Une fourrure rousse se promenait à travers la brume. Que cherchait-elle ? Se doutait-elle qu'elle allait faire une drôle de rencontre ? C'est ce que nous allons voir...

La faim tenaillait Ricchi depuis un bon moment déjà. Il entendait son ventre pousser des gargouillements qu'on aurait pu entendre à des kilomètres à la ronde. Le mâle c'était donc enfoncé dans la forêt à la recherche d’une proie. Et le voilà arrivé devant l'arbre des pendus. Bien que de cet endroit émanait les souffrances des âmes déchus d'autrefois, il n'en restait pas moins un territoire de chasse. Le rouquin s'enfonça donc dans la brume, à l'affut de la moindre bestiole qui pourrait satisfaire son appétit. Il marchait avec précaution, veillant à ne pas trop faire de bruit. Il régnait un silence de mort à l'arbre des pendus pendant cette partie de chasse. Enfin, presque. Ricchi, toujours à la recherche d'une proie, eu cette étrange impression qu'une présence était près de lui. Ça aurait pu être les âmes errantes près de l'arbre, mais Ricchi ne sait pas sentir ces choses-là. Il y avait donc quelque chose ici, ou bien quelqu'un. Quoiqu'il en soit, le félin roux arrêta ses recherches et scruta le paysage autour de lui. Il tourna la tête à droite. Il n'y avait rien. Il tourna la tête à gauche. Il vit seulement le tronc de l'arbre des pendus à travers la brume. Puis, il se retourna lentement. Ses pattes glissaient un peu sur ce sol qui ne voyait pas, et ses poils commençaient à se hérisser. Myu et Kero suivait doucement sa progression, ils y étaient bien obligés de toute façon. Le mâle c'était complétement retourné. Il regarda à droite et à gauche, bougeant sa tête à la manière d'un automate. La peur commençait à le parcourir, la peur de se sentir épié, la peur de ne jamais trouver cet adversaire invisible. Mais cette peur disparue quand il avança de trois pas. Ricchi se retrouva devant un mâle à l'allure squelettique et au pelage gris. Rien d'exceptionnel, me direz-vous. Mais quelque chose répugna Ricchi au plus haut point. On aurait pu penser que c'était les orbites vides de cet animal d'où sortait un étrange liquide noir, mais non. Le chat portait un masque bleu. Un masque humain. Ricchi sortit ses griffes à la vue de ce visage. Le Solitaire n'aurait su dire à quelle guilde appartenait ce chat, à cause du choc que cette rencontre surprise lui avait procuré.  Peu après, le matou reprit ses esprits et réussi à sentir l'odeur de son interlocuteur. C'était lui aussi un Solitaire. Ricchi le trouvait bien curieux d'avoir gardé cet immonde masque humain, et il engagea la conversation, bien décidé à connaitre la raison :

-B...bonjour, moi c'est Ricchi. Et toi ? Dis, tu m'as fait peur tout à l'heure, tu m'aurais pas suivi ? Et, si c'est pas indiscret, pourquoi gardes-tu un masque des humains ?"

Le mâle s'assit et pris un air décontracté. Il lança à notre félin roux une phrase aussi étrange que le ton qu'il employait :

- Je m'appelles Jack. Effectivement, je t'ai suivi car ... euhm... et bien... Tu...Tu sentais le solitaire.

Méfiance, méfiance. Ricchi trouvait ce mâle bien étrange et avait la forte impression qu'il faisait semblant de paraître amical. Si il croyait berner le chat à trois têtes, il rêvait ! Jack continua sur sa lancé :

-Je suis un solitaire moi aussi, j'ai fuis les humains mais j'ai gardé ce masque car il me permet de voir, ce qui est impossible autrement comme tu as surement deviné. Rassure toi, je hais les Hommes autant que toi...

Information intéressante. Si il essayait de lui faire quelque chose, Ricchi pourrait toujours s'emparait de son masque pour le rendre aveugle, bien que ceci semblait assez compliqué. En tous cas, Ricchi voulait revenir sur une parole du Solitaire :

- "Tu sentais le solitaire" ? C'est-à dire ?

Le mâle s'assit pour attendre la réponse de Jack. il se mis à se lécher la patte droite puis à la passer derrière son oreille en observant les alentours d'un œil distrait. Puis il reporta son attention sur le mâle gris, le regardant droit dans les y..euh non, dans ses orbites, et attendit patiemment la réponse du Solitaire. On aurait pu croire qu'il était en parfaite confiance avec son congénère pour se poster devant lui de cette façon. Cependant, ce que l'autre ne savait pas, c'est que Ricchi avait son arme secrète, toujours prête à se battre : Myu et Kero. Il avait cet avantage, et ne comptait pas lui montrer.

Jack répondit poliment à notre rouquin :

- Vois-tu, en tant qu’aveugle de naissance, mon odorat et mon ouïe sont particulièrement développées, comme tu es seul et que tu ne portes pas l'odeur d'une guilde, j'en déduis que tu es un solitaire ? Est-ce que je me trompe ? C'est possible bien sûr.

Son explication tenait la route, bien que Ricchi restait sur ses gardes. Il ne savait pas qui était ce mystérieux chat et voulais savoir si il était vraiment aussi innocent qu'il le paraissait avec ses paroles. Le Solitaire lui dit d'un ton amical, bien que Ricchi resta assez septique face à lui :

- Je dois aller chasser, voulez-vous quelque chose si j'en trouve ?

Le mâle semblait mal à l'aise. Peut-être parce qu'il ne voulait pas que Ricchi découvre qui il est vraiment ? Malheureusement pour lui, le Solitaire au pelage roux comptait bien le découvrir. Celui-ci afficha un grand sourire et lui répondit d'un ton un peu naïf :

- J'accepte volontiers ! Moi aussi je devais aller chasser, allons-y ensemble !

Sur ces paroles, il tourna dos à Jack et s'enfonça dans la brume, jetant des coups d’œil en arrière pour savoir si le mâle gris le suivait bien. Il s'arrêta même un instant et attendit le félin en lui lançant :

- Tu viens ? Si tu veux je peux venir te guider, c'est assez compliqué de voir à travers la brume.