Cet endroit lugubre semble si vide

Le meneur des Felinae s'était avancé dans la Forêt Empoisonnée. Il ne savait pas ce qu'il espérait y trouver. Peut importait. Le tout étant qu'il souhaitait se dégourdir un peu les pattes. Le centre de la forêt noire l'avait toujours attiré pour une raison qu'il ne parvenait pas à s'expliquer. Les insectes étaient les seuls être vivants que l'assaut des hommes avait laissé indemnes. Bien sûr ils avaient quelque peu évolués mais, somme toute, ils restaient des insectes. Dariel en chassa un d'un coup de patte. Sans les craindre il ne les aimait pas particulièrement. Il fouetta l'air de ses quatre queues, vaguement agacé. Il n'aurait pas dû venir ici. C'était parfaitement inutile. Il ferait mieux d'aller vers l'Orée surveiller ce qu'il se passait au niveau des postes de garde. Le matou rayé allait faire demi tour lorsqu'un bruit lui fit dresser les oreilles et humer l'air. Quelqu'un approchait. Imperceptiblement Dariel tendit ses muscles, prêt à bondir si celui ou celle qui arrivait était un ennemi. La personne en question était sous le vent il ne parvenait donc pas à déterminer de qui il s'agissait. Lorsqu'il aperçut les yeux verts et les deux queues grises il se détendit. Ce n'était qu'Aidream. Il ne connaissait pas si bien que cela la Défenseuse mais savait qu'elle faisait partie de la Guilde et qu'elle ne constituait donc pas une menace. Le meneur se para de son léger sourire dont il ne se départissait que rarement.

- Bonjour Aidream, que me vaut le plaisir de ta présence ?

Il n'y avait sous cette question nul sous-entendu. Dariel était simplement surpris de voir quelqu'un ici. C'était loin d'être un lieu très fréquenté et on comprenait aisément pourquoi. Les arbres noircis aux branches tordus et cet immense cratère ne donnaient pas à l'endroit des airs de vacances.

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Comme la plupart du temps, je me baladais dans le centre. C'était si calme ici, je me fondait tellement dans ce décors noir et sans vie que même les plus observateurs des incestes ne me repéraient pas. J'étais si bien ici, le seul endroit calme. D'ailleurs pourquoi c'est aussi calme ici ? La plupart des chats pensent qu'il reste encore une substance active dût à l'explosion d'ici. Mais non, il n'y en a pas, du moins tellement peut, que je ne la sent pas.

J'était dans le vent, en train de rêvasser, sachant que je n'ai rien à faire à la guilde, et puis, un peut de détente ne me ferais pas de mal. Forcément, il n'y avait pas de muleaux ou de lézards à l'horizon. Quand, je sentis une présence, une présence très importante même ! Je la sentais d'ici, c'était le chef des Felinae ! Je me chachais dans un buisson en attendant son arrivée. La première fois que je rencontrais le chef ! C'est quand même fort ça.

Il arriva enfin. Devant le cratère géant, en train de humer l'air. Quand, ses muscles se tendirent, et sa fourrure se dressait petit à petit. Zut, repérée ! J'étais à contre vent pour lui, donc il ne pouvait pas savoir de quelle guilde j'étais, et encore moins qui je suis ! Bon, un moment, faut sortir de sa cachette.

Je sortis de ce buisson de cendres. Mon pelage noir et gris me faisait confondre à une statue dans le paysage, seul mes yeux verts lumineux faisaient la différence. Le chef se détendit à mon arrivé. Il avait l'air plus calme en me voyant, ça c'est sûr.

- Bonjour Aidream, que me vaut le plaisir de ta présence ? Dit-il d'un ton calme et interrogateur.

Je ne sus que répondre : surement la vérité, je ne vois pas le chef s'énerver pour une raison aussi débile et simple. Alors, en hésitant un peut, je lui répondit :

- Hum, je viens souvent ici pour me détendre ... J'aime bien cet endroit. Exprimais-je d'un ton timide.

Voilà, c'est fait. Mais bon, c'est plutôt une réponse bizarre. Que puis-je lui demander pour me rattraper ? Parce que bon, une réponse si simple mérite une question à la fin. C'est la première fois que je poserais une question au chef, sans avoir personne pour écouter ! Mais bon, on peut pas lui dire non plus « Wesh poto, bien ou bien ?» ça serait débile. Alors je m'empressa de lui poser une question la plus logique possible :

- Et ... et vous, vous n’êtes pas à votre poste ? Vous ... vouliez vous détendre un peut ? Avec la voix qui se brisa vers chaque mots.

Je baissais les yeux. J'avais honte de parler avec autant d'hésitations. J'espère qu'elle ne sera pas contrarié pour mes paroles.

Cet endroit lugubre semble si vide

Aidream semblait un peu gênée sans que Dariel ne comprenne trop pourquoi. Elle lui répondit malgré tout, d'une petite voix, qu'elle était venue se reposer. Le meneur hocha tranquillement la tête. La petite avait le mérite d'être honnête c'était l'une de ses qualités préférées. Et puis, ce n'était pas comme si elle avait fait quelque chose de répréhensible. Tout un chacun avait le droit de se détendre de temps à autre.

- C'est un endroit étrange. Je ne le trouve ni agréable ni désagréable en fait.

Le demi-sourire ne quittait pas le matou rayé de brun. Aujourd'hui il n'avait rien à cacher mais il conservait son masque par habitude. Le meneur fut cependant étonné de voir que sa vis-à-vis manquait tant d'assurance. Elle s'était permise de lui poser une question, ce qui ne le dérangeait nullement, mais buttait sur chaque mot. Comme si cela lui demandait un effort incommensurable de s'adresser ainsi au Chef de sa Guilde.

- Tu devrais prendre le temps de respirer à fond et te détendre. Je ne suis pas un monstre tu sais, lui dit-il, ne répondant pas à sa question de prime abord.

Il aurait presque usé de son don sur la féline grise pour qu'elle se détende un peu mais il n'osa pas. Il n'en avait pas le droit. Et puis il fallait bien que les siens apprennent qu'ils pouvaient lui parler sans crainte et sans qu'il n'use de son pouvoir. Et puis, il ne voulait pas relâcher sa garde alors qu'ils étaient sur un territoire si peu sûr. Plus jamais il ne voulait retourner chez les Soldats. Ceci dit il ne donnait pas cher de sa peau s'ils parvenaient à l'attraper. Il chassa ces idées de son esprit, se concentrant sur Aidream.

- Je ne suis pas venu me détendre un peu. En fait je ne sais pas trop ce que je fais ici. Cet endroit m'intrigue. Il laissa passer un léger silence. Je me demande bien à quoi ça pouvait ressembler avant les attaques...

C'était une question qu'il se posait à propos de nombreux lieux. Il aurait tant voulu pouvoir remonter quelques dizaines d'années en arrière pour savoir comment était le monde avant cette guerre qu'il ne comprenait pas.

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Malgré mes questions, le chef hocha doucement de la tête. Ses quatre queues étaient impressionnantes, même moi, ça m'impressionnait. Puis, avant que je dise quoi que se soit, le chef pris la parole :

- C'est un endroit étrange. Je ne le trouve ni agréable ni désagréable en fait. Disait-il d'une voix détendue.

C'est vrai, c'est étrange, tout comme moi d'ailleurs. J'étais étrange. Je me fondais parfaitement dans ce décors, c'était étrange. J'ai deux queues, c'est aussi étrange, et on peut continuer comme ça. Mais bon, on ne peut pas définir ce qui est normal non plus. J'étais perdue dans ces pensées divagues qui m’enfonçaient peut à peut dans le doute.

- Tu devrais prendre le temps de respirer à fond et te détendre. Je ne suis pas un monstre tu sais.

Ah ! J'étais dans mes pensées ! Respirer à fond et se détendre ? Comment pourrais-je faire ça avec le chef des Felinae en face de moi ? Et puis j'aimerais bien faire tout ça moi, mais je suis plus que timide, et j'y peux rien ... Je m'empressa de lui répondre :

- O-oui, j'essayerais la prochaine fois... Balbutiais-je de moins en moins.

- Je ne suis pas venu me détendre un peu. En fait je ne sais pas trop ce que je fais ici. Cet endroit m'intrigue. Je me demande bien à quoi ça pouvait ressembler avant les attaques... Disait-il tout en marquant des pauses.

C'est vrai ça, à quoi pouvait ressembler le passé ? Les arbres morts devaient être couverts de feuilles vertes et les buissons devaient laisser humer une odeur de fraîcheur verdoyante. Les bourgeons devaient apparaître aux bouts des branches encore brunes pour laisser s'échapper le doux pollen pour attirer la faune proche des forêts humides. Mais hélas, ces humains ont tout gâchés. Si seulement ils n'existaient pas ! Toute cette souffrance, cette douleur ... Je m'empressa de partager mon opinion avec celui-ci.

- Je déteste ces humains ! Toute cette nature, devenue si triste à présent ... Ma voix s'estompait.

Quelques larmes venaient à se former dans mes yeux, mais ne coulèrent pas. Je ne pouvais pas pleurer devant le chef ! Ça montrerais encore plus que je suis faible, et je ne veux pas être faible. Il faut que je me batte ! Néanmoins, mon regard triste et perdue sur ce lieux était totalement visible.

Cet endroit lugubre semble si vide

Petit à petit sa jeune vis-à-vis semblait se détendre. Sa voix s'affermissait et les bégaiements disparaissaient peu à peu. Ce n'était pas pour déplaire à Dariel qui conservait son petit sourire, juste parce qu'il ne voulait pas paraître trop sérieux et qu'il ne dissimulait jamais aussi bien ses émotions que derrière cette expression. Lee silence se fit pendant quelques instants avant qu'Aidream ne fasse un nouveau commentaire, évoquant sa haine des humains. Haine qu'il partageait. Son regard d'or s'assombrit. Il se reprit rapidement, ne voulant pas sembler trop emporté. Il avait appris depuis bien longtemps à se maîtriser.

- Leur folie nous a conduit à la destruction. Ceci dit ça ne leur a pas été vraiment bénéfique non plus.

Si ça avait été le cas pourquoi tant d'entre eux avaient fui cette ville et ce qu'elle renfermait ? Enfin, ce n'était pas son problème. Lui même faisait juste en sorte de survivre avec les siens dans les meilleures conditions possibles. Tout en libérant parfois quelques chats nouvellement modifiés mais ce genre d'excursions étaient de plus en plus risquées et ils n'en revenaient jamais parfaitement indemnes. Dariel laissa échapper un petit soupir.

- Ceci dit ce ne sont pas ceux qui ont lancé la bombe ayant réduit cet endroit à néant qui m'inquiètent. La véritable menace est bel et bien vivante et se trouve en ville.

L'expression du meneur était plus sombre. Ils allaient devoir passer à l'offensive mais parviendraient-ils à passer les défenses du laboratoire ? Rien n'était moins sûr. Cela faisait un certain temps qu'ils n'avaient plus de nouvelles de leurs informateurs. Morts ou ralliés à la cause des humains ça il n'en savait rien.

- Enfin, tu m'as dit être venue ici pour te détendre je ne vais pas te causer du soucis avec de telles considérations.

De nouveau le demi-sourire était réapparu. Le soucis était repassé sous le masque, l'inquiétude était dissimulée.

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