C'est pour moi le seul endroit resté intacte après le désastre et la désolation commis par les humains. L'orée. La nuit, les lucioles scintillent et la végétation est toujours vivante dans les environs. J'étais assise sur un rocher, la lune était levée. Une luciole bleue vint tournoyer autour de moi. Je la regardais en souriant, elle me faisait tourner la tête. J'étais quelque peu barbouillée depuis quelques temps, je me sentais malade. Mes muscles me lâchèrent, instantanément. Puis je me retrouvais couchée. C'était étrange mais je n'en menais pas large. Je ne pensais pas que le fait était si grave qu'il l'était. Une simple fraude, rien de plus contraignant. Et pourtant...
Couchée, je continuais a fixer l'horizon, le sourire toujours aux lèvres. Je levais mes yeux vers la lune argentée. Elle me semblait sourire, ça me rendait rassurée. Si je devais mourir, j'aimerais mourir ici... C'est l'endroit qui me donne le sourire, et je me fais la promesse de mourir en souriant. C'est le souhait que j'aimerais réaliser le jour de ma mort. Mourir le sourire au lèvre est une mort paisible pour le paradis des chats. Enfin, il me semble ! Ne jamais parler trop vite, comme on dit. Un proverbe très vrai, d'ailleurs, beaucoup le prouvent, chats comme humains, animaux, insectes, oiseaux etc. Enfin, s'ils peuvent tous parler...
Mais subitement, je sentais que bouger même mes coussinets et l'extrémité de ma queue m'engourdissait plus et me faisait mal. J'espérais que demain, ce sera réglé. Je ne pourrais pas vivre avec un tel handicap ! Vous imaginez un combat avec ça ? Mais qu'est-ce que je dis ? Pas de combat comme ça, si je continue avec cette engourdissement, impossible de garder mon rang de sous-cheffe. Oh et puis, un peu de repos ne ferait pas de mal. Mais je tenais beaucoup à ce rang de sous-cheffe ! Le perdre comme ça n'était pas digne de moi. Si j'avais déjà été sous-cheffe alors quoi ? Je méritais au moins d'être baissée de rang ou même peut-être exilée avec dignité ! C'est ce qui me semblait juste...
Je n'allais pas mieux. Mon ventre appelait à la mort. Mais que m'arrivait-il ? Je n'arrivais plus a rien ! Je ne suis pas si vieille que ça, si ? Quelle question... Mourir si jeune ! Enfin, si jeune. Mh... C'est vrai que je suis jeune. Mais pas assez pour me prétendre "si" jeune. Oh, et que j'arrête de monologuer tout le temps dans ma tête ! Je me débats toujours avec moi-même, il fallait que ça cesse. Oh et puis, si c'était une habitude pourquoi pas.
Pendant que j'admirais les vers-luisants et le ciel étoilé sans rien voir vraiment, ma vue ce brouilla. Mais qu'est-ce que c'était que ces étranges anomalies ? Je commençais a croire que ce n'était pas la dernière. Elle s'enchaînaient, je ne pouvais plus bouger, presque plus voir. Je finis par fermer les yeux. Et, si je pensais a sourire, si jamais... Il fallait être parés si la mort frappait. Mais quel pessimisme ! Mais bon, c'est un peu normal avec toutes ces choses étranges qui se passent en ce moment même...
Tout d'un coup, le sommeil m'emporta. Ou la mort. Ça c'était passé si instantanément qu'on aurait dit la mort. Et je pense que je ne me réveillerais pas de sitôt. Le sourire au lèvre, l'air apaisée, je sombrais intérieurement dans les abysses de la mort.