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[One-Shot] Le jour où le soleil s'est couché.

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   Dim 12 Juin - 18:47


Notes : En réalité, c'est un one-shot en deux parties, une pour Pandémie et l'autre pour Isaac. Je posterais donc cela avec mes deux comptes, et ce pour un soucis de lisibilité :3
Ce one-shot concerne Pandémie, Isaac, Shrader et June.
Egalement, je l'ai posté à la caserne car c'est là qu'il commence dans les deux cas, mais les personnages se déplacent pas mal.
Egalement, les personnages de Shrader et June ont été, bien évidemment, joués avec la permission de June ouo (j'ai écrit ça avec elle et elle arrêtait pas de faire des blagues sur l'inceste avec le nom de mon TC, elle est intenable :B)




Il faisait sombre, froid, glacial. Isaac, en tous ses membres, en avait conscience. Une espèce de brise dispararâtre s'immisçait dans son être, et le dévorait peu à peu. Il avait beau avoir un pelage épais, sa maigreur maladive ne pouvait de rien le protéger. Il avait fait peu pour en arriver là, pourtant. Il ne sait s'il l'avait mérité. Tout était-il réellement victime d'une quelconque causalité? Il préférait ne pas trop y penser. Il avait déjà trop réfléchi ces derniers jours. Et les cris du vent l'empêchaient de penser avec optimisme, et il ne désirait pas plus explorer les bas-fonds du désarroi. Cela ne lui servait à rien, si ce n'était à se délaisser un peu plus. Il survivrait, il pensait. Il survivrait. Et cela faisait longtemps qu'il pensait cela. Mais il continuait. Sans vraiment vouloir survivre, mais parce qu'il le fallait, parce qu'il fallait qu'il meure autrement, parce qu'il fallait qu'il revoit tout le monde avant cela, qu'il prenne pleinement conscience de ce que cela faisait d'être vivant.

Cela avait commencé il y a quelques jours. Ah, le ciel n'était pas si chaotique. L'été approchait timidement, même. Il observait, à son humeur habituelle, les chats qui gambadaient sur la jolie prairie verdoyante -c'était la seule qu'il n'avait jamais connu, bien qu'elle fut désastreuse pour n'importe qui qui fut assez vieux pour voir la décadence de ce monde-, qui poussait non loin du quartier. Allongé sur un arbre, il vit Pandémie. Il n'avait jamais aimé Pandémie. Elle n'avait quasiment rien d'intéressant, et se targuait d'un espèce d'ego et d'une violence insupportable. Aussi dominante et puissante que lassante et ennuyante. C'était ce qu'il en avait conclu assez rapidement. Et qu'elle ne valait pas le coup, après tout. Cette fois-ci, elle paraissait étrange, fausse. Comme apeurée. Mais Pandémie n'avait jamais été apeurée; c'était un monstre d'apathie et qui manquait de tout sentiment de peur. C'était ce qu'il en avait conclu. Mais il ne savait pas qu'en réalité, son coeur était en proie au doute intensif, et que jamais rien ne pouvait lui aller en ces lieux. Que l'image fidèle de soldate parfaite se dégradait peu à peu dans sa tête.

Descendant de son perchoir, et poussé par une curiosité intrusive, il l'accosta. Hey, Pandémie, qu'il dit. Ta gueule, qu'elle répond. Isaac l'a toujours énervée. Et il le sait, et ça lui va bien, parce qu'il s'en fiche éperdument, et qu'il continuera. Enfin c'est ce qu'il pense. Et là il le sent, cet espèce d'odeur presque indiscernable. En fait, il n'était même pas sûr qu'elle subsista vraiment. Mais il connaissait bien l'odeur de Pandémie ; parce qu'elle aimait le frapper lorsqu'elle jugeait qu'il importunait quelqu'un bien assez. Et qu'il avait les sens en alerte, le pelage dressé, hérissé, à chaque fois qu'elle faisait un pas trop violent et trop lourd, à chaque fois que son visage âcre semblait se tordre d'énervement pour lui. Et là, son odeur était étrange, ternie. Comme si elle avait passé des heures à coller son pelage à quelqu'un qui ne sonnait pas soldat. Une recrue, peut-être. Les nouveaux ont une odeur bizarre.

« T'as passé la nuit avec quelqu'un?»

Ses oreilles se dressent, la trahissent. Oui. Isaac avait du mal à imaginer que ce fut une nuit suspecte. Pandémie n'était pas du genre à se laisser faire par un mâle. Non, il eut même, si on lui avait demandé son avis, misé sur le fait qu'elle n'aurait jamais d'enfants. Mais d'un autre côté les humains pouvaient bien obliger les chats à être porteur. Mais Pandémie, vraiment? Non, elle était trop violente pour ça. Priver les soldats d'un effectif comme celui-là, ce serait étrange. Il y avait bien assez de femelles porteuses, après tout.

« Oui. »

C'était sans appel. Mais il continuait.

« Ce n'était pas un soldat.
-Non. »


C'était une suite d'affirmations. Parce que c'était des faits établis, que rien ne changerait. Isaac aurait bien fait un long discours pour lui montrer son impudence, mais il n'allait pas le faire. Parce qu'elle le blesserait sauvagement, comme à chaque fois, et que c'était douloureux, et qu'il n'avait pas envie d'expérimenter pareil tourment.

« Hum. Tu nous trahis, ainsi. »

Elle ferma les yeux. C'était un caméléon, compris Isaac, après quelques secondes de concentration. C'était à peine perceptible, mais toujours notable pour qui s'y concentre réellement. Parce que ça n'avait pas l'air d'être un caméléon très fidèle. Pas un qui est casanier à son camps, mais un qui gambade joyeusement. Un peu comme Pandémie, qui n'avait pas vraiment l'odeur d'un soldat. Ce qui rendait les choses plus dures à déceler. Pandémie ne nie pas, parce qu'elle sait que c'était établit, su, et qu'elle n'avait pas l'ego qui le lui permettait. Alors elle se tourne vers Isaac, rouvre les yeux, et lui assène un coup, toutes griffes sorties, qui lui décroche la mâchoire. Elle a durcit sa peau, la fourbe.

Il s'écroule au sol, sur le côté. Sa tête sonne. Il a l'impression que sa mâchoire a été démolie, mais il n'en est rien. Si quelque chose s'est fait ressentir, quelque décalement des os, son choc au sol l'aura probablement réparé; ou peut-être qu'il a juste eu un peu de chance. Il ne sait pas vraiment, et il ne réfléchit pas beaucoup. Il n'en a pas la possibilité biologique, probablement. Il veux se lever, mais son petit corps fragile est paralysé. Il entends juste Pandémie, lointaine, qui lui dit de la fermer. La voit vaguement s'en aller, avec un regard haineux. Il reste ainsi au sol une poignée de seconde. Et puis il se lève, titube, retombe. Crache du sang. La douleur est insoutenable, elle lui brûle tout le visage, brouille le monde autour de lui. Les larmes lui montent aux yeux, et trois marques de griffures béantes lui défigurent le visage.

Il n'y a pas grand monde qui a vu la scène. Mais ils ont tous des réactions différentes. La plupart ont eu pitié, lorsqu'il recrachait du sang, pour la troisième fois, s'étouffant presque avec le liquide rouge coagulant dans sa gorge. Isaac était fragile, et ça lui faisait défaut. Pas mal ont trouvé la scène amusante, aussi. Mais aucun n'a tenté de venir à son secours. De toute manière, rien à faire, elle était partie. Et Isaac se décida à s'éloigner de la foule, parce que ça l'énervait d'être ainsi humilié. Il n'avait pas d'honneur, mais la douleur déformait son esprit tordu.

Il erra un peu. Peut-être un jour ou deux, à réfléchir. Qu'avait-il fait de mal pour mériter cela? Sa tête lui faisait encore mal. Mais il lui fallait rentrer, ou tout du moins se nourrir. Etrangement, il avait peur des critiques. Que la nouvelle se puisse être répandue, que Shrader se moque, que sa mère se moque, que tout le monde se moque. Et il ne voulait pas de ça. Pas encore. Alors il allait tarder à rentrer, peut-être. Et il ne comprends pas pourquoi Pandémie est partie. Elle lui avait toujours semblé à l'image des soldats, infaillibles et puissants. Mais peut-être que ce n'était pas ça. Qu'elle ne l'avait jamais été, et qu'aucun soldat n'est comme ça. Peut-être qu'il fallait se rendre compte que la vie n'est pas si simple, que la cruauté a de quoi éloigner les esprits les plus nobles. Et celui de Pandémie? Sans aucun doute.

Bon sang. Il ne trouvait rien. Rien. Et il errait encore et encore. Et maintenant il était au cimetière des corraux et ça n'arrangeait rien. Et là il trouva un cadavre, deux cadavres, trois cadavres. Visiblement deux Felinae et un soldat. Et du sang, beaucoup de sang. A moitié dévorés et rongés. Comme si ça faisait bien des mois qu'ils étaient ici, sans aucun doute. Isaac s'est arrêté; il aurait pu continuer sa route, mais son esprit innocent avait vite fait le calcul. Mentalement impossible. Il s'est assis, et est resté là, comme un trou noir dans sa tête, il ne faisait rien. Regardait les corps déchirés, et ne bougeait pas. Comment les soldats...? Comment les soldats pouvaient-ils cautionner pareille horreur...? Non. Lui. Lui, comment pouvait-il cautionner telle horreur. Ah, il ne s'était jamais battu. Mais c'était un soldat. Alors il était avec les soldats, il était le soldat, ce qu'il pensait, ce qu'il vivait. Et c'était une chose terrible, il le concevait maintenant.

Il n'était plus un enfant. Il avait toujours eu sa mère, ses amis. Et maintenant, il avait le désarroi. Le doute. La mort face aux yeux. Et c'était affreux. Il ne voulait plus être soldat, subitement. Il voulait se battre contre eux; mais après tout lui revint. La peur lui montait aux tripes. S'ils étaient capable de tuer, ils le tueraient. Et il y avait sa mère et Shrader. Il ne pouvait pas leur faire ça. Il ne pouvait décemment pas. Et puis il ne voulait pas mourir. Il ne voulait vraiment, vraiment pas. Le soleil se couchait et il était temps de rentrer.

Il n'avait rien mangé depuis trois jours. Et ne savait pas vraiment s'il avait la force de rentrer. Il était maigre, il faisait froid. Et nous y voilà. Au bord de la mort, maigreur extrême. Au bord de la mort, vraiment? Isaac, ce que tu étais sensible. Il était temps de manger. Mais rien. Il faisait fuir les bestioles de son pas lourd et traînant. Il était en colère, mais rien ne le soulageait, et son ventre, diantre, lui faisait si mal. Il aurait espéré croiser quelqu'un, mais non, rien. Rien du tout. Et ça le rendait tellement, tellement maussade. Alors il avait vu ce buisson avec des baies. Son exploration stupide de scientifique lui avait démontré, il croyait, que c'était sans danger. Il s'en nourrit de quelques-unes, et sentait ses yeux s'alourdir. Ah, déjà, la fatigue enfantine qui lui reprenait la tête? Ah, il était bien nourri, tant pis alors.

Lorsqu'il se réveilla, ses muscles ne voulaient pas l'accompagner. Ils étaient faibles. Il avait les yeux cernés, et un mal de crâne affreux. Il repensa aux baies. Alors c'est à ça que tout ce merdier de scientifique bidon avait servit? A le conduire un peu plus vers la mort? Il se leva, puis tomba en arrière, et se mit à rire comme un dément, affolé par la maladie. Que pouvait-il faire de plus, que de démentiellement se laisser dévorer?

Ah, trouver de quoi vivre fut ardu. La fièvre le tenait dans une haleine terrible, et il ne pouvait plus se mouvoir que peu. Son ventre le tordait d'une douleur terrible, lui hurlait qu'il fallait qu'il se nourrisse ; sa tête, douloureuse et lourde de fièvre, ne lui permettait rien. Il était terriblement amaigri. Presque un cadavre bleuté, et même l'autrefois épaisse matière qui lui servait de pelage n'était rien. Il lui sembla qu'il perdait des poils à certaines zones même, mais il n'y prêtait attention. Son visage était fatigué, cerné, bien qu'il lui sembla passer ses journées à dormir.

Après ce qui lui sembla une éternité, qui correspondait probablement à plus d'une semaine, et presque deux d'absence totale, il lui sembla temps de rentrer. Il était un peu vide. Pourquoi était-il seul, à ce propos, se demanda-t-il? Pourquoi Shrader ne l'avait-il pas cherché? Il tomba sur un vieux rat affreusement sale. Et l'acheva d'un coup, avec une facilité étrange, comme si la pression de la gravité l'avait cloué au sol et empêché de se mouvoir avant que... Oh.

Exactement ce qu'il s'était passé, hum? Pourquoi le scientifique débile n'avait-il pas pensé plus tôt à cette technique? Il ne savait pas. Et s'en foutait terriblement, maintenant. Ces délires de scientifiques l'avaient achevé. Il allait tuer ce scientifique, son «lui» qu'il détestait tant.
Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais il ne réfléchissait plus. Et ça faisait tant de temps qu'il n'avait pas ouvert la bouche, que ses cordes vocales n'avaient pas été stimulées. Il comprenait un peu comme cela devait être affreux pour Shrader. Mais c'était utile. Il se disait qu'il aurait du être muet, lui aussi. Pour éviter de débiter des conneries pareilles.

Il était rentré, maintenant; Isaac aurait du être heureux et comblé, mais il se sentait vide et frustré. Comme si toute sa vie jusque là n'avait été qu'erreur et qu'il y avait tant à reprendre, et qu'il ne savait même pas où s'y prendre. Et là, il vit Shrader. Son meilleur ami. Il aurait pu être en totale joie de pouvoir le revoir, mais non. Il était toujours autant en colère contre le monde. Et ce batard en particulier. Il ne l'avait pas cherché. Ne lui était pas venu en aide. Qu'allait-il bien pouvoir lui dire, il ne le savait pas, malgré qu'il avançait vers lui. Shrader le repéra assez rapidement, et se dirigea rapidement vers lui. Pauvre petit connard, se disait Isaac. Quand était-il seulement devenu aussi vulgaire? Ah, ce n'était pas important. Il était encore tellement, tellement fatigué.

Et ce qui devait arriver arriva. Le petit chat gris était furieux, bien sûr. Et Isaac se demandait, en quelque sorte, s’il était réellement inquiet; et si sa colère tenait réellement, de quoi tenait-elle justement? De son départ, de son manque de soin notable par rapport à sa personne, du manque d’émotion flagrant qui déformait son visage, ou d’autres facteurs aussi étranges pour lui qu’inconnus? Ou peut-être encore parce qu’il ne disait rien. Isaac se taisait, parce qu’il avait trop de choses à dire, mais qu’il ne voulait pas plus monologuer à ce sujet. Parce que ça l’ennuyait terriblement, de monologuer sur des sujets stupides. Il n’arrivait plus à trouver en sa mémoire le sentiment épars qui pourtant autrefois le motivait ainsi à dialoguer, à faire ces longues tirades inintéressantes. Il lui était inconnu, désormais. Et il était aussi muet que Shrader, pour le moment.

Shrader sembla vouloir s’exprimer. Comme à l’usuel, il avait beaucoup à dire, mais rien pour communiquer. Isaac, pour une des rares fois de sa vie, avait envie qu’il se la ferme définitivement. Les émotions qui traversaient le visage de son ami, étrangement et paradoxalement, le dégoûtaient et l’inquiétait. Il ne savait que faire, que penser. Pour devenir une violente bête impulsive, à l’image de la chatte rouge qui avait démoli sa vie? Non, ce n’était pas cela. Mais malgré tout, l’injustice le démangeait. Elle démangeait tout son être. Et ça ne l’amusait plus, maintenant. Plus du tout.
Il se souvint de Pandémie, tout aussi brusquement que possible. Il serra les crocs. Et il frappa Shrader. Il ne l’avait jamais touché, avant. Rarement il l’avait effleuré, même. Mais jamais dans aucun désir de lui causer quelque mal que ce fut. Mais là, il avait juste envie de le voir souffrir. De sa voix enrouée, il lui dit avec un détestable mélange de haine et de colère :

« Qu’est-ce que t’as foutu pendant ces deux semaines? T’avais tant envie que ça de me voir brûler hein? Je parie que t’étais là à chaque instant. Là quand je me suis étouffé avec mon propre sang, là quand je mourrais à petit feu. Et je parie que t’as bien rit, aussi. Alors c’est tout ce que notre amitié eut jamais signifié pour toi, hum…? Tu me déteste à ce point? »


C’était d’abord plutôt calme pour lui. Par rapport à ce qu’il pensait, ce n’était rien.

« Espèce de sombre traître. Je croyais en toi. Et par ta faute, je suis vide, maintenant. Je ne crois plus en ces conneries. Des gens meurent autour de nous, et notre seule présence ici nous fait jurer allégeance à toutes ces merdes. Et on cautionne ça. Et toi, ça te va de vivre dans ce mensonge? Ah, quelle question. Tu as toujours été plus intelligent que moi. T’es calculateur à un point inimaginable. Et toutes ces horreurs, tu les domine, tu les consommes, n’est-ce pas? »

Il se rapprocha.

« Je. Croyais. Qu’on était amis. Et toi, tu m’a laissé tomber ! Pendant deux semaines, deux semaines, tu ne t’es pas bougé le cul. Et pourtant, tu me regarde comme si tu t’en souciais? Comment est-ce que tu ose prétendre t’en soucier espèce d’immonde petit bâtard ?! »


Et il continua de s’approcher. Ses mots résonnaient fort, mais étrangement, il s’en fichait éperdument. Plus rien ne comptait plus que d’accabler.

« Pourquoi tu ne fais rien? Pourquoi est-ce que t’as jamais rien foutu, d’ailleurs ?! Et tu continue, tu continue, tu ne te bouges surtout pas, et tu me regarde avec ces yeux… Je les déteste. Et je te déteste, toi aussi. Tout est de ta faute. »


Même si la colère le dévorait, il était redevenu calme. Un genre de calme froid et impulsif, probablement relativement versatile. Mais pour le moment, ce n’était pas ses émotions qui, perturbantes, l’intéressaient. Non, loin de là.

Shrader semblait avoir compris le message, mais n’en était pas satisfait. Et il n’aurait probablement eu que plus de temps pour y réfléchir, si seulement Isaac n’avait pas cessé d’avancer, et le menaçait d’un autre coup de sa patte dénuée de griffes. Ce qu’il aurait voulu avoir des griffes pour lui déchirer le visage et le faire couiner. Alors Shrader mis sa patte dans son sac. Isaac, peu habitué à ce genre de gestes, resta un instant dans une sorte de transe étrange. Puis il en sortit un aiguille. Isaac n’aimait pas les aiguilles, mais celles de Shrader l’inquiétaient tout particulièrement. Et il avait la ferme intention de s’en servir, à ce qu’il semblait. Il planta avec une adresse qui démontrait son expérience la fine pointe dans la patte du chat bleuté. Sous la maigreur de sa peau, ce fut rapide et efficace. Le liquide bleu-pâle coula rapidement dans ses veines et sa tête le balançait.

Il s’éloigna d’un saut brusque du chat gris et resta quelques secondes à essayer de se reprendre. Sa conscience ne devait pas, ne devait jamais l’abandonner. Il se jeta sur l’autre et le mordit à la nuque, puis sentit la prise d’une seconde aiguille dans son dos. Ce n’était que plus douloureux; il se mouva avec rapidité et asséna une pluie de coups à Shrader, qui devinrent -bien qu’ils l’étaient au départ- réellement faible. Puis, il fut pris d’une autre rage, et le mordit à nouveau; il ne pouvait décemment pas laisser les choses se finir ainsi. L’adrénaline dans ses veines réussit à contourner un temps la présence des substances qui traversaient son corps; et à nouveau une aiguille vint le clouer au sol. Cette fois-ci, il se sentait vraiment partir. Comme si il allait céder. Il tenta de se lever, mais tituba et retomba au sol. Ses paupières étaient lourdes. Il ne voyait quasiment plus rien; tout au plus un monde tournoyant et flou ; dénué de couleurs notables et de formes, un monde complètement filiforme et d’une mortelle couleur.

Puis la douleur vint, après quelques secondes; une douleur chimique et affreuse, complètement et indécemment terrible. L’impression que son corps le brûlait. Que son poil se dégradait affreusement sous des doses qu’il n’aurait jamais du ingérer en si peu de temps. Il essaya de parler. De lui dire que c’était de sa faute, que c’était un espèce de félon, et puis ces espèces de paroles se transformèrent en des cris qui n’avaient plus rien de félin, et des plaintes de douleur, que ça faisait mal, que c’était intenable. Et ça ne cessait pas. Puis tout fut noir, et il sombra dans des abîmes qu’il n’aurait du explorer.

Il ne pouvait encore ouvrir les yeux, mais sentait encore ses membres douloureux. Et son corps tout entier engourdi et paralysé. Il ne voulait pas ouvrir les yeux, en réalité. De longues minutes d’un clouant silence passèrent. Et il les ouvrit. Il se trouvait, seul, dans une des chambres de soldat. Celles où il passait toutes ses nuits. Il se leva, se sentant très mal. Il cracha du sang, et avança en boitant. Il regarda ce qu’il pouvait voir, de sa perspective, de son corps; c’est-à-dire ses pattes avant. L’un d’entre elle avait le derrière complètement rongé, découvert de poils. Il poussa un cri de surprise, avant de regarder son dos en se tournant, paniquant. Tout son corps était meurtri; il voyait des poils cramés, des zones dénuées de pelage, découvrant sa fine peau rosâtre, et parfois des zones où son pelage blanchissait affreusement. Et sa maigreur, il ne s’en était pas rendue compte, était effrayante.

Il ne voulait pas sortir ainsi, mais… Mais il se demanda pourquoi donc. Pour Shrader, ah. Qu’il retrouve cet affreux petit con et il lui démonterait la gueule. Pour les autres soldats? Ce qu’il s’en fichait. La plupart était des bêtes de foires, après tout. Et pour sa mère? Ah. C’était une autre histoire, mais il tâcherait de ne pas la croiser. Cela serait tout un tas de conversations inutiles.

Il se retrouva rapidement dehors. Il voulait voir le ciel, un peu. Bon sang, rien n’allait plus. Il se sentait vide, maintenant. Il baissa la tête. Allait-il peu à peu devenir un monstre, lui aussi? Probablement. Il allait se laisser dévorer, lui aussi. Et ce serait ainsi. Puis il sentit une patte timide, douce, sur son épaule. Il se tourna, passablement énervé. Et c’était sa mère. Alors la chatte beige s’était décidée à venir lui parler. Et sa réaction fut à l’image de son fils, quelques heures plus tôt, car elle le frappa.

Il peina à se lever. Les substances l’affaiblissaient encore. Il tremblait. Ses lunettes, tombées au sol, restaient en morceaux, cassées. Il la regarda mauvaisement.

« C’est vrai ce qu’il s’est passé avec Shrader? Enfin, j’ai aucune idée de tout ça, mais sérieusement, comment tu as pu oser le blesser? Et toi, regarde toi, tu t’es battu en plus. Je ne sais pas si tu es conscient d’à quel point tu déshonore notre famille ! »

La colère le pris. Il la regarda de haut, comme il ne l’avait jamais fait. Ah, il n’était pas vraiment grand, mais tant pis pour cela.

« Justement. Tu ne sais pas ce qu’il s’est passé, et ça prouve ton ignorance totale. Je n’ai pas de compte à rendre à la manipulatrice qui a besoin d'écraser son propre enfant. Toutes ces années où tu m’a ainsi accablé, sur le fait que je ne serais jamais heureux à cause de ma stérilité. Tu mériterais tellement de payer pour ça. Et ton petit Shrader parfait, tu sais, c’est à cause de ses putains de drogues que je ressemble à ça. Et ne parle pas de famille, par pitié. Tu sais très bien qu’on en a jamais été une, et qu’on en sera jamais. »

Il décida de mettre un peu d’espace entre lui et sa diabolique et malsaine génitrice. Il détestait se retrouver sans lunettes. Le monde violet autour de lui ne lui plaisait pas. Il rentra en fin de journée, avec la fervente envie de quitter tout ce en quoi il croyait. Les humains ne l’intéressaient plus. Il se retrouva, probablement grâce aux drogues de Shrader, avec des craquelures bleutées et rougeâtres sur les paupières, légèrement sur les contours, et débordant de ses yeux. Alors les humains lui trouvèrent des lunettes rondes et opaques, du moins plus qu’avant. Le monde était un peu plus sombre, pour lui. Mais ça ne comptait plus. Plus rien ne comptait. Sa vie était foutue. Sa famille était foutue, son amitié unique était foutue, sa foi et son innocence piétinée, son rapport à la mort complètement décalé. Il n’avait plus rien; et ça le dévorait.

Un temps il erra seul. Sans vraiment savoir quoi faire. Plusieurs fois il couru, et son coeur le rattrapa; la scène avec Shrader lui revint et le fit trembler. Allait-il ainsi être traumatisé par la douleur, et ce constamment? User de son pouvoir était plus ardu, désormais. Faire attention à être en harmonie avec son état mental n’était pas une chose aisée. Alors il continua d’errer. Encore et encore. Et encore. Pendant quelque chose qui lui parut des années, mais qui n’était que quelques semaines. Il ne s’était que peu remis en question sur les notions de bien et de mal. Juste la ferme impression que ça n’importait plus, au fond. Et ça lui allait. Ça lui allait terriblement bien, de s’en foutre.

Il tomba sur des Felinae. Les sens en alerte. Non, il ne voulait pas se battre. Trop faible; ce matin même il peinait à se lever. Il ne pouvait décemment pas s’offrir quelque folie de ce genre. Mais ce pauvre chat qui errait, qui ressemblait à une esquisse de soldat battu, réellement? Cela ne les effrayait pas. Et Isaac savait qu’il pouvait en jouer.

Il eut une discussion avec eux. Croire un chat avec une voix si douce, un visage si triste, un corps si maladif, ce n’était pas dur. Il disait avec une foi qui le trompait presque lui-même qu’il voulait se venger des soldats dont il avait eu tant de mal à se séparer sans se faire battre. Qu’il avait du se salir les pattes, qu’il serait prêt à recommencer. Et cela allait aux autres. Les naïfs; prêts à tout pour avoir de nouveaux parfaits petits soldats de plomb dans leur armée dérisoire. Isaac, honnêtement, s’en fichait des combats de Felinae. Mais comme il n’en avait quasiment jamais vu, qu’il n’avait jamais été violent, cela marcherait à la perfection.

Il allait récupérer, et se venger de Shrader. Ah, c’est ce qu’il aurait fait si jamais son corps, cette maigreur terrifiante, ces blessures définitives, ne l’affaibliraient pas pour le restant de sa vie. C’est ce qu’il aurait fait, ce qu’il se serait obligé d’accomplir avant de jouer avec la mort. Une vengeance éparse, mais satisfaisante.


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   Dim 12 Juin - 19:00



Arg, pourquoi donc avait-il fallu que cela finisse ainsi? Ah, Pandémie s'en était voulue tant d'avoir laissé son esprit prendre tant de libertés qu'il ne savait assumer. Et désormais tout ce qui touchait de près ou de loin à la solitaire la faisait ardemment rougir, et ce fut plus de honte que de réelle attirance. Ah, enfin. Elle était une adulte respectable et confirmée, un soldat de haut niveau, et la voilà confinée dans quelque chose d’inconnu, d’un peu perturbant, qui ne lui allait juste pas. Et par simple désir, par une simple attirance, quoi que plutôt mentale que physique- elle s’était ainsi réduite à un état de honte indésirable. Et ça ne lui allait vraiment, vraiment pas. Quelques jours avaient passé depuis, certes. Mais le souvenir encore douloureux de cette nuit revenait la torturer. Tout ce qu’elle aurait pu et du dire lui venait en mémoire, et elle se sentait terrible. Comme une espèce d’adolescente en manque, qui ne savait pas quoi faire pour se combler.

Elle n’avait pas vraiment envie de revoir June, après ça. Mais elle la croisait trop souvent pour que cela n’arrive plus. Elle continuait d’errer dans les terres depuis, cela dit. Rien n’allait l’empêcher de se dépenser, après tout ce qui se passait. Et elle doutait de plus en plus de sa motivation à revenir au quartier la nuit. Elle n’avait plus envie de tout cela. Pandémie voulait juste un peu de paix dans tout cela. La vieillesse lui faisait un peu peur. Parce qu’après tout ce qui se passerait, les soldats l’obligeront à baisser les armes. Et que deviendrait-elle? Ce n’était pas réellement la chose qui l’intéressait le plus, dont elle était dépendante de connaître la consistance. Ah, ce qu’elle était fatiguée. Elle voulait juste une vie calme et heureuse; et June aurait du en être un élément, un pilier. Mais désormais, c’était impossible. Et ça l’ennuyait terriblement.

Quelques jours plus tard, elle passait par un détour. Rien d’anormal. Rien n’avait perturbé sa vie. Elle huma l’air, il faisait plutôt chaud, et de douces odeurs flottaient dans l’atmosphère. Puis ses yeux s’ouvrirent en grand. L’odeur de June. Elle pourrait la reconnaître entre mille. Elle leva la tête, et la vit allongée sur une branche probablement fragile. Assez pour que, si elle n’avait pas une taille aussi fine, puisse se fendre. Arf, ce n’était pas le moment de penser à sa physionomie, Pandémie Mais la caméléon semblait dormir. Pandémie la regarda, comprenant qu’il n’y avait aucun danger imminent. Ah, c'était vraiment dommage tout ce qu’il s’était passé. Elle regrettait sa lâcheté. Elle aurait du affronter June. Parce qu’au final, qu’en pensait-elle? Elle devait arrêter son espèce de délire égocentrique et se concentrer plus sur les émotions des autres. Ah… Elle aurait vraiment du.

La chatte grise semblait plongée dans un agréable sommeil. Et Pandémie semblait à moitié captivée, et envieuse. Elle aimerait dormir aussi paisiblement. Ah. Elle se laissa aller à un soupir. Elle avait vraiment envie de dormir maintenant. Allant au pied de l’arbre, elle se laissa un instant tenter de grimper à son tour, mais la peur la laissa au sol. Toute cette ignominie, c’en était bien assez. Elle était fatiguée de tout cela. Elle s’assit au pied de l’arbre; sans vouloir faire quoi que ce fut d’autre pour la réveiller.

Puis elle vit une forme grise et fine glisser devant elle. C’était June. Encore une fois, elle n’était pas réellement endormie. Pandémie voulut, par un instinctif et impulsif geste, reculer, mais ce fut impossible. Dos à l’arbre, elle n’avait coeur à se mouvoir ou à s’exprimer. Qu’allait-elle faire? Ah, c’était ardu à décider. Elle ne pouvait décemment pas rester plantée là, mais que dire? Rien ne lui venait à l’esprit. Elle fixa June d’un air aussi neutre que possible, bien qu’il lui sembla qu’il trahissait sa panique interne. Elle tenta de la saluer, mais rien ne sortit de sa bouche lorsqu’elle s’ouvrit; heureusement, ce fut plutôt la caméléon qui s’exprima :

« Bonjour. »

Il n’y avait pas vraiment quoi que ce soit d’exceptionnel à cette réplique, mais elle sembla la plus appropriée à répondre, en retour d’elle-même.

« Bonjooour.»

Un peu traînant, et absolument pas suspect. Elle ne savait pas quoi faire, et commençait à réellement paniquer. Elle voulait vraiment savoir ce que June pensait de tout cela, mais elle doutait qu’elle le comprendrait sans demander. D’un autre côté, c’était si déshonorant de le faire que ça la perturbait intérieurement. Et elle n’avait pas spécialement envie de recevoir un non. En fait, ça lui démangeait, certes, d’en savoir la réponse, mais cela ne lui plairait nullement s’il s’agissait d’un refus. Et c’était probablement pour cela qu’elle garda le silence. Et elle fixait Pandémie, d’un air aussi gênant qu’insistant; un vide s’était installé entre les deux. Alors la chatte rouge se décida à le briser.

« Ah, tu n’étais pas endormie, pas vrai? A nouveau, tu feins le sommeil. »


Elle souriait maladroitement, se forçant à tenter de se rassurer elle-même. Alors, elle prononça ces mots qui lui restaient sur le coeur; l’empêchaient d’endiguer toute cette rage interne.

« Alors, tu… Enfin, qu’en as-tu pensé? »

Quelques secondes s’écoulèrent. June pencha légèrement la tête sur le côté, et semblait en proie à d’intenses réflexions.

« De quoi ? » fut sa réponse.

Ce n’était pas plaisant, elle n’était pas perspicace du tout. Et c’était très gênant.

« Ah, tu sais. De la dernière fois que l’on s’est vu. »


Désigner les choses indirectement était nettement moins ennuyant, certes.

« Étant donné que c’est toi qui est partie en courant, c’est à toi qu’on devrait poser la question. »


Pandémie secoua négativement la tête.

« Absolument pas. Cela n’entache pas ta capacité à avoir un avis sur la question.
-Sûrement..? Nyeh. Bah c’était biiiiizarre? »


Pandémie baissa la tête, attristée. Ainsi, cela voulait dire qu’elle ne partageait clairement pas ses sentiments. Ou qu’elle était trop naïve pour en comprendre la nature. Dans les deux cas, elle ne se sentait pas de le lui partager à nouveau.

« Ah, ce n’est rien, je comprends. Tu n’aime pas les femelles. »


En affirmant cela, elle se défit de l’endroit où elle s’était posée et commença à marcher en direction, vaguement, des quartiers, étrangement plus libérée.

«Hein. Euh si pourquoi? Euh non pas pourquoi.»


Pandémie se tourna vers elle. C’était étrange. June ne comprenait décemment pas ce qu’elle sous-entendait, n’est-ce pas? La chatte rouge reprit confiance en elle. Parce que June, quelque part, ne l’effrayait plus. C’était un peu comme une grande enfant, en soit. Et elle l’avait compris tardivement, qu’il fallait bien qu’elle grandisse un peu, mais que de se laisser torturer ainsi par de l’incompréhension n’était pas une chose décente pour quelqu’un comme elle. Ah, certes, elle avait décidé de se soucier des sentiments de June, mais, pourquoi donc s’en ennuyer désormais ? Elle-même ne s’en souciait pas vraiment, du moins, elle ne les comprenait pas. Ah, elle ne devrait pas faire ça; s’engager dans une relation étrange comme celle-ci, mais elle ne s’en souciait pas vraiment.

« Pour ça. »

Elle disait cela d’une voix douce, calme. Elle se rapprocha de June, lentement, et l’observa un peu. Une sorte de silence timide se forma, mais ne dura pas. Rapidement, et pour laisser à ses mots la signification qu’ils ont pour base, elle colla sa truffe à celle de June, se rapprochant d’elle. C’était une douce sensation. Jamais elle n’avait été aussi proche de quelqu’un intentionnellement, c’était ce qu’elle se disait. Elle appréciait bien ça, même si elle ne savait pas encore ce qu’en pensait June. Elle passa ses pattes avant derrière le dos de June et la serra contre elle. Elle avait un pelage réellement doux, pensait-elle. C’était agréable au toucher. Et c’était la première fois qu’elle serrait quelqu’un contre elle, et c’était une chose réellement douce. Après quelques secondes, elle posa sa tête sur l’épaule de la chatte grise qui, visiblement, ne la repoussait pas.

Enfin, elle se retira et la regarda avec bienveillance.

« C’était de cela dont je parlais, June.
-Jeee vooois. »


Arf. Il fallait vraiment changer d’attitude pour une vie plus harmonieuse entre vous deux. D’un air à moitié blasé, tu réfléchis rapidement au problème qui se dressait face à votre union. Les guildes.

« Je vais te demander quelque chose de dur. Et si tu ne le veux pas, j’oublierais tout cela; je tenterais. Puisque nous sommes désormais -je le pense- ensemble, nos guildes respectives ne seront en accord avec cela, tu en conviens. Alors, et si nous… Enfin, je veux dire, cela fait longtemps que j’ai envie de quitter les rangs des terribles soldats, mais que dirais-tu de fuir en solitaire avec moi? »

June penchait légèrement la tête en esquissant un sourire léger.

«Ça fait déjà longtemps que je voulais changer de guilde, ça ne me dérange pas du tout. Et c’est encore mieux si l’on est bien accompagné»

Pandémie hocha la tête.

« Alors c’est convenu. Retrouvons-nous ici demain matin, il me reste quelque chose à accomplir. »

Et Pandémie se sépara de June, après quelques temps. Une dernière fois, une juste dernière fois, elle aurait voulu contempler toute l’erreur et la folie humaine. Et puis il se faisait tard; pour ne pas risquer quelque mal que ce fut, il lui plaisait donc de ne partir que le lendemain. Elle arriva rapidement aux quartiers généraux. Ah, ce n’était rien de bien ennuyant à jeter. Elle y passa la nuit, et se languissait de la journée qui suivait. Elle était libre, déchargée de toute responsabilité néfaste. Elle avait tout de même passé une partie de la soirée avec June, et elle craignait que l’on le la saisisse en plein acte; mais nullement, pour le moment. Enfin, elle s’endormit, et pour une des rares fois, eu un sommeil paisible, se prenant même à sourire face à toute la joie qui qu'incombait son esprit.

Elle s’était levée tôt. Regardant une dernière fois le quartier, et… Une forme bleuté avait bondit devant elle. Arf, c’était le scientifique raté. Isaac lui-même qui, en son âme et stupidité, était l’un de ces chats affreux et banals dans leur ego surdimentionnel. Elle ne l’aimait vraiment, vraiment pas. Il la salue, elle lui répondit de la fermer en retour. Elle ne voulait pas qu’il parle; diantre, pour son dernier jour, que quelqu’un lui épargne ses interminables tirades. Juste qu’il la ferme. Cela marcha un temps; pas longtemps cela dit. Il lui demanda si elle avait passé la nuit avec quelqu’un. Pas vraiment, mais presque. C’était tout à fait la même chose au niveaux des odeurs, elle y songea. Et lui l’avait bienheureusement compris. Sans vouloir se cacher ; le scientifique était tout à fait au courant, et l’irritant tout particulièrement, elle répondit que oui. Il affirma que ce n’était pas un soldat, et elle le confirma. Parce qu’il le savait bien, et que ça l’amusait de jouer avec son raisonnement logique. Il en était fier, et ce qu’elle détestait cela.

Ah, elle lui foutrait bien un coup, qu’il ressente la véritable douleur pour une fois. Elle ne l’avait jamais fait pour des raisons professionnelles; mais après tout, qui s’en souciait désormais? Elle y songea fortement. Et il la traita de traître. Alors elle ne se retint plus. Fermant les yeux, elle visualisa bien la situation; qu’elle prenne matière dans son esprit, s’esquisse de ses contours nets. C’était absolument ce qu’il fallait. Durcissant sa peau, sortant ses griffes, elle lui asséna un féroce coup. Sa mâchoire se craquela sous son coup; c’était son impression. Et il s’écroule au sol, comme si la gravité venait absolument de quintupler et l’obligeait à se terrer par terre. C’était plaisant à voir, son visage déformé par la douleur. Il était petit, maigre et frêle; et ce coup là était porté par une chatte terrifiante comparée à sa corpulence. Elle aurait pu et du s’en soucier plus que cela, mais rien ne lui venait à l’esprit. Rien, absolument. Aucune pitié pour ce petit bâtard.

Elle lui dit de la fermer, et s’en alla, le regardant avec fureur et haine. Elle le vit vaguement se relever et cracher du sang, mais ce n’était rien. Il s’en remettrait; elle avait appris avec le temps qu’il était tenace et, malgré l’impression qu’il donnait, que rien ne pouvait réellement l’atteindre. Du moins, c’était ce qu’elle pensait. Si seulement elle l’aurait revu, Isaac le Felinae. Mais ce ne serait pas le cas. Elle en aurait probablement ri. Sans plus, mais cela aurait probablement valu la peine d’être vécu, n’est-ce pas? Enfin. Désormais, June l’attendait. Elle se rendit avec rapidité au même endroit qu’hier. Elle retrouva sa compagne. Et tout aurait pu se finir bien.

Tout aurait du se finir bien.

Des semaines passèrent. Aucun retour des caméléons, des soldats. Elles vivaient ensemble, en parfaite harmonie. Aucun manque de quoi que ce fut, aucun conflit. Pandémie aimait à connaître plus June, et June aimait à ne rien faire de la journée. Alors elles dormaient ensemble la plupart du temps. C’était une vie calme et douce, une belle retraite pour la chatte rouge. Elle était heureuse comme jamais elle ne l’avait été. Les soldats ne lui manquaient pas; elle n’en avait pas une seule seconde été nostalgique. L’absence de ces murs blancs, lui rappelant son seul et premier meurtre, ne l’effrayait plus. Parce qu’elle avait June et que tout allait bien. Tout allait si bien.

Et puis un jour, il y eu ça. Un grognement tout d’abord lointain, puis peu à peu se faisant place, et là apparut la chose. Un chat colossal, déformé, complètement fou et dévoré. Pandémie le reconnaissait ; pas personnellement, mais ceux de son espèce. Les chats restant des expériences ratées. Elle s’interposa immédiatement entre lui et June et expliqua rapidement la situation à cette dernière :

« C’est une expérience ratée. Ce qu’il reste. Ceux qui survivent mais perdent la raison. Ils sont… Extrêmement dangereux. Et je crains que la seule option fut de le tuer, et que tu ne sois pas en mesure de te battre, sans vouloir te manquer de respect. »

Durcissant les extrémités de ses pattes, elle bondit sur le chat. Il était affreusement grand. Elle le frappa au visage, et du sang sortit de sa bouche; puis elle l’aveugla. C’était trop facile, se disait-elle. C’en était suspect. La bestiole cependant profita de sa position proche de son visage, griffes plantées dans son crâne, pour lui même l’attraper au ventre, et la balancer au sol. Poussant un cri âpre, elle se tordit de douleur. Son ventre était presque ouvert, rougeâtre de sang. Elle se leva immédiatement, ne voulant pas qu’il s’approche de June. Il avait beau être aveugle, il sentirait probablement son odeur. Mais Pandémie avait la vision qui floutait. Elle fixa le sol, ses pattes qui lui faisaient horriblement mal. Ah, il lui avait, en la lançant, rattrapé les pattes puis l’avait cloué au sol. Par conséquent mordu les pattes. Elle resta paralysée par la douleur, quelques secondes.

Un pelage gris s’interposa. Le chat cependant eut plus de compassion pour la caméléon, et lui infligea seulement un coup sans réellement la blesser gravement; pour autant, elle fut rapidement éloignée et saignant au visage. Ah, c’en était trop. Pandémie se releva, usant de toute sa force. Elle était une digne soldate; ah, peut-être plus, mais tout du moins, avait encore toutes ces années d’entraînement. Elle ne pouvait faillir, peu importe combien l’ennemi semblait infaillible. Elle grogna, mais ne dit mot, car de toute manière, il n’aurait pu les comprendre. Tout était de sa faute, s’il était là, et elle ne pouvait le laisser décemment blesser June. C’était tout ce qu’il lui restait. Elle priait à quelque dieu qui ait jamais existé que l’on ne lui retire pas. Elle pouvait bien mourir pour cela, elle s’en moquait bien. Elle s’en moquait tant. Du moment qu’on lui permis de protéger ce qui lui était cher.

Elle sortit ses griffes, et se jeta à nouveau sur le colosse. Cette fois-ci, elle visa ses pattes; elle mordit sa patte avant droite, et, rapidement, pour éviter quelque autre coup, bondit sur son dos lorsqu’il faillit de par son équilibre douteux, et planta ses crocs dans sa nuque; il lui fallait atteindre son cou ; mais ce ne serait pas aisé. Et tout allait si vite. Le monstre se dressa sur ses pattes avant, et se laissa tomber au sol. Écrasée, Pandémie put néanmoins, en collant ses pattes avant contre le cou de la bestiole, percer la peau. Elle ne savait pas si ça serait mortel; mais ça l’épuiserait un tant soit peu. Au moins, ce serait ça de gagné. Cela dit, la bataille ne semblait pas terminée. Il ressaisit avec sa gueule la batte mordue de la chatte rouge. Elle hurla; la douleur était intenable. Elle reçut plusieurs coups de griffes maladroits mais douloureux. Le chat se releva, dans le but de l’achever, au sol. Elle. Ne. Pouvait pas. Elle devait protéger June. Elle glissa au sol, et le chat frappa dans l’air; plantant sa patte pleine de griffes dans la terre. Puis il sembla ressentir un peu la faiblesse corporelle de ses blessures, et se laissa quelques secondes étourdir.

Pour ajouter à cela plus de douleur, Pandémie sauta vers sa tête et frappa de toutes ses forces sa tête. Son cou craqua, et c’en fut presque fini. Il était mourant, au sol. Quelques secondes suffiraient. En un dernier élan de désarroi, il rampa jusqu’à la chatte rouge. Elle recula sans mal, allant plus vite; et il mourrut. Elle soupira.

Rapidement, elle sentit June qui s’était rapprochée d’elle en titubant. C’était fini, hein…? Elle baissa les yeux. Un flot de sang conséquent s’était accumulé. Et son ventre était bien trop ouvert. Ses entrailles, presque, visibles. Elle allait y passer, elle le sentait. Elle le sentait. Pandémie s’écroula, les yeux à demi vitreux.

« Pandémie…? »

C’était une question à moitié hésitante. Comme si la réponse se trouvait ici-bas, mais qu’il n’y en avait pas réellement. Pandémie tremblait. Le sang continuait de couler, et ne voulait pas s’arrêter. June se coucha à côté d’elle, ne voulant pas croire à ce que le destin réservait pour défunt avenir à sa compagne. Pandémie toussa du sang. Elle releva les yeux. June, penchant sa tête vers celle de la soldate, pleurait. C’était surprenant, mais un peu normal. Elle réalisait seulement ce qu’elle perdait. Et ça lui mit les larmes aux yeux, à elle aussi. Elle ne voulait pas partir. Elle avait seulement vécu quelques semaines de bonheur; pourquoi fallait-on qu’on lui arrache tout ce qu’elle avait, qu’on attriste sa vie à chaque fois que faire se peut? Et ainsi, alors que d’aucune manière on aurait pu la briser, on finissait sa vie. Mais elle avait sauvé June. Et c’était mieux ainsi.

« Je ne veux pas partir. »

Elle avait peur de la mort. Peur de tout ce que ça allait lui apportait. Mais c’était la fin. Ah, toutes ces choses qu’elle aurait pu dire, qu’elle aurait pu faire. Et ça lui revenait en mémoire, inlassablement. Et ça n’arrêtait pas, ça n’arrêtait jamais.

« Je suis désolé...» murmura-t-elle.

C’était la fin.

« Je t’aime, June. »

Peu après qu’on lui eut permit de prononcer ces mots, elle s’éteignit. Sa poitrine se souleva douloureusement pour la dernière fois, et ses yeux à demi-clos devinrent complètement vitreux. Ç’aurait du être une fin heureuse. Mais après tout, ça n’existe pas.


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   Lun 20 Juin - 22:19


Ceci étant un one shot (la solitude mdrrr) j'archive c:





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