Je me promenais parmi les débris, m’ennuyant profondément. J’avais besoin de compagnie, de jouer avec quelqu’un. Mes rêveries puériles m’emmenèrent ailleurs, dans un autre monde, où ils faisaient bon de vivre. La chaleur fit place à une légère brise, très agréable. J’inspirais l’odeur des fleurs, je laissais mes pas me guider. Je couru sur quelques foulées, avant de me rentrer dans quelque chose. Sûrement un pommier en fleurs. Je rouvre les yeux. Ce n’est pas un pommier. Autour de moi, ce ne sont pas de fleurs. Et la brise n’existe pas, dans ce royaume de chaleur. Mon obstacle est en réalité le nez de l’avion. Penaude, je me demande s’il est vivant. Et puis je me souviens. Non, il n’est pas vivant. Ce n’est qu’un avion. Un tas de ferraille, sans âme ni sentiments. Je m’assoie face à lui, et je le contemple.

Mes yeux se ferment. Lentement, je sombre dans le monde de ténèbres qu’est le sommeil. C’est agréable, de ne plus rien sentir. De rêver.

Je suis réveillée par la chaleur. Où suis-je ? Ah oui. A la carcasse d’avion. Qu’est-ce que je fais là ? Je ne m’en rappelle plus. Je file me trouver un coin d’ombre, car le soleil est haut dans le ciel, à présent. Puis je remarque un petit trou dans mon coussinet. Quelques gouttes d’un liquide rougeâtre en sorte et roulent Le long de la surface rose et lisse. Je lèche un peu ma patte. Ça devrait faire l’affaire. Je pense sérieusement à rentrer au QG. Je n’avais aucune raison d’être ici, sinon de m’aéré un peu l’esprit. Lentement, je me levais lorsque j’entendis des bruits de pas. Qui étais-ce ? Au loin, je pu apercevoir une silhouette. Toute excitée, je reconnu à l’odeur Saryn. Enfin un peu de compagnie...

Saryn courait vers moi, comme si sa vie en dépendait. Peut-être qu’un danger la poursuivait ? Pourtant, j’eus beau humer, aucune odeur suspecte ne se fit sentir. Et Saryn continuait de courir, martelant le sol de ses pattes à une vitesse folle. Elle ne semblait pas vouloir ralentir, même lorsqu’elle entra dans une zone ou multiple objets en ferraille jonchaient le sol. Je commençais à me sentir mal à l’aise, car Saryn finirait tôt ou tard par se faire mal. J’allais lui crier de ralentir, mais le destin me devança et la jeune chatte tomba, assommée par un débris.  
« - SARYN ! »
Je précipitai vers elle, priant pour que la mort l’ai épargnée. Mon cœur battait fort dans ma poitrine. C’est avec soulagement que je la trouvai vivante. Oui, mais pour combien de temps ? Lentement, je la tirai pour aller la mettre à l’abri. La nuit était glaciale. Je me lovai contre elle pour la réchauffer. En même temps, je cherchais sa blessure du regard. Mon cœur se serra lorsque je découvris qu’elle s’était fait une blessure à la patte. Le sang coulait et tachait son beau pelage crème. Je ne pouvais pas la ramener au Q.G. Je me mis donc à lui lécher la patte, espérant que cela servirait à quelque chose. La nuit serait longue. Peut-être qu’un chat passerait par ici ? Je pouvais toujours espérer. Même si mon instinct me disait de ne pas trop y croire…

Je luttais pour ne pas m’endormir. Si Saryn se réveillait, qui sait ce qu’elle pourrait entreprendre ? C’était dans ces moment-là que je regrettais de ne pas être une soigneuse. J’aurais pu faire quelque chose. L’aider. La soigner. Mais j’étais impuissante face à la mort. Toutefois, je ne connaissais rien en matière de médecine. Je pouvais me tromper. Peut-être qu’elle ne risquait rien ?

Malgré mes efforts, je finis par sombrer…

Je me réveilla peu de temps avant qu'elle ne fasse de même. Son état ne s'était pas amélioré, mais pas non plus dégradé. Cela me rassura quelque peu.

Elle ouvrit ses beaux yeux verts, l'air complètement déboussolée. J'eus de la peine pour elle. Mon cœur se serra davantage encore lorsque qu'elle découvrit sa blessure. Néanmoins, maintenant que j'avais pris du recul, je savais qu'elle survivrait.
- Où suis-je ? miaula la petite créature.
- A la carcasse d'avion. Tu es tombée et t'es fais mal à la patte.
Des questions me brulaient la langue, mais je tins bon. Il n'était pas question de la fatiguer avec mes interrogations. De plus, elle devait souffrir énormément. Mais à présent, je savais quoi faire. Il fallait un bandage. Saryn en possédait un. D'ailleurs, elle semblait d'y avoir pensé elle aussi. Si elle ne m'avait rien, c'était forcément parce qu'elle ne voulait qu'on le lui prenne, non ? Je regardais autour de nous, de nouveau abattue.  Je cherchais, puis je paniquais. Pourtant, je savais que ma petite protégée survivrait. Mais le fait de ne pas trouver ce que je cherchais me rendait extrêmement nerveuse. Jusqu'au moment où mon regard se posa sur une toile d'araignée. Les fils si bien tissés entre eux rayonnaient à la lueur des étoiles. Mon cœur bondit dans ma poitrine. C'était exactement ce que je cherchais.

Je me levais lentement, pour ne pas déranger Saryn, à qui je m'étais lovée pour garder un maximum de chaleur. Toute heureuse, je me précipitais vers l'ouvrage d'une pauvre araignée. Pauvre araignée car, je n'eus pas le moindre remord à détruire son travail. J'étais bien trop soulagée pour cela. De ma patte -grotesque, en comparaison d'un travail si fin-, j'enroulais la toile, qui collait sur mes poils.

De retour dans la petite tanière improvisée, je posais mon butin sur une grosse pierre plate. Je pris la patte de Saryn et y enroula la toile, là où se trouvait la blessure. Une fois la manipulation finie, je regardai mon ouvrage. Ce n'était pas terrible, mais cela suffirait. Puis je fis face à Saryn. Elle semblait un peu moins perdue. Mais avait-elle moins mal ? J'en doutais. Le fait de mettre un peu de toile d'araignée sur une blessure n'en faisait pas disparaître la douleur. Mais tout de même, il fallait que je lui pose des questions.
-Saryn... Pourquoi est-ce que tu courrais aussi vite ?...