« Le progrès technique a permis à l'Homme de s'élever en maître de la nature, mais il a par la même causé sa perte. »
Tu erres.
Sans but
Sans désir.
Sans voie.
Tes battement de coeur sont décharnés.
Décharnés mais pas anarchiques.
Ils battent en rythme.
Un rythme lent.
Apaisant.
Le rythme de sa voix.
Le rythme de ses pas.
Le rythme de ses pensées.
Le rythme de son coeur à lui.
Le seul qui compte désormais.
Plus que ton passé.
Plus que ton avenir.
Plus que ta propre vie.
Plus que l'ombre dans ta tête.
Il est celui pour lequel tu vis toujours.
Juste au cas où.
Au cas où il aurait besoin de toi.
Au cas où tu pourrais redevenir normale.
Au cas où tu cesserais de vivre cette torture.
Au cas où il pourrait peut-être t'aimer.
Juste au cas où.
Tes pattes t'ont mené à un nouvel endroit.
Tu ne le connais pas.
Tu ne l'as jamais visité.
Il te domine de haut.
Il te rappelle cet oiseau de métal posé là bas.
Un bâtiment de métal oublié.
Tu n'es pas curieuse.
Tu es juste lasse.
Lasse de marcher.
Lasse d'errer.
Tu passes entre les plaques de métal rouillées.
Tout est immense.
C'est impressionnant.
C'est beau.
Le ciel gris est visible par des trous dans le plafond.
Le vent entre par les vitres brisées.
Le sable s'infiltre par les ouvertures de tous côtés.
Les dalles de béton ont été polies par les années.
Les pièces de machines tombées en ruines sont partout.
Les passerelles s'émiettent depuis des étages oubliés.
C'est tout bonnement majestueux.
Et terrifiant à la fois.
Tu ne sais pas trop ce que tu fais là.
Dehors le vent se met à hurler.
Les câbles qui pendent se mettent à bouger.
Ils suivent les caprices du vent.
Ils claquent sur les murs de métal.
La lumière se fait rare.
Un orage se prépare.
Hors de question de partir.
Tu es bloquée ici jusqu'à la fin de l'averse.
Passie ne s'est pas encore montré, heureusement.
Depuis votre dernière aventure il est étrange.
Il est calme.
Il te laisse un peu.
Enfin.
Pourquoi ?
Peut-être parce qu'il espère quelque chose.
Qu'un jour il redeviendra qui il était.
Il redeviendra vivant.
Tu frissonnes à cette idée.
Elle ne te plaît pas.
Elle fait peur.
Comme cet endroit maintenant.
Une seule chose t'étonne.
Il sent bon.
Terriblement bon.
Comme une proie fraîchement chassée.
Comme un coussin de plumes.
Comme l'être aimé.
Ton coeur s'emballe d'un coup.
Serait-il là ?
L'aurais-tu retrouvé par hasard ?
Tu ouvres grand les yeux.
Là bas !
Une silhouette masculine !
Tu te mets à courir.
Ta vie en dépend après tout.
Tu rêves de te blottir contre lui.
De sentir ses muscles.
Son odeur.
Sa présence.
Pourtant tu te stoppes.
Vivement.
Paniquée.
Trop tard.
Tu fonces dans l'inconnu et le renverse.
Vous roulez jusqu'à ce qu'un objet massif vous arrête.
Tu te relèves avec une grimace.
Tu trembles.
Tu craches du sable et de la poussière.
Soudain vient l'odeur.
La vraie cette fois ci.
Âcre et amère.
Si forte qu'elle te fait tousser
Les hallucinations ne sont pas qu'auditives et visuelles.
Tu le sais mais tu n'apprends rien.
Tu regardes l'autre, penaude.
Désarçonnée.
Bravo Mhei.
Dehors souffle la tempête.
L'orage ne se prépare plus.
Il est là.
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