Entrant dans ce lieu sombre, tu te laissas enfoncer dans les ténèbres de cet endroit. Un lieu de cupidité et de malaise, à l’atmosphère horriblement humide. Noirci, calciné, dénudé de vie. Il n'y avait rien ici qu'un vide profond. Des squelettes d'arbres, d'énormes insectes que tu croisaient de temps à autres. Pauvres créatures ayant survécu dans leur abomination. C'était une vision terrible, toi-même avait du même à rester ici sans te sentir mal. On racontait beaucoup de choses sur cet endroit, malgré tout, rien ne t'empêcherais d'aller voir ce qui s'y trouvait, car tu n'avais pas souvenir d'avoir réellement mis ton nez ici. Peut-être juste une impression de déjà-vu, car tu reconnaissais de temps à autres quelques détails; dans tous les cas, ce n'est pas ça qui t'empêcherais d'avancer. Regardant aux alentours, tu ne pouvais pas te convaincre que qui que ce soit pouvait éprouver de l'affection pour cet endroit, et tu n'attendais nul autre que des curieux. Un filtre à personnes censées; tu ne croiserais que des imprudents et des tarés en ces lieux. Toi, tu étais parmi les imprudents, les téméraires qui ne se laissaient dicter nullement leur conduite, bien que tu savais que ces balades te coûteraient cher un jour.

Tu te rappelais d'un petit soldat qui disait que la substance était encore en activité, et qu'on pouvait muter en allant là-bas. Tu n'y croyais nullement, et puis, si c'était le cas, tu ne voyais pas comment tu pouvais être encore atteignable par le produit; tu avais déjà des cornes et un pelage différent de ta naissance; alors pourquoi t'inquiéter de cela? Non, ce qui te gênais le plus était ta volonté. Comme si ce lui aspirait toute la vie qui coulait de ton âme. Tu n'étais pas si insensible que tu aimais à le faire paraître, et tu te demandais juste si un jour, cet endroit avait pu fleurir d'abondance, avait pu être envahi par les fleurs et les arbres, les herbes et régnait dans la nature. Quel était l'état d'esprit des hommes quand ils ont lâché la bombe? Essayer d'y réfléchir, de t'immiscer dans leur tête, d'imaginer leurs pensées barbares à ce moment-là, ça te tua bien plus que tu ne pouvais l'admettre. Penser que tu pouvais être là, à leur place, et condamner tous ces gens... Ce n'était qu'une bande de sales monstres. Mais tu ne leur en voulait pas. Ils avaient fait de vous des monstres, et tu trouvait que le monde s'en portait mieux. Ton monde s'en portait mieux.

Peut-être une de ces personnes pouvant être corrompues par les pouvoirs, ça te semblait être un portrait te ressemblant. Mais tu n'était pas corrompue, juste une profiteuse charmée par son étreinte. Aucune honte à l'avouer. Ta queue se balançant doucement au rythme de tes pas, tu t'avanças un peu plus dans ce monde noir. Arrivant au cratère, tu fus un peu étonnée d'avoir progressé sans rencontrer qui que ce soit. Ceci dit, tu ne serais pas surprise que cela change, il y avait bien une multitude de chats pour que tu en rencontre ici, et puis, c'était un fait, la distance que tu aimais parcourir te portait toujours vers les autres. Tu n'en serais nullement étonnée, et tu devais avouer qu'à force, ce n'était pas déplaisant, de créer des liens; bien qu'ils n'étaient pas toujours positifs, c'était sympathique de constater la diversité qui existait entre les caractères, les mutations et les esprits. Sauf avec les Feliane. Vraiment, tu ne pouvais pas les encadrer, ces têtes à claques. Et la simple pensée pour eux en conduisait à une autre; que tu perdait ton temps à leur accorder tes pensées, alors tu ne pouvais pas continuer à leur accorder du temps, et ça te frustrait qu'ils t'en faisaient perdre sans même être avec toi.

Au final, peut-être appréciais-tu le risque, c'était sûrement ce qui t'avait conduit à cet endroit. Ce n'était pas ce qui allait te forcer à passer toute ta journée ici. C'était un trou. Il n'y avait rien de plus. Tu en étais fortement déçue. Tu t'attendais à bien mieux de cet endroit. Mais qu'aurais-tu pu y trouver de plus? Il n'y avait que les cendres, la mort et l'humidité qui régnaient en maître, et ils ne céderaient pas leurs esclaves : la pourriture, la décadence et l'obscurité. Ils ne laissaient plus rien passer, et il n'y avait rien d'autre à voir dans leur royaume de mort. Te détournant du cratère, tu fus à deux griffes de sursauter lorsque tu distingua une autre ombre.