Je me promenais calmement, le vent de la nuit contre mon pelage le faisant flotter comme jamais, en effet la chaleur de la journée n'était presque plus, bien que la température reste agréable même en pleine nuit. Mes pattes foulaient à peine le sol, ne faisant qu'un léger bruissement sur les quelques feuilles se trouvant au sol, je me souviens que trop bien la naissance de mes petits ici même, c'était peu après ma venue chez les Felinaes, après l'abandon de ma chère Neko, après que mon compagnon ait soudainement disparu d'un coup sans laisser de trace, après que mon erreur fut faite. Je sautais alors sur un champignon, enfin sur la tronc de celui ci, en effet il était plein d'eau et son chapeau était plus long qu'épais ce qui était particulièrement étrange. Une fois au dessus de celui ci je me couchais tranquillement et regardais le ciel nocturne, le regard heureux quand même, la douleur qui gagnait ma poitrine me rappela que mon petit avait été enlevé ici et par un solitaire à moitié fou et un autre chaton à peine plus vieux.

Je sentis alors une présence près de moi, comme des yeux qui me fixaient dans la nuit noire, un peu inquiète je me relevais et sortais les griffes d'un coup, mes ailes entrouvertes, puis je me retrouvait stupide quand je ne vis rien du tout dans les fourrées, je descendais alors, je devais rentrer, ma fille, bien qu'elle soit avec les chatons de Patte d'Ecume sa chère tante adoptive, elle devait surement pleurer...Je me fais trop d'idée, tout irait bien, je reviendrais après au petit matin, elle dormirait surement où elle commencerait à jouer, elle était sevrée à présent, mais bon je devais m'enlever ces images de la tête je ne pouvais faire autrement sinon j'allais courir au camp pour la réveiller, réveillant quatre ou cinq chats au passages pour m'assurer qu'elle allait bien et me faisant engueuler par Patte d'Ecume probablement derrière.

Je me mis à chasser un peu, du gibier frais pour la tribu cela ne ferait de mal à personne, surtout pour les chatons découvrant la viande, en ce moment nous n'étions clairement pas en manque de nourriture mais un rongeur au matin bien juteux et encore chaud je pense que personne ne cracherait dessus après tout ! Je ressentis un regard me brûler le dos, cette fois ce fut plus qu'un regard, un chat se trouvait derrière moi à plusieurs mètres, une chatte noire, une mèche bleue traversait son regard, elle était rayée de vert, son regard, enfin son unique oeil visible était jaune. Un éclair me transperçait alors le coeur quand je compris de qui il s'agissait, non...c'était impossible ! Comment avait-elle put changer autant après tout ! Elle était si petite et innocente quand je l'ai quitté ! Peut être le chagrin de la trahison? Probablement...

"-Et bien, nous y voici? Ton erreur tu en payeras le prix !" Dit-elle d'une voix dure et froide ou pointait la colère et la hargne, j'allais mourir ici alors? Je ne pouvais pas ! Mes amies, ma famille ! Ma fille ! Mon fils à sauver ! Non ! Non !

Elle se jetait alors sur moi et me plaquait au sol, j'en eu le souffle coupée, ses griffes plantées dans ma chair à vif au dessus du crâne depuis ma rencontre avec un regard muté la dernière fois. Un ricanement me fis me retourner et je lui donnais un coup de griffe sur la joue pour m'envoler, cependant celle ci m'attrapa l'aile droite et la tordu ce qui me fit hurler de douleur comme jamais je n'avais pu le ressentir, enfin si une fois, mais cette fois ci c'était différent, tout mon corps était engourdi par une drôle de douleur, bien plus fulgurante que les autres que j'avais pu sentir durant toute ma vie. Elle reculait alors, je me relevait et elle me contrôlait, d'une manière que je ne pus plus me défendre, je ne vis plus rien pendant plusieurs minutes, mais la douleur était encore bien là, plus forte que jamais.

Ce fut après 5 minutes que je revins à moi, elle se trouvait près de moi, mon coeur battait à tout rompre et mon aile perdait du sang, une fracture ouverte probablement, elle se déplaçait derrière moi, je pouvais l'entendre parler, mais sans comprendre quoi que ce soit, mon ouïe était touchée par je ne sais pas quoi...Je voulus m'envoler mais mon aile me cloua au sol d'un coup violent, ma patte avant droite était également tordue pour je ne sais encore quelle raison, mes griffes rentrées dans le sol me faisaient souffrir. Je me tournais vers la femelle derrière moi, elle avait un port fier et un sourire commençait à naître à la commissure de ses lèvres, je sus alors ce que cela voulait dire. Quand je sentis une patte se poser sur moi, je sus que cela allait être la faim, une petite lueur s'éclairait dans les yeux de la chatte quand elle me poussait du haut du champignon, mes griffes plantés dans celui ci refusaient de le lâcher, ainsi je restais dessus et elle commençait à s'énervait et à pousser plus fort des deux pattes, j'étais à présent au bord, les griffes toujours autant accrochée à la chose sous nous, mon corps commençait à fatiguer et surtout mes griffes commençaient à casser, quand un petit "clac" se fit entendre elle me poussait d'un coup de toute ses forces.

Je hurlais alors, le sol se dérobait sous mes pattes, le vent ne servait à rien, mon pouvoir était inutilisable et je tombais alors dans le vide, le sol n'arrivait toujours pas sous moi, je vu alors des flashs lumineux dans mes yeux si brillants, mes amis morts...ma famille morte et aimante...tout le monde était là...je fermais les yeux et laissais les souvenirs venir à moi, simplement comme si je n'avais plus rien à faire, la douleur disparaissaient et mon coeur se gonflait d'une douce chaleur, Cyani, Patte d'Ecume, Thaiko, Kasaï, ma fille, mon fils, Neko, enfin la petite Neko...tout mes amis...je suis désolée de vous quitter comme ça, je dois assumer mes erreurs, je dois juste vous dire au-revoir. A bientôt peut être dans une autre vie...

Tout devint noir quand le sol me percutait et que mon heure vint enfin, mes amis, sachez que je vous aimais, maintenant que mon coeur est partit, j'espère que vous me pardonnerez, peut être un jour, peut être jamais, je vous dit au-revoir et adieu à la fois, bonne vie à vous.

Saphira était partie.

Pour pas longtemps, bien sûr, juste le temps de se dégourdir les pattes, de changer d'air un instant. Je faisais de même quand mes chatons avaient l'âge de sa fille. Et de son fils... Quel malheur ! Un si beau chaton, qu'elle aimait tellement. Il avait été volé...

Comment un tel malheur avait il pu arriver ? Je me sentais si coupable de ne pas avoir été là pour le sauver, pour aider Saphira, moi qui me prétendais son amie, je n'avais rien pu faire pour son fils...

Elle devait y penser en ce moment même...

Cette idée m’empêchait de rester tranquille. Je regardais les cinq boules de poils dormir contre moi. Mes quatre enfants et, plus jeune, la fille de ma sœur adoptive. Ma nièce, donc ? Oui, c'est ce que je ressentais pour elle, pour eux, un amour sans borne.

Quand je restais perdue dans la vague, il m'arrivais de voir mon autre fils, chétif et entièrement blanc : Étoile. Je pouvais le voir, à coté des autres, grâce à mon pouvoir. Triste soirée décidément, tellement de souvenirs remontèrent et je lâchais quelques larmes, le cœur serré, comme si il sentait une mauvaise chose arriver.

Les petits remuèrent dans leur sommeil, me réveillant à moitié alors que je commençais à piquer du nez. Je ne me sentais pourtant pas calme comme d'habitude. Je sortit un peu, déterminée à prendre un bon bol d'air afin de trouver le sommeil, quand...

Marchant d'un pas trainant, Dariel semblait porter une lourde charge, aussi bien morale que physique. Un chat. Qui portait sur lui l'odeur froide de la mort et métallique du sang. Mes pattes se bloquèrent.

Je n'avais pas besoin d'approcher pour voir qui était le chat fraichement offert au clan des éternels. La forme quasi transparente qui avançait derrière me renseignait suffisamment. Je suffoquait de surprise et de douleur, des larmes incontrôlables jaillirent de mes joues.

Quand je retrouvais le sens de mes jambes et de ma gorge, je lâchais un cri perçant qui aurait réveillé un sourd suivi d'une plainte sourde déchirante et me précipitait vers mon chef qui laissait couler une larme. Une fois devant eux, je restais figée, choquée.

Puis je m'écroulais. Évanouie par le choc. Combien de temps ? Suffisamment pour faire un rêve. Ma première rencontre avec elle, la naissance de ses enfants, la garde de nos chatons ensemble, nos discussions sans tabou, nos larmes partagées, nos fous rires, nos promesses, nos vies.

Un grand champ, baigné de lumière, inconnu pour moi. Aucun son, aucune odeur, mais un sentiment d'apaisement sans borne, qui faisait flotter mon cœur. Une petite pointe de peine, remplacée par de la mélancolie, pointa quand une voix, sortie de nul part, enveloppa mon esprit :

-Veille sur elle, ma sœur. Je te fais confiance. Au revoir. Je n'ai pas peur, je sais qu'avec toi à ses cotés, elle ira bien.

Une note de joie embauma mon cœur endolorie et je me pris à sourire, me sentant engourdie par une affection sans borne pour cette sœur de cœur, auparavant mon ennemie, puis ma meilleure amie. Je fermais les yeux et respirais une dernière fois son parfum, un vent léger et libérateur ébouriffa ma fourrure.

Le réveil, sous une pluie des plus triste, me ramena durement à la réalité. Je restais à terre, les yeux fermés; les larmes coulant silencieusement sur mes joues couvertes de boue.