Il ouvrit sa gueule pour me répondre, mais du sable y pénétra, et il la referma pour tousser ensuite.
Je fermais de temps à autre mes yeux à demi-clos pour les protéger des bourrasques et des grains de sable, plaignant intérieurement celui qui m'avait aidée à me protéger de la tempête. Avoir du sable plein la gueule et la gorge, je ne pensais pas que ça devait être très agréable.
Notre abri nous fut bien plus qu'utile. La tempête diminua peu à peu, jusqu'à disparaître complètement. J'ouvris mes paupières fatiguées et me levais, les membres engourdis. Des fourmillements dans les pattes, je m'étirais longuement à côté du mâle qui m'avait grandement aidée. Ensuite, j'observais cette fois attentivement le félin. Il avait de drôles d'accessoires et un physique extravagant, sans paraître idiot.

Il se leva, et son museau remua légèrement. Il souffla et laissa échapper un grondement sourd. Houlà... Les Felinaes ne semblaient pas lui plaire... C'était un Soldat, et il savait à présent de quelle Guilde j'étais. Qu'est-ce qu'il allait faire? Il m'avait peut-être aidée parce qu'il m'avait confondue pour une de ses camarades! Je ne savais pas quoi faire, ni quoi dire. Pourquoi est-ce qu'ils se comportaient tous comme ça?

"-Je m'appelle Sherkan, vu que tu veux vraiment le savoir."

Jusque là, il m'avait parlé normalement, voire gentiment, parce qu'il ne me connaissait pas.
Alors tu es comme ça, Sherkan? Tu es prêt à secourir quelqu'un en danger mais dès que tu connais sa Guilde, tu regrettes tes actes? Jusqu'à quand cette guerre complètement stupide, où des imbéciles hurlaient que tout était noir ou blanc, allait durer?
Ma loyauté semblait se renforcer un grand coup. J'avais rabattu mes oreilles dorées en arrière, l'air perplexe et peinée. J'avais un peu peur aussi, même si ça me faisait honte...
Lui, il se détourna pour aller s'abreuver dans la source d'eau délicieuse dans laquelle je m'étais déjà abreuvée juste avant qu'il ne vienne m'emporter derrière le gros débris qui nous avait protégés de la violente tempête de sable. Moi, je m'ébrouais, me sentant mieux après m'être débarrassée de toute cette poussière et ce sable collant.
Par la suite, je n'osais plus lui adresser la parole ni me tenir à 2 mètres de lui. La nuit commençait à tomber, et nous étions forcés de dormir ici.
Sherkan se dirigea vers moi alors que je cherchais des yeux un endroit où m'installer pour la nuit, et il me dit calmement:

"-De rien, je ne pouvais pas voir un chat se faire balayer par le sable."

Ah oui, c'est vrai que je l'avais remercié. Je l'avais oublié, avec tout ça. Je ne disais rien, fixant son regard avec des yeux remplis de peur et d'incrédulité. C'était peut-être une feinte?
"Arrête de te stresser, tu deviens paranoïaque," Me dis-je avec force.
Sherkan sortit de la Chapelle en ruines et pleine de sable. Les dunes s'étaient "déplacées", avec la tempête. Tiens, il ne voulait pas dormir ici? Je le suivais tout en me faisant petite, prête à détaler si besoin. Il vit une cabane qui tenait encore -incroyable!- et s'y roula en boule. Il frissonna quelque peu à cause du froid, je pense. Le désert, c'était une chaleur écrasante le jour, et un froid mordant la nuit. Moi, je trouvais qu'il faisait très bon.
Le mâle m'arracha à mes pensées en se levant et engagea la conversation:

"-Il fait froid, n'est-ce pas?"

Oui, et la lune brillait de milles feux blancs et doux, sans un seul nuage à l'horizon pour cacher sa face. Le ciel était très beau, ça me donnait envie de pleurer. Les étoiles brillaient elles aussi.
Il était d'un bleu foncé, envoûtant, marin. Mon père m'avait dit que les étoiles, le temps que leur lumière parvenait à nous, s'était peut-être déjà éteinte. Mon regard allait à celles qui dégageaient une faible lumière à celles qui me faisaient mal aux yeux. Je pris mon temps avant de répondre à Sherkan:

"-Je ne ressens pas le froid extérieur ne m'atteint pas, je suis déjà glacée à l'intérieur."

Je ne m'amusais pas à faire ma joyeuse devant lui, ça ne servait à rien de toute façon. Personne ne savait rien de moi, et moi je ne voulais rien savoir d'eux. Enfin, ça arrivait parfois que quelques félins me fassent sortir de cette situation empathique. Moi, je pouvais tout savoir sur quelqu'un en fouillant sa mémoire. Mais j'avais l'impression de tricher, comme ça. Alors j'évitais à tout prix de le faire pour que ce soit eux qui m'en parlent, et ce, depuis que j'avais rencontré Pandémie. Depuis, je crois que je ressens une profonde adoration envers elle.
Mais je n'étais pas avec Pandémie, mais avec Sherkan. J'attendis une réponse incertaine.

Il s'approcha de moi, collant presque son museau au mien, et miaula d'une voix froide:

"-Et bien Asumi... Je t'ai tout de même sauvé la vie, essaye encore de faire la maligne avec moi et tu en payeras les conséquences."

Quoi?! Mais c'est lui qui, après avoir été remercié, m'avait parlé comme si il avait été obligé de me "sauver la vie" qu'il disait et que ça le dégoûtait! Quel orgueil! "Crâneur!" Je ravalais toutes les insultes qui me passaient par la tête que je pouvais lui cracher agressivement. Pour qui il se prend franchement, avec ces sauts d'humeur? T'es pas un prince du désert, Sherkan!
Je décidais de dormir à l'extérieur de la Chapelle, pas dans le même bâtiment que lui. J'étais furieuse. Outrée, je le regardais se diriger vers l'entrée du bâtiment à moitié ensablé, à quelques longueurs de queues de renards. Je ne le suivis pas, toujours en colère contre ce mâle qui se prenait pour un roi.

Je m'étais quand même postée à l'entrée, assise, en train de faire crisser mes griffes sur le sol dur du bâtiment, bien décidée à boire quand il aurait fini, et sûrement pas en même temps que lui. Lui, il but tranquillement, comme si de rien n'était une nouvelle fois. Il s'arrêta et me sourit. Tu essayais de faire quoi? De te faire pardonner? J'en doutais fortement, avec ta fierté tu n'aurais jamais pu faire cela. A ma grande surprise, Sherkan se mit entièrement dans la source et s'amusa à m'asperger. Moi, ça ne m'amusait pas du tout. Quoique... Entre lui feuler une réponse cinglante, passer ensuite la nuit dehors ou alors jouer le jeu et calmer ma fureur, je préférais établir un petit plan.

"-Allez! Arrête de faire la gueule!"

Il remua sa queue grise et blanche, comme un chaton qui voulait jouer. Il sortit ensuite de l'eau en s'ébrouant. Moi, je fis mine de l'ignorer superbement, en me dirigeant vers la source. Je me plaçais dos à lui, fit semblant de boire et aspergea le Soldat de grands éclaboussures. Je continuais à le mouiller, prenant à mon tour l'envie de jouer et de me détendre un peu dans le froid de la nuit.

Pensant apaiser les tensions installées entre nous deux, j'essayais tout de même de rendre cette atroce nuit un peu plus calme. C'était l'un des rares moments que je pardonnais à quelqu'un. Je n'étais pas du genre "faux-culs", à lécher les bottes des gens blessés, pour se pardonner par la pitié de leurs réaction. Non! Il y avait bien des limites à ses petits jeux. D'autant plus que je n'avais pitié de personnes! Mise à part les personnes qui étaient dans mon cœur. J'ai beau être froid, mais j'avais un cœur, n'oublions pas cela!

Parfois, certains actes méritaient d'être impardonnables, ou même punis. Je voulais
dire punis, dans le sens que l'acte pouvait se retourner sur la personne qui avait donné le mal. Je comprenais tout à fait la réaction d'Asumi. Je l'avouais, j'étais le créateur de ses propres tensions. Je savais, mais quelques fois, je ne réfléchissais pas. Mon ton employé pour la réponse d'un remerciement était tout simplement déplacé.

La femelle était, comme, séparée en deux morceaux. Une Asumi prête à me sauter dessus, et inversement, une qui voulait se prêter au jeu. Comme je l'avait dis précédemment, je faisais cela, juste pour calmer la tension. Le pelage trempé, le froid glaçant du désert, me voilà un abruti qui allait se prendre une grosse maladie. Il fallait a tout prix que je bouge. J'étais glacé jusqu'aux os. Je n'avais plus la Felinae couleur sable dans mon champ de vision. Je me retournais donc.

La femelle faisait mine de m'ignorer. Je la regardais, d'un air ahuri. Celle-ci était comme moi je l'étais avec d'autres personnes, impardonnable et froid. Profitant de mon inattention, Asumi m'envoya des éclaboussures de la source d'eau. Me revoilà, trempé jusqu'aux os! Mais si cela pouvait effacer les tensions, t'en mieux! J'essayais de marcher jusqu'à un tas de sable, délaissé par la tempête d'il y avait quelques heures. J'avais du mal à y arriver,à cause des éclaboussures d'eau.

J'arrivais enfin sur le tas de sable. J'envoyais, à coups de queue, des assez grandes quantités de sables qui se collaient sur le pelage d'Asumi car elle était mouillée. Le sable collait également sur mes pattes et ma queue. Je dis à la femelle en souriant:

"Alors! On abandonne déjà? "

Il marcha jusqu'à un tas de sable, complètement trempé, et, à de grands coups de queues, il m'envoya plein de sable. Mon pelage mouillé était devenu collant et plein de poussière âcre. Et de sable. J'avais bien protégé mon visage pour éviter d'en recevoir dans les yeux, mais toute cette poussière me fit plusieurs fois éternuer.

"-Alors? On abandonne déjà?

-Jamais!" Répondis-je en bandant mes muscles.

Il avait miaulé ça dans un sourire. Ce n'était pas du tout le mâle froid qui m'avait donné des réponses cinglantes il y a plusieurs instants. Je le préférais sous cette facette-là. Je m'ébrouais, secouant ma fourrure dorée dans tous les sens pour tenter de me débarrasser du sable, mais à cause de l'eau, il avait collé à mon pelage. Alors, je bondissais sur le mâle en rassemblant beaucoup de forces, vu que le sable ralentissait un peu mes mouvements et alourdissait mon corps. Je le plaquais sur le sable, bien décidée à lui faire subir le même sort qu'il m'avait lancé. Je le maintenais tant bien que mal au sol, le poussant le plus possible dans la poussière jaune. Je commençais à avoir froid, et relâcha mon attention quelques instants pour surveiller le ciel étoilé.

Hors Rp:

Asumi éternua à cause du sable que je venais de lui lancer. J'avais le sourire au coin de la bouche afin de ne pas me laisser faire à ce petit jeu. J'étais vraiment un gros bébé, et je regrettais de vouloir me forcer de paraître comme ça. Mais l'ambiance était devenue normale et calme, au contraire d'il y avait quelques minutes. J'avais prononcer ces mots avec un ton calme et un visage souriant. La nuit passait assez vite. Le ciel foncé s'éclaircit de plus en plus, les étoiles disparaissaient peu à peu. Le silence s'interposa mais Asumi me répondit en bandant les muscles:

"Jamais! "

Je me mis en position de défense, prêt à encaisser la vengeance de mon lancé de sable d'Asumi. Mais un petit coup de vent souleva une petite quantité de sable qui arriva dans mes yeux. Je ne voyais pas grand chose et mes yeux me piquaient un petit peu. Je sentis juste que la femelle au pelage doré bondir sur moi. Je m'étalais en plein dans le sable. Asumi, elle, ne me lâchait pas. Je me demandais dans quelle horreur je devais être. Je détestait le sable qui se collait sur ma fourrure.

Je sentis les muscles d'Asumi se détendre. Elle avait dû perdre son attention sur moi. Je réussis à ouvrir les yeux, et vus la femelle en train d'observer le ciel étoilé. Je ne réfléchis même pas, je bondis sur elle et lui fis manger du sable. Je rigolais puis me décalai pour laisser la place à Asumi de se relever. Le soleil pointait à l'horizon, faisait disparaître l'obscurité, la lune et les étoiles.

Le ciel était d'un magnifique orange, virant au rose, puis finissait par une touche de bleu. Ma fourrure sécha grâce à cette boule de feu géante. Le désert s'étendait au loin, cela ressemblait à une terre complètement orange. Je me décidai à partir pour ne pas perdre plus de temps et surtout pour avancer un maximum sans qu'il n'y ait une chaleur étouffante. Je me tournai vers Asumi et m'inclinai pour faire une touche d'ironie. Je dis d'un ton normal:

"Je vais partir, pour éviter la chaleur. Ravi d'avoir fait ta connaissance et peut-être que l'on se reverra. J'espère pas ici en tout cas! "

Je me mis à courir, vers l'horizon, vers le soleil.

Il sauta sur moi, m'arrachant à mes pensées, et la vue du ciel étoilé se transforma en incalculables grains de sable. Je fermais automatiquement les paupières et la gueule, et je m'en sortis sans avoir avalé du sable, et n'en reçut presque pas dans les yeux. Heureusement, je n'aurais pas apprécié de m'être endormie avec les yeux qui piquent. En tout cas, je songeais à ses mouvements, et les trouvait un peu brutaux. Bah, de toute manière je n'ai pas trop m'amuser avec des gens qui ne savent pas bouger avec énergie. Il eut un fou rire puis s'écarta pour me laisser me relever. Je m'ébrouais, secouant ma fourrure dorée avec force, décidée à ne pas somnoler avec des démangeaisons. Je suivis le regard du Soldat et vit l'aube. Nous avions joué toute la nuit. A présent, je sentais mes membres engourdis, et mes paupières s'alourdir. J'étais épuisée.

Quand il fit parfaitement jour mais pas encore chaud, nos pelages séchèrent rapidement, mais j'étais décidée à dormir jusqu'à la fin de la journée. Je menais une existence plutôt agréable, et je songeais déjà à mes activités nocturnes du soir. Mais je devinais aussitôt que Sherkan devait retourner auprès des siens, dans la Ville. Elle ne devait pas être extrêmement loin. J'espérais qu'il n'y aurait pas de tempête de sable durant son trajet du retour. Et qu'il ne rencontrerait pas de problème. Il pivota vers moi, et s'inclina, ironique:

"-Je vais partir, pour éviter la chaleur. Ravi d'avoir fait ta connaissance et peut-être que l'on se reverra. J'espère pas ici en tout cas!"

Je lui souris pour toute réponse. J'étais contente de cette rencontre. J'avais bien rigolé, bien joué. Je ne m'étais pas autant amusée depuis un bout de temps. Il s'élança sur le sable pas encore brûlant et partit, vers l'horizon. Je le regardais courir, jusqu'à ce que je me dise qu'il fallait que je rentre moi aussi, assez tôt.
Enfin, après avoir fait un gros somme. Alors je me mis au soleil, me roulait en boule dans les débris, et ferma les yeux, décidée à me reposer.

Rp terminé, j'archive.