Une nuit dans la forêt après avoir passé une journée à rêvasser comme un tronc mort, quoi de mieux? Je n'avais pas eu envie de rentrer ce soir, mon coeur me disant plutôt de continuer à me balader librement, aussi loin que possible du camp qui m'accueillait depuis ma plus tendre enfance, mais qui en même temps était devenu une torture pour moi à cause des exigences des gens quant à ma puissance disponible et ma ressemblance à mon père, ce guerrier et chasseur de l'extrême. Ils osaient me demander de lui ressembler, mais étaient en même temps trop occupés pour m'apprendre quoi que ce soit alors même que j'étais une apprentie nouvellement baptisée, c'était quoi leur problème bordel? Je soupirais à nouveau tout en reniflant les plantes qui se trouvaient à mes pieds, peut être qu'elles pourraient être utiles à Terra? Je ne voyais pas grand chose et ne reconnaissais pas spécialement l'espèce, quand bien même j'étais incapable de reconnaître les plantes pour le moment. Un rire s'échappa de ma gueule, j'avais l'air ridicule comme ça, qu'est ce que j'espérais, que les connaissances viendraient d'elles même comme par magie?  Un bruit attira mon attention, quelque chose courrait dans ma direction, instinctivement, oubliant de me servir de mon odorat, je me cachais dans un buisson assez touffue à droite, puis je regardais discrètement, laissant seulement le sommet de ma tête apparaître, les couleurs sombres composants mon pelage m'aidant à me dissimuler dans l'obscurité de l'endroit, mes bois me faisant passer pour un autre animal. Seuls mes yeux restaient assez voyant. Une ombre rousse passa devant mes yeux, tombant au sol comme une... tombant au sol ...Comme une merde en fait. Il se releva en poussant un grognement de douleur, sa respiration était sifflante et ardue, comme si il avait couru depuis la base des soldats, non loin d'ici. Je le regardais, retenant mes rires, c'était un chat, un solitaire peut être? Il partait après avoir vérifié les alentours, cette fois en marchant, enfin en boitant plutôt. Curieuse, pour changer tiens, je lui emboîtais le pas discrètement, enfin aussi discrètement d'un gros cerf le pouvait quoi. Il se dirigeait vers l'arbre des pendus de ce que je connaissais de la forêt. L'odeur du sang vint à mes narines, putain il s'était blessé ce con, à moins que ce soit moi dans le buisson? Je m'arrêtais pour inspecter la moindre parcelle de mon corps.

Aucune trace de blessure, même sous mes coussinets. C'était reparti pour la poursuite de l'autre félin. Suivant l'odeur du sang mêlée à celle d'une guilde, les Ophéis? Sérieusement? Qui était assez fou pour venir ici seul en pleine nuit? En chemin une pluie dilluvienne me tomba sur la gueule, mais je ne dis rien, j'avais l'habitude, je ne détestais pas spécialement la pluie, la neige non plus d'ailleurs, par contre la grêle c'était une autre histoire. Enfin bref ! J'arrivais donc à l'endroit dit maudit blablabla, baliverne putain ! Ces histoires à propos de cette endroit étaient stupides et n'existaient que pour effrayer de pauvres chatons un peu trop impressionnables. Plongée dans mes pensées, je ne faisais pas attention et marchais sur une branche, la faisant claquer sous ma patte, plantant au passage une écharde dans un de mes coussinets, putain fait chier ! Je grognais, et m'approchais, voyant alors un spectacle absolument ridicule, un chat roux, le pelage plaqué sur son coeur, les yeux regardant dans ma direction avec une expression de peur intense, le ventre au sol et la queue entre les pattes arrières, il me faisait quoi encore? Je m'approchais alors, le dominant de ma hauteur, malgré le fait que ce soit un mâle et moi une femelle tiens. Un sourire moqueur sur le visage, je me baissais à son niveau pour lui faire comprendre que c'est bon, ce n'était pas le grand méchant monstre habitant à l'arbre des pendus qui venait le dévorer, non mais j'vous jure quel crétin. Un soupire bruyant passa l’entrebâillement de mes lèvres, à nouveau.

"-J'espère que tu as une bonne raison pour t'être enfui dans la forêt en pleine nuit en courant à toute patte, en te cassant la gueule sur une racine et surtout en me regardant comme si j'étais le pire monstre que tu ais vu, pas que j'attache la moindre importance à mon putain de physique, mais t'as l'air ridicule comme ça. J'suis qu'une apprentie Ophéis, toi tu dois certainement être au moins un ou deux rangs au dessus de moi, je me trompe? Enfin bref, j'suis Khal'Tsu et toi? J'tai déjà vu j'me trompe?" Je regardais la blessure sur son épaule, si cet idiot ne la léchait pas plus que ça en plus d'aller voir Terra en rentrant, ça allait probablement s'infecter. Je m'asseyais en face de lui, reprenant ma taille normale, laissant la pluie fouetter mon coeur au gré de ses envies, un peu de fraîcheur me faisait du bien. Je détaillais alors le mâle en face de moi, un pelage mi long, enfin de ce que je pouvais en voir, de couleur roux tigré avec le poitrail blanc, un cache oeil noir couvrant son oeil gauche, probablement à cause d'une blessure. Son oeil scintillait d'une douce couleur bleuté, semblable à la lueur de mon oeil de la dite couleur. Un soupire se fit entendre alors que je me baissais pour lécher son épaule, pour m'occuper en attendant sa réponse, la blessure était superficielle, elle n'aurait pas besoin de beaucoup de soin ni même de beaucoup de temps de convalescence, si convalescence il y avait. Ce mâle me faisait penser à ma mère physiquement, ils possédaient tout deux ce pelage roux et ces yeux bleutés. Serait ce possible qu'ils soient affiliés? Probablement pas, les chats roux n'étaient pas très rares après tout. Je me relevais pour le regarder une seconde avant de me retourner pour observer les lieux, le lieu le plus terrifiant de ces terres, un lieu hanté de tous, mon cul surtout, ce lieu n'avait rien de terrifiant, comme je l'avais prédit, je n'aimais pas les mythes, mais alors celui là était grossier. "-La légende autour de ce lieu est grossière, tu ne trouve pas? Ce n'est rien qu'un vieil arbre qui a cramé et à qui on associe de vieilles superstitions pour effrayer les chatons trop peureux pour être rationnels. " Je me retournais vers lui "-A moins que toi aussi tu y crois?"

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