Le réveil avait été dur. Ma nuit avait été secouée, perturbée par des cauchemars aux allures de bataille et de rencontres ensanglantées. Ce n'était pas tant la couleur du sang qui me dérange que le fait que ç’ait été le mien. Je m'étais retrouvé démuni, surpassé par le nombre et les blessures. Montré en trophée de guerre, réduit à l'état de poupée. Incapable de me défendre, incapable de les réduire à néant.
Lorsque les premières lueurs de l'aube sont venues chatouiller mes paupières, je me suis réfractées à elles. Je ne voulais pas me lever, je voulais dormir bien plus longtemps. Ce n'était pas juste que les nuits soient si courtes et les journées si longues. Malgré tout, prisonnier de la lumière, les rayons diffus qui m'effleurèrent firent apparaître mon aura, je ne pouvais plus sommeiller. Un doux regain d'énergie me saisit, me poussant à ouvrir mes sens au monde qui m'entourait.
Le matelas sous mon corps était toujours aussi agréable, toujours aussi moelleux et confortable. L'air de la pièce était lourd, légèrement chargé d'humidité. Celle-ci me fit froncer la truffe. Je n'aimais pas le temps orageux, l'électricité environnante faisant gonfler ma fourrure. J'entendis le grondement du tonnerre en même temps que la lueur diffuse disparaissait. L'orage devait être juste au dessus de la ville. Curieux, j'ouvris un oeil prudent, contemplant les nuages noirs qui tourbillonnaient au dessus de nous. Il aurait du faire jour, mais il faisait déjà nuit. La pluie commença à tomber au rythme du tonnerre, toujours plus fortement. Quelques éclairs déchirèrent le ciel et la foudre s'abattit à quelques endroits que je ne pouvais voir depuis ma position.
Fasciné par autant de beauté et de puissance, je me levais et sautais sur le rebord de ma fenêtre. Le vent était violent - mais bien moins que durant les dernières tempêtes - et soulevait une grande quantité de débris en touts genres. Quel magnifique spectacle...
Cette fois-ci parfaitement réveillé, je décidais qu'il était l'heure que je me rende à la cantine. Il était encore tôt et je ne risquais pas de croiser grand monde, mais au moins je ferais taire les grondements de mon ventre encore léger et je pourrais bien plus profiter du spectacle de la météo. Je sortis de ma chambre, remerciant intérieurement les humains de ne pas m'avoir forcé à devoir supporter un quelconque colocataire. Je ne croisais que quelques habitués à cette heure-ci, dont Lùz qui me salua d'un bref hochement de tête et Colombe à qui j'esquissais un sourire.
La pâtée servie était comme d'habitude peu ragoutante, mais je savais de source sûre que le soir même nous allions avoir droit à de la chair fraîche, pour avoir réussi à capturer un groupe entier de chats vivant en solitaire. La mission avait été un franc succès et les humains étaient ravis. Nous n'avions même aucun mort à déclarer, juste quelques blessés léger.
Une fois mon repas avalé, je me dirigeais vers la sortie et m'assis sous le porche. Ici j'étais à l'abri du vent et protégé de la pluie, en tout cas suffisamment pour que je puisse y rester sans me transformer en peluche ébouriffée. J'étais perdu dans mes pensées, contemplant le déchaînement des éléments, quand brusquement la pluie cessa.
Le tonnerre grondait toujours, mais plus lointain, et les éclairs qui déchiraient le ciel se faisaient de plus en plus rares. Curieux, je m'avançais sur le sol détrempé, observant mon reflet dans les milliers de flaques d'eau.
Le vent poussait les nuages d'orage toujours plus loin, dégageant le ciel qui retrouva son azur si pur. Il allait être temps de se rendre en patrouille. Si je ne me trompais pas j'allais superviser un bleu, nous étions destinés à remonter le ruisseau pour tenter de repérer des informations sur la base des felinae, ou tout du moins faire un rapport sur l'état des lieux.
Je me postais devant la grille de la sortie, espérant que l'autre se montrerait assez rapidement.
~ Code par Yin ~
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