Perdue, loin de tout. Elle a peur, elle tremble, elle ne comprend pas comment elle a pu se retrouver dans un tel endroit. En plus il fait sombre, il fait froid. Son œil valide est brouillé par les larmes, alors elle essaye de reprendre contenance. Malgré son âge avancé, recroquevillé ainsi, elle pourrait passer pour un nourrisson. Elle miaule faiblement, à la recherche de réconfort. Elle marche à petit pas, observant l'endroit qui l'entour avec frayeur. Si son père la voyait ainsi, il serait sûrement déshonoré, mais pour l'instant, il n'y a personne. Elle est seule au monde. Une boule dans la gorge, son miaulement se transforme en petit cri plaintif. Ses yeux se brouillent à nouveau, alors elle s'arrête dans un coin, elle secoue la tête et ferme les yeux. Les battements de son cœur sont intenses, elle n'arrive pas à les calmer. Elle a l'impression que des yeux la fixe. Son poil se hérisse, elle tourne la tête. Un rat plus gros qu'elle s'approche, la renifle. Elle aimerait fuir, mais elle reste là, elle l'observe et quand il lui mord une patte, elle lui griffe le museau. Ses griffes ont décuplés sous le coup de la douleur et le rat file en couinant. Elle ne le comprend pas, mais elle sait que c'est des insultes. Sa patte commence à saigner, là ou le rat l'a mordu. Mince, elle espère qu'elle n'attrapera pas une de ces maladies dont ont lui a parlé au camp.

Ambre se roule en boule dans un coin, en priant pour que quelqu'un la trouve et la ramène prêt de son père. Sa chaleur lui manque. Elle veut retourner chez elle, même si elle ne s'y sent pas très bien, elle préfère être là-bas plutôt que dans cet endroit sombre et boueux. Son pelage jadis doré comme le soleil se retrouvait maintenant couvert de boue et terne. Sa mèche pendait devant son petit minois, elle était trempée. La petite chatte avait traversé les égouts en tentant de fuir un de ceux qui la surveillait. Elle avait réussi, mais elle s'était perdue malgré elle. Elle n'était jamais venu dans cet endroit, et puis il était tellement grand. Les immeubles, bien qu'abandonnés, semblait toucher les nuages. La végétation et la mousse qui les ornaient les rendaient encore plus terrifiants aux yeux la d'Ambre. Elle inspire profondément en tentant de reprendre ses esprits. Il faut qu'elle rentre, avant que papa ne la gronde.

Agile et mince, elle se faufile à travers les ruelles, tente de retrouver son chemin. Elle ne regarde pas derrière elle, elle a bien trop peur d'y découvrir un monstre immonde. C'est alors qu'elle entend un verre se briser. Elle s'arrête, les sens en alertes, observe les alentours. Là, un chat. Bien plus grand et plus fort qu'elle. Il pourra peut-être la ramener à papa. Soulagée, elle s'approche de lui, les larmes à l’exterminé de ses yeux. Elle sent son cœur tambouriner contre sa poitrine. Elle espère qu'il pourra lui dire ou se trouve sa maison. Elle ne l'a jamais vu au camp, mais elle se dit qu'il y'a tellement de chat là-bas qu'elle ne peut pas tous les connaître. La voix brisée par la peur, elle murmure :

« Je suis perdue... Tu sais pas où est ma maison ?... »

Puis elle se rend compte qu'il a une odeur inconnue à la sienne. Il est marrons clairs, avec des rayures plus foncés et plusieurs queues. Ses yeux dorés semblent la percer dans la nuit noire. C'est là qu'elle comprend qu'elle n'a pas affaire à un des siens, mais bien à un Felinae. Et pas n'importe lequel. Celui dont papa lui a dit de se méfier le plus, le plus grand et le plus fort de tous : le chef, Dariel. Elle sait que c'est lui parce que papa a insisté sur le fait qu'il ressemblerait à l'un des leurs mais qu'il n'en était pas un. Elle se recroqueville sur elle-même, les oreilles basent et murmure encore plus bas :

« Ho, excusez-moi, je... je ne savais pas que vous étiez des Felinaes... »

Le grand matou brun s’assoit tranquillement, et Ambre ressent moins de peur, mais plus de méfiance. Peut être qu'il veut avoir sa confiance pour au final la dévorer toute crue. Qui sait vraiment ce qu'il se passe dans sa tête, après tout ? Peu rassuré, elle se tasse encore plus sur elle, l'observant droit dans les yeux. Elle a peur de ce qu'il peut lui faire, mais n'hésitera pas à se défendre. Et puis que fait-il ici, d'abord, dans cet endroit si peu accueillant ? Est-il venu espionner ? Ça se trouve qu'il est perdu, lui aussi, pense-t-elle alors soudainement. Mais comment un si grand chef pourrait-il se perdre ? Elle relève les oreilles petit à petit, toutes ses questions la rendant soudainement curieuse des réponses que pourrait lui apporter le félin.

- Je suis Felinae mais pas un monstre. Je n'ai jamais mangé de jeunes chats, même s'ils étaient élevés par les Soldats. Ambre ne sait pas si elle doit se sentir rassuré ou si c'est un ruse, mais elle est tellement perdue, dans cet endroit, qu'elle préfère y croire un peu. Alors elle se relève, et s'assoit à son tour, le dos bien droit pour tenter de se rendre plus grande que lui, pour montrer qu'elle n'a plus peur. Elle est un peu fière, parce que si son père la voyait ainsi, il le serait, lui aussi. Je m'appelle Dariel. Tu me dirais ton nom ?

Elle a envie de lui dire qu'elle sait très bien qui il est, mais elle préfère se taire et hocher la tête. Lui dire son nom ? Serait-ce convenable ? Après tout, il avait l'air gentil, et même si il venait des Felinaes, peut-être qu'il pouvait la ramener à la maison. Son cœur se serrant à cette pensée, elle baisse les yeux et les oreilles et murmure :

- Ambre, je m'appelle Ambre.

Puis elle relève la tête et l'observe de nouveau. Il l'intrigue, parce qu'il a l'air doux, sans vraiment de mauvais fond. Papa lui a pourtant dit que ce serait un chat assoiffé de sang et qui s'en prend à n'importe qui, surtout aux Soldats. Il s'est visiblement trompé, mais ça, elle ne lui dira pas, parce qu'il pourrait se fâcher. Malgré elle, la petite chatte doré se sent un peu trahis car son père lui a raconté des bobards et ça, elle déteste. Il le sait, mais il lui ment quand même et elle ne peut pas se mettre en colère parce que... Parce que c'est la seule famille qui lui reste et qu'elle a terriblement peur de le perdre. La petite doré balance la tête à droite pour enlever sa mèche terne de devant ses yeux puis pousse un petit soupir. Qu'est ce que c'est compliqué, la vie, tout de même.

- Qu'est-ce qui est arrivé à ta patte ?

Elle passe un regard vers sa patte puis se rappel. Ah, ça. Elle n'a pas forcément mal, elle bien trop préoccupé par le fait de rentrer chez elle. Elle pousse un petit soupir et balance la tête vers la gauche, montrant la ruelle d'où elle venait de sortir.

- C'est un rat qui m'a attaqué, mais j'ai su me défendre grâce à...

Elle s’interrompt. Peut-elle lui dévoiler son pouvoir ? Peut-elle lui accorder sa confiance ? Elle plonge son regard borgne dans celui doré du chat et le sonde longuement, cherchant une quelque conque lueur de malveillance en lui. Pourtant, il n'y a rien qui l'empêche de se confier. Elle tente d'abord autre chose. Elle redresse les oreilles et demander poliment :

- Vous avez un pouvoir ? Genre un super truc pour faire voler les cailloux ?

Ses yeux d'enfants se mettent à pétiller, un instant. Peut-être qu'il a été des leurs, lui aussi, pendant un moment, mais que ça, personne ne le sait. Les oreilles droites, elle oublie pendant quelques secondes son malheur et attend impatiemment la réponse du félidé en face d'elle.

Spoiler:

Ambre secoua la tête. Non, elle ne savait pas lancer des objets par la seule force de sa pensée. Le sourire de Dariel lui sembla plus vrai le temps d'un instant, et elle décida de baisser sa garde. Les oreilles pointées en avant, elle lui sourit en retour, son oeil marron pétillant de malice. Si elle avait su faire voler des objets, elle s'en serait vantée. Le pouvoir qu'elle possédait la faisait souffrir (physiquement et mentalement) et elle n'était pas fière de l'avoir en elle. A la seule pensée de ses griffes, elle frissonna. Elle avait déjà demandé à papa si il était possible qu'elle oublie son pouvoir, ou bien si il était possible de le lui retirer, mais il avait crié. Il avait demandé à la chatonne de ne plus dire de pareil sottise sous peine de très grave représailles, il lui avait dit qu'il fallait porter avec fierté le pouvoir que les Hommes leurs avaient confiés. Ses yeux perdants tout éclat à ce souvenir, Ambre se mordit l’intérieur de la joue. Elle ne savait pas comment on pouvait être fière d'avoir un pouvoir artificiel et qui semblait n'être utile que pour blesser ou tuer.

- Il ne faudra pas que tu oublies de montrer ta patte à quelqu'un quand tu rentreras. Les rats peuvent transmettre des maladies alors autant vérifier que celui qui t'a mordu n'était atteint de rien.

Les baissa les oreilles. Non, elle ne voulait pas montrer sa patte aux Hommes, ils allaient l'isoler pendant des jours entiers en lui faisant des piqûres horribles. Elle connaissait leurs procédure de "sécurité" par coeur, car maladroite comme elle l'était, elle s'était souvent blessé. Poussant un long soupir, elle le regarda de nouveau dans les yeux. Elle n'en revenait pas de l'éclat doré des pupilles du félin en face d'elle. Elle tenta un petit sourire mais son effort se solda par une moue.

- Je ne veux pas qu'ils m'examinent, ils vont encore me mettre en quarantaine.

Poussant un petit soupir, elle secoua la tête et regarda les alentours. La nuit tombait et elle commençait à se sentir encore plus angoissé, malgré la présence du grand matou brun. Elle aurait voulu se blottir contre lui et respirer son odeur sauvage mais elle n'osa pas. Elle se recroquevilla un peu plus sur elle-même. C'est alors qu'un hululement sonore raisonna, faisant presque vibrer les vieux immeubles. Plus grand que jamais, leurs ombres s'étendaient maintenant jusqu'à recouvrir les deux chats. Sa queue se ramenant autour de ses pattes, elle releva le regard vers son aîné et murmura.

- Mais je veux bien rentrer chez moi, quand même...

(Pardon de la pitoyable réponse et du long moment avant d'avoir rep ;w;)