Peut être pas si douce que cela la soigneuse...

"On ne peut pas toujours être aimable avec ses camarades, même si on tient à eux"

Avec Loréley

Le soleil pointe déjà à son zénith lorsque je pars me balader. Où exactement ? Eh bien.. je ne sais pas vraiment. Peut être au ruisseau. Le bruit de l'eau qui s'écoule tranquillement dans son lit m'apaise plus que tout. Donc bon, une petite balade là bas me fera le plus grand bien. Il est vrai que, en ce moment, je me balade souvent et je laisse mes congénères seuls. Cependant, je ne les abandonne pas bien longtemps, seulement pendant une petite heure. Je peux vous le certifier, certains parfois partent pendant toute une nuit ! Enfin, heureusement, je n'ai pas observé ce genre de comportement chez les Caméléons; mes camarades dorment tous la nuit. Comment je peux en être sûr ? Eh bien... il faut savoir que, chaque nuit, avant d'aller m'endormir, je vérifie si tout le monde dort bien dans sa couche. Et croyez moi, vu l'heure où je réussis à m'endormir, je peux donc vous certifier que tous mes camarades dorment bien la nuit. Enfin, je sais bien qu'il y a des exceptions.  A force, mes camarades ont pour habitude de ne plus passer par l'entrée principale; ils passent vers l'arrière, je pense. A la limite, ce n'est pas si grave que cela, c'est pas de ma faute si ils rentrent épuisés après avoir marchés pendant toute une nuit ! Ce que je peux vous dire, c'est que des Felinae sortent la nuit, j'en suis sûr et certain. Mon odorat ne me trompe jamais. Il y a un début un tout, me direz vous. Mais quand même, l'odorat est un sens assez développé chez nous autres félins !

Arrivé au ruisseau, j'entame une toilette pour le moins rapide; mon pelage n'est guère sale, mais je souhaite que mes gemmes -se trouvant sur mes deux cuisses- brillent comme un éclat de diamant, comme les étoiles. Et de plus, il vaut mieux avoir des pierres propres au soleil, que des pierres toutes sales ! Elles font honneur au soleil au moins. Je fais le tour d'un gros rocher; dessus, il y a de drôles d'inscriptions, on dirait des griffures... Est ce que des chats se sont amusés à griffer cette roche pour y laisser leurs marques ? Ou alors, c'est simplement pour marquer leur territoire ? Cela me parait étrange, il y 'en a vraiment beaucoup... Peut être qu'une lutte s'est produite ici, et un matou s'est accroché à cette roche ? C'est vraiment bizarre. Je place mes propres griffes dans les entailles pour voir un peu près la taille des pattes des chats. Ou du moins, des griffes. Elles ne sont pas bien grosses, cela doit être des jeunes chats qui ont commit cela. Dans tous les cas, la roche a bien souffert ! Sur le sol, on voit des morceaux réduis en miette. Les gestes sont vraiment précis; les coupures forment des lignes bien droites. Du beau travail !
Un craquement retentit près d'un rocher. Un campagnol sort des fourrés. Eh bien... voilà l'occasion de ramener une proie pour la guilde, au moins, je ne serais pas sortis pour rien ! Je contourne en vitesse le rocher -mais avec un peu de discrétion tout de même- et me ramasse sur moi même. Il faut être le moins imposant possible. Essayez donc de dissimuler une masse comme moi derrière... rien du tout ! Le silence joue en ma faveur. Hors de question de laisser le rongeur s'échapper. Une proie c'est une proie, je ne vais pas la laisser courir en liberté alors qu'elle est à porté de mes pattes ! Je rampe au sol, tel un serpent, je m'apprête à bondir... quand soudain, je m'écorche sur une pierre coupante. Le campagnol, effrayé par tout ce bruit, prend la fuite dans les buissons au loin. Je ne tente même pas de le rattraper. Il est beaucoup trop loin à présent. Je m'en veux, j'aurai dû éviter cette foutue pierre ! D'ailleurs, en examinant celle-ci, je remarque qu'il s'agit d'un silex. Une pierre très coupante, surtout si on se la prend du côté plat et aiguisé. Eh bien là, je me la suis prise au mauvais endroit ! La plaie est bien ouverte, le sang coule lentement sur tout le pourtour de ma patte. Bon au moins, c'est ma patte gauche, celle dont je me... enfin.. pas dont je me sers le moins mais... qui m'est le moins utile, on va dire. Je me dirige vers le ruisseau pour y tremper ma patte. Mais d'abord, il faut nettoyer tout cela. Avec ma langue rugueuse, je lèche délicatement la plaie, cela pique un peu, enfin bon, j'ai vu pire honnêtement, ce n'est pas cela qui va me faire souffrir. Puis, je trempe le bout de mon membre dans l'eau froide. Bon, j'avoue que ce n'est pas la température idéale pour soigner une blessure, mais bon, je n'ai pas trop le choix. Je ressors ma tête et soupire; une proie en moins, eh bien, c'est vraiment une mauvaise journée.

Un bruit me fait tourner la tête, une chatte bleue s'approche de moi. Elle veut probablement se désaltérer au ruisseau. C'est une chatte bleue, avec des couvertures grises sur le dos et la queue. Des nénuphars jonchent son dos, et tiennent sur des bâtons, eux mêmes situés dans sa mèche. Pff... voilà, je vais être dérangé maintenant. Je n'ai même pas la maigre envie de la saluer. Néanmoins, je suis sous-chef, et je dois bien être un minimum aimable avec mes camarades. De plus, celle ci, c'est Loréley, la guérisseuse de la guilde, alors autant être « gentil » et ne pas se faire descendre par Elli.

- Bonjour, Loréley, dis-je avec froideur.

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