"Ma Dame ! Ma Daaaaaaaame ! Où tu vas Ma Dame ? Pourquoi tu t'en va ? Tu m'a pas fait mon câli..."
*Clac*. Assise, la gueule encore entre-ouverte, j'observais la porte de la caravane venant tout juste de se fermer sous mon museau. L'air déçu, je baissai les oreilles. Mais que peut-elle bien faire ? Cela fait désormais plusieurs jours que ma bipède va et viens, de la maison sur roues à je ne sais où. J'étirai mes petites pattes, levai mon arrière train et sautai sur le rebords d'une fenêtre. La poussière et la saleté recouvraient d'une fine particule les carreaux. Ma chère maîtresse ne prenait même plus la peine de faire le ménage ! Mais qu'avait-elle ? Elle qui, malgré la guerre, la famine, le manque d'hygiène, prenait toujours le temps de s'occuper de moi et de sa maison ambulante. Désormais, je la sentais triste, molle et vieille. Certes elle n'est plus toute jeune, mais plus le temps passait, plus je la voyais malheureuse.
La couche de crasse commençait vraiment à m'agacer, je n'arrivais pas à apercevoir distinctement l'extérieur. Je décidai donc de sortir, moi aussi. Peut-être que je tomberai sur ma maîtresse après tout. Je me glissai donc sous une fenêtre légèrement entre-ouverte et sauta sur le sol poussiéreux du camps. Tout en regardant les alentours, je cherchais une nouvelle victime. Il fallait que je trouve un chat à embêter, histoire de me dégourdir les pattes et de penser à autre chose. Mon regard s'illumina et un sourire narquois esquissa mon visage d'ange lorsque j'aperçus un chat au pelage d'écaille de tortue. Je commençai donc ma route vers la minette et bondis pour atterrir sur une vieille planche qui bordait la fenêtre derrière lequel se tenait... Le matou ? Étrange, un mâle écaille de tortue...
"BOOH", criai-je après avoir sautai et en collant mon museau contre la vitre.