Le soleil était son zénith, et ses rayons éclairaient la forêt, la baignant alors d’une lueur presque aveuglante.  

Ipomée marchait, la tête basse, tout en grommelant.

La chasse avait était mauvaise, elle réussit seulement à attraper une souris maigrichonne et un merle.  Et pourtant, elle était partit tôt le matin. Et quand elle eût l’idée de se désaltérer à l’étang, un insecte géant avait bien faillit l’attaquer, mais elle avait réussi à s’enfuir de justesse. De plus, la chaleur était plus étouffante que d’habitude, chose qui avait le don d’énerver la Caméléonne.

Elle rentra vers la base des Caméléons, d’un pas lent. Elle se hâta d’aller déposer ses proies sur la petite pile de gibier.

J’irai chasser ce soir. Songea la chatte.

Après avoir déposé ses prises, elle se dirigea vers un coin ombragé. La femelle s’étira avant de s’allonger.

Bien qu’elle fût à l’ombre, la chaleur était toujours aussi insupportable pour elle. Encore une fois, elle maudissait son pelage duveteux qui la dérangeait tout le temps l’été, ou même durant toutes les périodes chaudes.

Elle déposa sa tête sur ses pattes avant et ferma les yeux.
A cause de sa surdité, les bruits environnant étaient insupportables pour elle. Pourtant, elle essayait de ne pas y prêter attention et de plutôt se concentrer sur autre chose.

Les odeurs autour d’elle étaient toute suite moins désagréable. L’odeur des Caméléons était omniprésente, sentir une autre odeur se montrer plutôt dure, mais Ipomée posséder un bon odorat, et elle pouvait sentir le doux parfum de la végétation et des rares fleurs qui se trouvaient près d’ici.

Peu à peu, le sommeil l’emportait sur elle, mais un bruit la fit sursauter.
Elle redressa la tête. Elle n’avait pas pu localiser d’où provenait le son qu’elle venait d’entendre.

Elle pesta.

Se reposer est donc trop demander ?

Il faisait incroyablement chaud aujourd'hui, bien plus que d'habitude et j'avais beaucoup de mal à le supporter, surtout depuis que je m'étais mise à aider les Caméléons. Bientot, je ne pourrais plus me déplacer comme avant, je voulais donc profiter au maximum avant que de longs trajets me soient impossibles! Mais je n'avais pas prévu une telle chaleur, seuls deux souris et un petit lapin furent ma chasse de la matinée, les autres se terraient, quant aux oiseaux, ils volaient plutot haut. Dommage, mais par cette chaleur, je ne pouvais continuer ainsi, je rentrais donc au bercail avec mes petites proies. Une fois le tout déposé, je partis boire un peu avant de chercher quoi faire mais comme je m'y attendais, personne n'avait besoin de moi et je fatiguais déjà. Le repos était donc la meilleure chose à faire. Je partis donc en direction d'un coin à l'ombre et proche de la source d'eau aussi, mes coussinets à présent parfaitement guéris, je pouvais me déplacer sans manquer de couiner ou de rouvrir mes plaies. Il ne semblait y avoir personne, ce qui me rassurait un peu, du calme et être seule pour réfléchir encore à ma situation, c'est tout ce dont j'avais besoin! La tête haute, je m'approchais des lieux quand un souriceau me passa entre les pattes, me faisant lacher un petit rire, quand soudain il grimpa sur ma queue, avec ses petites griffes, il me chatouillait alors qu'il cherchait un abri. Contrairement à la plupart des soldats, j'avais toujours gardé mon instinct joueur mais je me retenais la plupart du temps pour ne pas avoir de reproches. Sauf que j'étais seule à priori alors autant s'amuser un peu! Vive, je bondis sur ma queue, roulant par terre tout en jonglant avec l'animal, dominatrice dans le jeu.

Mais mon comportement sembla déranger quelqu'un que je n'avais pas repéré.

Se reposer est donc trop demander ?

Surprise, je bondis sur mes pattes, ma proie retenue par ma patte. Les oreilles droites, les sens aiguisés, prête à fuir ou à me défendre.

-Qui est là?

De nouveaux bruits se firent entendre. Laissant échapper un petit grognement de mécontentement, Ipomée se releva non sans difficulté –elle avait des courbatures-, puis, elle localisa l’odeur d’un Caméléon proche d’elle.

Elle s’approcha d’un pas lourd vers la source du bruit et vit une jeune chatte de petite taille au pelage tigré jouer avec un souriceau.

Ipomée était à la fois surprise et quelque peu énervée –parce qu’elle l’avait réveillée-.

Puis, la femelle semblait avoir remarqué la présence d'Ipomée.

« Qui est là ? » Demanda-t-elle, au qui vive .

« Tu ne pourrais pas faire moins de bruit ? » Pesta la femelle, sans même répondre à sa question.

La chatte au pelage gris râla de nouveau et s’assit.

« Je ne pourrais même pas me rendormir, à présent ! » Ajouta-t-elle.

Elle commença alors à faire sa toilette, chose toujours compliqué à cause de sa fourrure épaisse. Elle dénicha quelques brindilles ou autres saletés coincées dans son pelage.
Une fois sa toilette terminée, elle reporta son attention sur la femelle qui l’avait réveillé.

« Moi qui pensait que seuls les chatons étaient aussi bruyants, je me trompais. »

Elle savait bien que ses paroles étaient rudes, mais lorsqu’elle était en colère, elle ne pouvait pas vraiment se contrôler, ce qui la faisait souvent passer pour une ancienne, toujours ronchonne.
De plus, elle remarqua que le ventre de la femelle était étrangement rond, signe qui montrait qu’elle allait avoir des petits. Quoi qu’Ipomée ne s’y connaissait pas trop, elle n’avait jamais eu de portée et ne souhaitait pas en avoir de sitôt.

Ça veut dire qu’il y aurait des chatons bruyants qui passent leur temps à courir partout ! Pensa-t-elle, un air presque choqué au visage.

Elle soupira. Elle savait bien qu’elle était égoïste. Cependant, sa surdité l’avait complètement changé Les bruits qu’elle percevait devenait de plus en plus infernale à écouter. Et à présent, elle était tout le temps de mauvaise humeur, à cause de ça, mais aussi à cause de ses maux de tête et de son manque de sommeil.

« Excuse-moi, je suis de mauvaise humeur… »

Elle détourna le regard, presque honteuse. Elle détestait devoir s’excuser auprès d’autres félins.

« Tu ne pourrais pas faire moins de bruit ? »

Je sursautai aussitot en voyant une chatte grisatre et tigrée que je n'avais pas remarqué au début, elle semblait de méchante humeur, peut-être l'avais je réveillé avec mes jeux. Embêter les autres était bien la dernière chose que je souhaitais ici, j'allais donc bredouiller quelques excuses mais elle me coupa dans mon élan en ralant encore avant de s'assoir.

« Je ne pourrais même pas me rendormir, à présent ! »

Sans attendre, elle se mit à faire sa toilette, ce qui semblait difficile. Quant à moi, je m'étais couchée par terre, la queue basse et les oreilles en arrière en signe de soumission et de pardon. C'était un des rares réflexes que j'avais gardé des Soldats, pourtant j'avais tout fait pour les oublier pour de bon... Comme quoi, même après les avoir fui, j'en étais toujours une dans les gestes.

« Moi qui pensait que seuls les chatons étaient aussi bruyants, je me trompais. »

J'étais maintenant vraiment toute petite, hormis ma queue, gênée par la situation, la souris se débattait entre mes griffes mais je la gardais précieusement. Alors je vis son regard se poser sur mon ventre avec un air choqué, instinctivement, je le cachais avec ma queue touffue. Pour la première fois depuis ma fugue, j'avais un instinct protecteur pour ces petits dont je ne savais rien et qui créaient bien des doutes sur mon avenir. Cela me réjouissait autant que me troublait.

Ça veut dire qu’il y aurait des chatons bruyants qui passent leur temps à courir partout !

C'était ses pensées en voyant mon abdomen et, bizarrement, cela m'énerva, montrant mes crocs à cette chatte qui décidément, n'aimait rien. Comment pouvait on penser une telle chose de bébés dépendants et sans défense? N'avait elle donc eu aucun loisir étant petite? Il était tout à fait normal pour des petits de se dépenser!

« Excuse-moi, je suis de mauvaise humeur… »

Le début de colère qui m'animait depuis quelques instants s'apaisa quand elle détourna le regard, je remarquais alors ses cernes et son poil pas vraiment brillant, elle semblait fatiguée. En y réfléchissant, j'étais moi aussi coupable de ça, quelle idée j'avais eu de jouer alors que le soleil est si haut? Le préférable aurait été de se reposer et de jouer dans la soirée. A présent assise, je lui tendis ma souris en guise de gage de pardon, geste encore provenant de ce que j'étais en tant que soldate, se faire pardonner en donnant de la nourriture.

-Non, c'est moi, je n'aurais pas dû faire autant de raffut alors que tout le monde a besoin de refaire ses forces, moi la première! Mais cette souris a voulu se cacher dans la fourrure de ma queue, je n'ai donc pas pu échapper à la tentation, ahah! Tu as faim? Je m'appelle Esme et toi?

Un instant, elle crût voir la femelle en face d’elle montrer les crocs, mais ce fût si bref qu’elle en déduit qu’elle avait dû avoir une hallucination, sûrement à cause de la fatigue.
Puis, la futur mère tendit la souris vers la chatte ronchonne. Ipomée considéra la proie avec envie. Depuis son retour de la chasse, elle n’avait rien avalé. Elle porta son regard sur la jeune femelle.

« Non, c'est moi, je n'aurais pas dû faire autant de raffut alors que tout le monde a besoin de refaire ses forces, moi la première! Mais cette souris a voulu se cacher dans la fourrure de ma queue, je n'ai donc pas pu échapper à la tentation, ahah! Tu as faim ? Je m'appelle Esme et toi ? »

Elle secoua la tête en guise de remerciement, puis commença à manger.

« Je suppose que je ne peux pas t’en vouloir, tu es encore jeune, (Elle arrêta de parler un instant, pour avaler une seconde bouchée de souris), je suis Ipomée. »

Elle termina enfin le souriceau et remercia de nouveau Esme d’un signe de la tête.
Parfois, elle aimerait ne pas être un félin si grognon. Mais ce vœux se relevait être impossible. Même si elle essayait de faire des efforts, elle ne pouvait pas s’empêcher d’être aussi désagréable.
Mais en soit, cela ne la dérangeait pas réellement, mais elle devait par contre déranger les autres.

Je chasse et je suis fidèle envers ma guilde, je ne vais pas non plus me montrer gentille avec tous ces félins insupportables !

Elle marmonna des choses insensées dans sa barde ; elle avait réussi à s’énerver elle-même.

Raaaaah !

Elle aurait tant voulut crier, mais elle aurait eu bien trop mal aux oreilles.

La femelle grise leva les yeux au ciel, mais celui-ci était caché par le feuillage des arbres, qui avait réussi à lui faire de l’ombre plus tôt. Et pourtant, l’air était toujours aussi chaud, mais Ipomée ne pouvait malheureusement rien y changer.

Puis, elle observa de nouveau Esme. Elle était quelque peu envieuse ; elle était jeune, jolie et semblait gentille, en bref, elle avait tout ce qu’Ipomée n’avait pas.
En fait, elle était encore plutôt jeune, mais elle vieillissait avant l’âge.
Elle soupira de nouveau, chose devenu une habitude à présent.

Elle me regarda un moment avant de prendre la souris et de la dévorer. Il aurait été logique que je me garde cet encas au vu de ma situation, et les chats n'étaient pas connus pour être partageurs, nous sommes naturellement des chasseurs solitaires. Mais il faut croire qu'il existe des exceptions, comme les Caméléons et les Félinaes par exemple, bien qu'ils le fassent par nécessité afin de survivre.

« Je suppose que je ne peux pas t’en vouloir, tu es encore jeune, je suis Ipomée. »

Elle me remercia d'un hochement de tête, ce qui me fit sourire. Elle n'était pas si froide que je le pensais au début finalement. Après quelques coups de pattes derrière mes oreilles, je levai ma queue afin de la poser sur ma tête, m'en servant pour me protéger du soleil. J'aurais pu me coucher à l'abri d'un buisson à coté mais je n'aimais pas vraiment parler dans le vide sans voir les pattes de mon interlocuteur, un réflexe de soldat encore. Soudain, elle se mit à marmonner, me faisant redresser les oreilles, elle semblait énerver mais je ne pouvais en savoir la cause puisque je n'étais pas dans sa tête. Curieuse, c'est ce que je fis, lire ses pensées, sans un mot ni un quelconque bruit, les chats n'aimaient pas qu'on fouine dans leurs pensées, je le savais à présent. Trouver la source du problème fut impossible à découvrir tant ses pensées étaient brouillonnes, influencées par son énervement, cependant, je pus lire les dernières avant qu'elle ne se mette à crier mentalement, me faisant sursauter involontairement au passage:

Je chasse et je suis fidèle envers ma guilde, je ne vais pas non plus me montrer gentille avec tous ces félins insupportables !

Je repris très vite contenance et secouai la tête en espérant qu'elle n'avait pas vu ma réaction. Évidemment, je ne comprenais pas en quoi c'était un problème pour elle de ne pas être gentille tout en étant serviable, certes, la situation se faisait critique mais tout de même... Je gardais mon point de vue, préférant changer de sujet, bien que je ne la connaissais pas et parler des conditions actuelles de vie des Caméléons risquerait de l'agacer encore plus, la questionner sur sa vie aussi, et peut-être qu'elle était belliqueuse envers les ex-soldats, tout était possible avec les inconnus! Ipomée se mit à regarder le ciel comme si elle cherchait quelque chose, de la fraicheur peut-être? Pourtant, nous étions à l'ombre, enfin, surtout elle. Pour ma part, sentir la chaleur écrasante réchauffer mon poil dru me fit ronronner de satisfaction, ce soir, j'allais surement bien dormir, enroulée dans ma queue chaude! Puis elle m'observa, une fois de plus, je connectai nos esprits afin de vérifier qu'elle ne me regardait pas ainsi car elle m'avait reconnu, ce qui aurait été une coincidence surprenante. Décidément, je devenais de plus en plus paranoïaque mais n'est ce pas normal pour une future mère? Une fois encore, elle me prit par surprise avec ses pensées: elle m'enviait pour des choses qu'elle avait déjà! Je ne m'étais même pas rendue compte qu'elle était "vieille" comparée à moi! Je comprenais un peu pourquoi elle était désagréable à présent, mais devais je m'en mêler? La dernière fois, cela m'avait valu de finir en section de reproduction... Que me ferait elle si je lui dévoile mon don? Non, je devais garder le silence, comme je l'ai toujours fait. Silence prime sur le reste, c'est tout. Même quand cela peut aider les gens à changer et à s'accepter comme ils sont...

Découragée, je soupirais en rompant le lien entre nous, élevant un mur entre ses pensées et les miennes de façon automatique, n'entendant plus qu'un léger bourdonnement et quelques mots par ci par là.

Toi aussi non? Enfin, je veux dire que tu n'as pas la même patience que les autres vétérans du camps. Et puis, ça doit être dur de chasser pour tout le monde avec les autres sous cette chaleur, j'ai essayé moi aussi mais c'est de plus en plus difficile à présent! J'espère que tu n'es pas comme ça en présence des proies, tu risques de passer la nuit à les traquer sinon, ahah!

Le coeur a ses raisons que la Raison ignore dit-on! Et l'Humour a cette fabuleuse capacité à rendre des situations critiques ou au contraire, de les relever et d'aider à la communication. Une fois de plus, j'allais me mettre dans le pétrin afin d'aider un camarade félin, au moins ici, on n'enferme pas les gêneurs dans des cages...

Up ♪

hrp:

Elle me regarda avec des yeux ronds, me faisant comprendre qu'elle avait compris, du moins en partie, ce qu'était mon don à présent, me faisant baisser la tête. C'était à cause de ce genre de réaction que je m'étais retrouvée en reproduction, je me souvenais encore de ce chaton terrorisé qui avait dévoilé mon secret puis de la réaction des autres... Allait elle aussi me rejeter car je pouvais accéder à tout ce qu'elle pensait? A mon grand étonnement, elle ronronna plutot à ma réplique mais son regard ne trahissait pas sa connaissance de mon don pour autant.

« C’est sûr que c’est assez dur. Et non, je ne suis pas comme ça quand je chasse, en fait, c’est plutôt amusant, enfin, quand il ne fait pas un soleil de plomb comme maintenant. »

Je souriais, moi aussi j'aimais chasser, bien que cela semblait en apparence difficile pour moi de traquer mes proies et d'être discrète à cause de ma queue, en fait, ce n'était pas du tout le cas! Du moins, pas quand la température était aussi élevée et encore moins avec un ventre aussi imposant, être enceinte avait pas mal d'inconvénients... Ipomée soupira me ramenant une fois de plus à ses pensées, très vite, ses réflexions me donnèrent mal à la tête, elle était décidément très difficile à suivre et très compliquée, trop pour la petite chatonne adulte malgré moi que je suis! Elle baissa alors la tête, me faisant à nouveau comprendre qu'elle avait deviné mon pouvoir télépathique. La culpabilité me fit bondir sur mes pattes, tentant de trouver mes mots pour m'excuser.

-J-je... je suis désolée! D'habitude je ne m'intéresse pas aux pensées des autres qui sont putot faibles d'ailleurs, mais je suis curieuse et c'est à cause de ça que j'ai dû quitter les Soldats et que je suis... enfin... Je te promets de ne plus écouter tes pensées si tu veux! Ni de parler dans ta tête!

Une fois de plus, je m'étais emballée et j'en avais trop dit, comme avec le soldat il y a quelques mois. Muette, je me recouchais en cachant ma tête sous ma queue, consternée par mes gaffes, certaine que ma camarade allait partir en sachant tout cela.

Up ♪

Dernier Up avant archivage ! ♪