Jour 1.
Nous avions retrouvé June à l'endroit convenu, et ce comme à l'accoutumée. Cela avait été plutôt ardu de la faire accepter la réalité de notre présence, c'est-à-dire de l'obliger à conserver son rôle de mère. Et nous l'avions convenu, ce monde était désormais trop effrayant pour ne pas penser sérieusement à s'entraîner. C'était pourquoi, après un temps passé de courte paix, et comme nous étions toutes deux d'une force ahurissante dans son degré d’inexistence, il était pour nous temps d'augmenter notre frappe. Si elle était bien plus forte que nous, elle restait très faible face à d'autres chats. Alors, pour la protéger, et pour nous protéger, nous avions puisé une volonté inconnue à nos pauvres yeux; et nous avions enfin les capacités de se pousser à aller plus loin. Il nous suffisait d'imaginer le regard blanc et le regard doré pour que la peur nous oblige et nous traîne sur ce champs.
C'était un lieu qui avait beaucoup vécu, et qui avait vu de nombreuses vies. Désormais, il ne pouvait plus voir qu'une affreuse solitude.
Vous lui tenez compagnie, pendant quelques temps, et il vous verra grandir un peu, jusqu'à ce que vous deveniez deux ingrats êtres qui partiront loin de ses yeux pour toujours, ou que la mort vous enlèvera de ses bras.
Nous nous tenions face à June; puis nous sautions sur elle, s'accrochant maladroitement à son dos. Elle nous repoussa d'un coup d'épaule fort; nous retombions sur nos pattes. Ce n'était pas suffisant; nous retournions à nos efforts, tentions de la prendre par surprise en glissant sous elle, mais elle trouva la rapidité de se reculer à son tour, rendant notre mouvement inutile. Nous nous relevions, puis, prenant tout notre courage, nous retournions dans un habile et rare mouvement, et tentions de nous attaquer à nouveau à notre cible. June avait cependant beaucoup plus de rapidité que nous, et esquivait nos mouvements aisément, comme une jolie danse. Cela dura plus d'une heure, durant laquelle nos chutes répétées ne tarissaient pas notre volonté. Nous devions vraiment, vraiment devenir plus fortes. Notre petit corps tremblait de fatigue, mais cela était loin d'être fini. Ce n'était que le premier jour, mais nous étions prêtes à prendre des risques pour que cela en vaille réellement le coup.
Plusieurs heures passèrent encore, durant lesquelles ce combat acharné nous causait de nombreux maux. June corrigeait cependant avec un manque de patience notable nos mouvements, et nous criait régulièrement dessus pour nos fautes. Malgré l'impact clairement négatif que cela aurait pu avoir, notre amour inconditionnel pour notre maman nous faisait comprendre que cela était tout à fait naturel, et que c'était une preuve qu'elle s'en souciait réellement; cela nous motivait.
La journée se terminait, et la fatigue nous écrasait. Nous rentrions au camps, nous demandant si notre détermination n'allait pas flancher à force. Néanmoins, ce n'était qu'un premier jour, il n'était pas encore là le temps de se lamenter.
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