Mon histoire ? Il est vrai que j’en ai une… parfois j’aimerai l’oublier. De ce que je sais, je suis née en ville, dans l’une de ses rues insalubres. Je n’ai jamais connu mes parents. En tout cas, j’étais "normale" à la naissance. J’étais seule, abandonnée, dans un monde remplit de dangers. Qui n'attendait qu'une seconde pour s'en prendre à moi. Pourtant, quelqu’un m’a tendu ses bras. C’était une jeune humaine abandonnée, comme moi. Elle m’a protégé et nourrie pendant deux ans. Les deux plus belles années de toute ma vie, si je puis dire. Entre elle et moi, c’était installé une sorte de code. Après tout, elle était humaine et moi un simple chaton à l’époque. C’était une barrière entre deux espèces distincte. Alors je chassais pour nous deux, et elle nous protégeait en nous trouvant des abris. On étaient toujours main dans la patte. Elle m’a apprit à marcher, ensuite à chasser et après à me battre. A vivre quoi. A l’époque, j’étais si intrépide... . Un jour, elle m’a même offert l’une des chaînettes qu’elle portait. Elle en avait deux, et elle y tenait comme la prunelle de ses yeux… pourtant elle me l’a offerte. Comme un signe d’amitié et de confiance mutuelle. Cette idylle dans un monde obscur a continué peu de temps. Puis ils sont arrivés. Les humains du labo et les Soldats m’ont embarqué. Nous nous sommes défendues comme on a pu avec cette humaine des rues. Puis d’un coup, ma protectrice est tombée. Le sang a coulé de sa gorge grande ouverte. Sa chaînette en or était tranchée en deux. Elle gisait à terre les yeux grands ouverts. Et elle souriait, pour moi. Puis, cette humaine a prononcé un mot que je n’ai pas compris, mais que j’ai traduit par « vie ». Et je vis encore, pour elle. Elle est la seule humaine en qui j’avais confiance et sa propre race l’a tué. Je suis restée anéantie devant le corps. Impossible d’esquisser le moindre geste. Alors les meurtriers m’ont cueilli comme une fleur et ils m'ont emmené dans leur horrible laboratoire. Pendant un moment, j’ai été mise dans une cage où quelques rayons de soleil dardaient sur moi de temps à autre. Pour ne pas déprimer, je regardais le ciel dans lequel un oiseau passait de temps à autre. Je les trouvais tellement beaux, libres et gracieux. Tellement intemporels lorsqu’ils volent. Le temps semblait s’arrêter. Leur charme m’avais frappé et chaque fois je languissais de voir un oiseau passer dans le ciel. Ils me faisaient oublier la mort de l’humaine qui m’avait chérie. Et puis un jour, une plume bleue est tombée dans ma cage. J’ai sourie, l’ai ensuite prise pour l’accrocher au bout de ma chaîne, au comble du bonheur. Car pour moi, cette plume représentait l’espoir  d’être de nouveau libre et de reprendre ma vie où je l’avais laissé. Malheureusement, tout n’en fut pas ainsi. Je fus l’une des expériences génétiquement modifiées par ses humains. Ce fut une réussite pour eux, un cauchemar pour moi. Déjà chamboulais par la mort de ma protectrice, la douleur de ne plus être moi ma détruite. Si bien que pendant des années, les humains ont fait de moi ce qu’ils voulaient. Je vivais dans la peur de devoir tuer un jour. Alors je me rebellais pour qu’ils me fichent la paix. Pendant ces longues années, j’avais quand même le secret espoir de sortir un jour de cette prison. Pendant longtemps, j’ai attendu. J’ai mûrit aussi. J’ai pris conscience de qui j’étais. J’ai rencontré d’autres chats dans le même état que le mien. Ils m’ont fait comprendre que j’avais changé à jamais. J’ai alors découvert la chance que j’avais d’avoir un tel pouvoir. Le pouvoir de devenir un oiseau pendant 24 minutes. Devenir l’animal qui m’a empêché de sombrer dans la folie à la mort de ma protectrice. Grâce à ces chats, j’ai appris que je pouvais être amicale et un peu plus rationnelle. Je me suis reconstruite, petit à petit, tout en continuant à avoir peur du monde et des hommes. Vis-à-vis des humains, cependant, il n’y avait plus que de la peur mais aussi de la haine. Une haine si profonde qu’elle en remplirait un océan entier. Puis un jour, tout a de nouveau basculé. En ma faveur cette fois-ci. La guilde de chats, Felinae, a réussi à libérer certains d’entre nous. J’en faisais partie. Cela m’a rempli de bonheur de pouvoir à nouveau être enfin libre. Mais aussi de tristesse, car ma protectrice n’était plus là. J’avais eu de longues années pour réfléchir à comment faire ma vie sans elle. J’en étais arrivée à la conclusion que je vivrais comme elle me l’avait demandé, mais seule, en solitaire. Loin des humains et de cette maudite ville. J'avais cette idée en tête, jusqu’à ce que je découvre les Caméléons. J’ai longuement hésité à me joindre à eux. Après tout, cette guilde fuit les humains comme moi. Cependant, je ne les ai pas rejoints. C'est grâce aux chats avec lequels j'étais enfermée. Car ils ont réveillé une autre personnalité. Celle-là était amicale et prenait la défense des autres. Cette part de mon caractère avait bien évolué depuis le petit chaton intrépide que j’étais. J’ai donc décidé de rester parmi les Felinae. Malheureusement, même en étant avec les eux, la peur de ce monde ne m’a pas quitté. C’est pour cela que j’ai décidé d’être éclaireuse. J’affronte mes peurs en face, parfois dans l’ombre, parfois en terrain découvert. J’ai pris cette résolution de devoir avancer même quand cela va mal. Parce que bon, bien que la guilde soit acceuillante, certains Felinae n’ont pas compris mon attachement à cette humaine morte il y a maintenant 16 ans. Je subis parfois leurs mépris et moqueries, mais je me dis que ce n’étaient pas eux qui étaient dans les rues tortueuses ! Donc voilà mon histoire. Physiquement, je suis encore un chaton. Moralement une adulte qui affronte la vie avec courage. Réellement ? Un oiseau qui voudrait s’envoler haut dans ses rêves.

Un an a presque passé. J'ai d'abord voulu rejoindre les Caméléons. Mais après mettre battue avec l'une d'eux, je suis allée chez les Felinaes. Cette femelle noire aux ailes d'oiseaux est devenue ma confidente. Plume Noire. Peu après je suis tombée folle amoureuse de Kodaï avec qui j'ai eu des chatons. Sahara et Ruby. J'ai découvert que ma mère m'avait abandonnée, que j'avais une demi-soeur... . Par la suite, j'ai sauvé la cheffe Caméléon, Elli, lors de son enlèvement, avec Plume Noire et mon chef Dariel. A notre retour, j'ai pu parler un peu avec elle avant que sa guilde migre dans le Désert. Récemment, j'ai apprit qu'Elli était morte. Cela m'a fait un choc et j'ai eu le besoin de m'isoler. J'ai donc déserté ma guilde pendant plus d'un mois. Et maintenant je suis de retour...