Tu ne savais pas trop ce qui t'avais poussé à accomplir ça. C'est vrai, ça n'avait rien de sensé; mais tu étais poussée par une intention étrange. Il paraissait des choses. Les murmures parlaient, d'étranges choses qui jamais n'avaient été aperçues auparavant. Certains disaient avoir aperçu des choses complètement absurdes, et d'autres contaient des biens qui pouvaient être là, quelque part, mais tu n'y croyais pas vraiment. Des choses qui apparaissaient ainsi? Aucun sens. Et pour ta part, c'était sûrement pour cela que tu t'étais laissée porter par le vent de ces paroles, et avait alors décidé de t'aventurer dans un endroit bien réputé pour trouver quelque chose. La plupart n'avaient pas vraiment de lieu défini, alors que cet endroit regorgeait de possibilités, et de choses que beaucoup trop disaient pour qu'on ne commence pas à y croire. C'était peu probable, mais tu espérais tout de même trouver quelque chose d'un tant soit peu intéressant ici-bas.

Une chose néanmoins faisait un petit blocus dans ton chemin; c'était que tu ne savais pas si tu étais prêté à te retrouver face à un groupe d'ahuri; car tu ne serais sûrement pas la seule à te déplacer jusqu'à là-bas dans l'espoir futile de trouver quoi que ce soit. Et surtout, tu ne savais pas si tu supporterais la simple idée de croiser un groupe soudé d'ennemis, qui en profiteraient pour mal interpréter ta présence et te tourner en ridicule; nul besoin de signifier que tu te vengerais et leur ferait amèrement regretter toute parole de travers. Alors ainsi, tu pouvais partir l'esprit tranquille, seulement, sans crainte de quoi que ce fut. Et puis, c'était une agréable journée, alors personne ne viendrait gâcher celle-là. Et tu serais doublement gagnante; si tu trouvais quelque chose tu pourrais être fière de ta trouvaille, si tu revenais bredouille alors tu pouvais discréditer toute à fait les affabulateur de théories comme quoi ce serait des choses envoyées par le ciel, et tu passais toutes les conneries que tu entendais quotidiennement à leur sujet.

Tu remarquas l'air tout à fait glauque de l'arbre des pendus; il avait laissé son habituelle présence dans un décor plutôt verdâtre pour devenir épave morose dans une brume glaciale. Une sorte de dimension fantomatique venait de s'ajouter, et tu sentais déjà ton esprit perturbé. Lorsque la peur se fait sentir, tu avais toujours ce sentiment qui te hurlait de te calmer. Tu respiras un bon coup. Ici, c'était le théâtre de beaucoup de choses. Tu le savais. T'approchant du cadavre de chêne, tu te posas au sol, regardant aux alentours. Tu craignais cependant qu'avec le décor horrifique, tu ne puisse distinguer grand chose sans avoir une possibilité de le confondre avec l'ombre de quelque chose. C'était le parfait piège pour un éternel réaliste; lorsque l'écart entre le réel et l'illusion grotesque se faisait trop mince pour qu'on puisse y mettre les pattes. Tu te savais peu seule, car tu doutais que tu soit la réelle seule personne à avoir eu l'idée de t'aventurer ici.

«Aïe ! feula une chatte, il manquait plus que ça !»

Tout doucement, tu renifla l'air, sans faire le moindre bruit. Une Felinae. Génial, absolument fantastique ! Tu tiquas légèrement, énervée de sa présence si prévisible. Tu te levas sans le moindre bruit, désirant qu'elle ne se sente pas en danger au cas où elle penserat qu'une créature rampe dans le sol, et que par extension, elle se barre en courrant. Pitié, tu voulais t'épargner ce spectacle pitoyable. Tandis que tu grattait doucement le sol au pied de l'arbre, cherchant rêveusement, tu lui adressas la parole sans aucune crainte :

« Qui est là? Une autre chercheuse, j'imagines... »

Tu continuas de chercher, attendant sa réponse. Tu ne te sentais pas en danger, pour qu'elle crie autant pour une épine, attendez qu'elle voit tes griffes si elle osait te sauter dessus.

«Oh? Qu'est-ce donc? »

Tu ne pus t'empêcher de le dire à voix haute, lorsque tu trouvas un petit tas de choses orangées.

HRP:

Une petite chatte vint à tes côtés, s'invitant pour ainsi dire dans ton espace vital. Plutôt vive, le pelage sable et des yeux pétillants, elle semblait être plutôt enthousiaste, contrairement à ta personne. Elle examina ce que tu avais trouvé sans aucune gêne. Tu faillis lancer un : «vas-y, te gênes surtout pas pour moi» mais tu te retint. Étrangement, elle ne dégageait aucune mauvaise intention, et déjà que tu n'avais pas envie de perdre ton temps à trouver des ingrédients, peut-être devrais-tu te montrer plus coopérative, au cas ou ils trouvaient quelque chose d'intéressant pour ta part. Non, ce n'était absolument pas de l'utilisation abusive de ses alliés, juste du marchandage pur et dur rapportant du bien aux deux partis. Il y avait bien assez de ces choses orangées pour vous deux, et si elle trouvait quelque chose, peut-être trouverait-elle utile de te partager son bien, en échange d'un peu de ton tas. Examinant la chose, tu parvins à la même conclusion qu'elle lorsqu'elle lança :

«On dirait un caillou...»

Elle semblait pensive. Elle se baissa et renifla; tu te dis que tu aurais pu au moins faire de même, histoire de faire semblant de t'y intéresser. Honnêtement, ça t'avait tout l'air de petits cailloux légèrement originaux, rien de bien marquant. Mais tu ne pouvais conclure ainsi, car ils attisaient tout de même ta curiosité, et tu te disais que ce serait une curieuse affaire de passer à côté de cela. Tout d'un coup, elle recula, comme si quelque chose venait de sortir de terre, et la prendre par une horrible surprise. Elle te regarda, griffes sorties et en pleine défense. Oh, uh. Peut-être une réaction normale d'une personne qui se sentait en danger? Pourquoi donc? Elle venait te parler, s'adresser impunément à toi, et là, elle réalisait qu'en fait, uh, non, tu étais un sacré danger et qu'il fallait s'écarter de toi. Tu songeas une seconde qu'elle venait de se rendre compte de ta faction, mais tu renonça, trouvant l'idée trop saugrnue pour être qualifiée de réaliste.

«Tu penses que c'est quoi ? »

Tu restas quelque seconde muette, pour mieux t'abandonner à la tâche de réflexion que demandait cette question. Un solide de couleur orangé, de taille plutôt régulière, donc pas vraiment un truc du genre qu'était un cailloux; plutôt dur, une odeur étrange et presque inconnue, une couleur plutôt anormale...? Ce n'était pas d'ici, évidemment. Tu te demanda si ce n'était pas de ces oiseaux migrateurs, en levant la tête vers l'arbre; étant au pied, ça aurait tout à fait pu tomber d'un bec d'un oiseau venu de loin. Mmmmh... Pourquoi pas? Un produit qui ne venait pas d'ici, en tout cas. Et d'un animal. Tu avais du mal à imaginer un animal orange qui se vêtirait de plumes semblables à ces petits cailloux, mais ça te paraissait probable tout de même. Retirant cette idée de ta tête, tu lui répondit simplement, tout en fixant l'arbre :

« Sûrement... Des choses anormales, venues d'ailleurs. Je pensais justement à la migration d'animaux pour la saison froide, pouvant signifier de telles apparitions. »

Tu remarqua à peine la chatte brune dans les buissons, simplement remarqua sa présence par son odeur, et te concentra sur la sable qui s'éloigna un peu. Fourrant sa patte dans un buisson, elle la retira presque tout de suite, lorsqu'elle fut recouverte d'un liquide visqueux et verdâtre. Elle refit le même manège, t'attirant vers elle, plus curieuse d'en savoir un peu plus sur la nature de ce qu'elle venait de découvrir. Elle ressortit, enfin, une fleur. Une très jolie fleur, bleuté comme il lui sied le mieux, dont une sorte de sève verte dégoulinait. Alors ça, tu ne te l'expliquais pas, et tu te posas un peu plus de questions lorsqu'elle cria :

« Je l'ai trouvée ! »

Alors c'était ça, que tu étais censée trouver? Une rose étrange. T'approchant du buisson, tu te dis qu'il en restait peut-être une. Glissant ta patte, et plutôt habituée et sensée, tu ne la retira que lorsque tu arracha la tige des racines, bien que ta patte t'obligeait, peu à peu, à faire une moue de dégoût. La retirant enfin, tu affichas un sourire satisfait. Deux choses en une journée, c'était assez intéressant. La glissant entre tes crocs, tu alla prendre la plus grosse feuille des alentours, et fit glisser quelques cailloux du tas à l'intérieur, projetant définitivement de les transporter. Regardant la chatte, tu lui adressa la parole :

« Je ne fais pas souvent de compliments ou de courbettes aux Felinae, tu t'en doute. Mais j'imagines qu'aujourd'hui je suis plus satisfaite qu'à l'accoutumée, aussi je te remercie de m'avoir gratifiée de la découverte de cette fleur. J'imagine qu'en compensation, ce tas de choses te siéra bien, ainsi, je n'ai aucune dette à ton égard. »

Rassamblant la rose et les cailloux, tu lui dit également, en jetant un regard furtif mais discret à la chatte brune :

« Pandémie. Et toi? »

Tu te préparais à partir, bien que tu laissais une trace de ton passage dans son esprit, au moins elle saurais ton nom.