Monstre.

PV Hikun, Shiranui & Bones

Le ciel était teinté du gris sombre des nuages. Le vent soufflait dans le pelage du félin assis au bord de l'eau. Ses yeux rivés dans l'eau brunâtre, on aurait pu croire qu'il avait aperçu un trésor dans l'étang face à lui. Mais s'il y en avait un, il ne l'avait pas vu. Ce qu'il fixait de ses iris mauves avec à la fois intensité et détachement n'était que son simple reflet. Lui-même. Il n'aimait pas son apparence quelque peu perturbante. Vert, transparent et aux os plus qu'apparents. Tel un monstre, un squelette ambulant.

Il ne savait plus depuis combien de temps il était là, il avait perdu depuis bien longtemps déjà le compte des heures. Il n'avait pas bougé. Seul et la tête penchée vers l'étendue d'eau peu accueillante. Soudainement, le félin leva la patte, sortit ses griffes et lacera l'eau. Son visage n'était plus visible au milieu des vaguelettes, déjà nombreuses par le vent qui soufflait, qui disaient sans bruit la surface de l'eau. Ce fut à cet instant qu'une voix retentit derrière lui.


Cette voix. Elle convenait parfaitement à l'environnement, aussi froide et lugubre que les pourtours de l'étang sombre. Pendant toutes les minutes qu'il avait passées là, il n'avait pas prêté la moindre attention au monde extérieur. Ce fut la première fois depuis un petit moment qu'il se rendit compte d'où il était, de ce qui l'entourait.

De longues secondes qui parurent une éternité passèrent. Le regard du félin assis ne pouvait se détacher de ces vaguelettes qui brisaient la surface lisse de l'eau. Il finit par se tourner lentement vers son interlocuteur en se relevant doucement. Malgré cela, il ne pipa mot, laissant seulement le bruit du vent parvenir aux oreilles de chacun.



Ce simple mot brisa le calme ambiant, comme une fausse note dans une parfaite symphonie. Il avait prononcé ce mot, son propre nom, sans la moindre émotion, le moindre ton, vide. Il savait que le félin qui lui faisait face le connaissait déjà. Un monstre pareil ça ne s'oublie pas.

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Découvertes.

Hikun, Shiranui & Bones

Le chat à lunettes vint vers le félin transparent et s'assit à ses côtés. Son regard passait sur la nature mourra te tandis que Bones l'observait.


Le chat vert hocha la tête légèrement. Effectivement, il avait. L'autre chat termina sa contemplation pour se tourner calmement vers lui, lorsque son regard sembla passer à travers son corps transparent. Il le regarda se lever pour se diriger vers une souche assez proche. Il regarda attentivement ce qui avait attiré l'attention d'Hikun. Celui-ci le regarda avec un regard d'incompréhension en lui présentant sa trouvaille.


De la sorte de poudre blanchâtre... Il n'avait aucune idée de ce que cela faisait là, et encore moins ce que cela pouvait bien être. Alors qu'il allait répondre par la négative au félin qui balançait sa queue de gauche à droite, un bruit se fit entendre derrière eux. Un chat venait d'atterrir à côté de l'étang. Elle - puisque c'était une femelle - regarda les deux chats avant de s'approcher vers eux. Souriante et détendue, elle leur adressa quelques salutations.


Le sang de Bones ne fit qu'un tour. Il n'avait pas compris cette étrange sensation en la voyant arriver, mais à ces mots il savait de quoi il en retournait. Il la connaissait. Et plutôt bien même. Ensemble, ils avaient travaillé, avant. Lorsqu'il était encore un soldat. Que pouvait-elle bien faire ici ? Que lui voulait-elle ? Voulait-elle se venger qu'il ait aidé les Felinae et trahit les soldats, ainsi qu'il ait déserté les rangs . Il espérait profondément qu'elle ne le reconnaisse pas. A vrai dire, il ne voulait pas qu'un quelconque soldat ne le reconnaisse, ou lui parle. Les mauvaises langues sont toujours tapies dans l'ombre, prêtes à raconter le moindre de ses faux pas. Il le savait. Si ils le voyait parler amicalement avec une soldate, qui sait les répercussions que cela pourrait avoir. Et encore plus s'ils se connaissaient. Ne sachant que faire, il lui tourna ostensiblement le dos. Elle ne devait pas le reconnaître, si ce n'était déjà fait.

Il lui semblait que Hikun ait parlé à la soldate. Mais il n'en avait rien entendu, trop occupé par le fait de ne pas se faire reconnaître par la féline ailée. D'ailleurs, il s'était levée et était parti vers elle de ce qu'il avait vu. Bones semblait bien plus éveillé et emplit de vie que précédemment. Toutes ses idées noires qui lui étaient venues lorsqu'il était perdu dans la contemplation de son horrible reflet étaient parties aussi vites qu'elles étaient arrivées.

Tout à coup, plus loin entre deux arbres, quelque chose attira son attention. Le chat squelettique se leva et s'en approcha. D'autre poudre blanche attendait là, comme si elle attendait que quelqu'un ne vienne la chercher. Sans quitter du regard cette trouvaille comme s'il avait peur qu'elle ne parte en courant, il éleva la voix.

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Partir.

Hikun, Shiranui & Bones

Le matou à lunettes s'était rapproché de Bones pendant que celui-ci mettait au jour cette poudre si éclatante. L'autre hocha la tête à ses dires et se retourna vers la soldate qui les regardait. Le chat vert les observa du coin de l'œil. Les deux se parlaient. Sûrement de ces choses, de cette poudre qu'ils avaient trouvée. Lui ne les écoutait que d'une oreille. À peine tourné vers eux, faisant semblant de regarder autre chose, il les regardait.

Soudain, la femelle aux yeux bleus sauta en l'air - s'envola presque - et prit quelque dans un arbre avant de le poser à côté d'Hikun. Ces gestes brusques firent Bones regarder pleinement la scène, tourné vers celle-ci. Mais ce qu'il essayait de ne pas faire depuis le début se produit malencontreusement.  

Le regard de Bones croisa celui de la chatte ailée. Ses yeux plongés dans ceux de cette soldate, qu'il évitait de simplement regarder depuis qu'elle était là, son pelage se hérissa légèrement mais il les plaqua comme il le put presque instantanément, espérant que ça ne s'était pas vu. Il détourna le regard comme s'il avait vu autre chose. Il savait la haine que nombre de soldats possédaient contre lui autant que de quoi ils étaient capables. Il ne pouvait prendre le risque qu'elle le reconnaisse, qu'elle le traque, qu'elle lui fasse les pires choses qu'un chat pouvait faire à un autre, qu'elle le tue. Même si mourir ne lui faisait pas peur à vrai dire, un monstre ne mérite que ça, il ne voulait pas de cette manière. Pas de la patte de ceux manipulés malheureusement par les humains, de ceux qui prennent plaisir à voir de nouveaux monstres se créer pour grossir leurs rangs.

Il fallait qu'il parte. Maintenant.
Mais plus il cherchait des excuses pour s'éclipser, moins il les trouvait "vraies". Les choses rocambolesques ne pouvaient qu'attirer encore plus l'attention. Déjà, se calmer. S'il avait l'air affolé ou pressé de partir, ça ne le ferait pas. Il avait bien réussi à berner tout le monde pendant un an, il pouvait bien mentir trente secondes à deux chats sans problème. Lorsqu'il fut calmé comme il faut, il se leva et commença à partir dans la direction opposée à celle où se trouvait la femelle. Il se retourna légèrement vers les deux chats et fit un sourire qu'il savait tellement faux mais qu'il trouvait nécessaire pour sauver les apparences.


À ces mots, il s'enfonça dans les bois environnant. Une fois qu'il se sut hors de vue, il courra. Il devait rester loin de ces chats, ces soldats. En rencontrer une d'entre eux était la pire chose qui avait pu lui arriver ce jour-là. Il ne devait pas en voir d'autres. Même s'ils ne se parlaient pas. Il ne voulait plus qu'ils aient la moindre place dans sa vie.

Il ne sut combien de temps il courût. Ni où il ne se trouvait à la fin. Les seules choses dont il était sûr, c'était qu'il n'avait croisé par un seul autre chat, et que maintenant seul lui pouvait choisir le chemin qu'il prendrait.

© Kokca