Aki, après avoir passé 7 mois dans la forêt empoisonnée seul, ses parents ayant disparus 4 mois auparavant, il est "recueilli" (si on peut dire recueilli et pas capturé) par un humain. Naïf, notre jeune petit chaton suit l'homme s'imaginant déjà sa nouvelle vie... Il passe alors en ville puis est apporté par l'homme dans le laboratoire...

Chouette! J'allais enfin avoir un toit et de la nourriture en abondance. Je me laissais porter par cet homme à travers un paysage inconnu pour moi. Tout était gris, tout était terne, tout était grand... Je me suis dit que c'était peut être ce que les autres appelaient la ville.
Puis l'homme s'est arrêté devant un des bâtiments puis il y est entré. A l'intérieur, tout était blanc. Les murs étaient blancs avec une lumière blanche qui éclairait fortement la pièce blanche dans laquelle se trouvaient d'autres hommes habillés en blanc. Tout était nouveau et je ne savais pas où regarder. L'homme parla avec les deux autres hommes présents dans la salle. Ils s'exprimaient dans une langue inconnue et je n'arrivait pas à comprendre ce qu'ils disaient.

Puis j'ai remarqué un étrange chat Noir accompagné d'un deuxième chat très étrange. En effet, ce dernier avait des cornes, il était de couleur claire et portait un drôle d'appareil sur ses oreilles. Puis tout alla très vite. Les deux chats, à l'appel de l'homme se postèrent sur une table blanche au centre de la pièce et un des deux hommes y posa une petite cage. Je vis un sourire narquois sur le visage du chat noir et c'est à ce moment que j'ai commencé à prendre peur, que j'ai compris que j'étais tombé dans un piège...
J'ai tout de suite pensé à m'échapper. Trop tard. L'homme m'empoigna par la nuque et me jeta dans la petite cage. Je ne pouvais à peine bouger tellement la cage était étroite. Puis la lumière s'éteint me plongeant dans le noir total. Total ? Non. Pas vraiment. Je voyais discrètement les yeux des deux étranges chats briller dans la pénombre de façon inquiétante.

-Alors petit crétin, tu t'es fait choper? Pauvre petit!, me fit une voix provenant sans doute de l'un des deux chats. C'était une voix glaçante, remplie de haine mais je décelais également quelque amusement dans son timbre. Lequel des deux était-ce ? Le noireau ou alors l'étrange aux cornes? Je n'osais pas répondre et je me suis contenté de trouver une position confortable dans ma petite cage. Devant le silence dérangeant, je fixai les deux paires de lueurs dans la pénombre et répondis:
-Où sommes nous?
Ma voix me fit sursauter et je me cogna contre le métal froid de la cage produisant alors un son hostile à glaçer les veines de n'importe quel chat. Je tournai la tête vers les deux chats; les deux lueurs semblaient pétiller. Elles pétillaient, ces deux là se moquaient. J'en suis certain.
Silence
Aucune réponse, mais les deux lueurs continuaient de briller inlassablement et de temps en temps, par battements de paupières réguliers, elles s’éteignaient laissant place à une pénombre totale pour se rallumer dans la seconde suivante.
J'avais froid, j'avais faim, j'avais peur... Puis l'image du chat cornu me revient en tête, ainsi que des brides de conversation avec mes aînés parlant d'expériences. Allais-je devenir une horreur de la science comme ce chat étrange ?
Le temps passait lentement, très lentement, trop lentement... Combien de temps allais-je rester ici enfermé?
Puis de temps en temps, une lueur blanche passait sous la porte de la pièce éclairant l'intérieur faiblement me permettant de voir quelques secondes les deux chats puis elle s'éteignait pour laisser place au noir...
Une heure avait passée, peut être deux ? Mais la salle était toujours plongée dans le noir et je commençais a pleurer de chaudes larmes en pensant à ma forêt...

-Ici tu es en enfer petit crétin., me fit le chat noir... Ses yeux brillaient sadiquement et je continuait de pleurer... Je ne pus distinguer précisément ses traits à cause des larmes sur mes yeux mais j'ai cru qu'il souriait... Non, je sais qu'il souriait... Il vint se planter devant ma cage, et me fixa... A chaque mouvement que je faisait, il m'épiais, sembler soupirer... Je devais paraître pathétique aux yeux de ce chat noireau pourri gâté... Un pauvre chat de la forêt comme moi devait lui paraître bien ridicule... Puis, je ne sais combien de temps passa mais au bout d'un certain temps, la lumière s'alluma violemment éclairant la pièce et m'aveuglant temporairement. Je tremblais  et lorsque je rouvris les yeux, je vis un humain s'approcher de ma cage et l'ouvrir afin de m'attraper par le cou... Je me ruai vers le fond de ma petite cage lorsque le chat noir vint me griffer afin de me forcer à sortir, alors que la main blanche et menaçante de l'homme s'agitait pour essayer me m'empoigner... Je fini par céder lorsque le noireau m'enfonça une griffe dans le dos et la fit remonter sadiquement vers la nuque... L'homme en profita pour me sortir de la cage et me tenir bien fermement... Aucune issue ne semblait possible et même si j'avais réussit à me dégager, les deux affreux chats m'auraient depuis longtemps mis à terre... Je les fixai longuement puis détourna la tête vers l'homme en voyant les yeux brillants du chat noir regarder par dessus mon épaule...
Je vis avec horreur que l'homme tenait un gros tube en verre surmonté d'un embout très pointu qui brillait à la lumière blanche... Il ne pouvait pas m'enfoncer ça dans le pelage... C'était totalement cruel... Mais je le vis avec horreur que l'homme rapprocha la pointe de mon flanc déjà meurtri par l'affreux noireau vers lequel je détournai la tête. Je vis dans ses yeux une lueur d'excitation intense qui brûlait... Je ressentis tout à coup une douleur intense ainsi qu'un liquide pénétrant dans ma peau avec une lenteur amplifiant ma souffrance... Je fermai les yeux un instant et quand je les rouvris, je vis avec stupéfaction un large sourire sur le visage du chat noir...

Je n'avais aucune idée de ce que m'avait fait cet humain mais je me sentais vraiment affaibli. Ce dernier de remis violemment dans la cage, avant de fermer la porte quelques secondes plus tard. La cage était restée ouverte une dizaine de secondes, sans que je ne cherche à m'échapper tellement j'étais faible et apeuré. Qu'allais-je devenir? Vais-je également avoir des cornes horribles sur la tête ? Quand l'Humain eut quitté la pièce, l'affreux noireau revint se poster devant ma cage en léchant le sang sur ses pattes. Mon sang... Puis en posant son regard glacé sur moi, il me dit:

-Pauvre petit minet, je paris que tu ne sais rien de se qui va t'arriver.

Non, je n'en savais rien et ce noireau commençait vraiment à m'énerver... Si les Humains croient que je vais coopérer avec lui quand je serais enfin sorti de cette cage, ils peuvent toujours rêver... La première chose que je ferais une fois sorti de cette cage, c'est le défigurer afin qu'il se souvienne de moi... En même temps, je me demandais si ce chat avait toujours été méchant ou si il était comme lui auparavant... Jamais je ne deviendrais méchant... Je jetai un coup d'oeil sur le second chat. Il n'avait pas bougé une moustache depuis un bon moment et semblait bien indifférent à son environnement. Puis sous une fatigue extrême et incontrôlable, je me suis endormi, enfin je crois... Puis j'ai fait un rêve... Un rêve dans lequel je me réveillais, le dos ensenglanté; deux larges feuilles froissées par la cage avaient poussées sur mon dos... Quel étrange rêve...

Rêve ? Non... Je me rappelai vivement de l'injection, des yeux pétillants du noireau, puis de ma fatigue extrême et je me mis à trembler... J'étais devenu un mutant... Un chat de laboratoire... En même temps, je sentais une étrange énergie parcourir mon corps, comme si le liquide avait fusionné avec mon sang... Qu'allais-je devenir ? Je jetai un oeil sur les deux chats lorsque la porte s'ouvrit laissant pénétrer la lumière aveuglante dans la salle...

Un Humain entra, puis il vint rapidement vers moi, ouvrit ma cage et y fourra ce qui semblait être de la nourriture ainsi qu'un bol d'eau dont la moitié se renversa sous ma cage. J'avais soif, j'avais faim, mais je n'avais ni envie de manger, ni de boire... "Qu'étais-je devenu?" "Qu'allais-je devenir?" , "Pourquoi?",  étaient les seules questions dans ma tête...

Je m'avançait à pas feutrés vers le bol d'eau pour espérer y trouver de quoi boire et faire ma toilette... Pourquoi à pas feutrés ? Je n'en sais rien... Une habitude peut être... Une habitude que j'avais dans ma petite forêt... Elle me manquait ma forêt... Ce n'était pas le grand confort mais c'était au moins mille fois mieux que cet endroit de malheur...

Je sorti de mes pensées, regardai le noireau et son copain cornu, quoi que je ne sait pas s'ils étaient vraiment camarades ou amis puisqu'ils n'avaient pas le même intérêt pour moi... Je détournai mon regard et me glissai vers le bol qui ne contenait qu'une infime quantité d'eau ... Je posa une patte dessus afin de me rapprocher de ce dernier lorsqu'il effectua un véritable vol plané et se brisa contre les barreaux de la petite cage à une grande vitesse... Je détournai sévèrement le regard vers le noireau et l'autre chat mais ils ne semblaient pas liés à cette plaisanterie... J'essayai de me hisser vers le bol de nourriture, qui pour information sentait l'urine et le vomi et entreprit, comme pour le bol d'eau de poser une patte dessus. Je m'attendais à ce qu'il vole ou à une réaction, mais rien de cela. Il resta figé. J'entrepris de commencer ce "déjeuner" infâme quand je m'y résignai, pensant que les humains avaient peut être empoissonné celle-ci.  

J'entrepris alors de dormir un peu pour me remettre de toutes ces émotions. Comme d'habitude, je me roulai en boule dans le fond de ma cage, repliai mes oreilles sur ma tête, essayai de placer mes ailes pour ne pas qu'elles me fassent souffrir et je plaçai ma queue aussi bien que je le pouvait contre les barreaux de la cage, les pattes repliées sous le corps. Mais, tout ne se passa pas comme d'habitude... Quand ma queue effleura la cage, celle-ci fit un bon formidable, alla se fracasser contre le plafond avant de retomber sur la table... Je regardai l'entrée de celle-ci, et stupéfait, remarquai qu'elle était ouverte...

Discrètement mais rapidement, je me faufilais à travers la ville grise, sombre et sale. Difficile de passer inaperçu avec ces grandes ailes sur le dos... Soudain, un bruit se fit entendre au loin. Je me cachais derrière un gros rocher, parmi les rochers. Je vis alors une créature féline traverser la route, épiant chaque coin, chaque toit, chaque ruelle, chaque corniche. Ses yeux brillaient d'une lueur inquiétante et la créature semblait mû d'un instinct féroce et sanguinaire qui me fit froid dans le dos. Je priais le dieu des chats, s'il y en avait un car je ne pense pas qu'il laisserait autant de souffrance sévir sur le monde s'il existait, pour ne pas qu'il me repère. Je me tapis parmi les ordures dont l'odeur vint me piquer les narines mais au même moment, un objet métallique cylindrique effectua un vol plané décrivant une parabole parfaite pour s'écraser a quelques lieux du monstre dans un fracas aigu.
Le félin, si s'en était un, s'avança à pas feutrés vers le lieu où la boite s'était écrasée pour disparaître dans une ruelle. Après un bref coup d’œil aux alentours, je courus de toutes mes forces afin de m'échapper de cet endroit maudit. La route me paraissait si longue, et le sol noir et agressif me brûlait atrocement les pattes. Mais peu m'importait. Je courrais, inlassablement, afin d'échapper à cet enfer... C'est alors qu'il vint se mettre sur mon chemin, lui, le chat cornu. Ce chat qui m'avait gardé dans la pièce blanche. Je pris peur... Devant son regard perçant, je ne comptais pas m'arrêter mais, ferais-je le poids? Je ne contrôlais pas encore mon pouvoir qui s'était déclenché seul, sans que je fasse rien... Comment le maîtriser ? Au fur et à mesure que je réfléchissais, je me rapprochai dangereusement du matou mais lorsque je fus à quelques pas de lui à peine, il s'écarta, un sourire aux lèvres, me laissant le passage. Un allié ? Ici ? Je n'y croyais guère, mais continuai de courir, me retournant régulièrement pour voir si je n'étais pas suivi par cet étrange chat. Mais non. Il se contentait de me regarder, sans bouger, alors que ses alliés passaient à sa hauteur afin de me rattraper. Ils ne tardèrent pas à le faire, et je pris peur, quand mû par la même force qui m'avait permis de m'échapper à deux fois, ma vitesse fut si grande que je ne distinguai même plus le paysage autour de moi... Je ne voyais que les ombres déformées des immenses bâtiments gris, puis celles-ci furent remplacées par une lumière aveuglante qui me força à m'arrêter.
La ville était maintenant un petit peu plus loin et je pu constater avec horreur les dizaines de félins dépourvus d'âme regarder dans ma direction à travers la brume épaisse du lieu où je me trouvais... Impossible de distinguer un si petit félin à travers la brume épaisse du marais. Ma mère m' en avait parlé comme un endroit dangereux, peuplé de créatures géantes, sanguinaires. Mais peu m'importait. Je m'étais sorti d'un endroit bien pire et le marais m'avait sauvé. Tout à coup, je senti une profonde fatigue m'envahir, lentement. Je tournai ma tête vers la ville et ses immenses bâtiments quand sommet de l'un d'eux, je vis deux paires d'yeux bleus luire dans la brume avant de sombrer dans le sommeil.