Il pleuvait. J'avais au début beaucoup apprécié cette légère bruine fraîche, mais elle s'était transformée en averse, me surprenant au plus haut point. J'avais heureusement aperçu ce tas ridicule et immense de ruines qu'on appelait la Chapelle. Je m'étais donc dirigée vers elle.
Le désert. Je le détestais, le haïssais. Je n'aimais pas la sensation du sable chaud sur mes coussinets, ses petits grains s'incrustant dans mon pelage, me saisissant alors d'une forte sensation désagréable. Mais c'était encore pire, sous la pluie: il me collait de partout. J'avais réussi à ne me salir que les pattes. Il n'y avait pas de vent, mais l'atmosphère avait chuté d'un seul coup. Je grelottais donc lorsque j'arrivais au bâtiment. Je me réfugiais à l'intérieur, entrant par l'entrée sans me soucier d'un quelconque danger. Je sentis aussitôt l'odeur d'un autre Solitaire une fois dedans. Ce qui me rassura à moitié. Ce ne serait pas un de ces brutes de Soldats qui viendraient me troubler ou ces Felinaes qui criaient, tout comme leurs rivaux, que tout était noir ou blanc. Je savais ce que j'étais, moi. Un magnifique mâle blanc ivoire et noir comme les corbeaux à l'intérieur. Ceux qui avaient fait ma connaissance le savaient déjà.

Je jetais un regard circulaire autour de moi, et aperçut le mâle noir perché sur une haute colonne brisée en deux. Il m'avait déjà aperçu, et descendit pour venir à ma rencontre. J'eus donc le loisir de l'observer comme je le voulais. Il avait caché son visage avec un hideux masque bleu à l'aspect étrange, qui avait quoique un certain charme, et son corps entier était recouvert de fourrure noire lisse. Nous étions comme le Ying et le Yang, ce qui m'amusa. Mes moustaches remuèrent fébrilement lorsqu'il me miaula d'une voix sans trop de menaces:

"-Eh! Toi, pars d'ici si tu ne veux pas finir coupé en deux dans le sens de la longueur!"

Je souris, les yeux un peu plissés, sans faire attention à cela. Il avait une forte allure, et je devinais à son physique qu'il était taciturne, froid et solitaire. Un peu comme moi. Sauf que moi, je n'avais pas de visage laid. Puisqu'il portait un masque, c'était obligé qu'il veuille le cacher. Je m'assis, enroulant calmement ma queue autour des pattes, et répondit d'un ton légèrement froid mais aussi neutre:

"-Tu m'as l'air bien sûr de toi, et fort agile pour pouvoir m'infliger cela."

Même si je plaisantais un peu, je savais que s'il osait ne serait-ce qu'effleurer mon pelage pour me faire du mal, il n'allait pas s'en sortir vivant.
Je ne savais pas ce que je ressentais, dans ces moments-là. Juste que je sentais au fond de moi une sourde colère et une haine sans pareilles. Je ne savais plus ce que je faisais et me laissais aller. Mais je me souviens. Des corps sans vie, trempant dans leur propre sang, morts égorgés, à mes pattes souillées et écarlates. Je ne faisais pas exprès. Et j'avais peur de tuer, à présent, parce que je n'ai jamais voulu quelqu'un. C'était comme si mon instinct me sonnait, m'obligeait à ôter la vie. Je me sentais comme manipulé, et ressentais un profond désarroi.

[HRP] Tout le monde fait l'erreur mais je suis gris foncé en fait, c'est pas grave cependant ^^

Il semblait en colère. Ses membres tremblaient légèrement, mais je sentis que ce n'était pas de la peur. Peut-être de la jalousie de voir que j'étais plus beau que lui? Tss. Remarque, ce solitaire ne devait pas avoir la vie facile tous les jours. Je faillis grimacer à cette pensée. Qu'est-ce qu'il me prenait? Compatir pour cette chose ne me ressemblait. Je devais être plus fatigué que je ne le pensais.
Je déteste la chaleur. Même à l'ombre, il fait chaud. même quand il pleut. Je n'aime pas me sentir écrasé par la lourdeur des rayons du soleil. C'est moi, moi et moi seul, qui pouvais écraser les autres avec ma supériorité.
Le soleil n'est pas jaune, il est blanc. Le regarder fait mal aux yeux, rend aveugle. Sa chaleur peuvent tuer ou faire revivre.
Il peut contrôler des vies. J'en suis jaloux. Je ne veux pas tuer. Mais être maître de beaucoup de chose. Enfin bon... Si je suis déjà supérieur en beauté, alors ça me va.

"-Oui, excusez moi mais je suis un solitaire, voyez vous, et je désirerais simplement être seul. Vous devez sans doute éviter la pluie? Moi aussi, alors je propose une chose, nous restons ensemble jusqu'à la fin de l'averse et ensuite, si vous voulez rester ici peu importe car je partirais, pas besoin de nous étriper pour si peu, n'est ce pas?"

Il semblait cacher quelque chose. Sa voix avait légèrement vibré de colère. Ainsi, il était furieux contre moi? Je manquais de me rouler par terre tant j'avais envie de rire. Je réussis à contrôler mes moustaches cette fois cependant. Haha. Il me faisait bien rire. Il osait me toucher, et il verra qui est le plus fort. Qui peut l'étriper. Qui pourra l'enlaidir encore plus, jusqu'à ce qu'il ne ressemble plus à rien.

"-Ce n'est pas ce que vous semblez penser. Néanmoins, je suis d'accord. Faisons une trêve."

Mon ton était plus aimable que tout à l'heure, néanmoins je ne m'excusais pas. Je le ferai peut-être dans tes rêves, si tu as l'honneur et la chance de songer à moi.

Je jouais vraiment très mal la comédie, le mâle ne s'était pas laissé avoir mais ça ne m’étonnait pas vraiment...Son regard était plein de menaces et de dédain et je sentais que j'allais bel et bien devoir partager partager mon espace vital avec ce solitaire prétentieux. Fantastique....

D'une voix légèrement plus douce, le magnifique solitaire me dit:

"-Ce n'est pas ce que vous semblez penser. Néanmoins, je suis d'accord. Faisons une trêve."

Bien, au moins pas de dispute...Ce n'est qu'un mauvais moment à passer finalement

Le temps ne se décidais pas à s'arranger et je commençais à maudire le ciel de ne pas nous envoyer du soleil afin de mettre un terme à mon humiliation....Sérieusement, QUI d'aussi laid que moi aurait souhaité être enfermé avec un...un dieu comme lui!

Je retournais me poser sur la colonne cassée afin d'être loin et invisible pour le mâle immaculé. Seul le bruit de la pluie venait perturber le silence qui s'était installé. Pesant. Scrutant le ciel par un vitrail brisé, je vis que les lourds nuages noirs ne cesseraient pas de déverser la pluie avant longtemps.

De mon perchoir, je regardais l'autre solitaire : aucune tache, aucune cicatrice, une fleur ma foi ridicule derrière son oreille...Je stoppais de le voir, sa beauté m’écœurait autant que son caractère.

Je suis sûr qu'il ne vaut rien au combat de toutes façons...Et personne ne doit l'aimer non plus vu son comportement....

Le mâle noir -hideux- retourna sauter sur la colonne sur laquelle il s'était perché auparavant. Je le regardais s'éloigner. Je savais que sous son masque, se cachait un visage plein de dégoût. Ce devait être une véritable humiliation pour lui, alors je comprenais, en faisant une exception cette fois, son sale caractère. Je lâchais un petit ricanement hautain. Quel moins-que-rien!...
Je m'avançais dans les débris, évitant soigneusement de me prendre quelque chose et trébucher pour atterrir dans la poussière. Néanmoins, je bondissais agilement sur les choses humaines, jusqu'à trouver un petit lieu confortable, dans lequel je m'asseyais calmement.
Mon regard se posa sur l'inconnu. Il me faisait vraiment pitié. Franchement, partager un aussi grand lieu avec quelqu'un d'aussi -sûrement- laid me repoussait. Quelle idée! Mais je n'avais pas le choix, de toute façon. C'était ça ou aller se tremper dehors. D'ailleurs, le ciel ne finissait pas de se couvrir d'épais nuages gris, et j'entendais le ruissèlement de la pluie à l'extérieur redoubler de lourdeur. Le bruit des gouttes d'eau s'écrasant sur le sol s'entendait parfaitement bien. Je fermais les yeux et les imaginais, se transformant en dizaines de gouttes encore plus minuscules, et recouvrir le sol de flaques. Il y en aura beaucoup, quand la pluie cessera de tomber.

Je lâchais un soupir résigné. Cet autre Solitaire ne méritait pas le privilège de partager un endroit avec moi, de plus il n'y mettait aucun honneur. Il était encore plus stupide que je ne le pensais.
Décidant de somnoler encore un peu, je refermais les yeux pour me reposer quelques temps.

Lorsque je me réveillais -je m'étais endormi plus profondément- la pluie tombait toujours dru. Cette pluie commençait à m'énerver. J'espère bien qu'elle ne va pas durer des jours!

Up (◍‸◎)

Hors-RP:

Mon regard dériva sur le mâle noir comme les ombres. Il fixait les gouttes de pluie foncer sur les rares carreaux des fenêtres et descendre doucement. Leurs minces filets d'eaux se mêlaient à d'autres, ce qui accélérait leur course. D'autres ne rencontraient rien et finissaient par se stopper, étant devenues trop petites pour pouvoir continuer à tomber. Cette vue de la pluie qui tombe sans s'arrêter, de ce ciel gris, de ces nuages pleurant de chagrin me rendait affreusement mélancolique. Pourtant, ce n'était rien! Je ne suis pas sensible. Je ne ressens rien, pour personne. Alors pourquoi pour de la pluie?... Je me le demandais bien. Agacé par ces questions auxquelles je ne trouvais rien de convaincant, je dirigeais à nouveau mon attention vers l'autre solitaire. Surpris, je vis qu'il se dirigeait vers moi. Il avait l'air de faire quelques efforts. J'ouvris la gueule pour prononcer une de ses phrases que j'aimais tant dire; tu n'as pas à venir vers moi, je ne te l'ai pas demandé. Mais quelque chose en moi me stoppa tout de suite. Non, voyons cela plus tard. Le bout de ma queue frétilla de curiosité. De mon petit perchoir, j'allongeais légèrement mes pattes avant au bout du fer et souriais.

"-Hey... Vous, je crois qu'on a mal commencé... Qu'est ce qui vous a amené ici?"

Pour mon plus grand mérite, il me vouvoyait! Quel plaisir! J'en ronronnais de bonheur. Je me sentais un peu comme un roi, ici. Le roi des Solitaires! Je bondissais sur mes pattes et posais une patte sur mon torse beige clair, tout en clamant:

"-Oh, ton roi se fera un plaisir de te le dire, bien que ça ne soit pas très intéressant! Enfin tout ce qui sort de ma gueule est intéressant, pardon. Eh bien... Je dois dire que je laissais mon esprit divaguer, jusqu'à ce que j'arrive au bord du désert... Et une envie subite de l'explorer me prit!"

Je m'interrompis, un sourire en coin. Ceux qui me faisaient des manières étaient ceux que j'appréciais le plus. Au lieu de se rebeller et de me cracher dessus à cause de mon ton froid, ils rataient tout du félin joyeux et excité. J'espérais que le chat masqué ne s'enfuirait pas en pensant que j'étais fou. Je n'en serais que plus attristé, c'était sûr.

"-Et toi? Cet endroit, qu'est-il pour toi? Un abri, une planque, une tanière? Non, attends, je sais! Une base secrète?"

Le fixant de mes yeux bleus pâles, je scrutais les cercles noirs se démarquant du bleu foncé de son masque. Et, contre toute, attente, mes yeux s'attendrirent. Pas de pitié, mais d'envie. Une envie d'amitié.

Up ♪

J'archive, Eyeless Jack est supprimé.