Peuh !
Ce qu'ils m'énervent ces vétérans à nous prendre de haut, nous les jeunes, encore plus ceux de secondes lignes ! Manque de pot, je suis en seconde ligne et comme je suis connu pour ma férocité et ma discrétion, on me met tout le temps en mission.
Là, un grand matou avec la queue en forme de pique était rentré ma chambre alors que je ronflais tranquilos sur mon matelas. Cette andouille m'avais piqué le bout de la queue et je m'étais redressé en sursaut avant de me fondre dans les ombres par réflexe. Ne connaissant pas mon pouvoir, celui-ci avait écarquillé les yeux et j'étais réapparu en bougonnant. Faut pas me prendre par surprise, il a eu de la chance que je ne le tue pas par erreur !
Il m'avait dit qu'on avait besoin de moi pour aller dans les Quartiers Nords. En fait c'est toujours moi (ou presque) qui suis convoqué pour les missions nocturnes. En même temps mon pouvoir devient plus puissant la nuit... et plus effrayant pour ceux après qui je cours.
Je sortis donc en grommelant mais finalement ça n'allait pas si mal que ça. 
Le ciel était caché par de gros nuages et quasiment aucune lumière ne filtrait. Je m'étirais longuement en arrivant à l'extérieur et goutta pour la première fois depuis longtemps une brise délicieusement fraîche. 
Pas encore la peine que je déclenche mon pouvoir, ici ce n'était pas encore ma zone de taf'.
Mon travail était de trouver d'éventuels échappés et de noter l'avancée du désert en attendant. Mais c'était surtout un amusement...

J'avançais tranquillement mais j'arrivais malgré tout rapidement au milieu des quartiers Nords. Dans un léger soupir (j'aurais tellement voulu rester couché), je me fondis dans les ombres, devenant ainsi invisible, impalpable et inaudible pour n'importe qui me chercherais.
Je me glissais tranquillement entre les bâtiments en ruine lorsque je vis du blanc au loin. Du blanc qui bougeait.
Une chatte. Et quelque chose me dit que ce n'est pas une soldate en mission...
Je la suivais discrètement. Effectivement, c'était une chatte noire aux deux grandes ailes blanches (dommage, sans les ailes j'aurais presque pu dire qu'elle était pas moche) et il me semblait voir qu'elle a des yeux bleus-verts.
Elle se faufile dans une maison totalement écroulée et je la suis discrètement. Les planches de bois pourries grincent sous ses pas mais elles ne font aucun bruit sous les miens. 
Silencieux comme une ombre.
Elle monta un escalier, elle semblait avoir vu quelque chose. Je la suivais toujours, me préparant à l'attaquer.
Elle pénétra dans une pièce. Probablement une chambre, vu le sommier brisé dans un coin et les rideaux décolorés et déchirés qui pendaient et flottaient au gré du vent, devant les vestiges d'une fenêtre. Elle se figea et j'en profitais.
Redevenant normal, je lui sautais dessus et la plaqua au sol. Elle poussa un petit cri et se retourna, me permettant de la bloquer grâce à ses ailes. 
Clouée au sol, elle me jeta un regard paniqué. Je ne l'avais jamais vue mais elle devait me reconnaître de quelque partcar elle écarquilla ses yeux (qui me rappelaient d'ailleurs ceux d'une personne qui, fut un temps, était chère à mes yeux...).
Je sentis une vague de colère et de haine me submerger, comme à chaque fois que je pense à ce qu'il lui ai arrivé et que ces flemmards de felinae n'ont rien fait pour la sauver.
Je montrais les crocs et lui demanda :

- Qui es tu et que fais tu ici ?

Je raffermis ma prise sur ses ailes, n'hésitant pas à les traverser de mes griffes.

 

-  Nous n'avons plus le droit de nous promener maintenant ? Lâche moi ! Lâche moi maintenant ! Au pire je reste comme sa mais ne vien pas te plaindre si je fais des caprices toute les 5 minutes.

Je restais muet. La fureur que je ressentais déjà se fortifia dans mes muscles, me donnant envie de tout casser. Elle me donne des ordres alors qu'elle se balade sur notre territoire !? Elle est au courant, en dehors de sa grotte, que nous sommes ennemis !? L'amitié, ou encore pire, l'amour entre nos deux clans sont contre-nature.
J'allais lui dire de la fermer lorsqu'elle reprit :

- Bon peut être qui si j'y vais plus amicalement tu accepteras de me liberer alors s'il te plaît charment soldat, pourrais tu avoir la gentillesse d'enlever tes pattes de mes ailes ?

Moi !? Faire preuve de gentillesse !? Nan mais tu me connais pas encore. Bon, là je rage tellement que je dois avoir l'air que je vais baver mais ce qu'elle peut m'exaspérer !
Elle me rappelle quelque chose, j'ai l'impression d'avoir déjà vu ce pelage noir, ces ailes blanches et ces yeux bleus si particuliers... Je secoue la tête. C'est une felinae, rien de plus.
Je vais faire en sorte qu'elle se souvienne de moi. Je toucherais son histoire, elle ne m'oubliera jamais, même lorsqu'elle décèdera. Elle se souviendra toujours de moi. Je lève ma patte droite pour la frapper et elle pousse un petit cri. Je souris, certain que c'est moi qui l'effraie lorsque je me sens m'envoler. Des crocs ont transpercé mon épaule et me lâchent brutalement. Je n'ai aucune idée d'où je suis, tout tourne autour de moi.
Je sens d'un coup du bois craquer sous moi, de très fine planchettes, et du tissu s'enrouler autour de moi. Merdouille, je suis passé par la fenêtre !!!
J'essaie de me transformer, mais je ne sais pas si c'est dans l'affolement de ma chute ou pour une X raison mais je n'y arrive pas. Je m'écrase par terre. La douleur explose dans mon corps, ma tête résonne horriblement...
Je vois un bout de queue métallisée passer par le trou que j'ai fait, puis un éclair transperce le toit de la maison qui s'écroule. Est-ce que l'intru va survivre ?
Ma vision se floute, se réduit à deux fentes lorsque je la vois sortir. Je sombre peu à peu dans l'inconscience.
J'ai l'impression de la connaître...

 
Je flotte dans du noir. Sauf que dans ce noir, d'étranges formes violettes presque noires, difficiles à discerner, arrivent et s'étendent, évoluent tout autour de moi d'une manière tout à fait étrange...
Holà on arrêêêête la drogue, on arêêêête les conneries et on redescend sur terre.
Non, toujours pas ? 
Mais merde alors, je fais quoi là !?
J'essaie instinctivement de me transformer en ombre mais bizarrement ça ne marche pas. Lorsque je regarde ma chaîne qui flotte devant moi et mes griffes, je comprends que c'est surtout parce que je n'ai plus mon pouvoir si ça marche pas ewe...
Bon, moi je fais quoi ici !? C'est un truc du subconscient c'est ça !? Mais que ça m'emmerde tout ça, à passer du temps sans savoir où je suis...

- Bon alors, récapépète de la situation : j'ai attaqué une felinae sur notre territoire sauf que je me suis fait agresser à mon tour par ce que je pense être un monstre et je suis passé par la fenêtre. G.E.N.I.A.L
C'est sûrement ça qui m'a conduit ici, je suis probablement assommé. Encore plus génial.

Je continue à ruminer lorsque je vois une des étranges formes violettes qui me tournaient autour depuis tout à l'heure devenir blanches, se rapprocher de moi alors que celles restées violettes disparaissent. Des images au début floues se former et entrent dans mon champ de vision. Je les laisse s'approcher et je me retrouve dans l'histoire. Je me pose sur une herbe verte, 
Je vois un tout pitit chat noir, un chaton quoi, qui se cache derrière un buisson. Il est un peu ridicule mais pour la première fois, je me sens grave. Plus envie de rire, plus envie d'être méchant.
Je vois soudain celle qu'il regarde. Une petite chatte, à peine plus vieille que lui, est en train de jouer avec une petite boule de mousse. Elle est noire, a des yeux bleus-verts et deux belles ailes blanches. Pour la première fois, j'ai envie de pleurer. Je ne sais pas de quoi. Juste envie de pleurer.
 J'entends un cri qui semble venir de plus loin.

« Cachou, viens ici ! »

Ce nom... Il y a tellement longtemps qu'il n'a pas sonné à mes oreilles... pourtant il semble être familier au chaton qui pousse un petit cri et part en courant.
Lui... Moi... Je me souviens... Tonneria ?
La chatte, la felinae que je voyais jouer mais que je n'ai jamais abordé ?
J'aurais pu la tuer...
Pfff... Je me ramollie. Lorsque j'étais Cachou, j'étais faible. Maintenant je suis puissant. Plus encore qu'elle.
Je suis perdu dans mes pensées, je n'ai pas fait attention à ce qu'il se passait.
Le sol se dérobe sous mes pattes, je bascule, sans plus savoir où est la tête ni où est le ciel.
Juste le noir.

Elle est là, elle revient... Tonneria...
Je ne comprends pas trop, elle se rapproche de moi et m'effleure le bout de la truffe.
Ça picote. Le noir s'éclaire tout doucement et ma vision s'éclaire. Je suis derrière un buisson, le ciel est clair. C'est l'aube.
Merde.
Soudain ma vue fait la mise au point sur ce qui se trouve juste dans mon champ de vision et je fait un bond en arrière en poussant un petit cri.
Je dois limite faire tapette, digne d'un caméléon.
En même temps, elle se tient juste devant ma truffe, et maintenant que je me souviens qui elle est, elle m'intimide.
Je me tasse en arrière, sans oser rien faire. Je vois du gibier frais non loin, mais je ne sais pas si c'est pour elle ou pour moi.

Hors Rp:

 
- Sers toi ! J'ai déjà pris ma part.

Sa voix était gentille, emplie d'une douceur que j'avais oublié depuis longtemps. Tellement longtemps... C'est comme un duvet de chaton, tout petit, tout doux, tout simple et pourtant si mignon.
Je me rapprochais, toujours intimidé par la felinae, chose qui était tellement rare... je me saisis avec discrétion d'une souris et commence à la manger. Peu à peu mes forces me reviennent et elle me demande :

- Au fait, je m'appelle Tonneria, combattante felinae. Et toi ?

Que devais je répondre ? Le nom atroce sous lequel elle devait me connaître ou celui qui faisait ma gloire et ma fierté ?
Je choisi finalement le deuxième. Je ne veux pas qu'elle se souvienne de moi...

- Je suis Yinzi, soldat de seconde ligne. 

Je regardais le soleil doucement se lever sans trop savoir que penser...
Soudain ça me frappe. La caserne ! Je vais être en retard !
J'écarquillais les yeux et sautais sur mes pattes. Je ne voulais pas tellement la laisser alors que je venais de la retrouver mais je devais me dépêcher.

- Si tu veux me revoir, retrouve moi à l'arbre des Pendus lorsque la lune sera pleine ! 

Je pars en courant. Je vais me faire allumer, en plus je n'ai ramené personne de ma mission ! Rhaaa, la poisse !
Je courais le plus vite possible, il ne faudrait pas qu'elle me suivre en plus, ce serait trop dangereux pour elle ! Pour contrer à toute possibilité qu'elle me suive, je me fondis dans l'ombre des bâtiments lorsque je les atteignit.
Maintenant il ne me reste plus qu'à trouver une excuse valable. Et si elle me rejoins...