Hana hasardait près du refuge. Elle était chargée, en tant que veilleuse, de surveiller le camp caméléon, mais elle avait souvent des pauses. Les caméléons ont de la pitié, quand même, rester assise à un même endroit jour et nuit sans bouger un poil de la fourrure, c'est fatiguant et légèrement ennuyant ! La femelle avait donc pris une pause - une nouvelle fois -, et s'était dirigée aux alentours du Refuge, où elle avait déjà senti des odeurs étranges auxquelles elle n'était pas habituée.

 Elle voulait voir ceci de plus près et elle avait donc décidé de jouer l'irresponsable et de faire sa fouineuse. Elle avait entendu des chats parler de cet endroit maintes et maintes fois chez les caméléons, mais n'avait intercepté que quelques bribes de conversations seulement... ce qui ne lui apportait pas de riches informations ! Elle marchait maintenant vers une grande barricade en planches de bois, et cette odeur intrigante lui emplissait le museau. Elle plaquait ses ailes contre elle car les plantes carnivores autour la laissaient méfiante. Elle n'avait pas peur du tout au sujet du fameux Refuge même si elle restait sur ses gardes, mais elle était confiante.

 Elle arrivait presque devant la barricade qu'elle avait vu auparavant. Elle s'arrêta dans une petite cuvette qui lui laissait la place d'ouvrir ses ailes. Elle prit donc appui sur ses pattes, banda ses muscles et déploya ses ailes majestueuses pour s'envoler voir les alentours.

 Elle plissa les yeux en prenant de l'altitude, et découvrit un engin à roues, certainement pour se déplacer plus rapidement. Multiples chats poireautaient ici et là, d'autres prenaient le soleil tranquillement... mais.. quelque chose interpella le regard d'Hana. Oh... une humaine ? Ici ? Eh bien, admettons que tous les humains ne sont pas malveillants ou quelque chose...

 Elle s'approcha un peu plus de la caravane et constata qu'un individu passait un regard à travers un trou, presque en face de là où elle s'était envolée. Elle redescendit en piqué en espérant pouvoir côtoyer ce mystérieux chat. Elle prit une légère inspiration et s'adressa à ce dernier avec une voix douce :
 — Euhm... bonjour ?

La féline prit peur et ne tarda pas à fuir et à se trouver une cachette sous une caravane, ce qui fit légèrement soupirer Hana. Puis après s'être probablement frotté les yeux nombres fois pour réaliser que oui, j'étais bel et bien réelle, elle sorti de l'ombre et se dirigea à nouveau vers moi. Elle prit une légère inspiration et jeta à Hana :

  — Dis tu pourrais pas faire un peu attention ? Regarde un peu, j'suis toute sale ! La prochaine fois préviens quand tu atterris. Range un peu tes ailes aussi, c'est encombrant !

  Pardon ? Avait-elle bien entendu ? RAH, ce qu'elle DÉTESTAIT ce genre de caractère grognon et narcissique ! Berk ! Elles venaient à peine de se rencontrer, et cette femelle trouvait un moyen d'énerver Hana ! Eh bien, ça lui donnera une très bonne image des chats qui vivent ici... et on n'est pas sortis de l'auberge, ce n'est pas terminé ! Juste après s'être toilettée vitesse grand huit, elle lança :

  — Alors, chat-oiseau, que viens-tu faire ici ? Mis à part salir ma jolie robe brune, bien sûr.
 
  Hana la fixa avec dégoût. Elle la dévisagea longtemps, son expression passant de choquée à énervée. Elle plia ses ailes, plongea son regard dans les yeux de cette chatte et plissa ses muscles oculomoteurs.

  — Le bonjour, c'est trop dur, peut-être ? Essaie dont d'être polie, puis nous reparlerons de mon comportement. Et puis de quel droit critiques-tu mes ailes, tu ne sais même pas ce que ça fait d'en posséder !

  Puis Hana lui sourit, l'air satisfait, en la contemplant sans vraiment lui accorder tout intérêt. Même si il était vrai que sa robe était très jolie, elle ne passa même pas ses yeux dessus. Hana était très gentille habituellement, mais fallait pas pousser. Cette femelle lui était grandement désagréable... elle arbora un air moqueur, accordé à son sourire qu'elle avait revêtu plus tôt et jeta, sarcastique :

  — Malheureusement pour toi, je ne suis pas venue ici pour te contempler, chérie. Je suis là par curiosité, pour voir à quoi cet endroit ressemble. Et les chats qui y habitent au passage. Si tous les chats d'ici sont comme toi, je doute que je m'entende bien avec eux. À mois qu'ils aient quelque chose de plus que toi tu n'as pas... comment ça s'appelle, déjà ? La gentillesse, c'est ça ? Ah oui, c'est bon, je me rappelle.

  Elle lança un regard de compassion vers la femelle en baissant la tête.

  — Désolée, ma cocotte.

La féline, à mesure qu'Hana lui lançait maintes reproches, ne cessait d'accroître son sourire. Quand Hana termina sur son fameux ton sarcastique, elle trottina vers elle et miaula :

  — Ne sois pas désolée ! Au contraire ! C'est bien la première fois qu'on me répond ! Je m'appelle Moka et je vis ici, avec ma maîtresse.
 
  Hana avisa l'intéressée, qui fixait la forêt d'un regard terne. Hana haussa un muscle oculomoteur et pencha la tête, partageant l'inquiétude de Moka. Cette dernière lâcha un soupir, puis se tourna afin de me faire face une nouvelle fois. Elle avait apparemment chassé les inquiétudes de sa tête, et tentait de penser à autre chose.

  — Oh et ne t'en fais pas, j'suis la seule à avoir ce genre de caractère. Les autres sont en général blasés et ça m'amuse quand ils m'obéissent alors que, parfois, je n'ai même pas à insister !

  Un rictus se dessina sur les lèvres d'Hana. Décidément, cette chatte était amusante. Elle ne parla pas pendant un tout petit moment et reprit :

  — Dis-moi, comment tu t'appelles ?

  Bon bon bon. Voilà qui était mieux que plus tôt. Hana se racla la gorge.

  — Hana. Et merci pour tes FRANCHES excuses, surtout.

  Elle haussa un sourcil et fixa la chatte avec un regard grave, attendant ce que Moka lui redevait. Ce n'était pas encore tout à fait gagné pour s'entendre avec elle, mais les choses s'étaient tout de même arrangées. Il ne manquait plus qu'une chose, une, et tout serait réglé. Mais bon, faut-il encore qu'elle mette de côté sa dignité auto-proclamée, et qu'elle accepte de se plier à rendre des excuses valables à Hana. Ce n'était pas parce que c'était elle, c'est juste que les chats comme ça l'exaspéraient. Les politesses n'étaient pas optionnelles. C'était impératif, pour une bonne entente affirmée avec des chats.