Je marche d’un pas pensif le long des arbres aux sombres allures. Après avoir rencontré Plume Noire et visité le camp des Caméléons, j’ai pris une décision qui va changer ma vie. J’ai décidé de rejoindre les Felinaes. Je veux me trouver un poste parmi eux et sauver mes congénères des aiguilles des humains. Me dire de rester dans l’ombre des combats aux côtés des Caméléons m’est complétement sorti de la tête. Je veux vivre, pour cette humaine. Mais pas vivre à ne rien faire d’autre que survivre quand on en a les moyens. Je veux que ma vie soit utile à tous nous sauver. Cela n’enlève en rien ma peur du monde, mais je sens une énergie nouvelle me traverser. Une lueur de défi anime mon regard et je reprends ma marche. Encore plus hardie.
Je suis si absorbée par mes pensées, que c’est avec surprise que j’arrive au bord d’un étang ! Je soupire. Qu’est-ce que je peux être bête parfois ! J’ai oublié de demander aux Caméléons de m’indiquer la route à suivre pour retourner au camp des Felinaes ! J’agite ma queue avec colère et fait de l’ordre dans mes pensées. Premièrement, être prudente. Je ne sais pas sur quoi je peux tomber en dehors de la ville. Deuxièmement, trouver un membre des Felinaes. Ils pourront m’indiquer comment rentrer à la guilde. Troisièmement, et cette pensée est facultative, penser à trouver un rang qui me conviendrait au sein de ma guilde.
J’observe l’eau lugubre du lac. Elle est calme, mais je n’y aperçois pas le fond. Je passe ma langue sur mes babines. Ces longues marches m’ont donné soif. Très soif. Je jette un coup d’œil méfiant sur les abords de l’étang. Puis voyant qu’il n’y a aucun danger pour ma personne dans les parages, je m’avance gaiement vers l’eau. En abaissant encore une fois ma garde. L’eau noire, bien que légèrement pollué, me semble potable. C’est avec une incommensurable joie que je plonge littéralement la tête dans l’eau. J’ai chaud il faut l’avouer. J’étanche ma soif et je redresse brusque la tête. Le bout de ma mèche s’envole derrière mon oreille. Mes vibrisses frémissent légèrement. J’ai de l’eau qui dégouline tout le long de mon visage. Je me secoue puis recommence à boire. Plus doucement cette fois.
Un bourdonnement assourdissant se rapproche de mes oreilles. Mon cœur se serre, et le stresse commence à arriver en flot. Je relève doucement la tête pour voir ce qui fait un tel vacarme. C’est une libellule ! Une énorme libellule ! Elle doit faire environ deux mètres de long ! Ses ailes de diaphanes reflètent le peu de lumière sur l’étang. Son corps est d’un beau bleu métallique, ses yeux d’un noir aussi profond que la nuit sont démunis de tous sentiments. Ils me fixent ardemment. La libellule est immobile au-dessus de l’eau et semble avoir repérer comme une proie. Je reste pétrifiée devant ses mandibules. Comme si elle s’amusait à me terroriser, elle les fit claquer. Je miaule de terreur et rebrousse chemin à toute allure ! Le bourdonnement incessant de ses ailes augmente et cela m’apprends qu’elle m’a prise en chasse. Je coure à m’en blesser les pattes. Puis soudain, je me sens projetée vers l’avant et ma patte arrière droite tirée au maximum. Je jette un regard derrière moi et apprends avec fureur que ma patte est coincée sous une branche ! Je me débats comme je peux. J’allais utiliser mes ailes. Lorsqu’elle apparut, tel un ange blanc aux ailes bleues venu me sauver.