J'avais passé plusieurs jours allongé sur un des lits de l'infirmerie. Cela m'avait paru être une éternité. Les Hommes et félins étaient passés, repassés, dans un rythme militaire. On m'avait donné des médicaments, pansé mes plaies. J'avais été bichonné. Ce n'était pas la première fois que je venais ici, et sûrement pas la dernière. Il y a quelques semaines, je m'étais retrouvé sur un de ces mêmes lits pour de graves brûlures aux pattes avants. Ah, Gwei aussi devait se souvenir de ce combat avec le korth. J'espérai qu'il s'en était remis, je ne l'avais pas revu depuis. Mais je le savais résistant. En parlant de résistance, j'étais toujours étonné du pouvoir qu'avait ce soldat qui m'avait attaqué. il était doté d'une force redoutable, je devrai m'en méfier à l'avenir. Il m'avait offert une jolie cicatrice à l'épaule que je n'allais pas exhiber fièrement. Enfin, je ne m'étais pas mal défendu non plus, jusqu'à le faire fuir. Mais je n'en avais pas mené bien large... Je soupirai, blasé d'avoir un nouvel ennemi. En plein dans la caserne qui plus est. Je n'aimais pas les problèmes, comme tout le monde finalement. Disons que j'avais une paresse immense quant à devoir répondre à un félin qui désirait me mettre en colère. Je les trouvais idiots. Incapables. Bêtes à en être ridicule. J'allais quitter l'infirmerie dans l'après midi, rejoindre ma chambre et ce bon vieux brouhaha dont j'avais l'habitude. C'était toujours mieux que de rester ici à rien faire. Cette inactivité allait me rendre fou.
Des bruits de pas résonnèrent dans le couloir. Un félin s'approchait. Génial. Je soupirai une nouvelle fois, déjà agacé à l'idée de ne serait-ce que croiser un autre de ces matous bulldozer ne pensant qu'à la bagarre. Surtout que bien évidement, il allait sûrement se montrer curieux, me demander d'où venait ce gros pansement que j'avais à l'épaule, pourquoi j'avais une petite blessure à la tête, pourquoi mes pattes avants étaient légèrement brulées... Ils voulaient tout savoir, c'était épuisant. Et je n'avais aucune envie de leur dire. Premièrement parce que je n'aimais pas étaler ma vie devant ce genre de chat, mais aussi parce que je voulais éviter que tout le monde sache que je m'étais battu avec un de mes collègues. C'était mauvais pour mon image, d'être considéré comme capable de s'opposer à l'Armée pour une fillette. Et je doutais que le gros matou qui m'avait blessé aille crier sur tous les toits que je l'avais fait fuir à coup de courant électrique. Mais quel ne fut pas mon soulagement quand une odeur me parvint au museau. Une odeur connue, d'une femelle que j'appréciais beaucoup.
- Nishari.
Je prononçais son nom avec un certain soulagement, doucement, avec toute l'amicalité dont j'étais capable. J'espère qu'elle allait mieux que lors de notre première rencontre. Et surtout qu'elle m'avait entendu l'appeler, histoire de ne pas me prendre un gros vent de l'extrême.