Glander, glander, glander.
Voici ce à quoi aurait du ressembler ma journée si le karma ne me détestait pas. Confortablement roulé en boule sur mon matelas, voilà qu'on vient m'annoncer que je dois remplacer un soldat malade, sensé partir en vadrouille sur le sentier. Et c'est évidemment moi que l'on choisit. Je m'étais lever, j'avais grommeler, puis j'étais partis à pas lent rejoindre celui que je devais accompagner. C'était un mâle au pelage sombre et aux yeux ambrés, avec un air aussi excité que le miens à l'idée de partir sur le fameux chemin. Nous étions partis de la caserne, tout deux sans piper mot, sans se présenter. Je pense qu'il était du même avis que moi : rien à fiche de qui tu es, contentons-nous de faire le taf. 
Et nous voilà maintenant en train de marcher côte à côte, sans se toucher, à faire le boulot qu'on nous avais confier. Je me permettais d'observer discrètement mon collègue du coin de l'oeil. Sale habitude qui me hantait chaque seconde, tentation à laquelle je ne pouvais résister. Le soleil tapait sur mon dos sombre, et mes pattes sentirent à chaque pas que le grand disque d'or avait préalablement déjà réchauffé le sentier de terre. Tout était calme autour de nous. Aucun bruit dans la végétation, ni dans les arbres. Cela me semblait un peu étrange. Je m'attendais à ce que quelques bruissements se fassent entendre ici et là, mais aucun son ne parvenait à mes oreilles. 
On remonta le sentier, pendant que ni lui ni moi ne trouvait la trace d'éclaireurs ennemis. Je laissa un petit feulement intérieur se libérer en moi. C'était une situation frustrante, d'autant plus que j'avais l'impression de chercher une aiguille dans une botte de foin. 
Soudain, un bruit de brindille que l'on écrase met mes sens en alerte. Je jette un coup d'oeil rapide au matou qui m'accompagne qui s'était redressé et avait tendu ses oreilles. En un éclair, je le vois disparaître dans les ombres pour aller à la recherche de ce qui se cachait dans ces dernières. Je soufflai, et couru à l'arbre le plus proche que j'escaladai agilement. Posté ainsi en hauteur, je pouvais observer ce qui se passait en bas sans forcément me mettre en danger, et avoir un champ de plus dégagé. Je suivis le mâle au pelage sombre, sautant de branche en branche, satisfait que ma patte ne me gêne pas. 
Je ne savais pas ce qui avait fait ce bruit, mais je ne pensais pas que c'était une simple petite bestiole... 

Code par xLittleRainbow

Je me fondis dans les ombres des arbres à ma gauche tandis que j'entendais mon camarade grimper dans un arbre derrière moi. C'est vrai qu'il peut pas me voir celui là…
Jurant entre mes dents, Je réapparut.
Ça ne m'empêche pas d'être discret mais si je ne peux pas utiliser mon pouvoir pour faire mon taf' ça va pas être pratique…
Franchement quelle plaie que cette mission de reconnaissance ! Ils pouvaient pas me laisser seul, tranquille, prêt à dormir !? Bah non, ils ont décidé que j'irais.
Bwef, reconcentration sur le moment présent. J'avance discrètement entre les arbustes, priant pour ne pas faire de bruit à cause de ma forme normale. Ce serait si simple si je me fondais dans les ombres !
Mais même pas. Je ne peux pas disparaître, l'autre handicapé serait incapable de me suivre.
Lorsque l'on avance, on s'enfonce peu à peu sur le bas-côté, j'entends un nouveau craquement. Je vois un éclat de fourrure argentée qui avance non loin devant moi.
Je lance un coup d’œil à l'autre pour vérifier qu'il l'a vu tout comme moi puis je reprends ma traque. Alors que j'avance, je suis si concentré que je ne remarque même pas que quelque chose change.
Mes griffes se rétractent, retrouvent leur taille et leur couleur naturelle. De même, la chaîne autour de mon cou scintille et redevient de son gris acier naturel.
L'autre soldat n'échappe pas à cette transformation.
Je la vois enfin, la chatte argentée que j'avais repérée. Elle a le bout de la queue et des oreilles bleues cyan et un étrange tatouage sur son épaule produit une lumière bleutée. Ses yeux sont de la même couleur.
Elle tourne la tête dans tous les sens à la recherche de quelque chose et pour lui échapper je me fonds dans les ombres.
Enfin j'essaie. Mon pouvoir est bloqué !
Comment est-ce possible !?
C'est à ce moment que je jette un coup d’œil sur mes pattes et que je vois. Je suis redevenu normal.
Je ne sais pas ce qu'a fait cette chatte mais un étonnement profond et une haine puissante s'emparent de moi.
Je me jette sur elle, puisque de toute façon elle vient de me remarquer et la plaque au sol. Elle est trop petite, pas assez rapide, pas assez forte.
D'un geste de la queue j'appelle mon camarade toujours perché dans son arbre à me rejoindre. Lui aussi semble être redevenu normal. Ses canines sont redevenues d'une taille normale et son tatouage ne semble plus aussi… électrique.
Je tique et regarde la chatte toujours maintenue au sol dans les yeux. Je lui demande d'une voix hachée par la colère et la haine profonde qui s'empare de moi dès que je vois un felinae.

- Qui es-tu ?

Je concentrai mes sens, et rassemblai mes forces pendant que je voyais l'autre soldat se fondre dans les ombres, puis réapparaître. Avait-il fait cela car il avait peur que je ne puisse le suivre? Je lâchai un petit sifflement intérieur pendant qu'une pensée ironique se profilait dans mon esprit. Tu me sous-estime, petit chat noir.

Qu'importe, je continue ma course parmi les branches que je franchis d'un bond rapide, avant de reprendre appuis pour re-sauter à nouveau. Mon agilité et ma rapidité était mon atout principale, puisque je n'étais pas doté d'une musculature extrême, ni d'un gabarit avantageux.

Tout en suivant le mâle au pelage sombre, je sens mes griffes s'enfoncer dans l'écorce pendant que je gagne de la vitesse. Le vent hurle contre mes oreilles, les couleurs se mélangent entre elles pendant que ma queue vole derrière moi. C'était ce genre de sensation qui me poussait à aller plus vite, et me donnait du courage. Cette force qui semblait se déverser dans mes membres, je la laissai s'emparer de mon esprit, et je fis claquer mes mâchoires comme si je la saisissais à pleine dents.
Et pourtant, malgré cette symphonie qui se débat tel un orage dans mon esprit, je suis aussi silencieux qu'un serpent. Mon pelage gris ne touche aucune branche, ma silhouette fine ne fait craquer mes appuis, et mon ombres est à peine visible parmi les feuillages. J'aimai cette sensation de discrétion.

Soudain, un éclair argenté traverse mon champ de vision. Mes pupilles se dilatèrent, et ne quittèrent plus des yeux l'endroit ou ce dernier avait disparu.

La course poursuite semble s'accélérer. Un instinct ancestral m'indique que je m'approche de ma proie, que je l'aurais bientôt bien en vue, et que je serais capable de la tenir entre mes griffes dans peu de temps. Mes canines deviennent légèrement chaudes dut à l'électricité qui se propage dans mon corps, pendant que mon tatouage bleu s'illumine légèrement. Alors que je sentais mon pouvoir se diffuser dans tout mon être et faire vibrer mes cellules, quelque chose le freine. Je ralentis légèrement ma course, et jette un coup d'oeil à mon coéquipier: lui aussi, semblait avoir sentis quelque chose d'anormal. Je fronce les sourcils, et essaye de reprendre le contrôle de moi-même. Que venait-il de se passer? Ce n'était pas moi qui avait fait se retirer mon pouvoir. Au contraire, je l'avais appelé, alors comment se faisait-il qu'il avait si soudainement diminué?

Tout ceci prends une tournure étrange, d'autant plus quand j'aperçois en même temps que le matou noir une chatte argentée ou se mêle des couleurs bleus. Elle avait l'air perdue, si on s'en fiait à la manière qu'elle avait de tourner la tête en tout sens. Alors que mes yeux turquoises ne quittent plus cette étrange inconnue, je sens l'électricité qui m'avait envahit quelques minutes plutôt me quitter définitivement. Ma queue s'agite derrière moi, d'incompréhension, et mes griffes glisses contre la branche sur laquelle je suis perché.

Je descends de cette dernière, au moment ou mon camarade se jette sur la mystérieuse inconnue. Mes yeux clairs de ne la quitte plus, pendant que la voix du matou noir résonne dans mes oreilles. La colère la rendait hachée et martelait ses mots.

-Qui es-tu ?

Je restai silencieux pour le moment, et je ne comptais pas prendre la parole avant que je ne juge cela nécessaire. J'allai laissé mon camarade faire son petit interrogatoire avant de faire part de mes mots aux deux autres. Bien que l'envie de poser mille et une questions...

Code par xLittleRainbow

Mon compagnon dans ce boulot relou s'approcha mais resta silencieux. Il va sûrement me laisser interroger cette chose tout seul, ce qui m'arrange d'ailleurs...
Bon, vu qu'elle ne semble pas vouloir répondre, je pose ma patte sur sa gorge et appui mes griffes dessus. Même si elles ne sont plus aussi puissantes, elles n'en restent pas moins dangereusement aiguisées.

- Qui. Es. Tu !?

La chatte argentée (presque encore chaton) accepta cette fois-ci de me regarder dans les yeux. Troublant.
Ils étaient bleus, aussi bleus que ceux de ma soeur, Neige.... Reconcentratioooooon !
Cette tapette est pas le sujet du moment !

- Maille.

Hein !? De quoi qu'elle me cause celle là ? C'est parce que les maillons glacés de ma chaîne lui effleurent la fourrure ? Non je crois pas... mais quoi alors ?
Elle doit voir que je comprends pas car elle répète.

- Mhei. Qui je suis ? Je suis Mhei.

Je me sens limite rougir. Que je suis stupide quand je me laisse troubler inutilement, je viens de lui demander son prénom. Je raffermit ma prise sur son petit corps et reprend :

- Qu'as tu fais à nos pouvoirs !?

Ses yeux partent dans le vague et elle murmure doucement :

- Je sais pas... C'est une mutation, les mutations apportent le malheur, elles guident les larmes... je n'aime pas les mutations... vous êtes des mutants... C'est la protection, c'est le pentagramme...

Hein !? Mais qu'est-ce qu'elle raconte celle là !?
Je comprends lorsque je vois une mouche mutante voleter tranquillement à trois ou quatre mètres de nous et que, d'un coup, elle disparaît.Enfin elle disparaît pas vraiment, mais elle vient de rapetisser jusqu'à une taille tellement petite... sa taille originale !? Holà !
Attendez, c'est quoi cette arnaque !?
Genre ce serait son pouvoir qui annulerait les notres !? Une espèce de remède à la mutation !?
Je ne sais pas trop quoi dire et je ne suis pas quelqu'un de subtil, et cette chatte à l'air franchement dérangée. Elle ne me regarde pas, à vrai dire elle ne semble remarquer personne.
D'un coup de menton discret, je demande à l'autre soldat si il peut pas gérer l'interrogatoire parce que moi je ne sais plus quoi faire... Cette felinae n'est clairement pas normale...

Cette autre brute qui me sert de collègue maintenait la nouvelle venue au sol, une patte sur sa gorge, toutes griffes dehors. Je soupir, et regarde la scène.

Après quelques minutes d'interrogatoire, la jeune chatte nous révéla son nom. Mhei. C'était joli. Peu courant, mais joli. Je me fis la réflexion plutôt amusante que les deux énergumènes en face de moi semblaient être totalement opposés, comme si j'observais la journée contre la nuit. Mais là n'était pas la question, alors revenons à nos mutants.

- Qu'as tu fais à nos pouvoirs !?

Voilà une question intéressante. C'était d'ailleurs celle qui me turlupinait depuis maintenant un moment. Même en me concentrant de toute mes forces, je ne sentais pas d'électricité se diffuser dans mon corps. C'était la première fois de ma vie que je ressentais quelque chose comme ça. Jamais, auparavant, mon pouvoir n'avait refuser de se déclencher. Mais là, je sentais comme une barrière invisible le bloquer. J'étais par ailleurs assez d'accord avec les soupçons de mon camarade : je pensais aussi que c'était la faute de cette " Mhei".

- Je sais pas... C'est une mutation, les mutations apportent le malheur, elles guident les larmes... je n'aime pas les mutations... vous êtes des mutants... C'est la protection, c'est le pentagramme...

Hm. Je jette un coup d'oeil vers le matou noir. La petite chatte venait de le paumé, et il semblait désormais plus décontenancé qu'énervé. Tant mieux, les psychopathes m'ennuyait. Remarque, il était normal d'être perdu après le charabia que venait d'énoncer l'inconnue. Elle avait reçu un coup sur la tête?

Je me levai, et m'approchai de la petite Mhei. Elle était vraiment petite. Elle semblait chétive et innocente, complètement perdue et ailleurs. Son regard ne semblait même pas nous voir, mais plutôt regarder une scène dont elle seule avait le secret. Et pas une scène joyeuse, si je pouvais me permettre.

Je ne prêtai qu'un petit coup d'oeil rapide à la mouche que la jeune chatte blanche avait rétrécit d'un coup. Pendant que mon camarade prenait un air éberlué, je laissai un sourire s'esquisser sur mon visage. Cette Felinae valait certainement le coup qu'on s'intéresse à elle. Tant mieux, ça change du quotidien.

Ah. Un signe du menton de la part de l'autre chat noir me donnait le signal pour que je commence mon propre interrogatoire. Hohoho, on allait bien s'amuser.

Contrairement à celui qui m'accompagnait, je ne posai pas la patte sur Mhei. Je ne la clouai pas au sol, et je la laissai même se relever. Cependant, je me mis à décrire un cercle en marchant autour d'elle, lentement. Mes oreilles étaient tendues vers l'avant, mes yeux rivés sur son pelage.

-Bien, je ne vais pas y aller par quatre chemins.

Je fis une pause, le temps de m'étirer.

-Qui es-tu, qu'est-ce que tu fais là, et est-ce qu'on vient d'avoir une démonstration de ton pouvoir ? Oh, et, s'il te plaît, réponds moi vite, je déteste attendre.

Code par xLittleRainbow

Je laissais la place à mon camarade qui laissa Mhei se redresser. Pour une fois j'étais gêné. J'avais l'impression de redevenir le chaton que j'étais auparavant, perdu dans les marais, en train de pleurer après une mère qui ne pouvait plus jamais me sauver. Ce jour là je m'étais senti impuissant. Désarmé.
Exactement la même sensation qu'avec cette chatte. Comme si on m'amputait d'une partie de moi.

Mon camarade de mit à tourner autour de la fameuse felinae, lentement, les oreille tendues vers elle et ses yeux rivés sur son pelage couleur argent.
Sa voix était calme et posée. Rhaa ! Je me sentais tellement idiot ! La rage m'avait aveuglé et j'en avais perdu tous mes moyens. Mon collègue devait vraiment me trouver stupide.

- Bien, je ne vais pas y aller par quatre chemin.

Il fit une pause avant de reprendre :

- Qui es-tu, qu'est-ce que tu fais là, et est-ce qu'on vient d'avoir une démonstration de ton pouvoir ? Oh, et, s'il te plaît, réponds moi vite, je déteste attendre.

Je n'écoutais la tirade du matou que d'une oreille distraite, me concentrant sur d'étranges marques, ressemblant fort à des cicatrices qui couvraient son front, légèrement cachées par sa mèche. Je ne sut pas si mon camarade les avait remarqué et je m'apprêtais à lui demander lorsqu'elle répondit :

- Vous l'avez vu ? Vous avez vu Passie ? Je le cherche... Je veux le faire sortir de ma tête mais chaque fois j'ai beau cogner encore et encore il reste prisonnier... Je voudrais lui parler...

Je dévisageais la petite chatte d'un oeil circonspect. Sans laisser à l'autre matou de répondre, je lui dit d'une voix que j'essayais douce :

- Nous n'avons pas vu Passie mais nous le retrouverons si tu acceptes de nous aider, d'accord ? Tu n'auras même plus besoin de cogner, tu verras.

Elle me regarda d'un oeil rond et perdu, comme si elle venait juste de se rendre compte que j'existais. Son regard avait quelque chose de troublant, comme si elle avait conscience de quelque chose que nous ne pouvions même pas imaginer. C'était tellement dérangeant que je dut me faire force pour ne pas me retourner voir si quelque chose de trouvait derrière moi.

- Vous... Vous allez me tuer si je vous réponds ? Comme vous les avez tués ?

Elle secoua la tête comme pour chasser des insectes voletant autour d'elle et poussa un miaulement plaintif.

- Je devrais pas exister, je devrais pas exister... (elle leva la tête et fixa cette fois-ci mon camarade avec un air désespéré) Ma malédiction...