Alors que ma truffe était levée vers le ciel, une odeur me parvint de derrière un gros buisson. Ventre à terre ,je rampai vers le feuillage pour y regarder à travers. Après quelques minutes d'épiage ,j'aperçu -enfin- une musaraigne assez dodue qui grattait la neige avec ses petites pattes : surement pour trouver quelques choses à manger. Son pelage d'hiver la rendait encore plus volumineuse qu'elle ne l'était réellement. Il ne fallait surtout pas que je la rate et elle avait l'air en bonne santé malgré l'hiver qui s'était installé. Prenant appuie sur mes pattes arrières ,je sautai sur la proie qui n'eut pas le temps de me voir venir. L'attrapant entre mes deux pattes avant ,je retombai tête la première dans la neige qui me bloquai immédiatement la vue. Tout en me relevant ,je tuai délicatement la petite bête qui cessa rapidement de se débattre.
M'ébrouant ,je commençai à faire une rapide toilette quand j'entendis un frottement juste à côté de moi. Tournant la tête vers la droite ,je découvris un petit oiseau qui venait de se poser sur la neige. Il était tellement léger qu'il ne s'enfonçait pas dans la neige qui était quand même assez épaisse. Il ne fallait pas que je manque une si belle opportunité... Sans réfléchir d'avantage ,je sautai sur lui rapidement. Alors que je pensais l'avoir, il prit son envol et mes griffes ne rencontrèrent que le vide.
Un cri perçant déchira le silence alors que je retombais lourdement dans la poudreuse :
-Crotte !
Je roulai plusieurs fois sur moi-même avant de m’arrêter dans un tas de neige.Alors que je me relevais ,cette scène m'arracha un sourir sincère. Il me rappelait la fois où on était tombé dans la neige avec Dealthyse ! A ce souvenir ,Mon bref sourir s'effaça comme un mirage pour ne laisser qu'un sentiment d’infime tristesse. Pourquoi était-elle partit ? Pourquoi tous les gens de ma famille partait les uns après les autres ? Pourquoi n'avais-je pas le droit à ce bonheur ? Une larme commença à rouler le long de ma joue alors que je restai dans la neige froide.
Seule.
Il n'y avait plus personne .
Juste moi et le froid.
Un froid qui recouvrait mon cœur parcourut de fissures qui ne pouvaient se refermer. Lentement ,je me relevai sur mes pattes et essuyai les larmes qui mouillaient mes joues. Je ne devais pas pleurer. Je n'en avait pas le droit. Il fallait que je reste forte et je ne laisse rien paraître de ma tristesse. Me secouant énergétiquement ,je m'avançai vers ma proie encore chaude avant de me diriger vers une autre parcelle de la forêt. Je devais encore chasser pour essayer de ramener plus de proies au camp. L'hiver était très rude et la faim commençait à se faire ressentir.
Le seul problème était que je ne savais pas quoi faire du rongeur que je venais d’attraper. Il fallait que je trouve un endroit où aucun prédateur ne pourrait la voler et où elle serait à l'abris. Je ne voulais pas qu'elle soit ensevelis sous la neige et que je la perde comme une idiote. Après quelques minutes de fouilles, je trouvai enfin un endroit qui convenait parfaitement. Un trou assez large pour laisser un rongeur entré était creusé dans un arbre à l'écorce dure et ancienne. En jetant un œil ,j'aperçus -juste- un ancien nid abandonné qui commençait à pourrir à cause de l’humidité. Le poussant du bout de ma patte, je posai ma proie avant de retourner à ma chasse. Craignant le fait que je ne puisse plus retrouver ma cachette ,je fis une croix dans l'écorce qui laissait découvrir le tronc plus clair de l’arbre. Me détournant de celui-ci ,je retournai machinalement à ma chasse sans grande émotions. Toute façon , je ne préférais rien penser pour ne pas me détourner de mon objectif...