Featuring Crow

La féline parut surprise que je la questionne. C'était étonnant qu'une sous-chef te demande qui tu es ? Bah, peut-être pour une nouvelle. C'est vrai que sous-chef ce n'est pas rien...
—  Oui, c'est ça. Pourquoi pas. Autant dégourdir mes pattes.
Je lui administre un sourire radieux exprimant mon contentement. Nous nous levons et bravons la brève distance qui nous sépare de la sortie.
 Une goutte me tombe pile sur le museau, ce qui me fait sursauter, alors je recule ma tête, en reflex. Je louche pour voir ce qui s'est écrasé sur ma truffe et, en remarquant que c'est une goutte, lâche un léger rire.
—  Une si grande peur pour une si petite goutte ! M'exclamé-je.
—  Tu me fais visiter les coins ?
—  Oh.. Oui, bien sûr.
Je lui indique toutes les tanières, lui précisant quelques détails au passage, tournant la tête dans tous les sens.
—  Voilà ! Allons nous balader maintenant.
Je me dirige vers la sortie de la sylve vers l'étang. J'avais soif et je pense qu'il était de même pour Crow. Tous les matins, j'avais la gorge sèche; sensation qui passait bien entendu. J'avance à pas copieux, je m'assure donc d'un regard passé au-dessus de mon épaule qu'elle me suit bien.
—  Nous allons à l'étang. Tu as soif ?
J'avance rapidement, les éclaircies me faisant luire mon pelage. Les frondes commencent à monter de plus en plus haut, et les arbres reprennent leurs feuilles petit-à-petit. Le trajet n'est pas bien long, j'ai encore toutes mes pattes évidemment. Je commence à entendre le ruissellement de l'eau fluide. Quand j'arrive, elle coule avec un courant calme, l'eau ne fait pas envie, elle est polluée, mais c'est environ notre seul point d'eau. Alors j'arc-boute mon dos et fléchit mes pattes, rangeant ma queue à côté de celles-ci, et lape l'eau de ma langue râpeuse.

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Featuring Crow

—  AÏE !
Ce cri retentit en écho insoutenable dans mes oreilles. Je tourne la tête rapidement, et fixe la femelle d'un air inquiet.
—  Qu'y a-t-il ? Je me presse vers elle et l'épaule afin qu'elle se relève. Elle m'a l'air vachement fatiguée, je sais qu'elle feigne qu'elle va bien, mais en vrai l'eau et la nourriture lui manque. Elle est évanouie, mais je lui chuchote :
—  Reste là, ne tente rien d'imprudent. Comme bouffer de la chair à corbeau... où à ch... Je m'arrête. C'est quoi cette idée ?! Comment un chat pourrait manger un autre ? Surtout qu'elle a perdu connaissance ! Je vous le demande ! Pfff. Mais pourtant des rumeurs circulent comme quoi un chat mange la chair à matou. Mais pourtant il est dit qu'il porte un masque... Mais Crow... Elle pourrait faire ça elle ? Non, je ne pense pas que ce soit le cas, en tout cas pas sur moi. A moins que ?... Je secoue ma tête afin de rejeter ces idées glauques de mon crâne.
 Sur ce, je pars pour attraper une proie qui pourrait nourrir la féline. Je m'avance prudemment dans les buissons, levant le museau au ciel et humant l'air imprégné d'effluves de ferraille. Je perçois justement l'odeur d'un rongeur, un écureuil, puis m'avance lentement afin de l'aviser, derrière une racine d'un arbre géant, grignotant un gland. Je fléchit rapidement mes pattes, collant les poils de mon ventre à-même le sol et abaissant ma queue. Je m'avance discrètement, tous les sens en alerte, et au moment où il paraît distrait me jette sur lui en un éclair blanc, rose, gris et beige. Toutes griffes dehors, je tombe légèrement à côté de lui et le plaque au sol, les pattes sur lui. Je tranche sa gorge de mes griffes, l'achevant. Alors je me relève et rebrousse-chemin pour rapporter cette proie à Crow.
  Arrivée là-bas, je dépose l'écureuil à ses pattes, et la traîne jusqu'à la rivière pour qu'elle puisse boire, la penchant suffisamment. Je lui glisse de l'eau sur le front, et en voyant qu'elle ne se réveille pas plonge sa tête dans l'eau, la ressortant aussitôt. Oui, c'est étrange comme manière de faire, pour une sous-chef, mais voilà, je ne vais pas la laisser comme ça sans rien faire ! Attendant que ses paupières se lèvent, je lui chuchote, comme je sais qu'elle est consciente :
—  Bois, et mange. Ca te fera le plus grand des biens. 
 

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Featuring Crow

Je remarque une certaine gêne chez elle. Elle tente de se lever, en vain. Apparemment elle est très frustrée. Elle n'a pas l'air dans son assiette. Je me sens coupable : si je ne l'avais pas entraînée vers l'étang, jamais ceci ne se serait produit ! Bien entendu aucune réponse à ma question. Se pose-t-elle des questions sur ce qui lui est arrivé ? J'en doute. Elle sourit soudainement. Si seulement j'avais ce pouvoir de télépathie !... L'hypnose est utile mais pas dans tous les cas.. Dommage. Mais je ne peux pas me plaindre, ce pouvoir que j'ai est très serviable et j'aime beaucoup m'en servir. Contre ou pour, peu importe : l'hypnose me fait frissonner de bonheur. Puis j'eu une sorte de vision : ma deuxième rencontre avec Titan ! Les images que j'aperçu se volatilisèrent. Elles étaient floues mais très compréhensibles pour moi. C'était le jour où j'étais devenue folle : complètement déchaînée, je ne pouvais plus m'arrêter. Cette vision d'horreur me fit frétiller. Je ne voulais plus entendre parler de ça !
  Crow était mouillée à cause du mini-plongeon de tête que je lui avait fait faire tout à l'heure. Mon sang ne fit qu'un tour quand je pensa à une chose :
  Elle me soupçonne. D'avoir voulu la noyer ? D'avoir fait quelque chose de mal ? Que... Va-t-elle me "bannir" ?
  Je ne suis pas tant rancunière mais si jamais quelqu'un me retire de ma place pour un mensonge pareil, je l'aurais dans le collimateur, il pourra en être certain. J'affiche sans m'en rendre compte un regard furieux. Quand je sors de mes pensées, Crow me fixe. Oui, elle a vraiment l'air pleine de soupçons à mon égard. Je frissonne. Je lui rend un faux sourire, l'air convaincant. Ah ! Si seulement je ne l'avais pas amenée ici !
  De toute façon, je préfère apprendre de mes erreurs que rester inculte.
  C'est une bonne résolution, me dis-je. Mon sourire n'est plus fictif; il est devenu réel en un clin d'oeil. Je ne vais pas me démonter, et si Crow me dénonce - je ne la connais pas, autant s'attendre à tout - comme assassin, je protesterai par la force des mots. Je tourne la tête, surveillant les environs, comme pour voir si personne n'est là. Je ne sais même pas pourquoi je fais ça, peut-être c'est plus pour chercher de l'aide... Peu importe; elle se penche et lape l'eau de sa langue râpeuse typique des chats. Ses épaules dominent alors tout son corps, ses ailes rangées contre elle. Je la regarde; elle a l'air préoccupée. Elle n'est pas sereine, en tout cas.
  Elle se relève, me fixant alors à son tour. Je lui adresse un regard respectueux, attentionnée. Elle a l'air de vouloir me déclarer quelque chose. Ca me fait penser à StarLight et son film StarWars, avec le "petit bonhomme vert qui apprend la force à Luke" ! Je me retiens de rire à ce moment là. Comme je m'y attendais, elle me dit :
  — M-Merci, bégaya-t-elle. Pourquoi m'as-tu aidée ? J'ai vou... Tout d'un coup, elle trancha sa phrase. Je m'apprêta à répondre mais je me contenta de tourner la tête de côté, lui signifiant mon interrogation. Elle reprit, alors : C'est vrai, p-pourquoi ?
  Pourquoi ? C'était une bonne ques... Je secoue ma tête. C'est logique, voyons ! 
  — Tout simplement parce que tu fais partie de ma guilde, que je me dois de te sauver et que tu es une amie, je n'allais pas te laisser mourir devant mes yeux, alors que j'avais le pouvoir d'y changer quelque chose !
  M'écriais-je. Puis, je repensa à elle, et reprit :
  — Et toi, qu'as-tu donc essayé de faire pour te tordre de douleur comme cela ?
  C'en était fini; mon regard était grave, je la regardais. Terminé les cachotteries, qu'elle avoue, à présent !

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Featuring Crow

 — « J'ai cru voir une souris, je me suis mise à bondir. Quand je me suis aperçue que ce n'était, hélas, pas une souris, et que j'ai vu que j'allais atterrir sur toi, j'ai voulu m'arrêter. Mais je me suis mal réceptionnée et je suis tombée. » Malgré son ton net, bien net, clair, quelque chose clochait. Elle ne détournait même pas le regard; tout laissait croire qu'elle était sérieuse. Et pourtant, quelque chose me disait que non... « Si tu parles de mon aile, c'est à cause de la cage où j'étais enfermée, il y a quelques années de maintenant, qui a cédé et déchiré mon aile. Elle me fait mal en permanence, alors c'est normal que je me plaigne tout le temps. »

  Elle avait le même ton que moi, sérieux et perçant. Presque exaspéré. Elle reprit alors :

  — « Et toi ? Que croyais-tu ? » Elle lâcha un rire, soudainement. « Que j'allais te combattre ? Simplement te sauter dessus ? Pire ! Sauter sur un feuille ou de la mousse comme un chaton ? » Elle avait un timbre hilare, comme si elle se moquait d'elle-même. J'étais un peu.. comment dire... choquée ? Elle continua : « Détends-toi, je rigolais. Mais sérieusement, tu pensais à quoi, c'est vrai, tu m'as posé la question avec tellement de... franchitude. Que voulais-tu insinuer par là ? »

  Et je n'allais rien lui cacher. C'est pour ça que, tranchante, je lui dit d'une voix assez sèche, toujours assise calmement :

  — « Que tu me caches quelque chose. »

  Soyons francs et sérieux; mentir à une féline comme Crow serait indésirable. J'agite lentement l'extrémité de ma queue, quelque peu exacerbée. Je fronce mes muscles oculomoteurs, et oriente mes oreilles vers l'arrière.

  — « Tu ne pourras rien me cacher. »

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