Tu te rendis compte que tu étais déjà à moitié réveillée, sortie d'un sommeil sans rêve. Une sorte de transe durant laquelle tu n'avais pas tout à fait réalisée ta fuite, et dont tu t'étais encore moins rendue compte de ta sortie. Tu n'avais pas vraiment envie de te lever, mais tu savais que parfois, tu n'avais juste aucun mot à donner, et que tu n'avais pour autre option de soulever ton corps affamé par un jour de jeun, et que d'aller te chercher à manger; avec une peur étrange de t'endormir à nouveau, et qu'à ton réveil, tes pattes soient trop endolories pour te permettre de chasser, te laissant là, cadavre mourant de faim. Une fois tes sombres idées balayées de ton esprit, tu pouvais pleinement te réveiller, t'étirer avec peu de finesse, te fichant bien de l'expression que ton visage laissait transparaître. Après tout, tu avais à nouveau dormi seule. Ce n'était pas ça qui te gênait, oh, ça, loin de là. Car ça présentait plein d'avantages; personne ne possédait un droit de te réveiller quelconque, ou de t'empêcher de dormir. Être maître de ses heures de sommeil et de son état, c'était quelque chose qui te sied parfaitement.

Tu passas quelques minutes à dénicher un pauvre rat pour t'en nourrir. Fade et froid, c'était les premiers mots qui te venaient à l'esprit, avec le goût horrible de sa chair. C'était vraiment quelque chose de ridiculement mauvais, mais dont tu ne pouvais te priver. Aucune raison de faire la fine bouche, c'était ton moyen de survie, et tu n'allais pas cracher dessus. Du moins, tu insistait pour chasser ta nourriture seule. Tu savais bien que les humains pouvaient avoir en tête de te nourrir, mais c'était quelque chose que tu souhaitais préserver, comme un signe de dignité. Peut-être un moyen de faire un joli honneur à ton instinct, d'avoir ce regard-là qui veux dire que tu n'es pas un larbin, que tu es bien un chat sauvage, docile, mais sauvage. Disons que tu savais que tu faisais presque entièrement partit du monde des humains, mais que tu restait malgré tout ce que tu était, un animal. Non un être qui pouvait se nourrir de choses en boîtes, peu importe le goût ou le fait que ça te permettais de te repaître. Juste chasser, c'était une bonne chose.En plus, ça t'entretenais physiquement, tu n'allais vraiment pas t'en plaindre, et ça t'empêchais de devenir trop sénile, aussi.

Une fois que tu n'avais plus envie de rien, tu te décidais enfin à aller te balader, te dégourdir beaucoup les pattes. Tu décidais d'aller dans un de ces lieux où tu avais peu de chances d'être dérangé, du genre à causes de légendes urbaines ou rumeurs ternissant la réelle beauté du lieu. Oh, tu ne croyais pas beaucoup aux ragots, tout simplement parce que beaucoup de choses se disaient ici-bas. Des soldats fourbes qui avaient pour seul but dans la vie d'impressionner leurs confrères en se vantant d'avoir survécu dans un champs de mine. Minable, que le mensonge soit l'outil pour creuser vers sa fin en soi. Tu ne pouvais juste pas supporter ce genre de personnes qui n'avait d'honnêteté que pour les personnes dont ils détestaient l’existence, alors transparaissait une certaine manie; insulter les gens qu'on aimait pas. Et là, l'honnêteté était de mise.

Ceci dit, tu penses que ce n'est pas juste le fait que les rumeurs racontaient beaucoup de choses à propos de cet endroit que tu t'y est réellement rendu. Peut-être qu'il était possible, quelque part, de trouver quelque beauté que ce soit à ce lieu en ruine. Souvent, tu te demandais comment on en était arrivé là. Et puis tu détournais ton regard, baissait les épaules et reprenait ta route, progressant à travers une sorte de vide, si l'on enlevait les débris et les ruines. C'était un endroit silencieux et calme, et tu l'aimais beaucoup dans tes plus sombres moments, il te procurais un certain isolement.

Tu levas doucement la tête, avant de lâcher un petit soupir. Tu n'étais pas seule, et tu devais avouer que le fait que ce soit l'odeur d'une personne de ton camp te rassurait un tant soit peu. Si ça avait été un Felinae, tu ne te sentais vraiment pas de lui sauter à la gueule, bien que tu étais également à moitié sûre qu'à la venue de cette idée, la force t'aurais repris.