Je m'étais réfugié des bruits de la ville croulant sous la chaleur en marchant jusqu'à cet endroit où je n'avais jamais mis les pattes auparavant. Le début d'après-midi exposait un soleil cuisant et chaque pas me semblait être un effort considérable. Tout cela pour l'espoir d'un endroit frais où le soleil ne pourrait pénétrer. La ville engloutie avait été découverte depuis des mois suite à une tempête de sable mais je n'avais jamais eu la curiosité d'y aller fourrer mon museau. J'avais souvent entendu parler de ces lieux autrefois invisibles, cachés, aux milles merveilles et dangers, sans jamais franchir la limite séparant la ville de sa soeur ensablée. Il faut dire que je n'avais jamais été un félin très curieux, ne s'en tenant toujours qu'à ce qu'il savait déjà. Je n'étais pas un explorateur, je ne découvrais aucun lieu surprenant. Non, je suivais les sentiers, j'évitais les endroits inconnus de tous. J'étais méfiant, toujours.
Et pourtant, depuis quelques jours, je me sentais revivre. Ce sentiment indescriptible, inédit, me faisais chavirer le coeur. J'avais retrouvé Opaline. Nous étions de nouveau ensemble. Aucun mot ne pourrait décrire comment je me sentais actuellement. Je n'avais jamais été heureux. Jamais je ne m'étais pas inquiété du lendemain, jamais je ne m'étais senti léger, jamais je n'avais aimé ainsi. Je me sentais transformé, différent. Moins renfermé, plus jovial, même si jamais je ne perdrai ce que certains appelaient mon sale caractère. J'étais tout simplement heureux de vivre.
Ce jour là, j'avais décidé de franchir le pas et d'aller mettre les pattes dans cette fameuse gare. Ce nouveau Moi se sentait bizarrement plus vaillant, craignant moins d'aller vers l'inconnu. Mais jamais je ne perdrai ma méfiance. Alors je marchais discrètement, regardant souvent autour de moi, les sens en alerte. Le lieu était silencieux, paisible. Le seul son qui venait perturber ce silence était le clic régulier à l'extrême de l'horloge de la gare. Le temps avait toujours été une obsession pour les Hommes. Aller vite, toujours plus vite, sans remarquer que tout était rasé sur leur sillon dévastateur. Et voilà où leur avait mené leur folie. Plus rien si ce n'est la guerre, la faim, la soif, la mort. Alors, presque symboliquement, je pris le temps de m'arrêter, d'observer. La nature avait repris ses droits sur les bancs et guichets, entourant délicatement les panneaux et autres lumières éteintes depuis des lustres. Les rayons passaient à travers le toit de verre, donnant une magie inespérée à ce lieu déserté.

Déserté, pas sûr. Alors que j'allais emprunter une sorte de passage souterrain pour m'enfoncer plus profondément dans la ville, un bruit attira mon attention derrière moi. Je me retournais vivement mais fut forcé de plisser les yeux face aux rayons qui étaient dirigés vers moi. A quelques mètres de moi se tenait un félin, assez petit. La lumière vive m'empêcher de distinguer sa couleur et les détails de son corps. Mais avant même que je ne prenne le temps de prélever le fumet qui émanait de lui et m'informer de sa guilde, je remarquai quelque chose d'immanquable sur la tête de ce matou. Des bois de cerf entre lesquels passaient le soleil. J'avais déjà croisé un félin qui possédait cet ornement. Un seul.

- Tsuko ?

Je plissai encore les yeux, regrettant de ne pas être à l'ombre pour ne pas avoir à faire cette tête d'idiot pour distinguer quelque chose. S'il s'agissait de lui, la rencontre ne devrait pas être désagréable. Je l'avais brièvement croisé il y a bien longtemps et malgré un caractère agaçant, il avait été de bonne compagnie. J'attendais un réaction, restant tout de même sur mes gardes, méfiant.

Mais quelle putain de chaleur ! Je ne m'étais pas éloignée du QG des Ophéis aujourd'hui pour une seule et bonne raison, cette foutue chaleur. Je n'aimais pas spécialement les temps extreme, probablement à cause de ma morphologie et de mon pelage qui m'emmerdaient plus qu'autre chose, et donc là avec une température aussi élevée ... Ce n'était clairement pas le meilleur jour pour sortir de son trou, surtout que le camp était bien au frais, il faudrait être fou pour y renoncer! Cependant, car il y a toujours un mais, l'un de mes compagnons de guildes, l'un des plus vieux en vue de sa façon d'me parler, m'ordonna d'aller chasser pour nourrir la guilde, les temps se faisant durs. Tiens ils se s'ont souvenus que j'existais ces espèces de lourdots? Je n'avais pas eu mon mot à dire, déjà que je m'étais attirée des ennuies avec ma dernière sortie qui avait failli blesser l'un de nos chers défenseurs. C'est en ronchonnant durant tout le trajet à patte que je me rendis ici à la gare, alias le même endroit où j'avais croisé Zaphira. Toujours ces mêmes trucs, des rochers métalliques ou non sur les côtés de la gare, des endroits plus à l'ombre et surtout incrustés d'eau fraîche, une denrée plutôt rare depuis quelques jours près d'ici, et surtout le tic tac dérangeant le calme apaisant de l'endroit, rappelant la folie humaine. Comme d'habitude, il n'y avait pas un chat, un homme, un monstre et j'en passe, rien même, pas même mes camarades de guildes. Je commençais alors à ne pas trop me poser de question  ma recherche de proie ou même de plante, l'un ou l'autre pouvait servir après tout, surtout avec mon nouveau rang d'apprentie guérisseuse !

Ce fut au bout d'une vingtaine de minute, et donc d'un nombre incalculable de tic et de tac que je m'asseyais sur un rocher surélevé, je n'avais pour le moment strictement rien trouvé, enfin si tant est que j'avais un tant soit peu cherché en fait, j'avais finalement passé ces minutes à explorer l'environnement, trouvant de nombreux choses, comme des lumières éteintes, des petits flaques d'eaux créées par la consensation de certaines pièces, des endroits tous plus beaux les uns que les autres. Je ne m'étais pas aventurée dehors cependant, les animaux du déserts n'étaient pas toujours des plus sympathiques, puis si j'étais ici, c'était certainement pas pour devenir un cerf rôti à point, oh ça non ! Je baillais alors avec négligence, au pire je n'avais qu'à dire que je n'avais rien trouvé? Après tout à la base je n'étais pas censée sortir sans mentor n'est-ce pas? Surtout une autre chose, c'était que les tâches étaient attribuées tout le matin aux membres par un autre plus haut placé, et que visiblement cette personne qui m'avait donné sa propre tâche car il avait la flemme de le faire avait justement buté ce principe. Les gens ne se souvenaient vraiment de moi qu'au moment où ils en avaient besoin, c'était dégoûtant. Un bruit attira mon attention, une respiration, plutôt grave, une bête? Je relevais la tête que j'avais inconsciemment baissé pour regarder autour de moi, et ainsi voir une silhouette féline plutôt imposante devant moi. Cette même forte était tournée dans ma direction, poussant un léger cri d'appel, prononçant le nom de mon père. Mes yeux s'écarquillèrent alors que mon coeur ne fit d'un bon, c'était une voix masculine, et une voix qui connaissait mon père et son prénom, sans pour autant avoir envie de lui faire la peau, un solitaire, un chat du royaume? Je m'avançais vers lui alors, la queue basse, les yeux plissés, la gueule serrée et surtout les griffes sorties. Qui étais-tu inconnu? Je continuais de marcher vers lui, plus concentrée sur mon environnement que jamais, ça empestait l'humain, et je détestais ça, étais-tu un des leurs? Comment connaissais tu mon père alors? L'avais-tu attaqué comme tout les autres avant toi? Finalement en m'approchant, j'ouvrais la bouche.

"-Je ne crois pas désolée, mon père n'est plus ici depuis longtemps. Tiens, comment connaissez vous son existence et même son nom?" J'étais sur la défensive, le mâle en face de moi possédait une musculature importante, moins que celle de mon père, mais il semblait également assez agile, ce qui clairement me mettait dans une situation délicate si celui décidait de m'attaquer. "-Qui êtes vous? Je ne vous ai jamais vu ici, et surtout je crois sentir l'humain sur vous, êtes vous l'un de ces...?" Je commençais réellement à me poser bien trop de question, surtout que le mâle semblait pas si ... agressif, loin de là après tout, c'est lui qui avait appelé mon père avec une voix presque amicale, voir peut être joviale. Etaient-ils amis? C'était une possibilité, je sais que certains soldats sont bons, et d'autres mauvais, je suis assez utopiste à ce propos là, je ne pense pas qu'il y en est un seul qui soit foncièrement mauvais, après tout mon père en avait été un. Je décidais alors de rentrer mes griffes, et de souffler un coup pour aplatir mon pelage du dos qui commençait sérieusement à me donner des airs d'hérisson mal réveillé. Je m'asseyais doucement, adoucissant mon regard, je ne devais pas juger à l'odeur, j'en étais certaine, un "vrai" soldat m'aurait déjà attaqué, voir même peut être déjà tué après tout, qui sait ce qui est possible parfois dans leurs têtes. "-Je suis Khal'Tsu, la fille de Tsuko, je sais que nous nous ressemblons énormément, je comprends que vous vous soyez trompé, cependant mon père n'est plus de ce monde, il a...été tué il y a quelques mois de ça par un groupe de soldats." Je gardais une expression assez ... neutre, sans être blasée, je n'aimais pas tellement en parler, mais si ce soldat était l'ami de mon père il était normal qu'il soit au courant après tout, même si je ne comprenais pas tellement comment il ne pouvait pas déjà l'être.

Je ne bougeais pas, tendu. Ce félin avait l'apparence de Tsuko, mais pas son odeur. J'humai l'air une deuxième fois, discrètement et sans quitter le matou des yeux, pour apprendre que ce mini-Tsuko était un Ophéis, et plutôt une d'ailleurs. Maintenant que j'y faisais attention, elle était bien plus petite que le chat que j'avais croisé des mois auparavant. Finalement, c'est cette jeune chatte qui s'approcha de moi. Si d'un côté j'étais plus tendu à l'idée d'être face à une inconnue, je me rassurai bêtement en me disant que, physiquement, j'étais bien supérieur à elle. Alors que je la regardais se déplacer, je baissais le regard vers une étrange plante en forme de trèfle qui semblait presque avoir un visage mais la quittai rapidement dans yeux quand la jeune chatte se rapprocha. Après quelque pas, elle fut bien plus visible et je pu distinguer son pelage. Elle ressemblait fortement à ces petits cervidés et en avait d'ailleurs les pois blancs parcourant son dos brun clair. Tout comme Tsuko, elle avait ces bois posés fièrement sur le haut de son crâne. Décidément, c'était un hasard incroya...

- Je ne crois pas désolée, mon père n'est plus ici depuis longtemps. Tiens, comment connaissez vous son existence et même son nom ?

Ah. Bon bah ça enlevait au moins une question de mon esprit. Eh bien, il n'avait pas chômé le cervidé. Elle était son portrait craché, c'en était presque déstabilisant. La petite semblait sur la défensive, ce qui m'étonna jusqu'à ce que je me rappelle que l'armée et les Ophéis n'étaient pas vraiment les meilleurs amis du monde. Décidément, les retrouvailles avec Opaline m'avait totalement anesthésié de la réalité. Encore un peu et je me disais que, finalement, les soldats n'étaient pas si cruels. De son côté, la demoiselle continua ses questions sans me laisser répondre.

- Qui êtes vous ? Je ne vous ai jamais vu ici, et surtout je crois sentir l'humain sur vous, êtes vous l'un de ces...?

On sentait vraiment tout l'amour qu'elle portait à l'Armée c'était adorable. Je la laissais parler sans vraiment bouger. Après tout, si elle était du même genre que Terra, j'avais le temps avant de pouvoir en placer une. Je choisi de la laisser réfléchir, prendre son temps, avant de répondre quoi que ce soit. Pour une fois, j'allais être patient. Opaline m'avait vraiment changé...

- Je suis Khal'Tsu, la fille de Tsuko, je sais que nous nous ressemblons énormément, je comprends que vous vous soyez trompé, cependant mon père n'est plus de ce monde, il a...été tué il y a quelques mois de ça par un groupe de soldats.

Surpris, je restai immobile quelques secondes, ingurgitant cette nouvelle. Je n'avais pas vraiment eu le temps d'être très proche de Tsuko mais je savais que c'était quelqu'un de bien, qui méritait bien plus que de mourir des pattes de soldats déchainés. Je baissais légèrement la tête. Par tristesse, par respect pour lui, pour la petite, tout ça à la fois. En relevant les yeux, je vis que la dénommée Khal'Tsu restait neutre, peu émotive. Avait-elle vraiment connu son père ?

- Je suis désolé.

Je m'exprimais par politesse envers elle mais je n'étais pas certain que la mort de Tsuko l'ai vraiment affectée. Physiquement elle ne le montrait pas en tout cas. Et vu son âge, il est mort quand elle était assez jeune. J'enchainais en répondant machinalement à ses questions d'un ton plutôt désolé avant de rapidement prendre une voix plus amicale à partir de la deuxième phrase.

- Je m'appelle Kaï, et oui je suis un de ces soldats tueurs... J'avais rencontré ton père un peu par hasard il y a quelques mois. Même si je ne le connaissais pas vraiment... C'était quelqu'un de bien. Tu lui ressembles beaucoup, mais on a dû déjà te le dire.

Je relevais le coin de ma bouche en un sourire peu enjoué malgré un regard qui se voulait amical. Le souvenir de son père vivait à travers elle finalement. Je ne savais pas vraiment si le sujet de Tsuko était à éviter mais il était pour l'instant la seule chose que nous avions en commun...

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'Dé du Jardin' :

Le mâle ne bougeait plus pendant quelques secondes, probablement pour laisser le temps à son cerveau d'évaluer la situation ainsi que d'assimiler les différentes informations que je venais de lui communiquer, je parle beaucoup trop bien soudainement. La tête de celui ci se baissa doucement, tandis que je continuais de garder ce profond deuil au fond de mon coeur meurtri, je n'aimais pas franchement l'idée de montrer mes sentiments à un soldat fraîchement arriver dans ma vie, même si celui ci avait connu mon père et avait même été son ami. Celui ci affichait un air à la fois triste et désolé, regrettait-il réellement mon père? Je n'étais pas spécialement sur mes gardes, mais j'en venais à me méfier tout de même, ne sait-on jamais ce qui pouvait m'arriver si il venait à m'attaquer, surtout vu son gabarit! Ses yeux me fixaient à présent, me donnant un sentiment profond de...tristesse, ouais ça devait être ça, je ressentais sa peine, est-ce que cela voulait dire qu'il était sincère, peut être peut être pas, enfin bref. Finalement il exprima un petit "Je suis désolée"qui me fit lever un sourcil, le regard montrant mon incompréhension, de quoi est-ce qu'il parlait, de quoi était-il désolé, de la mort de mon père? Mais il n'en était pas responsable, enfin quoi que ...Cette attaque était celle de soldats un peu trop énervés, peut être se considérait-il ainsi en partie responsable? C'était une possibilité. Mon cerveau me ramena à l'ordre en me signalant que je réfléchissais trop et qu'il état temps que je commence à écouter ce que disais le mâle en question. Tu pourrais sérieusement pas la fermer et me laisser faire ce que je veux mon cerveau par moment, je ne suis pas un chaton sans cervelle ! Un petit "Cela reste à prouver" résonna dans ma tête, oh et puis ta gueule.

Le mâle commençait doucement à parler d'une voix emprunte d'une tristesse assez palpable, son ton se faisant plus désolé que ce que j'avais pu penser. Il m'expliquait qu'il se nommait Kaï et qu'il était bien un de ces soldats tueurs, ce qui me fit hérisser le poil et serrer les crocs, comptait-il m'attaquer du coup? Il enchaîna alors qu'ils ne se connaissaient que d'une petite rencontre hasardeuse d'il y a quelques mois, et que même malgré son ignorance à son propos, il trouvait que c'était une bonne personne. Son ton changea également à ce moment là, passant de désolé à amical en quelques secondes, probablement pour tenter de me détendre. Il me disait que je lui ressemblais énormément, ce à quoi que lui souris doucement, essayant de ne pas montrer mon léger malaise ainsi que ma peur, ouais, pour une fois j'avais un peur. Peur que ce mâle ne me mente et ne m'attaque, peur de ne pas revenir au camp ce soir, et de perdre le peu que j'avais pour avoir trop facilement cru à quelqu'un. Putain détends toi Khal ! Il va rien t'arriver, t'es complètement parano ! Kaï, enfin comme il s'était nommé me souriait, enfin si on pouvait appeler ça un sourire, mais son regard ainsi que son comportement corporel ne m'indiquait aucun agressivité, disais tu la vérité? Je gigotais doucement sur mes pattes, ne sachant que répondre à ça, je devais essayer de mieux me sociabiliser, mais est-ce que le faire avec un soldat était une bonne idée? Une odeur me vint au museau, une odeur de femelle, je regardais alors le pelage du mâle, celui ci en était imbibé, avait-il une compagne? Je me laissais aller alors à ma curiosité, pour une fois que quelqu'un semblait bien en vouloir.

"-Merci...J'ai beaucoup aimé mon père quand il était vivant, et encore maintenant...Je vis cependant avec le poids des comparaisons que les gens font entre moi et lui pour être honnête. Pour eux, je ne suis que lui et rien d'autres, cependant je ne suis pas amère envers lui, il n'y peu rien." Je secouais doucement la tête, ma voix essayait de se faire amicale, même si elle tremblait légèrement, je laissais mes pattes gratter le sol, enfin seulement ma patte avant gauche, sans pour autant sortir les griffes. Je relevais la tête, les yeux scintillants d'une curiosité enfantine, oublions ce sujet passons à autre chose ! Bipolarité quand tu me tiens. "-Vous avez une compagne? Des chatons? J'ai senti une odeur de femelle sur vous, du coup j'ai supposé que..." Je laissais un sourire innocent apparaître sur mon visage, laissant également mes deux petites canines dépasser de ma gueule trop fine pour les accueillir, encore une particularité de mon père décidément. "-Je ne pense pas que tout les soldats sont foncièrement méchants, mais je préfère me méfier au début pour être honnête, je suis désolée si je vous ais parue un peu étrange ! Je suis une apprentie guérisseuse chez les Ophéis, vous comprenez si je me faisais tuer ou blesser, Terra en serait bien désavantagé, surtout que je viens à peine de commencer mon apprentissage !" Je rigolais doucement, plaçant une patte contre ma gueule, les yeux rieurs. Décidément, je ressemblais de plus en plus à mon mentor, à beaucoup trop parler avant de laisser finalement parler la personne, enfin après tout j'étais la chatonne la moins bavarde après la mort de mon père, il était bien temps de rattraper le temps perdu ! J'essayais alors de me dresser sur mes pattes arrières, enfin sur mon arrière train. "-Vous êtes beaucoup plus grand que vous n'en avez l'air de loin en tout cas...Pardon pour mon manque de politesse, je suis enchantée de t...vous rencontrer Kaï !" J'avais prononcé son nom très lentement, essayant d'imiter la façon qu'il avait employer pour le prononcer, pour ainsi ne pas l'écorcher, c'était bien la dernière chose dont j'avais besoin! Je tentais de rester dans cette position, cette image de chatonne innocente était une bonne chose pour se vider la tête parfois après tout, même si le bonheur était enfin venu dans ma litière depuis quelques semaines maintenant ! Je remarquais cependant un léger pincement au fond de mon coeur, inquiétude disparait s'il te plaît, tu n'as rien à faire ici, surtout dans ce genre de moment.

La jeune femelle n'était pas encore totalement en confiance, cela se sentait. Elle remuait, réagissait beaucoup à la moindre de mes paroles et ne me quittait pas du regard. Pour ma part, je restais patient. Je me doutais bien que pour elle, j'étais avant tout un inconnu, soldat, donc sûrement un ennemi. Je comptais la laisser se détendre petit à petit, à son rythme, sans jamais forcer les choses. Finalement, elle me répondit doucement.

- Merci...J'ai beaucoup aimé mon père quand il était vivant, et encore maintenant... Je vis cependant avec le poids des comparaisons que les gens font entre moi et lui pour être honnête. Pour eux, je ne suis que lui et rien d'autre, cependant je ne suis pas amère envers lui, il n'y peu rien.

Je serrai légèrement les dents, mal à l'aise. Peut-être aurais-je dû éviter de la comparer au physique de son père. J’espérai qu'elle comprenne qu'elle me rappelait le défunt Tsuko sans pour autant me dire qu'elle n'était que lui. Peut-être n'y avait-elle même pas pensé. Il faut dire que la ressemblance était plus que frappante, il était difficile de penser à autre chose. Cependant, elle changea rapidement de sujet.

- Vous avez une compagne ? Des chatons ? J'ai senti une odeur de femelle sur vous, du coup j'ai supposé que...

Oh. Je clignais plusieurs fois des yeux, pas spécialement mal à l'aise mais plutôt surpris. Je n'étais pas encore totalement habitué à ce que l'odeur d'Opaline m'accompagne partout. Elle était maintenant une partie de ma vie. Je ne cherchais pas spécialement à cacher le fait que je sois en couple, mais je n'étais pas non plus du genre à me dévoiler ainsi. Cela faisait partie de ma vie privée et le fait que n'importe qui puisse deviner ça grâce à son simple odorat m'agaçait un peu. Néanmoins, ces chats ne pouvaient par être au courant de mon peu de sociabilité, je ne pouvais pas râler face à eux sans passer pour un idiot méprisable. Surtout avec le sourire innocent que Khal'Tsu me présentait. L'Ophéis avait d'ailleurs décidé d'enchainer une tirade, je la laissais donc faire.

- Je ne pense pas que tout les soldats sont foncièrement méchants, mais je préfère me méfier au début pour être honnête, je suis désolée si je vous ais parue un peu étrange ! Je suis une apprentie guérisseuse chez les Ophéis, vous comprenez si je me faisais tuer ou blesser, Terra en serait bien désavantagée, surtout que je viens à peine de commencer mon apprentissage !

La mention du nom de Terra m'arracha un ronron amical. Ainsi, elle était son apprentie. Elle avait dû lui apprendre à parler sans ne jamais s'arrêter, comme lors de ma première rencontre avec la femelle ailée. Je remuai les moustaches, amusé de cette coïncidence. J'étais également enchanté d’apprendre que Terra se portait bien, elle avait dû bien grandir depuis le temps. Je remarquai également la maturité de la fille de Tsuko. Elle était raisonnable, méfiante sans être parano. Elle n'était pas non plus incapable de se dire que les soldats n'étaient pas tous pareil. Cette petite avait décidément toute ma sympathie. Elle était très jeune et avait pourtant tout ce qu'il fallait pour vivre dans ce monde dévasté. Elle était toutefois très bavarde. Elle se redressa, laissant ses deux pattes avants pendre dans l'air chaud de la gare.

- Vous êtes beaucoup plus grand que vous n'en avez l'air de loin en tout cas... Pardon pour mon manque de politesse, je suis enchantée de t...vous rencontrer Kaï !

Décidément, cette jeune demoiselle était adorable. Je remuai à nouveau les moustaches, très satisfait d'avoir fait pareil rencontre en ce lieu sombre et inconnu. Le monde était ridiculement petit parfois. C'est assis que je lui répondis, cette-fois ci parfaitement détendu. Si bien que j'en oublierai presque de faire attention à ce qui se déroulait autour de moi. Après tout, je ne devais pas oublier que j'étais en territoire "ennemi". Si Khal'Tsu s'était montrée amicale, ce ne serait sans doute pas le cas de tout le monde.

- Toi tu es plus bavarde que tu en as l'air. Le plaisir est partagé, je ne pensais pas croiser quelqu'un d'aussi agréable par ici.

Je lui souriais gentiment, bien heureux de cette rencontre, avant de répondre à ses questions.

- J'ai effectivement une compagne. Je ne pensais pas que cela se saurait aussi facilement à vrai dire. Néanmoins, il n'y a aucun chaton.

J'agrémentai ma réplique d'un petit rire, sans vraiment me pencher sur la question. Je parlai bien moins que la femelle aux bois, uniquement le nécessaire. Sa voix cristalline de jeune chaton contrastait avec celle du mâle adulte que j'étais.

- Pourquoi avoir choisi de devenir guérisseuse ?

La question ne m'intéressait qu'à moitié, mais il fallait bien continuer la conversation avec un nouveau sujet. De plus, ce poste m'était totalement inconnu. Dans l'Armée, les soins étaient prodigués par des Hommes spécialistes dans ce domaine, ou parfois par un chat avec un pouvoir curateur. Dans tous les cas, nous recevions des médicaments, des choses testées, vérifiées. J'avouais que j'avais encore du mal à croire aux vertus médicinales des plantes. Tout cela me paraissait imaginaire, comme une légende à laquelle on croit, qui marche uniquement parce qu'on a foi en elle. Un simple effet placebo. Mais peut-être que ce n'était que moi qui n'était qu'un citadin, fier et persuadé que sa façon de vivre était la plus saine.