La nuit était tombée depuis plusieurs heures et quelques grillons et criquets survivants chantaient. Je marchais sous les rayons de la lune comme à mon habitude, mon esprit torturé par les actes de mon Démon. Depuis qu'il c'était réveillé, il ressurgissait de plus en plus souvent, provoquant de nombreux combats. J'avais peur que ma double personnalité prenne le dessus et que je devienne un démon sanguinaire et cruel. Enfin, j'avais déjà réussi à trouver le moyen de communiquer avec elle.

Mes pas m'avaient menés comme souvent dans la Forêt empoisonnée et je me mis à longer le ruisseau. Un léger vent avait ébouriffé mon pelage d'habitude si bien lissé. Mes chaînes entravent mes ailes me serraient et elles provoquaient souvent des saignements, ce qui faisait que mes plumes couleur de jais étaient souvent parsemés de perles pourpres. Sous ma fourrure se devinait ma musculature qui c'était développé au fil des combats et de mes longues marches nocturnes.  Quand à mes yeux, ils scintillaient légèrement, ressemblants à de véritables émeraudes.

Je décida de faire la leçon à ma double personnalité.

- T'es trop dangereuse décidément, tu n'arrêtes pas de m'apporter des problèmes.

Je la sentie bouger en moi, et quelques traces de rouges apparurent dans mes yeux, signe qu'elle m'écoutait. Cependant elle garda le silence. Pourquoi refusait-elle de me parler mentalement, elle qui à été si bavarde lors de ses précédentes apparitions ? Enfin, je devais sembler idiote, à parler à une personne invisible. Cependant je continua de parler, ma voix calme et posée :

- -La dernière fois t'es allé trop loin, j'avais dis pas de sang !

Cette fois-ci, elle finit par se manifester, toujours avec cette voix rauque emplie de sadisme et d'ironie :

* Ne te plains pas ! J'ai été relativement gentille, et je me suis retenue de la blesser sérieusement, cette chatte qui se croyait supérieur a mo... nous !

Elle ricana dans ma tête, puis ajouta :

* En plus elle m'amuse, elle fait semblant de ne pas être effrayée mais on lit parfaitement sa peur et sa souffrance dans ses yeux... C'était délicieux de la blesser ne serait-ce qu'un peu..*

J'étais dégoûtée par ses paroles, je ne comprenais décidément pas son goût pour la torture. Comment un être empli de violence pouvait-il venir de mon âme ? Moi qui n'aime pas voir les autres souffrir... et je n'avais pas non plus un goût prononcé pour le combat, loin de là.

C'est alors que je sentis une présence derrière moi. Je dressa les oreilles et sortie mes griffes, prête à me défendre en cas de besoin. J'entendis alors une voix glaciale et tranchante dans mon dos :

- Que fais-tu, seule ici ?

Je me retourna, rapidement, faisant face au visiteur. Ce félin, visiblement un mâle, devait avoir été génétiquement modifié car il était doté d'une pair d'ailes au bouts bleutés ainsi que des yeux vairons d'une couleur inhabituel, l'un violet et l'autre bleu comme la glace. En plus de ces iris improbables, ses yeux brillaient dans le noir d'une manière surnaturel. Le chat noir me surplombait par la taille, comme la plupart des chats que je connaissais, sauf que ce mâle était tout de même imposant. Son visage n'affichait aucune expression mais je restai quelques secondes sans réaction, presque hypnotisée par ses yeux. Je fini par ma reprendre, regroupant mes pattes de façon à pouvoir réagir rapidement en cas de pépins.

Mon Démon ricanait dans mon esprit, laissant quelques traces rouge sang resurgirent dans mes iris. Ce dernier espérait qu'il aurait une nouvelle occasion de se battre. Moi, je souhaitais tout le contraire. Je ne reconnaissais pas son odeur donc je supposais que c'était un solitaire.

Je finie par lui répondre, parfaitement calme et laissant le même visage de glace que le sien.

- N'a-t-on pas le droit de se promener sous les rayons de la lune, une si belle nuit ?

Je fis une pause, puis, ne lui laissant pas le temps de parler, j'ajouta à son attention :

- Et je pourrais te retourner la question.

L'imposant mâle lui répondit juste après, toujours calme, l'air même sérieux :

- Alors va s'y, retourne moi ma propre question.

Soit ce chat n'avait aucune mémoire et était un débile profond, ce dont je doutais vraiment, soit il cherchait à me provoquer.

*Tu ne m'aura pas comme ça, inconnu. J'en ai une bien plus agaçante que toi dans ma tête.*

Pensais-je. Bien sur, je parlais de mon Démon qui faisait la plupart du temps des commentaires sur mes moindres paroles et mouvements, bien que ce n'était pas le cas cette nuit. Cela dit la chatte en question me signala une fois de plus sa présence. J'esquissa un léger sourire l'espace d'un instant avant de répéter au félin la question qu'il m'avait posé quelques minutes avant. Il ne me répondit pas, ce qui valida ma seconde hypothèse. Il se mit à plisser des yeux, suspicieux, et me demanda d'un ton neutre à qui je parlais tout à l'heure. Ainsi, il me suivait depuis un petit moment. Je devrais être décidément plus sur mes gardes. Je voulais garder la surprise de ma double personnalité au cas où cela tourne mal et je lui répondis :

- Vous souhaitez gardez secret la raison de votre présence ici, je n'ai pas à vous dire à qui je m'adressai tout à l'heure.

Décidément je me dis que j'avais pris du répondant depuis la présence de ma double personnalité. J'étais très intriguée par cet étrange personnage mais je ne rétracta pas mes griffes. Nous étions visiblement tout les deux sur nos garde, la tension montant entre nous. J'entendais dans mon esprit les ricanements de ma Démone, celle-ci avait l'air excitée et souhaitait combattre.

* Tu es drôlement patiente par rapport à ta rencontre avec Mlle. "Je suis supérieur à toi car je suis une Felina". Au moins je n'avais pas eu à te forcer la main pour me défouler.*

Il était vrai que je sentais la présence de l'esprit plein de haine et de cruauté monter en moi, mais je tin bon. Presque la totalité de mon iris gauche était d'un rouge sang lorsque je cligna des yeux pour me débarrasser de cette coloration non voulu. Cela eu l'effet escompté et je me remis à fixer les yeux vairons du chat qui me faisait face.

Le mâle répondit à sa réponse tranchante par un sourire qui disparut très rapidement pour laisser à nouveau place à son masque froid ne laissant paraître aucun sentiment. Toujours avec ce même ton neutre, il ajouta après plusieurs secondes de silence :

- Si je t'avoue ma présence ici, me diras tu as qui tu parlais.

Je fus légèrement étonnée par sa question mais nous voulions tout les deux en savoir plus sur l'autre. J'hochai donc légèrement la tête, prête à écouter ses dires. Le félin sembla se décontracter et s'assit, se mettant à mon niveau. Il enroula sa queue autour de ses pattes et raconta simplement qu'il se promenait comme moi au bord du ruisseau puis il ajouta qu'il appréciait se promener à la fraîcheur du soir lors d'un été aussi chaud et sec. Je resta cependant suspicieuse. Pourquoi avait-il refuser de me le dire la première fois alors qu'il n'y avait rien de mal dans ce qu'il racontait ? Il me demanda alors, d'un ton normal et beaucoup moins distant :

-Et toi, que faisais-tu ?

Ses paroles furent suivies d'un ronronnement. Quand à moi je restais tout de même sur mes gardes, griffes sorties et prête à bouger. Je tins cependant ma parole et dit, voulant tout de même garder une part de mystère :

- Et bien il s'avérait que je parlais à moi même... en quelque sorte. Je le fais souvent lorsque je fais mes promenades nocturnes.

*Enfin, pas seulement quand tu marche la nuit !*

Ricana mon Démon. Je sentais que celle-ci avait décidément très envie de sortir mais je lui en empêcherais, du moins, jusque c'e que j'ai besoin d'elle.

Le mâle souhaitait visiblement toujours en savoir plus sur moi et relança la discussion qui avait commencé à faner, le ton légèrement enjoué :

-Quel est ton pouvoir ?

C'était incroyable à quel point le comportement de ce mâle avait évolué. Il était passé de froid, distant presque prêt à attaquer, à un chat curieux, presque joyeux. Peut-être croisait-il généralement des félins hostiles ? Je fus tout de même légèrement prise au dépourvue. Son pouvoir, je l'avais toujours rejeté. Il me dégoûtait et je souhaitais par dessus tout m'en débarrasser. Je me rendis soudain compte que depuis l'apparition de ma double personnalité, mon choc avait diminué et j'avais été moins nostalgique et susceptible. Cependant la question du félin ranima un peu ce choc. Je me tins quelques secondes la tête baissé, les yeux dans le vagues, presque au bord des larmes. Je me retins cependant pour ne pas me retrouver dans la même position désagréable que lors de ma rencontre avec la chatte nommée Talia. Je releva la tête et ne pus dire qu'un :

-Euh.... Et bien...

Heureusement pour moi, le chat sembla se rappelé de quelque chose et me demanda :

-Au fait, comment t'appelles-tu ?

C'était bien plus facile de répondre à cette question et peut-être moins dangereux, je ne savais moi non plus quel était le pouvoir du solitaire. Je dis simplement et avec mon calme retrouvé :

- Mon nom est Plume Noire.

Je fis une légère pose et ajouta :

- Et toi ? Comment te nommes-tu ?

En attendant sa réponse, je continua à me battre contre ma double personnalité. Elle perdait patience et voulait combattre. De l'extérieur, la seule preuve de ce combat mental était l'évolution de volutes rouges dans mes iris, et peut-être le faîte que j'avais légèrement enfoncé mes griffes dans l'humus de la forêt.

Le mâle sembla remarquer que mes yeux subissaient petit à petit un changement de couleur. D'ailleurs le passage du vert émeraude au rouge sang était assez désagréable pour moi. Il y eu un petit moment de silence pendant lequel je continuai de me battre intérieurement contre mes sentiments et mon propre Démon. Celui ci ne voulait qu'une chose : se battre, faire souffrir le chat qui me faisait face.  Je remarqua cependant que le félin ne m'avait pas donné son nom, et pire que ça, il repose la question qui me faisait tant souffrir, d'un ton naturel et curieux :

-Est ce que je pourrais connaître ton pouvoir ?

Devrais-je lui dire ? Ne serait-ce pas trop dangereux de lui avouer mon pouvoir si horrible et cruel ? Je me retrouva une fois de plus dans cet état de choc qui arrivait quand on me posait cette question. J'étais comme paralysée. Une larme commença à couler de mon oeil droit. Je ne fis plus attention à ce qui m'entourait, mon esprit torturé par cette question. Je ne voulais pas de ce pouvoir, je voulais m'en débarrasser et au pire l'oublier. Mais il revenait constamment dans mes pensées.

C'est alors que mon Démon lança une autre "attaque mentale", il profita de mon trouble pour s'infiltrer et je sentis cette haine, cette souffrance et cette violence monter en moi, me prendre à la gorge et faire bander mes muscles. Je voulu ouvrir la bouche mais je sentis alors mon oeil gauche complètement empli d'un rouge sang violent. Je me mis à trembler, je sentis un large sourire foux et cruel que je connaissais bien s'esquisser pendant que mon oeil droit changeait de couleur. J'étais à présent emprisonnée dans mon propre corps, ma double personnalité avait ressurgit une fois de plus. Le pire dans tout ça, c'est que je n'avais même pas retiré mes chaînes de mes ailes.

Je releva la tête, mes yeux rouges aux pupilles dilaté, une larme coulant sur ma joue qui fut lécher par ma langue, ma langue qui sortait de ce sourire démoniaque. Mon démon se mit à ricaner de plus en plus fort, de sa voix rauque et sadique. Après son fou rire, elle se tourna d'un geste vif vers le mâle aux yeux vairons, se léchant les babines. Elle m'adressa la parole à voix haute:

- Il faut dire que tu as bien résister, chère Pluplume ! Mais maintenant, c'est à moi de me défouler.

Elle finit ensuite par parler à l'imposant matou qui nous dominait par la taille :

- Si tu savais a quel point j'avais envie de planter mes griffes dans ta chaire et que Pluplume m'en empêchais ! J'ai l'impression que ça fait une éternité que je n'ai plus entendu de cris de douleurs.

Elle se mit à nouveau à ricaner. Toujours de cette voix qui n'était pas la mienne.  Elle commença à s'approcher du félin, prête à lui bondir dessus. Emprisonné, je pouvais lire dans son esprit l'envie de voir la peur dans les yeux vairons de celui qui lui faisait face. Et moi, encore une fois, je devais attendre qu'elle soit suffisamment épuiser pour reprendre le contrôle.

Contrairement à ce à quoi je m'attendais, la mâle qui me faisait face ne fut pas apeuré par la transformation de mon caractère, loin de là. IL semblait même ravie. Il avait retrouvé son masque de glace, mais celui ci était ornée d'un sourire aussi cruel que celui que j'affichais à cause de ma Démone.  Ainsi, les émotions qu'il avait affiché lors de notre discussion n'était qu'un autre masque pour que je sois moins sur la défensive ? Serais-je tombé sur un autre démon ? J'espérais au moins que le talent au combat de mon Démon m'aiderai à m'en sortir vivante. Le félin semblait lui aussi impatient de se battre. Comme je n'avais pas encore bougé, il insita ma double personnalité à donner le premier coup :

-Bah va s'y, qu'est ce que tu attends, je suis tout à toi.

Cette dernière était entrain d'évaluer son adversaire et jugea visiblement d'utiliser la même approche qu'avec sa précédente victime, c'est à dire qu'elle commence par prendre de la distance. Je sentis mes pattes arrières se contracter et je me mis à courir à une vitesse grisante que seule ma Démone arrivait à atteindre. Mon rythme cardiaque commençait à accéléré pour fournir l’oxygène nécessaire à mes muscles. Je sautais de fourré en fourré, mon pelage noir se confondant dans l'ombre des arbres. Je tournais autour de mon adversaire.

Je fis un mouvement de la patte en même d'un de l'aile, et toujours avec ce geste expert, je retira avec une grande agilité une des chaînes de mes ailes. Cette dernière s'enroula autour de ma patte droite, comme mon Démon en avait l'habitude. Mon aile libéré resta cependant contre mon flan, de façon à ce qu'elle me permette de prendre de la vitesse sans me gêner dans mes mouvements.

Mes poumons commençaient à me brûler mais mon Démon n'en laissa rien paraître de l'extérieur. J'avais l'impression qu'il n'y avait que moi, la personnalité de base et surtout emprisonnée dans mon propre corps, qui souffrait.

J'apparu enfin face au matou aux yeux vairons. D'un geste vif et rapide, je fit tournoyer ma chaîne et la lança en direction de l'aile gauche du chat. Malheureusement, le coup fut dévié par... une lame entourée de flammes bleutées qui flottait dans les airs ??! Alors c'était ça le pouvoir de ce chat ? Pouvoir faire apparaître des armes humaines n'importe où et les contrôler à distance ? C'était très dangereux pour moi/nous... D'ailleurs, en voyant l'arme apparaître, le sourire démoniaque de ma double personnalité avait disparu l'espace d'un instant.

Cependant elle avait d'autres coup en réserve et elle bondit sur l'imposant mâle. Elle atterrit sur son dos de façon à ne pas s'accrocher à sa fourrure et à sa peau. En quelques secondes, elle profita de l'étonnement du chat pour, avec mes griffes, creuser deux sillons sanguinolents sur chaque flan de son adversaire. Elle émit un ricanement sadique, lécha une des griffes couverte de liquide pourpre et fit un bond en arrière afin de prendre à nouveau de la distance.

Dans ses yeux comme dans son esprit, on pouvait lire deux mots dominants les autres : "faire souffrir". Où allait-elle s'arrêter ? Prendra-t-elle définitivement le contrôle un jour, et deviendrais-je alors un démon ?

En ressentant les entailles que j'avais asséné sur ses flans, le mâle se contenta de serrer les dents, preuve qu'il souffrait tout de même un peu, ce qui encouragea mon Démon à le blesser. J'avais effectué un bond en arrière et je toisais le grand félin.  

Je vis alors l'épée bleutée qui flottait près de lui se dirigé rapidement vers moi. D'un bond, aidée d'un battement d'aile, je parvins à l'éviter, sentant juste le métal froid frôler mon pelage, sectionnant au passage quelques poils couleur de jais. Ce à quoi je/mon Démon ne s'attendait pas, c'était que cette lame en cachait un petit poignard. Je voulu me décaler mais c'était trop tard, le couteau entailla assez profondément mon épaule pour que mon démon serra les dents. La lame continua sa route, traçant un sillon rouge sur mon flanc. Le sang coulait sur mon abdomen, ressortant sur le beau noir de ma fourrure.

Emprisonnée dans mon propre corps, ma double personnalité aux commandes, je hurla de douleur, mais cela ne se voyait pas à l'extérieur. Je m'étais arrêté de bouger. Mon Démon semblait élaborer une stratégie. En face, mon adversaire fit apparaître une nouvelle arme composée de deux sphères recouvertes de piquant. Il la faisait tourner autours d'elle, de façon à ce que je ne puisse pas m'approcher sans risquer d'avoir des os fracturés ou pire encore.

C'est alors que je m'assis au sol et me mis à lécher le sang de mon ennemi, mêlé au mien, qui était présent sur ma patte droite. Je regarda d'un air de défit le chat aux yeux vairons, puis, après avoir reposé ma patte et m'être mis debout je lança, d'une voix rauque caractéristique de ma Démone :

- C'est tout ce dont tu es capable ? Ou alors tu n'ose pas... Pitoyable.

C'était de la provocation pure. Mes yeux étaient faussement emplis de mépris et j'avais pris un air hautain. Mais dans l'esprit de ma double personnalité, je pouvais lire une intelligence et cette même envie de faire souffrir. Elle voulait que je souffre encore plus où quoi ? Me détestait-elle autant que moi je la détestais ? Ressentait-elle aussi la douleur? Cette question, je pouvais y répondre, oui, vu qu'elle avait serré les dents lorsque le couteau m'a blessé à l'épaule. Ainsi elle arrivait à supporter le fait d'avoir si mal... Je compris alors la stratégie de mon Démon. Elle souhaitait emmagasiner plus de souffrance pour tout transmettre à notre adversaire, et essayer de le mettre K.O d'un coup... C'était non seulement risqué, mais en plus l'idée d'utiliser mon pouvoir me répugnait, me donnait envie de vomir.

En attendant, je remarqua que l'épée et le poignard avaient tout simplement disparu.

Le matou encaissa l’insulte mais ces yeux étaient emplis de haine envers moi. Je restai immobile, un large sourire traversant mon museau et mes yeux fixaient le solitaire d’un air provocateur. J’attendais de voir se dont il était capable. Le temps était comme figé, seul le goupillon flottant de mon adversaire ne semblait pas être atteint et se dirigea vers mon épaule avec vitesse et précision. Je soufflai de mépris face à une attaque si direct et peu tactique. Je me décalai afin de ne pas être blessé trop sérieusement et pouvoir continuer de me battre. Je misais sur le fait que l’arme soit déjà lancée et ne puisse changer de trajectoire.

Au final, les piquants déchirèrent une partie de mon épaule et de mon flanc, ce qui propagea une onde de souffrance dont je me délectai intérieurement. Il venait de me donner une nouvelle arme de plus contre lui. Je scrutai la blessure, dont le sang coulait abondamment. Je ne pouvais cependant pas me permettre une nouvelle blessure ou je risquais d’y laisser ma fourrure.

Je voulus réagir mais je fus stoppée net en voyant l’intense couleur bleue qui émanait des yeux de mon adversaire. Ses muscles étaient tendues et émanait de lui une intense concentration. Je vis alors apparaître de nouvelles armes, toutes plus tranchantes les unes que les autres. Je fus alors pris au piège, le moindre mouvement de ma tête risquait de faire se planter une des lames dans ma nuque. Je me maudis intérieurement, mon excitation m’avait déconcentré et je n’avais pas envisagé cette possibilité périeuse pour ma personne –et aussi pour ma mauviette de Plume Noire- .
Je levai les yeux et vis le mâle afficher une mine satisfaite et supérieur, ce qui m’irrita légèrement. Je gardai cependant mon inimitable sourire, mon cerveau tournant à toute allure pour dénicher un moyen de gagner l’affrontement. Il me cracha, un sourire narquois aux lèvres :

« Alors, tu te rends ? »

« Jamais », résonnai dans mon esprit au plus profond de mon être, même Plume Noire avait dû l’entendre. Je me contrôlai afin d’empêcher mon corps de trembler par le manque de sang dans mes veines qui commençais à se créer. Je devais utiliser mon pouvoir et vite. J’allais devoir ruser pour m’en sortir, et ne pas respecter les possibles règles existants dans un combat. Mais qu’avais-je à faire des règles ? N’étais-je pas ce Démon sadique et libre que Plume Noire tentais vainement d’entraver ? Mon rire rauque résonna dans la forêt silencieuse, renvoyé par les épais troncs des arbres. Après plusieurs minutes de fou rire, je finis par me reprendre et lança un regard au matou qui semblait surpris par mon comportement.

D’un air provocateur, je pris une des lames dans ma gueule, la coinçant entre mes dents de façon à ne pas me couper la langue. De ma patte gauche, je déviai une des lames, me sectionnant plusieurs  coussinets. Du sang ruisselait de ma plaie mais je m’étais dégagé un étroit passage. Mes ailes de corbeaux plaquées contre mon corps, Je sortie du demi-cercle en m’avançant. Je crachai la lame, et regarda d’un air de défis mon adversaire. Mon épaule et mon flan étaient imprégné de pourpre tout comme ma patte. Je ne tiendrais pas très longtemps avant de m’écrouler. Je me stoppai à quelques longueurs de queue du félin. Je sentis en moi la chaleur de mon pouvoir m’envahir, absorbant chaque parcelle de douleur de mon corps. Je ne tremblais plus, j’avais 1 minute pour déterminer la fin du combat. Je déclarai alors, la voix sûr et impérieuse :

« Voilà ma réponse. »

Et je m’élançai sur lui, je n’avais besoin que d’un simple contact. 45 secondes. Mes ailes se déplièrent, me donnant assez d’impulsion pour pouvoir le toucher. Je tandis ma patte droite, comptant simplement sur l’effet de surprise. 30 secondes restantes. Chaque seconde comptait. En moi, Plume Noire hurlait de désespoir, de souffrance et de haine, mais je n’écoutais pas. Pour moi seule comptait l’issue de la rencontre.