Des heures que je marche. Je suis en route depuis que les premiers rayons du soleil se sont montrés et ont commencé à illuminer le monde. Maintenant, le soleil est en train de redescendre. Il doit être aux alentours de 16 heures ou 17 heures.
Depuis ma mésaventure avec la Korth je n’ai pas pu refaire mes longues balades hebdomadaires. Celles où je me retrouve seul et détendu. Mais maintenant que ma patte ne me fait plus souffrir –bien que je conserve une vilaine cicatrice– hors de question de rester cloitrer à la sylve ! C’est pourquoi, très tôt ce matin, je me suis engagé dans une longue marche. Cette fois, j’ai fait attention et ai évité le centre de la forêt… Mais soudain, les odeurs de la ville me sont arrivaient dessus, apportés par une douce brise.
Je n’aime pas aller là-bas. Les odeurs sont désagréables et les bruits atroces : entre les soldats qui s’entraînent, les pauvres matous enfermés qui hurlent au désespoir et le langage incompréhensible des humains, je me sens toujours désorienté. Mais aujourd’hui une envie que je ne saurais expliquer m’a poussé à aller faire un petit détour par la ville. Je me suis dirigé vers l’endroit le moins peupler, celui qui borde la Forêt empoisonnée. Le quartier Nord.
Voilà pourquoi je me retrouve maintenant en plein territoire soldat. Je suis discret. Je trottine, les sens en alertes. Mes coussinets frôlent à peine le sol dur de cet endroit. Je suis venu ici une fois, lorsque j’étais encore capable de voir. Je me rappelle très bien les hautes bâtisses lugubres qui se dressent partout. Les murs transparents de verres qui sont pour la plupart explosés ou brisés, laissant apparaître de grandes formes noires et terrifiantes.
Je crois bien que le décor n’a pas changer. Les bâtiments sont toujours là, debout. Mais il y a plus de plantes j’ai l’impression. Celles-ci sont abondantes dans tous les endroits donnant un peu d’ombre et un maximum d’humidité. Le vent souffle entre les multiples trous béants formés par les effondrements. Cela crée un chant disgracieux. L’odeur de bois pourris et de végétations sèches est omniprésente. Il y a également des insectes volant un peu partout. Le son de leurs ailes bourdonnent dans mes oreilles. Je n’aime pas cela. C’est désagréable.
Je lève la tête. J’ai l’impression qu’il n’y a pas un nuage dans le ciel aujourd’hui… Je ferme les yeux et inspire un bon coup. Quel endroit macabre !
Soudain, je tressaille. Je sens une présence au loin, un soldat. Je ne pense pas qu’il m’ai déjà senti, on est assez éloigné l’un de l’autre. Mais ça ne saurait tarder.
Rapide, je me précipite sous un morceau de béton effondré. Il est recouvert de mousse mais une nauséabonde odeur de pétrole subsiste. Je fronce le museau et les sourcils. Sans hésiter, je me roule dans les quelques touffes d’herbes qui ont décidé de pousser dessous. Il est vrai que la plaque de béton offre pas mal de fraîcheur et d’ombre. Ensuite, je reste tapis dessous, recroquevillé. Je me concentre. Apparemment c’est une femelle. Elle est proche maintenant.