Je n'avais absolument rien à faire ici. Ici, c'est l'usine. Une forte puanteur mélangeant du poisson, des produits chimiques et de mort flottait dans l'air, me faisant tousser et me mettant dans une situation des plus gênantes; J'étais horriblement mal à l'aise.
Méfiante, limite paranoïaque, je sursautais au moindre bruit suspect. Il ne se passa rien, du moins jusqu'à ce que j'arrive devant les portes du vieux bâtiment aux trois quarts rongé par le sel et le temps.
Les grandes et lourdes portes étaient entrouvertes, comme pour m'inviter à pénétrer dans ce lieu synonyme de mort.
Une irrépressible envie de m'enfuir me prit; tandis que quelques instants plus tard, j'avais terriblement envie d'entrer à l'intérieur de l'usine sombre et lugubre par curiosité et soif d'aventures. Ces sentiments l'emportèrent, et j'avançais prudemment vers l'entrée. Quand je poussais difficilement les grosses portes rouillées, des grincements se faisaient entendre, comme si les gonds hurlaient.
Je fus prise d'une quinte de toux quand je pénétrais dans l'usine semblant déserte à cause de la quantité considérable de poussière. Les yeux larmoyants, je frissonnais lorsque j'entendis ma voix résonner pour finalement s'éteindre petit à petit... "Je suis complètement folle de venir ici..." Me dis-je en scrutant les ténèbres. Quelques rayons de soleil éclairaient faiblement certains endroits, mais droit devant moi, il n'y avait que la pénombre.
Mon instinct me hurlait de me précipiter vers la sortie, et je faillis le faire quand j'entendis des cliquetis sur le sol de marbre. Il y avait quelqu'un... Ou quelque chose. Le pelage hérissé, je tendais désespérément mes oreilles dorées dans l'espoir d'ouïr à nouveau un bruit suspect, mais je n'entendis rien dans les minutes qui s'ensuivirent. Alors, je plongeais mon museau dans mon précieux bandana tout chaud, inspirait profondément puis relevait ma tête pour avancer très, très prudemment.
"-Il... Il y a quelqu'un?..." Miaulais-je un peu fort, la voix tremblante.
Rien. Aucun bruit, à part quelques bruissements inquiétants de temps à autre. Alors, je me mis à avancer très lentement dans les ténèbres. Le noir m'envahit, ainsi que la panique. Mais ce n'était rien, alors je continuais à avancer, comme hypnotisée.
Un craquement sinistre se fit entendre au dessus de moi. C'était sûrement les vieux câbles vers le plafond; mais pourquoi émettaient-ils ce son? J'étais en train de réfléchir, lorsque je sentis ou entendis quelque chose tomber sur moi. J'évitais en criant désespérément les tuyaux rouillés, mais me prenait les derniers. Quand la chute des câbles se termina, j'étais dans le noir et la poussière, et j'avais les épaules et le dos ensevelis sous ces maudits machins humains. Je me dégageais avec peine et m'ébrouait. Mais je me suis soudain
immobilisée, et plissais les yeux pour scruter les ténèbres en face de moi.
Dans la poussière soulevée par les câbles, une silhouette surgissait peu à peu...