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Encore une fois, Alec comptait partir en patrouille. Il faisait chaud, certes, mais ce n'était pas cette petite température qui allait arrêter ce monstre. Il se rappelle bien les vertiges qu'il avait vécu lorsqu'il était pris au coeur des flammes, ce jour fatidique. Les petits 40° qu'atteignait le mercure ne lui faisait pas du tout peur. C'est vrai que c'était épuisant, de ne faire ne serait-ce que quelques mouvements, par cette chaleur, mais il était Roi, et il ne devait laisser les Dieux l'empêcher de faire son devoir.

Alors le voilà, tôt dans la matinée. Same routine, comme on dit. Il s'étirait lentement, en évitant de réveiller Ahmès qui se reposait dans une litière décomposée à cause de son pouvoir. Khaleesi n'était pas loin et Bali se trouvait juste derrière la chatte sable. C'était apaisant, de voir que même si l'on part, il y aura toujours quelqu'un pour nous à notre retour. Ce sentiment datait, Alec ne l'avait pas ressenti depuis des années. Mais il y avait aussi cette crainte qui accompagnait ce réconfort ; la peur de perdre ceux que l'on aime. C'était effrayant, et si l'on y pensait trop, on pourrait presque se mettre à pleurer de souffrance que l'on s'imagine ressentir si le pire arrivait.

Seulement, on devait éviter d'y penser trop. Se torturer l'esprit pour quelque chose qui n'est pas actuelle, c'est inutile. Alors le voilà, contemplant sa famille du regard. Ils étaient si calmes, endormis.. C'était beau, c'était un tableau qu'Alec ne voulait jamais oublier. Il a beau se faire passer pour ce Roi tyrannique, qu'est-ce qu'il aime son Royaume, ses camarades, sa famille. Il fallait bien dresser un mur pour se tenir éloigner de ses sujets. Trop proche peut devenir dangereux, il vaut mieux prévenir que guérir. Il s'était déjà fait prendre par ce jeu et il ne voulait retenter le coup, c'est logique après tout. Souffrir ne fait pas du bien.

Le Roi se retourna donc, laissant sa « famille » se reposer. Il se posa devant l'entrée de sa tanière, emplissant ses poumons de l'air frais du matin, encore agréable et délicat. Dans ces heures-là, il faisait bon, surtout à l'ombre de la sylve. Il prit donc plusieurs minutes, à se détendre et regarder son Royaume s'activer comme une ville d'antan. Les sentinelles se levaient, saluant les Bellicistes qui échangeaient leurs places pour se coucher à tour de rôles. C'était comme un ballet délicat, intéressant et surprenant.

Après ces longues minutes, il se redressa et pris la route vers le Marais. Il avait fait la Praire Carnivore il y a quelques semaines, ça s'était plutôt mal passé donc il vaudrait mieux ne pas y retourner. La foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit, mais on ne sait jamais. Vaut mieux ne pas jouer avec le feu si l'on ne veut pas se brûler, aha !

Il quitta donc la Citadelle, se dirigeant lentement vers l'étang. Il repasserait là-bas pour couper directement jusqu'au Marais. Il prendrait donc approximativement 4-5 heures pour y arriver, s'il marchait à bon rythme. Avec une petite pose, ça serait sûrement 5 heures 15 ou 5 heures 30. Il y sera avant que le soleil arrive à son zénith. C'était parfait, il fallait rester loin des rayons de cette boule de feu ravageuse.

Sur le chemin, Alec croisa plusieurs insectes, d'une taille spectaculaire. Il y avait des papillons, dont les couleurs tentaient de charmer les astres. Il y avait des mantes religieuses, normalement énervées mais apprivoisées par cette chaleur. Le Roi contemplait ces invertébrés, qui leur rendaient son regard, passivement. C'était impressionnant de voir ces monstres radioactifs être en paix face à un félidé. Alec restait tout de même sur ses gardes, même face à un si beau spectacle. Rien n'était certain avec ces animaux dénoués d'esprits.

Arriver à l'Etang, le matou se trouve face à un spectacle merveilleux. Les plantes et arbustes semblent continuer de fleurir. Les insectes dansent au-dessus de l'eau. Près de cet endroit, le félin décides de partir à la recherche de quelque chose d'intéressant. Il découvre une petite plante blanche, semblable à du coton, qui semble recouvrir une petite surface. Cette plante est douce au toucher, et Alec en profite pour en arracher un nuage. Il renifle ces dernières, elles seront peut-être intéressantes pour rendre les litières plus douces et molles. Alec fit quelques mètres, voulant cacher l'un de ces boutons dans la terre pour la récupérer à son retour. Il l'enterre au pied d'un arbre, avec délicatesse.

Après avoir enterré cette plante dans un coin distinct où il n'aurait aucune difficulté de la retrouver, il s'installe sur la berge, dévorant du regard le spectacle face à lui : Deux immenses papillons se tournent autour, dans une sorte de danse de charme élégante. Plus loin, deux scarabées se grignotent amoureusement les antennes. Et sur la droite du félidé brun, un phasme avance lentement, camouflé en énorme tronc d'arbre. Tous ces animaux normalement agressifs semblaient ignorer la présence du félidé, qui regardait cette faune s'activer bruyamment.

Une demi-heure défila, et le Roi se redressa, lapant la surface de l'eau de l'Étang. Il reprit sa route en direction du Nord-Est. Il allait rapidement arriver au Marais, il voyait déjà les immenses arbres recouverts de lianes pointer vers l'horizon. Après de longues foulées, il arrive enfin à l'orée de ce lieu marécageux. Il se place sur un nénuphar immense, observant le lointain à la recherche de nouveautés, comme un ennemi ou un événement improbable.

Alec s'aventure dans ce lieu sombre où l'environnement semble en tension constante. Après plusieurs mètres, il traverse une barrière de buissons épineux. Le Roi débouche sur un cours d'eau plus important que les précédents. Face à lui se dressent une dizaine de Lizardons, ces derniers tournent leur tête en direction du mâle, ayant remarqués sa présence. Ces animaux stupides semblent animés d'une intention très peu amical.

En un millième de seconde, Alec marque tous ses ennemis de son sceau si singulier. Il n'utilise pourtant pas son pouvoir, mais garde cet atout s'il en trouve le besoin. Un premier Lizardon plonge gueule la première sur le Roi, qui d'un bond, se place sur son front, lui écrasant la face à terre dans un bruit lourd qui fit trembler le sol. Par la suite, un autre Lizardon plonge sur son camarade au sol, mais Alec esquive aussi cette attaque d'un pas décalé. Les deux reptiles s'écroulent sur l'herbe tandis qu'Alec se propulse sur un troisième Lizardon, dont il découpe la joue grâce à son gant. Sa victime pousse un cri rauque et saturé lorsqu'elle s'agite sous la douleur, faisant plusieurs pas en arrière.

C'est en tentant une nouvelle attaque qu'un bruit puissant provenant de derrière les feuillages stop le Roi. Un autre groupe de Lizardon se joint à la bataille, seulement, ces derniers ne semblent pas vouloir aider leurs voisins de la même espèce. Les nouveaux arrivants semblent vouloir profiter de la présence du félin pour gratter quelques parcelles pour leurs territoires. Quelles bêtes écervelés.

Le Roi recule de quelques pas, se retrouvant au centre de deux feux. Il devait réfléchir vite et trouver une solution à son problème. S'il ne voulait être blessé, il devrait sûrement choisir l'option de la fuite. Mais n'oublions pas que nous parlons d'Alec, ce sac de muscle fier qui ne reculera jamais devant un adversaire. Le Roi penche donc sa tête, en direction de nouveaux arrivants, les marquant tous dans la seconde. En un instant, il pouvait prendre l'apparence d'un ennemi aussi haut que des montagnes et les faire fuir, c'était simple, et tellement peu divertissant.

Alors, lorsque l'un des Lizardons du nouveau groupe se lance à la poursuite du félin avec cette démarche ridicule, Alec se retourne. D'un geste rapide et très bien calculé, il envoie un puissant coup de ses pattes arrières dans le visage du reptile, lui brisant le crâne sur l'instant. L'animal tombe raide mort dans un bruit strident. Ses yeux perdent leurs lueurs tandis que sa gueule reste ouverte au centre de ce visage déformé. Les autres reptiles sifflent de mécontentement, ne semblant impressionné par cette attaque. Le Roi soupire. Il allait être difficile de faire passer un message dans leurs cervelles décrépies.

Deux ou trois Lizardons plongent sur Alec, venant des deux groupes différents, tandis que le reste se foutent sur la gueule de leurs côtés. Alec porte un coup au visage d'un des Lizardons, lui découpant la moitié de ce dernier. Seulement, il ne put anticiper l'action d'un des Lizardons, qui porta un coup de sa puissante queue et propulsa Alec dans les airs. Lorsqu'il réalise que le sol ne porte plus ses pattes, il prend plusieurs secondes qui paraissent immenses à se souvenir de plusieurs choses.

Ces flashbacks lui montrent le passé, lorsqu'il possédait encore ses ailes, qu'il portait sa compagne dans le ciel pour qu'elle puisse tenter de toucher les étoiles. Ce souvenir lui fait mal. Non seulement il a perdu ses deux immenses ailes dont le plumage était resplendissant, mais il a aussi perdu sa chère et tendre Lilith. Si ce n'était qu'elle.. Le soleil éblouissant rendre dans le champ de vision du Roi, et lui rappelle les flammes ardentes qui dévorèrent sa femme et sa fille. Ces souvenirs étaient si douloureux.. Cette douleur semblait parcourir son arrière-train.

Finalement, après ces secondes, il heurta le sol, tentant de se rattraper comme il le put. C'était un chat, et un chat retombe toujours sur ses pattes, si l'on ne prend pas en compte un cul de bouc. Lorsque ses sabots eurent contact avec le sol, une douleur fulgurante traversa son corps l'espace d'un instant. Espérons qu'il ne se soit rien brisé. Après quelques pas pour se redresser, il était sûr que son corps allait bien. Ses pattes avant de félidé avaient amorties le plus gros du choc et les os de son corps de bouc, foncièrement plus épais et résistant, avait partagé la violence du coup.

Seulement, le répit fut de courte durée, car dans la seconde suivante, un autre de ces reptiles attardés lança un assaut envers le félin. C'était trop. Il ne pouvait continuer de se battre en première ligne comme ça. Alors, ses yeux brillèrent d'une étrange étincelle, et les sceaux dispersés sur les lizardons brillèrent de cette lueur rougeâtre menaçante. Alec utilisa son pouvoir pour se donner l'apparence d'un immense monstre à quatre pattes, dont le visage est recouvert d'yeux. Son visage possède une énorme gueule dont les dents déchaussées dépassent de ses babines, ses quatre pattes se terminent d'immenses griffes pour l'avant et de sabots brillants pour l'arrière. Sa queue s'accompagne de deux autres dont le bout est lui aussi en as de pique. Ses cornes semblent immenses, et leurs croissances semblent à terme car les cornes s'enroulant se décalent de son visage en plusieurs cercles. Ses cornes pointant le ciel s'arquent vers l'arrière, toujours plus grande. Son pelage se teint d'une couleur noire au reflet rougeâtre. Lors de cette transformation, il poussa un énorme cris rauque et grave, stoppant les Lizardons face à lui. De l'écume quittait sa bouche, alors qu'il respirait bruyamment, son souffle chaud caressant les reptiles. Il devait faire la taille d'une maison sûrement, presque 7 ou 8 mètres de haut. Il leva l'une de ses pattes avant, pour la claquer au sol, faisant trembler ce dernier.

Ce monstre sortant tout droit des enfers fit taire les reptiles. Ils s'abaissèrent face au Roi, la crainte assaillants leurs corps frêles. Alec avait gagné. Il pouvait se prétendre « Roi de toutes Espèces » maintenant.

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