Une roche froide et humide s’étendait sous mes coussinets, dans cette cavité sombre. Un lac trônait au milieu de cet endroit sombre et illuminait la grotte de son halo azur, céleste, ce qui donnait un aspect mystique à cette dernière. Des pointes de pierre de toutes tailles s’élevaient du sol ou descendaient du plafond, certaines se touchaient et formaient des colonnes, projetaient des ombres noires sur les murs. L’eau semblait calme et serait attirante si ce n’était pas l’habitat d’un grand nombre de bêtes aquatiques potentiellement dangereuses. Les gouttes perlaient des stalactites et stalagmites, et ambiance tranquille stagnait. Cette cave était tout simplement le fruit du travail de la nature qui remontait à des millénaires.  
Le silence régnait. Pas un bruit, pas un mouvement, pas une seule activité. Le Lac était muet. L’ambiance pouvait être décrite comme apaisante, calme, magique. Mais d’un autre côté, ce calme et cet lueur qui paraissait rassurante trahissait l’hostilité des lieux. De mon point de vue, il ne fallait pas baisser sa garde dans un endroit qui se montrait aussi silencieux et sombre. N’importe quoi, n’importe qui pourrait être tapi dans l’ombre des pointes rocheuses.
Si le Lac Souterrain avait la réputation d’être à l’abri des regards, on n’était pas forcément à l’abri du regard des créatures résidents ici. N’ayant aucune mission de sauvetage aux labos ou de guerres aux quelles participer, j’avais décidé de me rendre dans un lieu inconnu pour l’observer et mieux connaître le terrain si j’avais à me battre ici un jour. Ayant choisi une destination qui n’était pas inoffensives au niveau habitants de la faune, en arrivant ici, j’avais fait en sorte de ne pas me faire remarquer, en repliant les ailes même si elles avaient peu de chances de distinguer : étant noires elles n’allaient pas être vraiment visible dans un coin sombre. Je me déplaçai maintenant à ras le sol, comme dans une position de chasse sans toutefois traquer une proie, faisant attention à ne pas faire traîner ma queue blanche au bout rouge et rayée par une marque noire, mais rapidement tout en évitant de faire rouler des cailloux. Je me glissai entre les rocs pour finalement m’installer à l’abri entre ces-derniers, presque indistinct. Je commençai mon analyse des lieux, tous les sens en alerte, les muscles tendus et l’échine légèrement hérissée.

Je scrutais longuement les lieux qui dévoilaient des ombres de toutes tailles. De grands rocs tranchants se dressaient dans l’obscurité. Ils semblaient parfaits pour prendre prise avec les pattes arrières et se projeter au-dessus d’un adversaire, si celui-ci bloquait le passage et qu’il n’y avait pas moyens de s’échapper. Une fois passé au-dessus de lui, il serait probablement désorienté, donc vulnérable pour le plaquer contre le rocher. Si on apprenait des techniques de combats dans des endroits sombres telles les caves comme celle-ci, on pourrait avoir l’avantage dans un combat. Seulement, il faudra noter que les mouvements devront être réduits et rapides, au risque de se cogner contre les parois. Dans ces endroits, l’ouïe et l’odorat allaient être plus nécessaire qu’en plein jour, même si ici, les odeurs étaient légèrement effacées par l’humidité. Cependant, avec des adversaires plus forts, il valait mieux se battre là où le plafond laisser passer de fins faisceaux de lumières pour ajuster les attaques contre lui.

Un bruit retentit dans mes oreilles, perturbant mes réflexions et mes observations. J’ignorais d’où pouvait-il provenir, et si ça ne m’avait pas intéressé à premier lieu, le doute que cela soit une bête mutante m’a poussé à aller vérifier, ne pouvant pas utiliser mon flair. En me levant, une goutte d’eau tomba du plafond sur mon museau, ce qui me laissai échapper un petit grondement involontaire. Niquel. Comme ça, si c’était un monstre, il ne manquait plus qu’il m’ait entendu et j’étais dans la merde. En passant un coup de patte pour enlever l’eau de mon museau, je me levai et grimpai une plate-forme de rochers qui se trouvait derrière mon « poste d’observation ».

Je me faufilais rapidement derrière les piles des rochers et les stalagmites en courant silencieusement, tout en marquant quelques pauses derrière ce qui pouvait me servir de planque provisoire et tenter de chercher du regard l’auteur de ce bruit. Ça me rappela un peu un jeu, que tous les chatons ont déjà fait, cache-cache. Ce jeu où l’on devait trouver le plus vite possible une cachette, attendre patiemment d’être trouvé et... surprise, le grand méchant loup qui comptait n’était autre qu’un humain. Un humain qui, de toute façon, n’avait même pas pris la peine de compter. Ils nous trouvaient, ils nous prenaient, ils nous tuaient. Et ainsi de suite se déroulaient les expériences. Et si on survivait, on était soit Soldat, soit Caméléon, soit Felinae, comme moi. Dans ce monde, on survivait ou on mourrait. C’était la règle.

Finalement, je parvins à distinguer une ombre derrière les rocs. Cependant, elle se situait trop loin pour que je voie la forme de l’animal ni même sa couleur.