| J'entendis enfin le fin bruits de l'eau qui s'écoulait au loin, j'étais enfin arrivé aux ruisseau
où j'avais l'habitude de faire ma sieste. Au moins, ici, je pouvais être protégé du soleil par
les feuilles des arbres, et le doux sont du ruisseau sale, me berçait dans un tranquillité qui
m'endormait très rapidement. Je regardais d'abord, tout en étant assis, les feuilles brûlées
qui suivaient le cour du ruisseau. Je fermais ensuite les yeux pour ne ressentir que le vent
qui se faufilait dans mon pelage. Je m'étalais alors d'un coup sur l'herbes ou tout les pissenlits
s'envolèrent. Je laissais échapper un gémissements de plaisir. La sieste pouvait commencer.
Mais c'est en entendant les feuilles des buissons qui se frottait, comme si ils cachait quelque
chose, que mes oreilles n'arrêtaient pas de se tourner. Je ne pouvais pas dormir dans ces
conditions, mais hors de question de me lever pour peut-être tomber sur une simple bestiole
qui passait par là...et franchement, manger à cette heure si après mon bon repas, très peu
pour moi. Je décidais alors de laisser passer le temps, et malgré le bruit, tenter de m'endormir.
Juste passer quelque temps dans une forêt empoisonnée là où les plantes sont carnivores et se jettent sur toi... je ne vois pas où est le problème. Quoi ? Me faire peur ? Vous rigolez ?! Enfin... Bon d'accord, j'avoue, ça fait un peu peur. Vous allez me dire "pourquoi t'es venue ici alors, chochotte" ? D'abord, vous amusez pas à m'énerver, sinon vous savez comment ça va finir. Bon. Mettons-nous au clair. Je fais juste un petit tour pendant que mon rang de veilleuse me laisse mon temps à moi, en vérifiant un peu les environs. Et puis, j'ai besoin de me changer les idées et de sortir un peu voir l'extérieur, je vous rappelle que je suis tout le temps calée sur la "place" assignée aux veilleurs, comme une statue, à ne rien faire que d'attendre tout et rien. Il faut que je voie l'évolution de ce monde apocalyptique, quand même ! Et je peux vous l'assurer, ça n'a rien de magnifique. Des débris, du désert, les arbres coupés... Alors là, merci les humains ! Ah là là. Mais qu'est-ce qu'on leur a donc fait pour qu'ils nous donnent une vie si... pourrie ?! ... ...... Rhaaaaa ! Je perds la tête ! Vous vous rendez compte ? J'attendais votre réponse ! Je l'attendais ! Phew.. Un peu de sérieux, reprenons les bonnes manières. Si je prenais l'air ce n'était pas pour me rendre folle. Merci. Mais je ne suis pas folle, j'en suis sûre ! C'est impossible, je suis trop jeune pour mourir. Dieux, déesses, plaignez-moi, je deviens schizophrène ! On parle on parle mais on n'en voit pas le fond à cette forêt. Tiens, je crois que j'arrive à la petite clairière, une cuvette dégagée d'arbre plutôt, où coule le ruisseau en temps normal tout vaseux, fangeux, crasseux, immonde où je ne pourrais prendre aucune lampée. Mais je suis bien obligée alors je me force... D'ailleurs, je sentis que ma gorge était sèche et râpeuse. Quand on parle d'"eau", j'ai soif. Buvons ! L'eau ne me dégoûtait même plus. J'avais traîné mes pattes dans le mini champs de pissenlit, sur la rive du ruisseau, et ils s'étaient tous envolés. En espérant qu'il n'y ait pas de chats allergiques dans les environs... mais bon. J'agitais ma queue aux motifs galactiques et fit frémir mes oreilles. Je me penchais lentement pour boire; je n'avais pas remarqué, plongée dans mes affaires et avec une telle soif, le chat qui était en phase de semi-sommeil. Toujours pas. Et je buvais, buvais toutes les saletés qui flottaient et coulaient dans l'eau. A quoi bon se retenir, je n'aurais rien à perdre si je tombe malade (gravement) à cause de ça. Je n'allais pas m'embêter ! La vie est trop rude dans ce monde, si seulement j'étais née des années plus tôt... on m'avait bien raconté quand j'étais enfant, la douce vie qu'avaient les chats domestiqués... Mais bref, pas le temps de ruminer le passé de toute façon, car le passé est passé. En relevant la tête je me rendais compte tout l'eau que j'avais accumulé. En bougeant je pouvais la sentir remuer dans mon ventre amaigri. Quoiqu'il en soit je me retournais, je pense que j'allais rester un peu sur cette rive, histoire de ce reposer un peu... et voilà que je vis ce chat. On aurait dit un diable angélique. Il avait l'air si paisible, mais portait des cornes et n'avait pas du tout la blancheur et la netteté des anges. Mais tout de même, qu'il était beau... Et puis, j'aime bien les cornes, moi. Je trouve ça joli. Mais bref, toujours est-il que je l'avais peut-être dérangé... je préférais ne pas le réveiller au cas où il roupillerait. Donc, je me couchais simplement avec douceur à quelques pas de lui, et regardais le ciel. Il était beau. Je tournais parfois la tête pour voir le mâle. Je me posais des questions sur lui. Je ne l'avais jamais vu au campement des caméléons, peut-être était-il nouveau.. chez les felinaes ? Je ne sais pas. Son caractère ? En se fiant aux apparences, il n'a pas l'air méchant. Je ne pensais pas à un soldat. Ou peut-être que c'est un bleu. Ou un frais. Ou alors il déteste les soldats. Je ne sais pas. Peut-être est-il manipulateur ? Causeur ? ...Charmeur, frimeur ? Avec cette carrure et cette apparence si attrayante, ça ne m'étonnerait pas. Il fallait le dire : il était vraiment beau. Mais je ne pensais pas à un premier coup de foudre non plus... Pendant ce temps j'attends. J'attends, parfois j'essaie de m'endormir. Sans la vision de ce monde, ça n'avait pas l'air apocalyptique. Au contraire d'ailleurs. Mais bon... Sans la vision, sans la vision... mais encore, j'attendais aussi à ce qu'il me parle, s'il était réveillé et qu'il m'avait entendu. Peut-être qu'il m'avait aussi regardée ? Peut-être qu'il m'avait aussi trouvée jolie ? Là sont les questions.
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