je suis née avec un pelage noir comme la nuit, dans un endroit tout aussi lugubre. Je me rappelai de ma sœur, elle et son splendide pelage blanc comme neige qui était embellit par ses reflets roses.
Nashira me sortit de mes souvenirs une fois de plus et continua, toujours dans son idée de me métamorphosé en cygne, cherchant à justifier son choix :
« Ton pelage rappelle les plumes d’un cygne noir. Ta mère a eu un drôle de pressentiment on dirait. Maintenant que tu as ses belles ailes. Mais je ne crois pas qu’elle le pensait dans le sens où toi tu le vois. Et encore une fois, tu as eu de la chance. La chance d’avoir une famille, une mère, pour te rappeler quel était le nom qu’elle avait choisi pour toi… »
Son regard s’était obscurci et ses yeux c’étaient embués. Je déglutie face à cette détresse, ce profond traumatisme. Elle me regarde droit dans les yeux, semblant contenir ses sanglots. Ainsi, je suppose qu’elle n’a pas pu connaître sa famille, contrairement à moi. Nous sommes deux anges face à face, portant chacune le poids de nos malheurs respectifs. Je me dis que ce malheur avait été causé par ces satanés soldats et leurs mutations génétiques. Jusque-là je n’avais jamais réellement ressenti de la colère envers eux, mais c’était la détresse de mon amie qui m’avait rappelés leurs mauvaises actions. Cependant j’écartai de mon esprit cette sensation, ce n’était ni l’endroit ni le moment.
Je voulu m’approcher de Nashira pour la réconforter comme elle l’avait fait pour moi il y a quelques instant lorsque je me stoppai net, étouffant un gémissement.
Je me contractai, incapable de bouger. J’avais baissé ma garde et à présent je devais en subir les conséquences. J’avais oublié le temps de cette discussion que mon Démon avait réellement gagné en puissance.
Mes griffes sorties étaient en train de labourer le sol humide de la forêt. Dans mes yeux écarquillés, des spirales et des volutes rouge sang tournoyaient et semblaient prendre le dessus sur le beau vert émeraude. Mes ailes s’étaient inclinées vers l’avant, toutes tendues. Je commençai à haleter sous la puissance de l’assaut psychique. Son ricanement rauque et cruel emplie mon esprit. J’étais détachée du monde réel, ma vision devenue complètement trouble. Un début de sourire fou s’afficha sur la partie droite de mes babines Petit à petit, le rire de ma double personnalité sortie de ma gorge et ma langue passa sur mes canines découvertes. Dans une dernière spirale ensanglantée, mon œil droit devint complètement rouge sang. La bataille avait été à moitié gagnée par mon Démon. Une voix rauque que j’avais appris à haïr résonna dans le sombre endroit : « Comme on se retrouve, petit Moineau. »
Mes muscles étaient toujours contractés, je tentais de toute mes forces de reprendre le contrôle ne serait-ce assez longtemps pour permettre à Nashira de s’enfuir. Mon œil gauche retrouva petit à petit sa couleur originale. Visiblement le Démon n’avait pas envie de combattre aujourd’hui’ hui. Je pouvais toujours contrôler assez le corps pour parler, même si c’était ma double personnalité qui menait la dance. Je commençai à retrouver ma vision, reconnaissant le visage effaré de Nashira.
Je dévisage longtemps mon amie. Nous lisons dans nos propres yeux toutes ses choses que nous nous interdisons de nous dire. Peut-être que nous ne faisons qu'apercevoir ce voile brumeux qu'est notre passé... mais un jour, j'en suis certaine, il éclatera comme un bourgeon au printemps. Il remontera à la surface et chacune saura se complémenter.
Après de longues minutes passaient à se dévisager, mon amie s'avance vers moi. Comme pour me rendre quelque chose. Mais un gémissement inquiétant l'arrête dans sa course. Elle se contracte soudain, ses griffes labourent le sol. La peur de niche dans mon cœur et gonfle rapidement. Que se passe-t-il ? Pourquoi souffre-t-elle ? J'allai pour l'aider, lorsqu'elles apparurent. Des spirales de sang rouge, voletants dans ses yeux émeraudes. Et là je sus. Je sus que j'étais foutue. Mais ma propre colère remonte soudain. Implacable, terrible. Le Démon, Son Démon remonte à la surface de Plume Noire. Fatale erreur... je reste malgré tout figée, à contempler mon amie en train de souffrir. Sans rien pouvoir faire... celle-ci ne m'avait pas menti. Il a gagné en puissance... son apparition soudaine et sans raison me le confirme. Les muscles de Plume Noire se crispe sous son pelage. Ses ailes enchaînées se tendent vers l'avant. Je suis incapable de bouger, comment le pourrais-je ? Que puis-je donc faire ? Rien... je reste toujours impuissante dans ses moments là. Plume Noire halète sous l'effort pour le garder emprisonner. Soudain, tout ce calme, la tête toujours vers le sol, un sourire fou pointe sur les lèvres de Plume Noire. Ou devrais-je dire... du Démon. Je sais que dorénavant que mon amie avait perdu son duel contre sa double personnalité. Pour me le confirmer, son ricanement si caractéristique remonte de sa gorge. Il glace encore plus l'atmosphère pesante du lieu. J'inspire et expire calmement. Pour garder mon calme, pour reprendre mes esprits, pour rester maître de mon corps lorsqu'il faudra se battre. Car oui, je suis presque sûre que ce duel va encore se terminer dans le sang. Et... j'ai une vengeance à accomplir. Comment pardonner à une chose si ignoble qui fait souffrir mon amie et moi même ?!
Elle redresse soudainement la tête. Son œil droit est complètement rouge, mais le gauche garde toujours cette belle couleur émeraude que j'apprécie chez Plume Noire. Un léger soulagement parvient mon cœur. Il n'a pas tout à fait gagner. Cependant, toutes les émotions que j'ai éprouvé jusque là sont cachées sous le masque implacable de l'effroi. -Comme on se retrouve, petit Moineau. Sa voix est toujours aussi affreuse à mes oreilles... -Toi... ou devrais-je dire, sale Corbeau. Je le défie avec un sourire profond ancrait sur les babines. Un sourire, non pas joyeux, mais ces mêmes rictus provocateur et cruel que le Démon adore arborer. Mon visage passe alors à la détermination. Je n'abandonnerai pas Plume Noire à cause d'un trouble fête déplaisant ! Je me redresse sur mes quatre pattes, crocs à découverts et griffes labourant à mon tour le sol d'impatience. Cependant, j'aperçois l'œil rouge de mon amie s'éclaircir, redevenir comme la pierre précieuse qu'est ses yeux habituellement. Ce n'est pas normal. C'est comme si son Démon n'était pas tout à fait présent. Je reste tout de même prête pour me battre si jamais cet être vil essaye de me duper à nouveau. Essayons donc d'engager le dialogue. Peut-être que le Démon veut juste faire savoir qu'il est encore de ce monde... à mon plus grand regret. J'annonce à mon amie : -Plume Noire, je sais que tu m'entends encore. Arrête de te raidir et laisse donc ton Démon me parler. J'ai quelques comptes à régler aussi avec lui...
C'est soudain que ma colère remonte. Et comme si la frustration de mon amie prisonnière remontait jusqu'à moi, j'éclate et les mots dépeignent tout le sang et les larmes versées. Nos colères, nos sentiments, ils fusionnent violemment. Comme pour se liguer contre cet être immoral. Mon, pardon nos cœurs parlent d'eux-mêmes. -Pourquoi ! Pourquoi fais-tu cela à mon amie Corbeau ?! Je hais ce que tu nous as fait ! Ce que tu lui fais subir tous les jours ! Alors pourquoi ? Pourquoi cela t'amuse-t-il de la torturer ?! Elle et les autres chats d'ailleurs... . Si tu aimes tellement cela, pourquoi t'être installé sur Plume Noire ?! Les Soldats t'auraient bien mieux plu à mon avis. Tu aurais été libéré tout le temps ! Et non pas enfermé dans un corps... Alors dis moi ! Dis moi pourquoi tu fais toutes ces atrocités ! Je reprends mon souffle. Je me calme et mon poil retombe mollement sur mon dos tendu et arrondi. Le dernier mot de ma tirade résonne encore entre les arbres morts. Il me semble que des fantômes et êtres malveillant espionnent notre conversation. Mais je m'en contre fiche. Maintenant que tout est sorti. J'attends la réponse de ce monstre... avec une folle envie de faire cesser tout cela. Même si je ne sais pas comment.
«Confidence entre un ange de la lumière et un ange déchu»
De multiples émotions s’étaient succédé sur le visage de Nashira, passant de l’effroi à la colère, au calme puis à une haine puissante mais maitrisée. Son regard brûlait d’un ardent désir de vengeance. Ses babines se retroussèrent en un rictus ressemblant à un sourire, le même que j’arborais en ce moment même à cause de ma double personnalité démoniaque.
Une bourrasque de vent fit résonner les chaînes qui emprisonnaient mes ailes noires ainsi que les branches de l’arbre mort. Tout ceci renforçait l’ambiance lugubre de cet endroit. Cependant je n’y faisais pas réellement attention. Nashira, sous un masque ne trahissant cette fois aucune émotion, déclara à son tour :
« -Toi... ou devrais-je dire, sale Corbeau. »
Tiens tiens, un nouveau surnom pour cette saleté de double personnalité, cependant ils lui allaient tous : Démon/Démone, Ange Déchu, Folle, Corbeau etc… Je ne m’attardai pas plus longtemps sur cette pensée pour me concentrer à nouveau sur la scène, la situation étant très tendue. Nous étions toutes les deux très tendues et je redoutais qu’un nouveau combat éclate. Trop de sang avait déjà coulé à mon goût.
Mes deux yeux étaient de couleur diamétralement opposés : l’un était d’un magnifique vert émeraude et l’autre était habillé d’un rouge sang violant et cruel, reflétant parfaitement le caractère de mon Démon. Les deux brillaient légèrement dans la nuit grâce aux rayons de la lune, tout comme mes chaînes qui lançaient de rapides reflets. Mon amie m’adressa à nouveau la parole, non pas à Démone, mais bien à moi, enfermée dans mon propre corps, seule mon œil vert montrant que j’étais encore présente :
« -Plume Noire, je sais que tu m'entends encore. Arrête de te raidir et laisse donc ton Démon me parler. J'ai quelques comptes à régler aussi avec lui... »
A grand regret, j’obéis et arrêta de combattre cette maudite part de moi-même. Mes muscles se détendirent mais restèrent près à rentrer en action, sous l’influence de Démone. Le seul œil qui possédait encore sa couleur original resta cependant sous mon contrôle. Nashira détruit son masque de glace pour afficher une haine, une violente colère qui a surement été accrue suite à nos confidences. Elle lâcha tout ce qu’elle, non, tout ce que NOUS avions sur nos cœurs :
« Pourquoi ! Pourquoi fais-tu cela à mon amie Corbeau ?! Je hais ce que tu nous as fait ! Ce que tu lui fais subir tous les jours ! Alors pourquoi ? Pourquoi cela t'amuse-t-il de la torturer ?! Elle et les autres chats d'ailleurs... . Si tu aimes tellement cela, pourquoi t'être installé sur Plume Noire ?! Les Soldats t'auraient bien mieux plu à mon avis. Tu aurais été libéré tout le temps ! Et non pas enfermé dans un corps... Alors dis-moi ! Dis-moi pourquoi tu fais toutes ces atrocités ! »
Cette tirade venant des tripes avait été presque hurlée par ma camarade. Ayant dit tout ce que nous pensions, elle se calma et sa fourrure retomba sur ses muscles fins. Elle jeta un regard noir à ma double personnalité, attendant une réponse à toutes ses accusations. Elle parlait de ma Démone comme si celle-ci était un mauvais esprit qui s’amusait à me hanté. C’était vrai dans un sens, mais je connaissais bien la sombre réalité de la chose. Et visiblement ma double personnalité avait décidé de lui dire car elle finit de brisé son mutisme. Jusque-là, elle avait observé Nashira, affichant son sourire fou et son œil rouge une folie indescriptible. Elle/Je m’étais assise pendant la déclaration de la Felinae mais se releva pour lui répondre nos yeux dans ses yeux, car j’appuyais du moins une partie de ce qu’elle disait.
« Déjà j’ajoute ce nouveau surnom à ma collections. »
Dit-elle est ricanant comme à son habitude. Elle ne prenait rien au sérieux. Cela m’exaspéra légèrement. Elle commença un début de phrase :
« Ensuite… »
D’un geste, elle libéra mes/ses ailes, qui se déployèrent dans la nuit, le sang affichant quelques reflets. Les chaînes tombèrent dans de multiples cliquetis à terre mais très vite elle les récupéra comme à son habitude pour les enrouler rapidement. Elle soupira, libéré d’un poids puis considéra enfin Nashira avec un minimum de sérieux, son air folle restait cependant sur mon visage. Elle plongea nos yeux dans ceux de la femelle brune et sa voix rauque sortie de ma gorge :
« Voir –et ressentir dans le corps de Plume Noire qui est aussi le mien- de la souffrance est dans ma nature Gamine. Je ne peux m’en empêcher, j’adore ça et ça me donne des frissons d’entendre les gémissements de mes victimes. Voir couler le sang est quelque chose est quelque chose de jouissif pour moi. Annonce-t-elle, se léchant les babines, l’esprit en train de revoir toutes les horreurs qu’elle avait commis. »
Elle fait une pause puis reprend, lui apprenant l’horrible réalité :
« Ainsi crois-tu que je me contente d’habiter le corps de cette petite Pluplume ? Tu te trompes complètement Petit Moineau. Je fais partie d’elle et elle fait partie de moi, nous ne faisons qu’un en gros. Elle m’a simplement rejetée comme une indésirable, rêvant d’être une créature soit disant pure de tout crimes. Comme tout le monde le dit, et cela me définit parfaitement, je suis la violence, la cruauté et le sadisme incarné Gamine. Tu devrais voir Plume Noire non pas comme un pauvre cygne attaqué par un corbeau mais bien comme un corbeau rêvant d’être un cygne et qui n’affronte pas la réalité. »
Elle n’avait pas totalement tord cette fois-ci, même si c’était le point de vue de mon Démon. Mon œil gauche se mit à pleurer. Oui je la rejetais cette double personnalité. Avant qu’elle n’apparaisse, j’étais un chaton tout ce qu’il y avait de plus normal, jouant avec ma sœur sous le regard de ma mère. Mais maintenant je n’étais qu’un ange aux ailes noires, habité par un Démon. Nous soutînmes le regard de Nashira, attendant une réponse à cette vérité. Je redoutais qu’elle me regarde définitivement comme un monstre tandis que ma Démone voulait lire l’effroi sur son visage.
D'un ricanement insolent, qui irrite un peu plus mes nerfs déjà tendu à cracker, le Corbeau me sort : -Déjà j’ajoute ce nouveau surnom à ma collections. Ensuite... Elle écarta ses ailes dans la nuit sous mes yeux écarquillés d'horreur. Comment ose-t-elle profaner cette liberté que Plume Noire à failli toucher ce soir ?! Je grogne intérieurement. Ses deux belles grandes ailes s'écarte dans la sombre. L'être qu'est devenu Plume Noire me file la chair de poule. Le démon semble côtoyer la mort. Être son ami le plus proche. Ses grandes ailes me masque presque entièrement la lune. Cette si belle lune qui me rassurait jusque maintenant. Disparue. Seules quelques rayons détaille les formes et courbes de ce monstre. Quelques perles écarlates s'envolent. Dû à l'effort qu'ouvrir ses ailes avec des chaînes à dû lui fournir. D'ailleurs, celles-ci sont tombées dans un bruit terrifiant et glaçant sur le sol dont on aperçoit à peine la terre. «Ne te laisses pas gagner la peur Nashira ! Cet infâme n'attend que cela !» me dis-je. Pour m'y aider, le masque tyrannique de la colère se réinstalle sur ma face. Seul l'œil encore vert de Plume Noire me rappelle qu'elle n'est pas encore tout à fait possédée. Cela me rassure d'un autre côté. Le Démon enroule ses chaînes autour de ses pattes, et lâche un petit soupir de soulagement agaçant à mes oreilles. Elle me fixe alors avec un léger sérieux que je ne lui connais pas. Cependant, son air de taré trône toujours sur son macabre visage.
Sa voix déchire la nuit par la vérité qu'elle m'annonce alors. Ou plutôt, le prélude de la vérité : -Voir –et ressentir dans le corps de Plume Noire qui est aussi le mien- de la souffrance est dans ma nature Gamine. Je ne peux m’en empêcher, j’adore ça et ça me donne des frissons d’entendre les gémissements de mes victimes. Voir couler le sang est quelque chose est quelque chose de jouissif pour moi. Cette personnalité me dégoûte. Si seulement je pouvais l'égorger de mes griffes ! Et comment ose-t-elle m'appelait Gamine ?! J'allai lui balancer tous mes agacements en pleine face, mais elle reprit : -Ainsi crois-tu que je me contente d’habiter le corps de cette petite Pluplume ? Tu te trompes complètement Petit Moineau. Je fais partie d’elle et elle fait partie de moi, nous ne faisons qu’un en gros. Elle m’a simplement rejetée comme une indésirable, rêvant d’être une créature soit disant pure de tout crimes. Comme tout le monde le dit, et cela me définit parfaitement, je suis la violence, la cruauté et le sadisme incarné Gamine. Tu devrais voir Plume Noire non pas comme un pauvre cygne attaqué par un corbeau mais bien comme un corbeau rêvant d’être un cygne et qui n’affronte pas la réalité. Ses quelques paroles suffirent à me mettre à la place de mon amie. Je fus choquée. Tout ce que je croyais, toutes les vérités que je pensais sur cette horrible chose qu'est ce Démon étaient fausses. Elles sont bien au-dessus de ce que je pensais. Tout devrait m'inciter à ce moment même à fuir Plume Noire. Car ce que je considère comme Corbeau et Cygne n'est qu'en fait un horrible tout. Mais je me refuse de l'abandonner ! Cette personne est de ce que j'ai de plus précieux... je peux pas ! Je reste paralyser par la peur devant cet horrible spectacle. Peur pour ma vie, et peur de la perdre elle.
Alors, germe quelque chose... d'inattendu. L'idée enfle dans mon esprit et me taille une raison suite aux révélations que j'ai entendu à l'instant. Une façon de pensée nouvelle me parvient. Moins enfantine, et... plus mature. Un sourire grandi doucement sur mon visage. Je me rassoies dans l'herbe humide à cause de la brume. Mes yeux s'illuminent. Toute la peur que j'accumulait s'échappe par ce simple sourire qui devient un puissant rire cristallin. Qui résonne à son tour dans l'horrible lieu. Que bruits se seront répercuter sur les troncs, pour la plupart morts, ce soir. Mon rire s'estompe dans la nuit. Laissant sûrement mon/mes interlocutrices dans une interrogation. D'une façon aussi insolente que le Corbeau juste avant je la fixe dans les yeux et lui rétorque : -Je rajoutes aussi le surnom de Gamine à mon répertoire. Même si je suis plus veille que toi osais-je te rappeler. Je fais une pause, mon sourire planté sur mes babines, à défier cette créature. Ce que j'aime me sentir à la hauteur de mon "ennemie" pour une fois. Cela est tellement rare... je chasses ses pensées qui n'ont rien à voir avec l'instant présent. Durant ces moments, pas une seule fois je dois laisser des souvenirs ayant une contenance à regret remonter dans ma mémoire. Je reprends implacable : -Ainsi donc tu crois que Plume Noire fait partie de toi Corbeau ? Hum hum... c'est toi qui as ta propre version des faits. Mais si je pars sur ton raisonnement, alors moi aussi j'ai un Démon, mon sourire sadique grandi, qui aime me torturer assez souvent en ce moment... . Veux-tu que je te dise comment il s'appelle ? C'est le Passé. Mon Passé. Et il est bien plus monstrueux que toi. De plus, lui ne s'impose pas à ma vue et ne m'aide pas pendant un combat.
Je fait une pause, en baissant mes yeux trahissants vers le sol, pour essayer de garder cette voix si sûre jusqu'au bout. Torture me fait souffrir en ce moment. Elle me rappelle d'horribles images qui, pour l'instant, sont le secret de moi seule. Alors je la à nouveau et d'une voix pleine de gentillesse et de regret cette fois, je lui finis ce discours qui me tient tant à cœur : -Je te préfère au passé Corbeau ! Tu peux commettre les pires atrocités du monde, Plume Noire ne sera qu'en parti responsable des méfaits que tu commets ! Mais les erreurs, les douleurs... elles, elles sont cent fois plus tenaces ! Je sais que tu n'as pas dû avoir un passé très simple mon amie, mais tu n'es pas seule à porter ce poids. Je renifle tandis qu'une larme coule. Celle qui m'a sauvé d'une mort certaine est morte par ma faute. Parce que j'ai étais incapable de me battre face aux Soldats et humains. Je revois toute la douleur de l'emprisonnement. Le ciel et la plume, qui sont apparu comme le Paradis et ses anges. La culpabilité me ronge, si bien que je murmure pour moi-même à la base : -Elle est morte... à cause de moi... Un torrent de larmes inonde maintenant mes joues. Des perles cristallines qui brillent à la fois d'innocence et de crime. Mais surtout et par dessus tout, elles représentent une vérité que j'ai depuis trop longtemps enfoui au fond de moi. Alors je fixe Plume Noire et son Démon droit dans les yeux et je demande à son Corbeau : -Alors s'il te plaît, protège la. Protège la de tout malheurs et ne t'impose à elle que quand c'est nécessaire. Je n'attends pas vraiment de réponse. Car ma peine me ronge et je n'arrive plus à contrôler toutes ses larmes qui me mouillent le pelage et la terre déjà humide de brume.
«Confidence entre un ange de la lumière et un ange déchu»
Nashira afficha un masque de haine et de colère, comme pour cacher sa peur et ne pas paraître impressionnée. C’était légèrement raté car une forte odeur de peur régnait à présent dans cet endroit des plus sombres. Une moue dégoutée s’ajouta à son rictus haineux lorsqu’elle entendit les rauques paroles de ma double personnalité. Cependant, lorsque mon Démon lui dévoila son horrible vérité, son masque tomba, dévoilant un air terrifié. Elle semblait bouleversé, perdue même. Toutes ses vérités avaient éclatées en mille morceaux suite à la révélation de mon autre moi.
Nashira s’assit soudainement dans l’herbe trempé, ses yeux écarquillé comme si elle venait d’avoir une révélation. Et elle se mit à rigoler. Un rire cristallin mais presque aussi démentiel que celui de ma double personnalité. Elle semblait avoir pété un câble, être devenu folle suite aux dires de mon Démon. Ses éclats de rires résonnent dans les troncs creux des arbres morts, créant une atmosphère encore plus terrifiante. Cependant ma double personnalité, elle aussi assise, affichait son air fou, mêlé de satisfaction. Etait-elle contente de ses actes ? Ça je pouvais en être sûr. Elle était autant ou peut-être même plus intelligente que moi. Nashira se mit à me fixer en prenant un air tout aussi insolent que Démone il y a quelques minutes, puis elle déclara :
« Je rajoutes aussi le surnom de Gamine à mon répertoire. Même si je suis plus veille que toi osais-je te rappeler. » A quoi jouait-elle ? Cherchait-elle à imiter mon autre moi pour la déstabiliser ? Si c’était le cas cela ne fonctionnais visiblement pas car mon/son sourire satisfait et cruel s’élargit, écoutant avec attention la Felinae. La femelle brune sembla l’imiter en affichant à son tour un large sourire, légèrement provocateur. Elle reprit, implacable, sure d’elle :
« -Ainsi donc tu crois que Plume Noire fait partie de toi Corbeau ? Hum hum... c'est toi qui as ta propre version des faits. Mais si je pars sur ton raisonnement, alors moi aussi j'ai un Démon, mon sourire sadique grandi, qui aime me torturer assez souvent en ce moment... . Veux-tu que je te dise comment il s'appelle ? C'est le Passé. Mon Passé. Et il est bien plus monstrueux que toi. De plus, lui ne s'impose pas à ma vue et ne m'aide pas pendant un combat. »
Nous avions tous une part sombre en nous. La mienne semblait être devenu une entité ‘’à part’’, mais jusque-là, Nashira n’avait jamais dévoilé la sienne, du moins pas sous la forme d’une folie dévastatrice. Les mots avaient un tel pouvoir que Nashira, comme pour se défendre, avait dû faire ressortir des souvenirs douloureux et profondément enfouis.
Mon amie, si chère à mes yeux, semblait dans une profonde détresse. Tout ceci semblait entièrement de ma faute, même si je me doutais que c’était faux, que je ne pouvais pas être la cause de tous ses malheurs. Le féline baissa la tête, fixant le sol de ses yeux devenus humides par l’émotion. Sa voix redevins normale, enfin presque. Elle était emprunte de gentillesse mais aussi de regret :
« Je te préfère au passé Corbeau ! Tu peux commettre les pires atrocités du monde, Plume Noire ne sera qu'en parti responsable des méfaits que tu commets ! Mais les erreurs, les douleurs... elles, elles sont cent fois plus tenaces ! Je sais que tu n'as pas dû avoir un passé très simple mon amie, mais tu n'es pas seule à porter ce poids. »
Elle devait porter sur ses épaules –et sur ses ailes-, un lourd passé. DE mon côté, je semblais être une de ses seules pour lesquelles mon passé traumatisé se résumais à ma famille que l’on m’avait arraché et à une opération qui avait changé ma vie. C’était déjà assez dur, mais j’avais connus un relatif moment paisible auprès de ma famille et je ne pouvais pas me plaindre de cela.
J’aperçois des larmes couler sur le museau de Nashira. Elle se murmure à elle-même, sa voix étouffée par de discrets sanglots :
« -Elle est morte... à cause de moi... »
Ainsi, elle avait une mort sur la conscience. De mon côté, jamais mon Démon n’avait tué. Ce n’était pas drôle à son goût, il préférait largement entendre les cris agonisants de ses victimes, ce qui était loin d’être agréable pour moi. Cela me plongeais dans un sentiment de profonde culpabilité.
Sur la douce fourrure déjà trempée de la Felinae, s’ajouta un flot de larmes incontrôlables, venant du cœur. Elle semble supplier à ma double personnalité :
« Alors s'il te plaît, protège-la. Protège la de tout malheurs et ne t'impose à elle que quand c'est nécessaire. »
Elle semble s’effondrer dans sa tristesse, n’attendant aucune réponse de la part de ma Double Personnalité. Elle se renferme, que dis-je, s’enferme à double tour dans un monde qu’elle seule connaît et qui la ronge du plus profond de son âme.
En voyant la détresse de mon amie, mon Démon ne put retenir un lugubre rire rauque, cruel, impitoyable et par-dessus tout sadique, son œil rouge sang affichait un amusement sans nom, tandis qu’un insupportable sentiment de culpabilité laissait coulé de multiples larmes par mon œil vert émeraude. Je me haïs, haïs ce pouvoir qui coulait dans mes veines. Si seulement ce n’était pas la douleur mais les sentiments, ou encore les souvenirs que je pouvais retirer à ma guise. Ainsi j’aurais pu alléger sa tristesse et son désespoir. Mes ailes se replièrent, et ça, c’était bien sous mon contrôle. Mon Démon en avait-il assez ? Non, il aimait voir la souffrance. Cependant il me laissait plus de contrôle. La moitié gauche de mon visage fut complètement sous mon contrôle. Tandis qu’une moitié de sourire fou était toujours affiché, l’autre moitié de mes babines affichais une moue indécise. Que pouvais-je faire ? Que pouvais-je bien faire pour alléger l’esprit de ma camarade ? Mon cerveau tournait à cent à l’heure.
Je voulus soulever ma patte gauche lorsque le poids de la chaîne qui y était enroulé m’en empêcha. En deux mouvements, j’emprisonnai mon aile gauche. L’espace de quelques instants, mon Démon sembla contrarié mais ne fit rien. Je laissai l’autre à l’air libre. Je me relevai, mon Démon relâchant la pression, mais gardant l’œil rouge et sa moitié de sourire. Je m’avançai, chancelante, vers mon amie qui visiblement ne percevais plus rien de ce qui l’entourai. Maladroitement, je m’assis à côté d’elle et étendit mon aile droite qui était encore libre –que je considérais toujours comme une aile de corbeau-, de façon à l’entourer, comme pour la protéger. Je la fixai, enfin, nous la fixions. Les rayons de la lune se fixèrent sur le visage en pleurs de Nashira. Ou était passé la Nashira qui profitait de l’instant présent ? Celle-ci joyeuse et enfantine ? Pour la première fois depuis qu’elle existe, ma double personnalité m’aida à trouver les mots. Elle commençait à en avoir assez de voir des gens pleurer alors qu’ils ne sont même pas blesser, mais ce qui l’irritais le plus, c’est qu’elle savait que ce n’était pas à cause d’elle de la Felinae souffrait. Enfin bon, je ne peux toujours pas expliquer son geste, mais, d’un sérieux qui m’était inconnu, elle dit, sa voix rauque ne trahissant aucune émotion :
« On ne peut pas vivre l’instant présent tant que l’on n’a pas affronté son passé ni ses actes. Cependant s’effondrer en pensant à ce qui a été fait ne s’appelle ni vivre, ni affronter son passé, c’est au contraire être dévoré par celui-ci. Impose-toi l’idée que tu ne pouvais rien y faire. Et c’est la vérité. Je ne peux pas non plus te dire comment affronter tes souvenirs, ça chaque personne se doit de trouver une solution qui lui est propre. »
Ma double personnalité marque une pause puis déclara :
« Oh et puis je ne suis pas douée pour ce genre de chose Gamine, je pense que tu as compris ce que je voulais dire. »
De ma gorge sortie un ricanement gêné où l’on percevait une pointe d’agacement. De mon côté, je restais dans mon mutisme, j’étais dépassée par les évènements. Je me contentais de la fixer d’un regard doux et interrogatif. Un silence gêné s'installa dans le lugubre endroit, pendant que le vent faisait cliqueter mes chaînes et bruisser les branches des arbres.
Son rire satanique et cruel retentit. Sans qu’il s’en rende compte, ce Corbeau de malheur venait de me faire basculer encore une fois dans le passé. J’entends encore leurs rires en écho dans ma jeune tête. J’étais tellement paralysée que je suis restée plantée devant l’horrible spectacle que m’offrait son corps. Et en boucle je vois le Soldat, griffes dehors. D’un coup de patte mortel, lui ouvrir la gorge. Son sang écarlate a inondé le sol. J’ai hurlé, de peur, de rage, de tristesse. Sa propre chaînette autour du cou s’est fendue en deux. Comme sa gorge. Je la revois tomber au ralenti, ses longs cheveux détaché étant les derniers à atterrir sur le sol souillé de son sang. J’étais couverte de son sang, les larmes n’ont jamais inondé mon pelage qu’autant à ce moment-là et dans les mois qui ont suivi. Alors qu’ils m’éloignaient d’elle j’ai sombré. Si cela n’avait pas était empêché par le ciel et les oiseaux. Mais maintenant que je suis libre, je me sens encore plus vulnérable. Le Passé me rattrape et me noies dans mes horribles démons. Je me sens seule, faible. Comme étant incapable de protéger ceux que j’aime. Et pendant que je rumine ces horribles et tragiques événements, mes larmes m’ont empêché de voir ce qui se passe dans le présent pour mieux me noyer dans mes cauchemars. Je broie littéralement du noir. Mais je me fiche que mon Passé me détruise…
Quelque chose de chaud m’enveloppe alors. Une immense aile pour être exact. Le rire du démon s’est tu dans les deux mondes où je me trouve. L’aile de mon amie me réconforte, même si je sais que son Corbeau fait désormais partie d’elle. Je décide de l’accepter comme elle est, à part entière. Donc je ne bouge, de toute façon je ne pourrai pas le faire. Ma tristesse me paralyse. Le Démon prend alors la parole, avec une part de mon amie quand même, et me dis : -On ne peut pas vivre l’instant présent tant que l’on n’a pas affronté son passé ni ses actes. Cependant s’effondrer en pensant à ce qui a été fait ne s’appelle ni vivre, ni affronter son passé, c’est au contraire être dévoré par celui-ci. Impose-toi l’idée que tu ne pouvais rien y faire. Et c’est la vérité. Je ne peux pas non plus te dire comment affronter tes souvenirs, ça chaque personne se doit de trouver une solution qui lui est propre. Si je n’étais pas aussi bouleversée, je rirais à cet instant. Tellement comique qu’une personnalité qui sème la mort essaie de me réconforter. Celle-ci fait une pause et reprend : -Oh et puis je ne suis pas douée pour ce genre de chose Gamine, je pense que tu as compris ce que je voulais dire. Il rigole alors comme s’il était gêné. Je ne peux pas croiser le regard de mon amie pour l’instant, je suis trop occupée à refaire mon deuil pour l’instant. Alors un silence s’installe. Je suppose qu’il ne doit pas être très confortable pour Plume Noire, mais pour moi, il l’est.
Je reste de longues minutes ainsi. Sans bouger, sous le clair de lune, à expier mon deuil… . Alors un mot revient, un seul. Que ma peine avait emporté loin, dans l’océan de ma tristesse. Un seul, qui m’a donné l’envie de me battre. Stupide Démon qui me l’avait fait oublier ! Cependant, je lui dois une part de remerciement. À ce souvenir, les pleurs se calment d’eux-mêmes. D’une voix un enraillée et pleine de souvenirs douloureux, elle s’affermit au cours de mon discours : -Tu as raison. Je sais que le Passé peut m’emporter au loin, mais je m’en fichais. J’avais trop mal pour essayer de me battre. À toi Démon, et à toi Plume Noire, je te dois mon histoire. Je fais une courte pause te reprends : -J’ai vu le jour seule, dans la Ville, j’allai mourir en fait. Pas de mère pour me nourrir, rien du tout. Une humaine est miraculeusement apparue et elle m’a élevé et nourri. Pendant deux ans. Quand j’ai ouvert les yeux pour la première fois, c’était sur elle. Elle est devenue comme ma mère. Elle m’a tout apprit. Tu dois bien te douter que ce ne fut pas facile de vivre dans cet horrible monde. Elle m’a appris à me battre. Et un puis, elle m’a offert cette chaîne. Un jour, les humains et les Soldats ont débarqués. On s’est battu, mais ils nous ont eus. Et…, tout se bloque dans ma gorge, et… ils… ils l’ont… tué. Ils l’ont tué sous mes yeux impuissants. Alors elle m’a dit un mot. Ou plutôt, à essayer de prononcer un mot, car elle avait la gorge tranchée. Je l’ai compris… comme « vis ». Je me suis décidée à le faire après plusieurs mois de captivité avec juste un bout de ciel et quelques oiseaux pour ne pas perdre la tête. Et maintenant me voilà, encore rongée par la culpabilité. Tout cela parce que je repense encore à mes erreurs. Alors que l’on savait qu’on était impuissantes. Même si je vis avec ce poids maintenant, certaines personnes ont le don de me replonger dans mes horribles souvenirs par inadvertance. Je plante mes yeux mouillés dans les siens, me détachant de sa chaude étreinte par le même coup. Une partie de son visage est bienveillant, l’autre étant toujours occupé par un monstre.
Je me relève et me mets face à elle d’un air décidé. Alors, avec des paroles pleines de raison je la rassure : -Ce n’est pas ta faute si je pense à mon passé. Ne t’en sens pas coupable. C’est juste… comme cela. Au passage, merci Démon, pour une fois que tu deviens mature. Alors je ris de bon cœur, les dernières larmes aux coins de mes yeux s’envolant dans la nuit. Je me fiche alors que Plume Noire ne soit pas maîtresse de ses faits et gestes. Une envie de jouer me prend et je saute sur mon amie au pelage noir, pour… oublier. À nouveau.
À chaque fois que je croise mon amie, quelque chose d'innatendu nous arrive. Les larmes aiment couler. Parfois le sang aussi. J'espère juste que, la prochaine fois, nos chemins ne se croiseront pas avec des larmes. Que, la prochaine fois, on rira toutes les deux comme deux amies normales. À nous raconter toutes nos histoires. Que dis-je ! Deux amies ? Non, comme deux confidentes.
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