Faëlis allait et venait dans l’arène, portant un regard haineux sur quiconque tentait d’entrer en contact visuel avec elle. Pourquoi un tel état d’énervement ? Elle n’aurait su le dire elle-même avec précision. Elle rêvait seulement d’un bon combat ou, à défaut, de rencontrer au moins quelqu’un qui la regarderait autrement que comme une bête de foire. Elle savait que ceux de sa race n’étaient pas monnaie courante par ici mais les regards que portaient sur elle les chats l’agaçaient au plus haut point. Bien évidemment elle avait repéré certains spécimens qui se gardaient bien de croiser son chemin et d’autres qui ne lui prêtait pas de réelle attention mais, néanmoins, elle préférait rester sur sa fureur première. Cette colère était ce qui la faisait vivre et vibrer depuis trop longtemps pour qu’elle puisse réellement l’oublier. Malgré tout elle sentait qu’elle s’épuisait sans but à faire ainsi les cents pas. Elle prit donc une grande inspiration entre ses mâchoires crispées et se rendit au pied d’un des murs d’enceinte en quête d’un brin d’ombre.

Le soleil tapait plus fort que jamais ce jour-là et la température sous la verrière de l’arène frisait l’invivable. Mais malgré son inconfort elle restait ici. Elle ne se sentait à sa place nulle part dans les environs du laboratoire aussi préférait-elle observer les qualités de combattants de ses nouveaux camarades. Elle espérait en apprendre un peu plus sur eux tout en ayant le moins possible besoin de les approcher. La connaissance était la meilleure des armes, elle le savait bien, et comptait se servir dans ses prochains affrontements de tout ce qu’elle pouvait voir de ces chats se jetant qui des coups de griffes, qui des coups de crocs, qui des illusions créées par leur don. Ils ne luttaient pas toujours à armes égales et Faëlis respectait les félins plus faibles qui parvenaient malgré tout à tirer leur épingle du jeu. La lynx n’était pas seulement fureur et haine bien qu’elle aimât à le laisser penser. Certaines choses pouvaient encore la toucher et le respect pouvait toujours être gagné. Elle s’assit sur les quelques brins d’herbe roussit qui persistaient et attendit. Elle ne savait pas trop quoi mais elle restait là. Peut-être que cette journée allait être un peu différente des précédentes et qu’elle ne resterait pas aussi seule qu’elle l’était depuis son arrivée ici.