Je suppose que je ne vais pas tarder à être réprimander de mes sorties. Je suis donc partie en pleine nuit, abandonnant mes chatons et mon compagnon. L'image paisible de leur sommeil me rassure. Ce n'est cependant pas le cas pour moi. En ce moment, j'ai peur. Mes pensées ne sont pas tranquilles. Depuis que je l'ai croisé... "elle"... dans la carcasse d'avion. C'est cette femelle violacée qui a été la première Soldate que j'ai croisé depuis bien longtemps. Elle m'a fait affronter ma pire peur. Celle de mourir. Alors maintenant, je me demande, que ferais-je si l'un de mes proches mourrait ? Ne perdrais-je pas la raison ? Parallèlement, je me suis faite à l'idée que mes chatons décident de changer de camps. Si ils sont heureux, je le serai. De plus, Kodaï me soutiendra et ce sera réciproque. Bref, revenons à cette étrange femelle. Le bandeau qu'elle porte sur son œil droit m'intrigue. Son comportement aussi. J'ai du mal à me faire à l'idée qu'elle fait partie de "ceux" qui ont assassiné sauvagement ma protectrice. Je soupire en dégageant quelques volutes de ma bouche. Quelque chose en plus me tracasse... quelque chose que je n'explique pas. Une sorte de lien étrange me relie à cette Bleue. C'est en essayant de le déchiffrer que j'arrive inconsciemment devant la carcasse d'avion. Mes pattes s'immobilisent d'elles-mêmes. Un vent de rébellion ébouriffe mon pelage et ma mèche. Je lève les yeux vers le ciel rempli d'étoiles. Je n'y trouve malheureusement pas les réponses que j'attends. Dans ma tête, je voudrais "qu'elle" soit encore là. Mais je ne sens aucune autre odeur récente à part la mienne. La fatigue monte alors, et je m'endors dans le sable, en plein milieu du désert, sous le ciel nocturne.
J'ouvre mes yeux en sursaut. L'aube est à peine levée. Le soleil darde son premier et chaud rayon. Je me lève et m'ébroue. Le vent s'est tue, certaines de mes questions aussi. Je n'ai pas envie de rentrer au camp maintenant. Alors, dans un accès de rébellion, je monte vers le Nord du Désert. Là je ne suis jamais allée. Je profite aussi de la courte fraîcheur du matin. Le paysage change soudain. Vous allez me dire, on est dans un désert. Mais oui, le sable n'est plus doux et fin sous mes pattes, c'est devenu un sable craquelé. Comme si un ruisseau c'était asséché. J'ai déjà entendu parler de cet endroit... ce doit-être la mer craquelée ! La mer venait ici avant... désormais tout n'est que sable. Je me mets à courir. Je veux découvrir ce nouvel endroit !
Je m'arrête devant des bâtiments en ruines. Des bateaux morts depuis longtemps sont entreposés ci et là. J'aurai visité le lieu avec mon entrain retrouvé, si mes babines ne s'étaient pas retroussées d'elles-mêmes. Un Soldat se trouve sur le site, sur l'un des pontons pour être plus précise et il dort. Celui-ci, je le laisserai pas s'enfuir comme l'autre ! Je le regarderai en face et affronterai ma peur !
Je grimpe aisément sur le ponton, j'arrive par derrière la Soldate. Sans un son. Mais je ne sais pas ce que fichait ce foutu clou qui glissa sur mon passage. Faisant le seul bruit que je redoutais. J'eu à peine le temps de redresser mon regard qu'un énorme félin ailé me saute dessus et me met à terre. Ce ne t'ai pas le chat que je regardais il y a peine quelque secondes. Je hurle de frustration et de peur. Je reprends mes esprits et regarde la Soldate droit dans les yeux. Elle doit faire cinq ou six fois ma taille. Ce n'est pas un chat et elle n'y ressemble pas ! Est-ce son pouvoir ? Ou est-ce un Monstre ? Une pensée de panique traverse mon regard mais s'arrête bien vite quand je vois briller l'intelligence dans les yeux jaunes dorés de la féline. Elle semble attendre que je la supplie. Supplier de quoi ? J'ai pas de compte à rendre aux Soldats moi ! Son pelage est orange et elle a deux grandes ailes reliées à son dos. Je sourie méchamment. J'ai aucune envie de me battre et je trouve que j'ai affronté ma peur des Soldats assez longtemps. Autant fuir. Je peux utiliser mon pouvoir, même si la Soldate peut me rattraper avec ses ailes, qui me dit qu'elle est aussi douée que moi en vol ?
-J'ai plus de comptes à rendre, murmurais-je.
Je les invoque alors, mes deux ailes bleues. Leur apparition provoque cette éblouissante lumière pour les non habitués. La féline n'eut d'autre choix que de relâcher la pression. Je me dégage vite de son emprise et mes ailes flottent alors au-dessus de mon dos. En deux battements, je me mets à tournoyer dans le ciel en regardant mon ennemie de haut.